fille de pan
nymphe millénaire, hamadryade, liée à un frêne
gardiens de la porte, chaire et bois
membre des spartes
guidée par l'acrasie
musique

garance n'aura aucun mot délicat à vous donner. garance défonce la bien-pensance et les politesses, garance n'a pas le temps à donner aux détails qui l'agace parce qu'elle est bien occupée à autre chose : réfléchir à quoi faire, refuser de plier, continuer de s'énerver. il ne lui reste plus grand chose, à garance ; de sa mémoire vacillante, elle s'invente des vies avec un semblant de sens, et du haut de la porte elle essaie d'ancrer une utilité qu'elle sait futile. si elle n'était pas là, quelqu'un d'autre prendrait sa place ; et qu'importe s'iel est moins bon, on aurait oublié sa chaire et ses misères. c'est probablement pour ça qu'elle y a mis son bois : pour que jamais on ne puisse la dissocier de cette fausse grandeur, de ce rôle qui devrait être si important, de ce bout de métal qui pourrait brûler son existence dans le néant.
il y a un rien qui reste vide, et garance tente de le combler de toutes les manières, incapable d'abandonner un cœur dépassé, fatigué, trop longtemps oublié. la lassitude s'est installée là où ses comparses se seraient perdues à d'autres choses ; elle maudit sa mémoire de l'avoir rendue si imperméable au temps, et de faire d'elle un être encore fonctionnel. oui, elle déteste les regards de pitié et les airs supérieurs et les rires IDIOTS et les remarques s t u p i d e s et les visages d'incompréhENSION ET ELLE AIMERAIT pouvoir les retourner, à elle, aux autres, mais si elle le fait, n'est-ce pas le début de la FIN ?
fausse confiance et mensonges, voilà son offre pour le marchandage. que négocie-t-elle ? comment voulez-vous qu'elle puisse le savoir.

la peau aussi claire que son bois ꕤ les cheveux aussi rouges que ses feuilles d'automne ꕤ les yeux aussi violets que ses fleurs en plein printemps ꕤ son épiderme verdit en mars, quand les feuilles commencent à apparaître ꕤ 175 cm ꕤ assez menue ꕤ toujours féminine ꕤ a un air intemporel, malgré la jeunesse de son apparence ꕤ longs cheveux en ruban, qu'elle coupe chaque année quand ses feuilles tombent ꕤ au printemps, ils repoussent en une ou deux semaines ꕤ bois sur le sommet du crâne, comme des cornes ꕤ agile et souple, comme son bois ꕤ a des cicatrices de brûlure sur les jambes ꕤ amputée de la main gauche jusqu'au milieu de l'avant bras, elle porte une prothèse fabriquée par les enfants d'héphaïstos, similaire à une prothèse myoélectrique ꕤ si bien faite qu'on ne la voit presque pas ꕤ mais elle ne peut utiliser sa main gauche aussi pleinement qu'avant ꕤ ambidextre, droitière maintenant par confort ꕤ a parfois la sensation que ses jambes n'existent pas ꕤ tenues féminine mais pratiques, non limitantes dans leurs mouvements ꕤ généralement robes et bottines plates.

chlorokinésie (rang s) création et contrôle des végétaux.
pouvoir principal de garance, elle peut faire pousser tout et n'importe quoi à une vitesse express. elle utilise cette caractéristique en combat, faisant pousser des plantes depuis le manche de son arme. précise, elle arrive à orienter les végétaux là où elle le souhaite.

empathie avec la nature (rang s) capacité de ressentir l'état des éléments naturels (plantes, roches, terres, eau, animaux non humains).
pouvoir passif, garance ressent la nature autour d'elle. elle ne peut mettre ce pouvoir en pause et si elle s'y était habituée, elle est devenue récemment plus sensible. cela peut donc parfois la pousser à agir en-dehors de son caractère habituel, ou la rendre incapable de fonctionner face à l'afflux d'informations. au contraire, les sentiments perçus peuvent également la mettre dans un état secondaire qui augmente légèrement sa force tout en atténuant un peu la sensation de douleur.
elle peut également identifier de manière plus précise les êtres autour d'elle, pouvant deviner les origines des demi-déités (par exemple, une divinité chtonienne en parent).

fertilité (rang b) capacité de manipuler la fertilité, la capacité naturelle des êtres vivants à se reproduire (animaux) ou à se développer (plantes).
garance n'a jamais cherché à utiliser ce don, mais sa simple présence suffit à redonner un coup d'éclat à la vie qui l'entoure. rien de miraculeux, ceci dit. les plantes et les animaux sont instinctivement attirés et ont tendance à l'apprécier avant de la connaître.

