les jours étaient longs et les jours n'étaient plus froids ; la douceur d'avril ne me convenait pas : je voulais avoir chaud à en mourir, à en damner les ciels, à en perdre mes feuilles, je voulais me plaindre de l'humidité, de la pluie qui venait, ou qui n'était pas assez là, je voulais dire que le vent m'obligeait à avoir un châle que je n'avais pas emmené, ou que la soirée était finalement trop tendre pour la tenue que j'avais choisi ; oui ! je voulais me plaindre, mais le temps était aux manches longues, d'une constance ridicule, si bien que toutes plaintes ne seraient qu'à accrocher aux restes de mes fautes et non pas le destin, et ah, ce porte-erreurs était dernièrement bien rempli, tellement qu'il m'aurait été difficile d'en ajouter d'autres aussi futiles, aussi stupides, aussi risibles.
alors j'avais sur mon dos un de ces pulls, que j'avais mis longtemps à choisir -je n'ai jamais été coquette comme on l'imagine, il n'y a derrière mes choix qu'une chose que les humain.es ne pourraient comprendre, et ce temps gaspillé ce matin m'avait presque fait pleurer, c'est que -c'est que ! ça ne m'était jamais arrivé, ou alors peut-être je n'en sais plus rien, et alors j'avais pris celui-ci plutôt qu'un autre, quelle importance ? je serai belle autant dans l'un que dans l'autre, et c'était bien le rien qui m'agaçait, la futilité à laquelle j'apportais tant d'importance pour une raison que je connaissais très bien. ah, oui, c'est qu'on s'était déjà rencontrées, moi et l'ignominie, et on se revoyait bien trop à mon goût ; c'est que je sens encore ses griffes qui coupent mes branches, et son feu qui lèche mes bras, et ses illusions qui m'empêchent d'être qui je suis.
je m'étais regardée avant de partir : un pull, une jupe, une natte, la frange, les bottines, en noir et rouge, prête à être balayée par les vents pour me donner un peu plus de constance, de volume, mais voilà ! il ne ventait pas, et alors je m'étais assise, comme pour le contrarier, et j'avais fait cela ici, comme par hasard, un hasard qui était bien conscient et qui servait d'excuse. j'attendais que tu viennes t'occuper de tes abeilles, et que tu ne me voies à l'orée des bois ; oui, j'attendais ! parce que je ne pouvais me plaindre du monde, et qu'il en avait marre de moi, j'attendais, le soleil dans les yeux, près des arbres mais pas trop, presque honteuse de ma proximité à eux -moi, la déshonorante.
et, quand tu viendra, je te ferai signe -discret, à peine un coup de tête, mais tu saura, et alors peut-être ai-je espoir qu'on se comprendra. oui, j'avais espoir, et tout cela ne me plaisait pas.

les yeux paresseux ne te regardent pas ; ils sont trop occupés par les paysages et à t'éviter. je ne me leurre pas. je sais pourquoi je suis venue, et c'est bien cela qui rend tout aussi pire.
le prénom dans ta bouche n'a pas les accents que l'ont attend de notre relation. ah ! c'est que malgré tout, je la connais, quand bien même je n'en ai jamais rien dit, quand bien même je n'ai jamais rien mentionné à ce sujet, quand bien même parfois j'y repense en me demandant si ce n'était pas moi qui m'imaginait des choses. je relève les pupilles -il le faut bien. c'est le soleil qui m'accueille. qui me brûle. qui m'aveugle.
ah, seren, je ne te souhaite pas d'être de feu ; mais je crois que ce n'est pas une chose que nous choisissons.
je te laisse aller quand tu t'en vas, soudainement incertaine de s'il s'agissait d'une invitation ou d'un abandon ; peu sûre aussi de vouloir te rejoindre, et de me condamner à parler. les rayons me réchauffent, et j'ai peur que sans eux, il n'y aura plus aucune chaleur dans mes mots. dans mon être. allumera-tu les brindilles, seren ? celle de l'âtre de notre foyer.
