C'était trop bon. Le goût de la fête, le brouhaha des rires, les effluves d'alcool. C'était encore mieux en bonne compagnie et la superbe créature qui rendait jalouses et jaloux tout tes "ami(e)s" remplissait tous tes critères. Vous gardez un piaf, ton quart était fini depuis longtemps et comme à chaque fin de journée tu avais à cœur de te détendre, entretenir ton culte. La soirée avait été douce et passé une heure tardive de la nuit tu t'étais dit qu'il était temps d'aller honorer ta dulcinée d'un soir avant d'être trop bourré pour retrouver le chemin de chez toi. Bourré, tu l'étais peut-être. En fait, tu te sens bizarre. Le corps aussi lourd que du plomb et l'esprit trop brumeux pour que ce soit normal. La belle te conduit à l'extérieur, t'es quasiment certain qu'elle te traîne dans la direction opposée à ton appartement.

— On devais pas décaler chez moi, ma belle ?

T'as la bouche un pâteuse. Tu fronces les sourcils, comme-ci tu commençais à additionner deux et deux. Mais la belle sourit, passe un bras autour de ta large taille pour souffler à ton oreille avec un ton séducteur qui te donne envie d'être impatient. Ce ne sera pas la première fois que tu fais ton affaire sous les étoiles.

— Non, chez moi plutôt. J'ai des accessoires...

Ah, des accessoires. Tu avais souri, passé ta langue sur tes lèvres et à peine quelques mètres plus loin, tu avais sombré dans le sommeil.

Quand elle t'avait parlé d'accessoire, c'est pas ça que tu imaginais.
Tu avises, la tête encore lourde les chaînes qui obstruent tes mouvements. Il y a trop, à croire que c'est le taureau crétois qu'on a essayé d'enchaîner. Tu ne comprends pas ce que tu fais là. C'est pas un appartement et t'as pas signé pour ça. Tu essayes de tirer, de jouer de ta force mais cette sorcière à bien fait son taff. D'ailleurs, tu te demandes comment elle t'a traîné là. Tu vois une gamelle d'eau et un petit mot. Tu te penches. Souffle un rire.

— Ah ouais... Je t'en foutrais des accessoires, pétasse.

Puis deux et deux font quatre.

— .... Ah, Cecil.

Ça ne peut être que lui. Ça fait sens. Le piaf est à la garde des Spartes. En te mettais hors service il allait pouvoir ridiculiser le clan. Le fils de p- non, ta pauvre mère n'a rien fait.

— Je vais te fumer sombre merde.

Quand bien même il n'est pas là pour t'entendre.

Ce n'était pas de fatigue que tu tombais. En te réveillant pour la seconde fois, tu avais pu constater la brume étrange qui obstruait tes sens, la lourdeur inhabituelle de ton corps. Ce n'était pas de la fatigue, c'était une anesthésie. Une sensation similaire à ce que tu as expérimenter des drogues de Cecil. Tu fronces les sourcils, essayes d'étirer un peu ton corps. Le manque d'activité commençait à peser sur tes articulations. Ton corps était endolori, douloureux. Tu ne dois ton manque d'agitation et la frustration qui n'allait de pair avec qu'aux sédatifs qu'on t'administrait. Tu as mis un certain temps avant de retrouver pleinement assez de concentration pour lire le mot devant toi.

— Va te faire foutre.

Tu repousses du pied le papier et la gamelle d'eau. Tu te sens lourd. Bordel de merde. Lourd.

— Aboie toute seule sale chienne ! Plutôt crever !

Ce petit jeu ne t'amuse plus. Tu essayes de tirer sur tes chaînes, te contorsionnes et forcer sur tes muscles et ta force herculéenne pour briser les chaînes mais tu es trop endormis pour. Ta bouche est pâteuse, tu lèves la tête vers le plafond, te demandes combien de cris il te faudrait pour faire s'effondrer le plafond. Tu l'as dit : plutôt crever que d'aboyer.

— Tu m'entends, hein ? Je suis sûr que te touche la nouille en me regardant, Cecil, hein ?

Tu connais ton frère, tu ne vois que lui pour monter un coup pareil. Et tu sais que si toi tu aimes te montrer, lui bande d'observer.

— T'as mal pris notre entrevue ? T'as besoin de me montrer à quel point le grand Cecil Warren est un digne fils d'Arès ? Putain, t'as l'ego aussi fragile qu'une youtubeuse fitness.

Tu ricanes, t'en sais rien de s'il t'entend en vérité, mais tu aimes le croire. Ça te suffit, t'as jamais eu besoin de preuve pour agir.

— Je vais pas aboyer, je vais rien faire. T'as aucune idée d’à qui t'as affaire.

Si tu retrouves tes forces... T'es prêt à te péter les dents pour arracher ces chaînes.