se souvient-elle de sa naissance ? elle ne se souvient pas vraiment de sa vie (elle dira qu'elle est née loin d'ici, en grèce, à l'orée de la mer)
dans quel but a-t-elle grandit ? esprit de la nature, protectrice de la forêt, elle est née sans autre but que celui d'être le réceptacle de l'amour de deux êtres. (elle dira garder la porte, et le reste n'a pas d'intérêt pour toi)
où a-t-elle passé le plus de temps durant son existence ? avec pan, son père (elle dira qu'elle a voyagé, qu'elle a changé de forêts, qu'elle a vécu milles vies, que c'est trop compliqué à expliquer)
que pense-t-elle de nausikaa ? une bombe à retardement (elle riera si on le lui demande ; elle n'est pas là pour avoir un avis, mais pour garder la porte. autant de ce qui peut rentrer de ce qui peut sortir.)
a-t-elle plus de regrets que d'espoirs ? non, parce que ses regrets sont des souvenirs floutés dont elle ne garde que la colère et la tristesse. (elle dira que les millénaires assagissent les restes d'erreurs, se retiendra de laisser penser qu'elle a du mal à trouver une raison d'exister)
quelle relation entretient-elle avec ses parents ? les deux ont disparu.es (((/// L'ONT ABANDONNEE.)))
est-ce qu'elle trouve sa vie un peu longue ? non, pourquoi donc ? (oui oui OUI OUI OUI oui.)

moi vous savez j'étais là quand zeus n'était pas encore roi
moi j'étais là quand le ciel et la terre dansaient encore ensemble, quand on regardait les hommes comme des enfants sans lendemains
moi j'ai vu les sangs d'argent d'airain et de bronze, et quand mes fils se sont tués d'eux-mêmes je n'avais plus rien à dire
moi j'étais aux fêtes de pan et j'ai apprécié les vies tranquilles que l'on a quand les humains ne s'en mêlent pas
moi j'ai perdu un père sans trop m'en rendre compte
moi j'ai ri avec mes sœurs et elles m'embrassaient le front comme si j'étais l'une des leurs
moi j'ai connu tant de monde vous n'en reviendrez pas, j'ai des histoires pour des décennies
moi on a voulu me tuer me brûler m'incendier et ils ont presque réussi
moi oui j'ai brûlé, j'en ai les traces et je les garderai
moi oui on m'a coupée, on a pris mon bois sans que je le veuille on en a fait des armes et des pioches
moi oui on m'a volée, mes feuilles et mes akènes, pour des tisanes et des crèmes
moi oui j'ai tant donné, à la guerre et à l'apaisement des misères
moi j'ai créé des légendes malgré moi
moi des dieux m'ont sauvée parce que je le méritais
moi j'ai vécu des choses dont il ne faudrait pas parler.
oui, moi j'étais là quand zeus n'était pas encore roi.
   (tout ça c'est faux,   ou peut-être pas
   mieux vaut mentir que ne pas savoir)
moi je vois le temps qui passe et souvent je (ne m'en rappelle pas mais malgré ça je) continue de respirer comme si de rien n'était ; les millénaires ne sont que des chiffres dont il ne faut pas trop s'inquiéter, je vous le dis : le temps force à pardonner mais jamais à oublier oh non, jamais jamais c'est qu'il faut se méfier tout en sachant profiter ; j'avais des haines pour toustes  (celles-ci sont restées, et je regarde ce qu'il va bien pouvoir se passer et oh est-ce que vous pensez que ça va bien se terminer ? moi je vous le dis, iels n'ont aucune pitié, ce n'est pas nouveau non, et croyez-moi ce n'est pas elleux que vous devriez prier, remercier, aimer, et croyiez-moi ce n'est pas celleux que vous pensez, les vrai.es monstres dénué.es d'humanité, non, parfois il faut s'arrêter et se demander ce qu'on a bien fait pour MERITER ce qu'on nous a donné ce qu'on nous a FAIT et vous oh ! il ne vous est jamais rien arrivé d'autre que vous-même et c'est bien là les drames les plus drôles, moi j'ai BRÛLÉ et c'est là que j'ai réalisé que tout ce qui touche le sang rouge n'apporte que d'autres flammes encore) mais plus (JAMAIS AUTANT QUE) maintenant (!).
moi je protège mais pas de vos propres folies ; je vous préviens : celleux qui se mettent sur le chemin des monstres n'auront pas ma lame, et les héro.ïnes qui deviennent monstres n'en souffrirons pas non plus, moi je
garde la porte,
(je regarde vers le haut -je sais pourtant qu'iels ne sont pas là-bas, les dieux-, et je me questionne ; oh, s'il voulait que leurs enfants survivent, on le saurait depuis longtemps, peut-être qu'elleux aussi n'arrivent plus à voir leurs chairs qui se détruisent tous seuls), oui,
je garde la porte, et sortira qui peut sortir, mais lae sortant.e ne pourra se plaindre d'être sorti.e. ne pourra blâmer les autres. c'est là la dure loi du talion.
et ah ! ne dîtes pas que je suis cruelle, vous la confondez à la neutralité.
on ne créé des héro.ïnes en les aidant sans s'arrêter.
maudissez si vous le souhaitez, mes cauchemars sont tranquilles : la réalité n'arrive plus à m'effrayer. j'ai tant repoussé la vérité qu'elle ne peut plus rien me faire. et si les larmes creusent des sillons, ce n'est qu'en écho à ce que je ne sais //////! ce que je ne suis plus.