et alors je me relève, comme une enfant le ferait, trébuchant presque à ta suite, sentant l'horizon de phébus glisser le long de mes jambes jusqu'à me laisser seule ; ah ! j'aurais dû mettre des collants sous ma jupe.
je le savais très bien.
l'ordre que tu me donnes est une question, et si la tendresse est infinie entre nous, encore faudrait-il la comprendre ; j'apprécie la délicatesse de ne pas tourner autour du pot, de me laisser la place de parler, et pourtant les sons sont bloqués, réservés à ma tête et aux échos de mes regrets. pourtant, c'est le printemps, et les oisillons piaillent. n'as-tu pas entendu ? ça sonnait comme une remarque, un défaut, et d'autres pourraient le croire mais pas toi, trop habitué à cette froideur qui n'était que façade, comme si tu avais encore besoin de te prendre des coups pour apprendre à vouloir t'en défendre. ai-je besoin de t'en dire plus ? mes questions n'en étaient pas. je crois que, en un sens, je lui demandais de me dire ce que je ressentais.
ma nuque était pliée, les yeux sur le sol, vitreux ; mal mis au point.

la terre n'avait rien à me dire, qu'importe combien mes yeux la suppliait ; la nature m'avait abandonnée aussi longtemps que mon père me manquait, et je trainais en marchant, espérant que les feuilles bruisseront d'une mélodie que je connaissais, ou que le soleil m'attraperait la cheville pour me faire rester et m'obliger à m'en plaindre, ou que tu t'arrêtes et que tu m'expliques tout les faits que tu allais me demander de dire.
mais tu n'en fais rien. tu avances, et cette fois-ci c'est moi derrière, et comme lorsque nos places étaient inversées, tu ne t'arrêtes pas pour attendre lae dernier-e, non, et seul-e cellui devant saura qu'iel ralentit doucement pour ne pas creuser l'écart. je n'ai le temps que d'un coup d'oeil que tu rentres dans l'arène ; et si je suis fière de ton indépendance, j'espère aussi qu'elle ne causera pas de tord -les mi-déité ont une fragilité étrangère aux nymphes, une chaire trop malléable et un cœur qui s'essouffle si vite ; toi, jamais tu ne sera veillé par les cerfs et les biches, jamais tu ne sera pansée par les chat-tes, jamais tu ne sera diverti par les mésanges. aux hommes, il en faut d'autres.
je ne te suis pas dans la lumière. pourtant, tu as bien annoncé le combat, et l'arme que tu maniera. je crois que j'hésite encore. l'honnêteté ou le confort ?
ah ! ce ne serait pas un bon exemple, que de me ramollir après tant de leçons, après avoir battu ton esprit bouillant des provocations que j'avais créées. non, nos épées ne peuvent fondre, parce qu'alors, le monde ne nous fera pas de cadeaux.
mais nous pouvons, à la place, les planter dans la terre. celle qui ne me murmure rien, et qui m'a laissée hurler dans le vide. celle qui devrait être chez moi, celle à qui je préfère l'éclat rude de ton regard. j'ai toujours été mauvaise pour identifier mes émotions. on pourrait croire qu'avec l'âge, qu'avec le temps, il était plus aisé que de se connaître, mais on oublie souvent que le temps des nymphes n'est pas celui des humain-es, et que leurs têtes non plus n'étaient pas les mêmes ; oh nombre de mes sœurs sont nées adultes mais comment cela peut-il fonctionner ? moi déjà j'ai appris si peu de ce que j'ai (sur)vécu, et je reste confuse encore -ah ! seren, regarde, peut-être était-ce finalement l'âge, le bourreau de la maturité : comment pourrais-je l'être, quand je ne me rappelle pas de la moitié des leçons qu'on m'a dispensé ?
