9 avril ※ appartement de simcaLes vivaces violettes sur le rebord de sa fenêtre avaient penché leurs pétales ; sous ses doigts qui pinçaient les tiges, amère Simca réfrénait des émotions à en déchirer l'intérieur ; les scellait quelque part pour n'être plus qu'une représentation d'elle-même, froide et acerbe - et ses fleurs pleuraient du glacial qu'elle dégageait.
Les coups que Ezra porta contre la porte sonnait le glas de la défaite qu'elle considérait essuyer envers Midas ;
Ah, Midas ;
Si tu ne l'avais pas obligée à faire tout ça - si tu ne l'avais pas obligée à t'en vouloir de la sorte - si seulement tu ne l'avais pas obligée à déchirer le coeur de son frère, à assumer ses yeux bouffis et ses ongles rongés par la honte injuste qu'il portait.
Ah, Midas ; si seulement tu étais resté loin des enfants de la mort - loin d'Ezra.

Mais Simca prendrait la responsabilité de ses choix, et lorsqu'elle accueillit Ezra, c'était avec toute la tendresse dont elle était capable.

Fais comme chez toi.

Soufflé avec douceur ;
Simca suivait du regard son frère s'impatienter en lui-même ; comme s'il s'effondrait sur place. Elle serra les mâchoires. Une forme d'amertume aux lèvres.

Ce n'est pas normal.

En écho à ses propres mots.
Il sembla que dans son regard une véritable forme d'inquiétude s'articulait avec brio ;
C'était que Simca ne mentait qu'à moitié ; utilisait des émotions bien réelles mais leur accordait une autre vérité.

Écoute, je ne connais pas tant Midas que toi, mais il ne peut pas avoir disparu, certainement pas à cause de toi, pas vrai ?

Elle frotta son index et son pouce l'un contre l'autre, comme faisant mine de réfléchir, une moue sceptique accrochée au faciès.

Il y a beaucoup de choses qui se sont passées, dernièrement, sais-tu s'il est parti de l'île ? Avec le fils de Dionysos qui a disparu, ce serait inquiétant que lui aussi... Enfin... Non, ne pensons pas comme ça.

Elle pencha la tête sur le côté.

Sais-tu si quelqu'un pouvait lui en vouloir, ici, à Nausikaa ?

Ricanait, tendrement.

Je veux dire. A lui, spécifiquement. Nous savons tous que les Spartes sont clivants. De là à attenter à la vie d'un des leurs, ce doit être personnel...

9 avril ※ appartement de simcaLe prénom de Cecil résonna dans l'air comme le glas d'une rédemption offerte ; Simca aurait tendu les doigts en avant qu'elle s'en serait emparé ; grava à ses paupières et ses lèvres C e c i l ; serait celui qui prendrait à sa place (quel bon prince - son prince).

Cecil, dis-tu...

Elle sembla sincèrement concernée ;
Et elle l'était, Simca ; lorsque son frère semblait mourir au fond de soi ; pas comme d'habitude - elle savait la mort qui hantait ses pupilles - il ne s'agissait là d'aucune froideur mais de désespoir dont il était habillé.

Est-ce que cela te rassurerait si je partais à sa recherche ?

Elle s'était approchée de lui, avait encadré son visage de ses deux mains froides. Penchée légèrement en avant, le regard coulait de tendresse.

Je demanderai à Emon s'il sait quelque chose à ce sujet, et moi j'irai chercher avec mes fantômes, d'accord ? Il doit bien y en avoir l'un ou l'autre qui coopérera.

C'est que Simca faisait peur même aux fantômes ;
Ou qu'ils aimaient le chaos qui émergeait d'elle ;
Elle n'avait jamais bien pu définir pourquoi certains d'entre eux restaient près d'elle à rire le long de sa colonne vertébrale.

Y a-t-il un lieu dans lequel je devrais commencer ? Tu as des idées où Cecil aurait pu l'emmener ?

Caressait sa joue de son pouce.
Murmurait.

S'il est à Nausikaa, je te promets de tout faire pour le retrouver.

9 avril ※ appartement de simcaNon.

Le regard s'attristait ;
La réponse abrupte était tombée froidement, mais aux traits une réelle tendresse s'épuisait d'être à la fois trop vraie et trop fausse.

Elle garda une main à son visage, l'autre tombait près de sa cuisse.

Je ne t'infligerai pas cela.

Elle pencha la tête sur le côté ; et les idées se succédaient d'une voix douce malgré les mots crus ; les images à faire froid dans le dos.

Nous ne savons pas dans quel état nous allons le retrouver. Et si tu entres dans une pièce, qu'il y est un cadavre et que tu te figes sur place...

Elle se rapprocha, fermait l'espace entre eux deux.
Murmurait.

Moi, je ne me rends pas intangible, Ezra. Je ne pourrais pas te rejoindre dans cette détresse-là. Et s'il y avait quelqu'un dans la pièce...

Faisait remonter sa deuxième main à son visage, l'entourait d'une chaleur toute relative.

Ne t'en fais pas. Je le retrouverai. En vie. Mais s'il existe une moindre chance que je te perde à la fin...

Secouait la tête, doucement.

Je ne veux pas.

Caressait le haut de son crâne.

Reste à la maison, ce soir, d'accord ? Tu peux dormir dans mon lit, je te rejoindrai plus tard. Je fais une ronde et je rentre. Promis, on le retrouvera.

9 avril ※ appartement de simcaJe rentre juste après.

Un murmure déposé là ;
Simca n’avait jamais eu aucune intention d’abandonner Ezra, ne l’avouerait pas, d’aucune manière ; il était un peu sa raison de respirer, sa raison de rire parfois pour de vrai ;
Et pas parce qu’il fallait le faire.

Simca rentrerait ; tard et au milieu d’une insomnie de son frère.

Bien sûr qu’il avait déjà vu les cadavres ;
Mais pas celui d’un aimé, pas celui de quelqu’un avec qui on partageait des draps, des amours, de l’intimité.

Il comprendrait plus tard -
Sûrement -
Elle n’avait pas vraiment l’intention de garder Midas en vie ;
Ou en tant que bouffon, peut-être.

Alors un sourire tendre s’arqua à ses lèvres à cette pensée.
”Tu comprendras plus tard lorsque j’aurai décidé que ce sera l’heure pour toi de le voir.”

En attendant, elle le préserverait ; égoïstement, peut-être.

Elle déposa un baiser sur son front.

Je rentrerai vite.

Murmurait tout doucement.

Mes fantômes sauront se montrer efficaces. Essaie de reposer au moins un peu tes yeux si tu ne dors pas.

Et quitta l’appartement laissant derrière elle seulement le silence.