âge d'or de l'humanité elle n'existait pas. ne la croyez pas si elle dit l'inverse.

âge d'argent des hommes (naissance) pan et cyrène s'aiment, et parfois l'amour fait des choses étranges ; garance a éclos un matin, au milieu des autres pousses de nymphes.

âge d'argent des hommes (une centaine d'années) elle est partie, cyrène. garance n'a jamais trop su pourquoi. papa non plus.

âge de bronze des hommes (quelques centaines d'années) si elle n'avait pas de mère, alors elle en deviendrait une. elle a donné à zeus son bois, d'une naïveté charmante, mais ses enfants n'avaient pas d'arbre et ils sont morts de leurs propres armes, leurs noms effacés, leurs traces noyées sous le Déluge. elle en voudra à zeus de les avoir créé pour les faire mourir, elle en voudra à deucalion et pyrrha d'en être les seul.es survivant.es.

âge héroïque des hommes (quelques autres centaines d'années) elle commence à cesser de pleurer mais les vents amènent des nouvelles de guerre. qu'y a-t-il d'héroïque en thèbes et troies ? elle se réfugie chez son père et demande entre ses bras si être dieu c'est s'amuser de ce que l'on crée, et si être mère c'est abandonner ce qu'on a façonné.

âge héroïque des hommes (quelques millénaires) son sol est devenu une île, et pan est resté avec le reste de la forêt ; elle ne lui en a pas voulu. elle était remise. c'était une nouvelle aventure. elle vit seule avec ses adelphes dryades, jusqu'à ce qu'une femme arrive jusqu'à elle et y construise son palais. circé ensorcelle avant de pleurer les actes des autres.
les années passent et elle tombe amoureuse des unes et des autres, mais surtout de circé. l'enchanteresse est douce et ferme, lui raconte ses mésaventures, lui apprend à se défendre avec les armes qu'elle préfère ; garance commence à manier l'épée pour lui apporter son soutien. dans le silence de l'île, loin des cages des animaux, les femmes rient entre elles. l'âtre est doux et chaud.
ulysse arrive. il n'est qu'un homme comme un autre, mais circé en a toujours été friande. elle les haït autant qu'elle les aime. celui-ci restera. un an, ce n'est pas si long dans la vie d'une nymphe, mais leurs enfants et les souvenirs que circé rappellent sans cesse sont une torture que garance ne pourra supporter pour l'éternité. elle demande à circé de l'aider à la délivrer, de la laisser partir si elle arrivait encore à l'aimer.
un akène est ensorcelé. le vent emporte la graine.

antiquité (quelques millénaires) la pousse prend racine. garance est faible, ses souvenirs minables. de tout ce qu'il s'est passé, elle ne garde qu'une coupe en bronze, une fleur pressée, les réflexes d'un corps et un trou au cœur. la forêt est calme. la faune la protège des rares visiteurs le temps qu'elle grandisse à nouveau.
les années passent. un village se construit à côté de son bosquet. elle croise parfois quelques habitant.es, joue avec les enfants, s'amuse avec les chiens. les écureuils s'installent dans ses branches, ses feuilles mortes nourrissent les biches, les oiseaux chantent pour ses bourgeons.
mais les humain.es ne savent se contenter de la paix. les arbres sont coupés, les armes fabriquées, les coques de bateau construites. on voulait faire de son bois une lance comme celle d'achilles, on voulait en faire l'ossature de barques pour ne plus jamais se noyer, et on voulait qu'elle reste pour quand même toustes les protéger.
lorsqu'ils sont venus, elle a perdu un bout de son bras. ils ne sont jamais repartis. leurs chaires sont retournées à la nature, elle y a veillé.
son bois est dévasté. il n'y a plus d'arbres, de fleurs, d'animaux. elle repeuple le bosquet, fait sortir la vie de sous terre, mais les souvenirs restent. quand d'autres dryades arrivent, garance supplie son père de l'amener ailleurs.