l'âge oui, l'âge alors, celui proche de la fin. je me sens comme une gardienne qui n'a rien gardé. et de ma bouche ces mots ne sortiront qu'une seule fois, ici et maintenant, puis plus jamais ; alors profite, seren, prends les avec leur pesant d'or et de merveilles, et ne te fais pas avoir par l'air égal qui a dirigé ces mots : le cœur est vide, il s'est déversé depuis le début du mois. je me sens comme une gardienne qui devrait peut-être ne plus l'être. et de tes cheveux je ne vois que des souvenirs, des flammes aussi fausses que les tiennes, et de meryem qui a mangé tous les demi-déités que je devais protéger -à qui j'ai dit, venez ! je vous garderais, et vous n'aurez plus rien à craindre, à qui j'ai menti, à qui j'ai donné une pièce chacun en leur embrassant ce qu'il restait d'elleux -j'ai lavé leurs membres et tous les chiffons étaient sang, j'ai creusé des tombes mais je ne savais différencier les bras, les jambes, les restes de massacre, j'ai pleuré puis j'ai fêté, mais il n'y avait personne pour m'accompagner. la forêt était morte, et les arbres ne savent pas ce que sont les larmes.
je te regarde sans te regarder. je vois sans te voir, capturée dans ce que tu deviendrais si cette fois l'aigle avait planté ses griffes sur ton visage -un dans l'œil, l'autre dans ta bouche-, et si j'avais dû te laver avant de te pleurer.

et, bien sûr, tu ne me laisses pas le choix.
voilà la vérité : j'ai fait grandir en toi un arbre dont je n'avais planté la graine. la pousse existait déjà, mais elle était si faible, si rabougrie qu'on aurait pu marcher dessus et ne rien en laisser. mais moi, moi je l'ai vu, et moi je n'aime pas quand les autres marchent sur l'herbe, ou les fleurs, ou les arbres, parce que les autres n'ont pas ma délicatesse, mon empathie, mon amour de ces éléments si peu importants d'après vous, d'après eux. alors moi, moi je l'ai vu, et pour rendre le tronc plus fort, j'ai soufflé d'un vent inhabituel, non naturel ; et pour rendre les feuilles plus vertes, j'ai enterré des soucis près des racines ; et pour faire pousser les ramures, j'ai taillé les mauvais chemins. de tout cela, il n'en est ressorti qu'un ego qui s'en sortait à peu près, qu'on voyait sans qu'il ne prenne tout l'espace, et parfois je te regarde et j'essaie d'imaginer quel arbre tu aurais pu être, mais tu n'es pas enfant de la forêt. non, tu es enfant de la mer, et la mienne m'a fait détester le sel que j'ai collecté sur mes joues ; savais-tu que le chlorure de sodium peut me tuer ?
maintenant tu le sais, alors ne laisse plus jamais les vagues m'approcher.
je fais comme si tu promettais, trop certaine de ce qui allait arriver -de comment tu allais faire venir les larmes et de combien il fallait que je t'en juges coupable pour éviter de me voir ce qu'il s'y trouvait.
mais l'arrogance que j'avais fait grandir dans ton cœur vient chercher le mien, et la provocation n'a de beau que la douce sensation de familiarité, la certitude que c'était une manière de dire je t'aime. alors mes prunelles se relèvent et elles te voient, peut-être, je n'en suis pas certaine. tu parles comme un roi et pourtant en égal ; depuis quand l'élève croyait-il être à la hauteur de la maître ? un autre jour que celui-ci, je t'aurais peut-être remis à ta place, d'un coup de lierre claqué sur la joue, et ton beau visage n'aurait eu plus rien d'autre que les poussières d'aphrodite : alors tu aurais compris qu'il n'y a des choses qu'on ne doit pas prendre pour acquises.
et moi, moi, moi je ne sais pas si la porte est encore moi comme elle l'était quand le bois s'est glissé entre les armatures et la serrures. qu'importe des autres, seren, il ne s'agit plus d'eux. mon image n'appartient qu'à moi, et mon bois sera toujours là-bas. c'est que je suis fatiguée oui, alors je mets des écrans de fumée pour justifier de ne plus pestiférer, de ne pas aller me battre comme la furie que j'ai été il y a à peine quelques jours -oh seren si tu m'avais vue ! moi qui n'ait pas combattu.
quelle honte.
