Pour Divine, qui les accueillait, elle avait apporté une orchidée de son jardin. Dévouée, elle avait fait des biscuits – à la fleur d’oranger pour ses adelphes et au chocolat pour ses petits enfants : plus que tout, Don aimait sa famille, ses petits frères et sœurs qui n’avaient plus rien de l’enfance mais pour qui elle gardait toujours une tendresse d’aînée, intarissable, qui au fil des ans ne faisait que s’accentuer. Dans le soir, elle avait marché jusqu’à la maison bien connue de sa cadette, ravie de la trop rare réunion orchestrée pour faire venir jusqu’à eux même les plus distants de la fratrie. Elle avait offert à Divine une étreinte, puis pris dans ses bras ses deux frères qui passaient la porte avec une joie solaire : se voir ainsi, c’était retrouver une candeur ancienne ; et le mépris ou l’indifférence pour la figure archaïque du père ne les empêcherait de chérir leur lien du sang.
De mauvaise grâce, Don accepte le pas de danse, comme si elle avait encore vingt ans.
David, allons, à mon âge ! Je vais me casser le dos.
Ils savaient la bienveillance qui dormait dans sa mauvaise humeur feinte : elle leur pardonnerait tout. Elle fait signe à Darryn de se baisser, pour qu’elle puisse embrasser ses deux joues : à son âge, elle ne se mettait plus sur la pointe des pieds.
Ça me fait plaisir de vous voir, les enfants. J’espère que tu as été convaincant avec Alastor, nous sommes trop rarement au complet !
Elle jouait les patriarches sans conviction, sachant les enfants trop grands pour porter encore ce titre ; elle aimait cependant, par affection, leur rappeler leur jeunesse.

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