antiquité, 0 garance a quitté la chaleur de la grèce. sortir du sommeil est difficile, cela lui prendra beaucoup plus longtemps. les souvenirs sont flous, imprécis. elle dormira encore longtemps.

moyen-âge, 800 elle se réveille enfin entièrement. si les animaux la protègent toujours, c'est une humaine qui la cueille à son aurore. garance, oublieuse, n'a que le brouillard d'un instinct dans son estomac qui lui dit de fuir -mais on la lave, l'habille, lui parle, la nourrit. elle mangera du pain qu'elle vomira, et on coupera ses cornes qu'on excuse pour la simplicité de ne pas se demander. on la nomme warentia, pour la couleur de ses cheveux similaire aux racines de la garance des teinturiers.
la vie est tranquille au village. warentia aide aux jardins ; elle a la main verte, dit-on. malgré le membre manquant, on l'accepte. les récoltes n'ont jamais été aussi bonnes, et elle a cela de chantant qui remonte le moral. elle guérit les infertil.es, sa présence calme les couples de parents, elle devient aussi accoucheuse. les femmes du village l'adore ; warentia n'arrive pas à ne pas se méfier des hommes.
les années passent. elle se met à écrire des journaux pour ne plus jamais oublier. ses amies meurent mais elle demeure. elle se rappelle, parfois, de choses qui n'ont pas de sens. quand elle est seule, après chaque enterrement, elle retourne voir un arbre dans la forêt. parfois elle y dort ; les branches la bercent.

fin du moyen-âge, 1400 l'éternité ne pouvait durer. une église a été construite dans le village. les procès des sorcières commencent.
les preuves sont évidentes. warentia et sa rousseur, et les protubérances sur son crâne qu'elle coupe chaque jour, et les jours qui passe sans laisser de trace, et les secrets qu'elle murmure aux plantes, et la défense qu'elle apprend aux femmes, et les vomissements de l'hostie -elle sera exemple.
elle brûle.
elle crie et elle brûle, elle hurle et elle brûle, elle pleure et elle brûle.
à côté d'elles, d'autres femmes. des enfants d'hécate.
elle se réveille. les plantes grandissent en pieux qui écœurent (oui, enlèvent des coeurs), le tison devient épée et les pavés sont couleur warentia. le liquide est poisseux : il est difficile d'y danser.

temps modernes, 1800 le village a été déserté. les légendes ont grandies, et la forêt a repris son droit. l'endroit est lugubre, et l'on imagine dans les branches des frênes, des griffes qui attraperait les passants. au cœur des bois, les enfants d'hécate peuvent se retrouver. de plus en plus de dryades accourent à leurs tours, obligée de quitter leurs maisons coupées, défrichées, industrialisées.
warentia devient garance. le nom est plus moderne, et son esprit plus mature. elle a repris l'épée, protège déjà l'entrée, mais le malheur de ses sœurs lui tord le cœur. elle cherche une porte de sortie mais pan ne lui répond plus, mais la coupe reste vide, mais l'océan est trop loin.  elle reste, à défaut de pouvoir faire autre chose ; enrage contres les dieux, contres les humains.

1973 nausikaa sort de l'eau. une de ses soeurs, déesse mineure, en entend parler et demande à garance si elle serait intéressée. elle accepte. son arbre est déplacé sur la colonie, et elle donne de son plein gré de son bois pour construire la porte. pour une meilleure sécurité.

2023 présente de puis toujours, elle trouve finalement les demi-dieux tout aussi stupides que les deux espèces parentes. elle reste, mais le monde est plat, et la nouveauté n'a réussi à la faire revivre.

du nom d'un trésor
aussi fille de cyrène
née lors de l'âge d'argent
perturbée par l'oubli.

slt c winnie mais avec un perso moins sympa
crédits artwork en header 五拾二, gif 1 : jennaortegas, gif 2 et 4 : frodo-sam, gif 3 : breakfastiffanys