oui, quelle honte de ne savoir quoi répondre à une question si simple -il n'y a que les enfants qui ne savent quoi dire, et celleux aux consciences trop floues, et moi oui ma mémoire n'est pas des plus lisses mais enfin, je n'en suis pas encore à ça, n'est-ce pas ? et j'évite le sujet alors même que l'interrogation vient d'être lancée, oui je définis le périmètre de sécurité et j'empêche mon esprit d'y aller parce que tout ce qu'il trouvera c'est un vide. un grand trou noir qui attire les plots mis dans la panique, un rien qui s'agrandissait à chaque fois que je le regardais, et maintenant qui engloutit le reste même quand je l'oublie.
et, aujourd'hui, je le vois dans toute sa grandeur, et je l'observe comme ces tableaux modernes dans lesquels je ne trouve aucun sens : il n'y a que du noir devant moi, du noir sur du noir, et du noir qui bouge dans le noir, et le blanc à mes pieds a des odeurs de brûlé. je ne recule pas, parce que je suis une combattante, et que tout ennemi a toujours senti ma lame, ah ! parce que si je perds, c'est le manche dans la main. je ne sais pas.
mais il a glissé.
le noir l'a mangé.

la nuit est aussi nécessaire que le jour. en été, c'est à ces heures-là qu'on respire vraiment -que les stomates s'ouvrent, et qu'elles prennent ce dioxygène qui vous fait vivre ; oui, la nuit est un salut quand les jours sont trop rudes, et nous sommes injustes envers elle : on l'apprécie en attendant l'aube et ses rayons.
je me disais, au début, que peut-être j'étais dans la nuit -que c'était pour conserver mon eau, pour éviter les coups de chaleur, pour me préserver de ce que le soleil apporte. j'étais dans la nuit, et j'y étais pour un instant, pour quelques jours, oh des semaines à peine, des mois déjà.
la nuit n'a pas ce noir-là.
mais comment aurais-je pu le savoir ? à chaque fois, ce sont d'autres qui m'ont sortie de là ; si j'étais honnête, je te dirais : je n'ai jamais vraiment vécu. j'ai vogué. j'ai pris des décisions en un instant, et je les ai haïs plus tard, mais je n'ai rien fait à leurs sujets. ma fierté, c'est une excuse. et j'ai peur, parfois, de t'avoir donné la même tare.
je ne suis pas un soleil froid, parce que je n'ai jamais brillé. la seule fois où c'est arrivé, c'est parce qu'on m'a fait brûler, et, enflammée, je n'ai aidé personne. je n'ai fait que me venger. et, souvent, on en fait des récits héroïques, mais crois-moi, seren : ça n'amène à rien. j'ai continué à voguer. à ne jamais rien trouver. la fausse nuit est revenue -elle a tiré son drap sur le ciel tout doucement, millimètre par millimètre, au fur et à mesure des jours ; je crois qu'il s'est installé quelque part dans ces années avec la porte fermée.
je ne sais pas ce que je veux, et je sais que les autres m'ont toujours définie. je suis gardienne. je l'ai toujours été, sauf quand je suis née. je crois que je me suis trompée. il n'y a pas à être si lasse si c'était bien, il n'y avait à croire à la nuit quand on aimait le jour.
il est difficile que de te laisser voir une vérité que même moi ne sait appréhender.
comment te dire ? que c'est la porte qui me fait encore tenir debout, que mon tronc est creux et que la force est partie en même temps que ce coup en l'air, inutile, face à l'ange -non, c'est faux : elle s'est amenuisée au fur et à mesure, alors que je mourrais à regarder les couchers de soleil qui n'avaient pas de sens, puisqu'il faisait déjà nuit.
il ne me reste que la fatigue, mais j'ai peur que si je m'endors, je ne pourrais plus veiller sur toi. ah ! c'est que tu as grandis, oui, mais -juste encore un peu plus de temps. juste un peu.
alors tes mots résonnent dans le vide de la carcasse, et ils façonnent une culpabilité qui commence à faire monter des choses que je ne veux pas te montrer. seren. la voix reste impériale, et je ne sais comment. on dirait que ce n'est pas moi, que c'est une autre, mais non : ce n'est que mes habitudes. je sais trop bien mentir pour être la vérité.
