Quand on ne s’annonce pas il faut souvent attendre plusieurs longues secondes presque une minute même et Mars n’apparaît même pas par la porte à laquelle on est venu.e toquer, semble tout juste revenir dans l’immeuble un sac sur l’épaule arrivant tout juste par l’escalier décrépit craquant sous chacun de ses pas.  Anael. Zieuté du regard. Ouai je peux. Le regard sur son sac, quelques instants qu’iel fouille dedans avant d’aviser. J’ai ce qu’il faut on y va. Dixit, pas besoin de passer par chez ellui, iel à déjà enfoncé ses mains dans ses poches en descendant l’escalier. Après, à force tu peux juste m’envoyer un message directement plutôt que venir me chercher jusqu’ici, t’auras l’air vachement con-ne si je suis pas là un jour ou que j’ai autre chose à faire vu que t’auras fait tout le trajet pour rien. D’un simple haussement d’épaules sans laisser un sourire mourir entre ses lèvres.

Si l’on était parfaitement honnête Mars aurait même pu s’insurger des comportements d’Anael, mais iel n’aurait rien à y gagner pour l'instant. Une partie de son gagne-pain se créait par tous les appareils cassés en constances. Iel avait laissé des annonces dans la rue, avait fait tourner les mots d’une oreille à l’autre, comme quoi iel serait capable de réparer n’importe quoi, du frigo à la sonnette qu’importe iel avait aussi filé une adresse. Pas la sienne non plus, presque, mais cela restait secret, le même immeuble mais iel ne voulait pas que son nom soit adressé à l’unit 304 où les explosions bruyantes et les plaintes s'accumulent. Simple système d’alarme alors quand quelqu’un s’approche de l’unit 608 qui a été condamné depuis un an déjà, l’avertie sur son rainphone de la présence d’un individu, l’image même, iel ne sera jamais assez heureux de l’évolution des caméras espions. La silhouette familière s’était dessinée et iel s’était empressé, sans sembler pressé, puisqu’en arrivant dans le couloir iel avait abordé une nonchalance habituelle. N’est-ce pas là, la normalité ? Sembler ennuyé quand quelqu’un se présente sans rendez-vous à son palier alors et que l’on ne peut éviter cette dite personne si l’on veut rentrer chez soi ?

Parfois iel jouait même le jeu, l’appartement était délabré, l’une des fenêtres possédait un verrou minable et donnait sur l'escalier de secours, Anael et d’autres l'avaient déjà vu sortir de la porte de l’unit 608 comme si l’endroit était son propre chez soi, mais jamais on ne pouvait y rentrer. Enfin, il ne faut pas croire ! Mars n’est pas à la tête d’un business de façade, tous ses services offerts sont ceux annoncés, iel peut tout réparer, de la machine à l’homme et si on lui demande si poliment iel n’y trouve pas d’inconvénient. Prends déjà la direction familière, cela pourrait presque être considéré comme une routine, cela ne fait même pas une semaine depuis que ses services ont été demandés, et iel ne peut que s’en ravir.

La prochaine fois, je ne me gênerai pas de ne pas répondre alors ! Le ton léger, comme s’iel hésitait encore sur la possibilité de cette option. Il y aura autant à payer alors, tant mieux. Le contact ne lae dérange pas, juge simplement Anael du coin de l'œil, c’est la mort douce dans ses gestes, celle qui pourrait frapper à tout moment mais dont on ne se méfie jamais. Et sale mmh.. Le sourire s’esquisse au coin de ses lèvres avant qu’iel ne claque ses mains ensemble, donne l’impulsion. Je vais vite me mettre au travail donc, mais faudrait que tu m'expliques hein, comment tu peux être aussi maladroit.e !

Demande gentille dans l’innocence feinte, puisque Mars ne savait pas pourquoi est-ce que saon interlocuteur.rice continuait à autant graviter autour d’ellui. Cela lui plaît soit, trouve un plaisir propre dans ses comportements sans justification, n’attend pas la réponse à toutes ses questions, mais une autre excuse qu’iel ajoutera au personnage quasi mystique qu'iel crée.

Puis aujourd’hui serait un jour de vacances, les électroménagers poussiéreux et en ruines n’étaient pas d’une quelconque difficulté pour lae mécanicien, se soustrait même généralement de l’utilisation magique afin d’en venir à bout. Rira au nez du pauvre vieillard déterminé à réparer son toaster sans y arriver. Cruel ah..Il faudra lae payer pour la gentillesse. Soit, la porte de l’atelier est ouverte, ressemble tout autant à un débarras que le contenue de la brouette. Fouillis d’un trop-plein d’éléments où seul le plan de travail ainsi que les quelques mètres aux sols autour de celui-ci sont exclus de la présence de bricoles ou de papiers quelconque. Tout y passe, d’un croquis assez complexe du mécanisme intérieur d’une main bionique au numéro de téléphone jusqu’aux briquets vides, ah…Il y en a toute une collection à croire qu'il s'est donné le défi de brûler son immeuble avec. N’y pose pas plus d’attachement que le loyer extrêmement faible. Enfin, d’un coup de pied les quelques breloques au sol sont dégagées laissant alors un espace clair pour que l’on vienne y déposer la brouette.