alors, comment te faire comprendre ? ce n'est pas une défaite, un échec, une fuite. c'est juste le temps. oui, le temps. ma fierté ne me sauvera pas de l'hiver qui s'est installé sur mes branches. et les voilà pourtant immaculées, hautes sur ma tête comme des ramures d'un seigneur des forêts ; je te croyais assez capable de poésie pour comprendre ce que je voulais te dire, parce que les mots non-images ne faisaient pas de sens. ils ne disaient rien, et ne savaient se montrer. je ne sais plus faire de bourgeons. le ton est égal, comme s'il annonçait le beau temps et non les glaces éternelles. le temps s'écoule -je ne sais pas combien. je n'ai jamais été très forte pour ça.
quand je ne serai plus là, quelqu'un d'autre gardera la porte, et on oubliera mon nom comme les humain-es oublient toujours tout. ce n'était que des faits. et c'était là, la tristesse de mon âme : d'être séparées de mes sœurs, de mes adelphes, des miennes ; de ne plus danser dans l'insouciance au fond des forêt boisées d'une europe oubliée. de ne vivre qu'au jour le jour, sans s'inquiéter de se faire tronçonner, sans devoir trouver une destinée, sans n'avoir rien à justifier. j'ai trop cherché à trouver, je ne sais plus comment me contenter de mes réalités. je ne sais plus. je ne sais pas. je ne suis forte que quand il s'agit des autres. les yeux sont fixes. ils n'ont même plus de honte à montrer.

je ne contemple rien, et mes yeux fixes sèchent comme pour montrer qu'il n'y a même plus rien à pleurer. le soleil m'a pris toute mon eau, et il me couronne championne encore, et moi j'en étais fière jusqu'à voir que j'étais encore la seule debout. et pourtant -j'étais sûre ! certaine, qu'il y en avait d'autres, à mes côtés, et alors que je m'interrogeais je marchais sur le sable qu'étaient devenues toutes les autres mois qui n'existent plus.
je t'écoute et ta sagesse fait fleurir un sourire. tu avais raison. l'important, ce n'était plus tant les fleurs -j'avais découvert que je n'en avais plus besoin pour être mère. le bois, lui, restait là. je décidais de ne rien confier des vides qui le creusaient, et je me disais : un jour, j'y mettrais ton nom, puisque c'est aussi ta maison. un jour, oui. probablement le dernier, parce qu'alors tu portera mon nom et je garderais le mien près du cœur, sur ma peau, sur mes lèvres ; lorsque je croiserais charon, je lui dirais : il y a un homme qui mérite la plus douce des traversées, s'il te plaît ! rappelle-toi de son nom ! et je montrerai mon tronc, et je lui donnerai trois pièces de plus.
je ne veux plus être héroïne. je crois que je ne l'ai jamais été en dehors de tes yeux trop facilement impressionnés. non, ne scande pas mes syllabes ; contente toi de te souvenir. et, quand tu ne saura quoi faire, invoque mon esprit : il te hantera autant qu'il le faudra pour être là pour toi.
les bruissements de la clairière remplissent les silences. le vent est doux, il fait flotter ma jupe et rafraîchit ma peau encore sous le soleil. la défaite est tranquille. je le vois : tu commences à l'accepter. et, en même temps, tu te trompes. tu n'as perdu aucune bataille. je ne fais que te prendre un bout de toi, sans demander, sans combattre à la loyale. ah ! quelle lâcheté.
de mon index, je relève ton menton. il te faut le regard haut pour faire tout ce que tu m'as promis déjà. la main glisse, s'appuie sur l'épaule un instant avant de s'en aller. j'ai appris à aimer l'hiver. tout est plus lent. et, alors, je n'ai plus l'impression d'être en retard. je me retourne, et, enfin, fait face à ce dieu de feu. sous les cieux des étés sans pluie, j'ai soif pendant des mois. le froid est plus enviable. les yeux se ferment. mes lèvres sont sèches, craquelées. le temps passera.
c'était une promesse, d'espoir et de réconfort. un jour, cela arrivera.