Si mais je les répare ou je les jette donc j'ai pas le problème tu captes. Pause. Mais continue c'est benef', ça rapporte les gens maladroits. En sérieux sans l'être, vie en minable nécessite le malêtre de l'autre pour vivre. Je pense pas non. Piqué à vif. J'ai une organisation imparable, je sais où tout se trouve donc non j'ai pas besoin de ménage. Simple haussement d'épaules, se penche sur la brouette. Puis si d'un coup je commence à tout mettre sens dessus dessous je vais plus rien retrouver, il faut refaire une organisation d'A à Z et j'ai une tête à avoir le temps pour ça ? C'est pas payé alors ont s'en passes simplement. Déplace les différents électroménagers dans la brouette, sorte d'état des lieux. Il y a une priorité dans ce bordel-là ou pas ? 'Fin je peux faire la plouf pour tenter de savoir par quoi je commence mais il y a plus efficace dans la vie on va pas se mentir.

Mars est le propre chaos de son existence, l'emporte partout autour d'ellui, n'a besoin que d'ellui même pour l'entretenir et en est des plus comblé au quotidien. L'image, le temps, la nécessité de déblayer le passage ellui semble totalement absurde, dévisage saon interlocuteur.ice comme si on annonçait une mort. Le ton en peut être trop fort. Ne comprends pas, ce besoin de rigidité, la logique à l'absolue ici, s'iel n'a pas de mal à trouver ce qu'iel possède tout ne se déroule que bien, et s'iel ne trouve pas là viendra le questionnement.

Perte de temps, d'efforts ne sont pas dans son vocabulaire, dans ses idées, mais là est tout le trait d'Anael, trop maniéré, trop de codes, trop de normes, c'est comme ça qu'iel étouffe, c'est lae tuer à petit feu et dans les poussières du sol, dans la bricole abandonnée, est son essence même.
Se rappelle à l'ordre, en quelque sorte, n'est pas payé pour un débat quelconque, rappelle le travail,  observe les riens du tout étonnements sales, trop usés, trop inconnus dans les possessions d'Anael, ça aussi,  iel pourrait relever à l'opposer, pour quelqu'un qui prêche un rangement l'état du tout devient alarmant.

Tu vois c'est là où la théorie ne marche pas, c'est que je ne range pas, alors je ne perds pas de temps à ranger et je sais parfaitement où tout se trouve. Iel réplique de suite, coupe le bout de sa phrase même d'un sourire narquois. Je pense que tu ne devrais pas trouver des problèmes là où il n'y en a pas, ça fait perdre du temps en plus, puis moi je ne te donne pas de conseil sur ta maladresse aussi. Le ton léger, un simple retour à l'envoyeur avant de se pencher sur la pile de débarras. Mmh..? Donc pas d'ordre de priorité parfait. Son regard bloqué dans le sien pour chercher la confirmation. Rien dans tout ça ne va me poser de soucis, juste du temps, et oui assit toi je sais pas où...Ou reste debout, mais ne déplace rien ou je te coupe un doigt.

Simple rappel, Mars n'est pas incompétent, Mars s'est reconstruit ellui-même et ce n'est pas un pauvre grille-pain qui lui mettra la misère. Peut se sauver même, si son seul savoir brut trouve une limite (ce qu'iel doute dans le cas d'électroménager usuel) l'alternative de sa magie est logique. Renforce ses connaissances, facilite ses exploits. Iel n'a même pas de doute qu'iel pourrait finir sa tâche dans la journée même mais ne viendra pas le crier sous les toits, cela rendrait le labeur trop simple et iel compte bien sur la paye généreuse de saon employeur.se qui voit les efforts et le temps que cela ellui a nécessités.

Préfère aussi, pour ce premier temps lae garder dans son champ de vision, l'obliger à fixer son travail sans le comprendre, iel pourrait stupidement passer son temps à dévisser le mécanisme entier du mixeur à pied qu'on lui a tendu que cela ne résoudrait pas la case de celui-ci et pourtant donnerait la parfaite illusion du travail. Probablement n'est-ce qu'une connexion qui à lâché, reste à savoir où. Finit par s'installer confortablement sur la table, assis en tailleur pour trouver la localisation même du problème iel ne nécessite pas de l'entièreté de son plan de travail. Se contente de déposer la coque de plastique dans un bocal au niveau de son genou pour ne pas en perdre une pièce, travaille vite dans un silence étonnamment religieux uniquement entrecoupé par le contact de ses outils.