contexte inspiré de la mythologie grecque et de percy jackson
contexte
Les dieux de l’Olympe existent ! Depuis qu’ils ont créé le monde à leur image, ils règnent sur celui-ci, dominent le ciel, les océans et toutes les couches de la terre. Ils sont à l’origine des cataclysmes les plus connus et des guerres les plus atroces...
« Tu devrais peut-être essayer de… tu sais. Voir quelqu’un. Parler. » … « Depuis l’accident… tu as changé. Tu sembles plus... mystérieux ? Et peut-être un peu plus distant avec nous. » … « Tu sais quoi ? Je ne te force à rien. Tu es un grand garçon, Saturne. Mais tiens. J’ai noté les coordonnées de la femme que je vois, pour parler. Cela me fait un bien fou. À toi de voir si tu as envie d’essayer. » … « Même juste une fois. Pour voir. Te faire un avis. »
Ces conseils, tu les connais par cœur. Ils n’arrêtent pas, ta mère et ton beau-père, de te les répéter. Encore. Et encore. Et si, au début, c’était un refus ferme et définitif… avec le temps, leurs suggestions commencent à s’insinuer dans ton esprit. Tu n’avais pas jeté, non plus, la note confiée par ta mère, avec les coordonnées de sa psychologue.
Sûrement est-ce la raison pour laquelle tu es, en cet instant, assis, dans une salle d’attente. Ton accompagnateur t’attend au café d’en bas. Et toi… toi, tu hésites grandement à te tirer. Tu ne vois pas, en vérité, de quoi tu pourrais parler. Tu n’as pas besoin d’être ici, après tout. Tu vas bien. Tu as toujours été bien. Rien ne déconne, chez toi.
Tes doigts se serrent sur le pommeau de ta canne, alors que tu te redresses un peu pour te soulager de ton foutu corset qui t’écorche le bas du dos, te rentrant dans les lombaires, avant de finir par te lever. C’est décidé, tu vas te casser.
C’était sans compter sur la porte du cabinet qui s’ouvre. Le patient précédent qui s’incline poliment en guise de remerciement face à la psy. Et… ton regard qui croise celui de cette dernière.
Le temps passe, allié ou ennemi, il dévore les brides d'existence sur son passage infini. Il a fait naître des civilisations pour les détruire ensuite, elle le sait bien. Le Sphinx est une vieille créature, ayant vu et appris bien des choses lors de sa longue errance en ce bas monde. Apparence humaine, coeur monstrueux et avide, elle s'est forgée maintes identités au fil des siècles.
La dernière en date est celle de Sophia de Gemines, médecin de l'esprit de renom à travers la ville de New-York City. Vêtue de son costume, elle écoute les âmes en perditions, les damnés de la psyché. Usant de son don d'hypnose, elle a aider des cas jugés désespérés, parfois s'en servant également pour dénicher quelques informations croustillantes sur l'île de Nausikaa.
Un intellect tel que le sien ne peut se reposer, la paresse est le luxe des simplets. Sa séance avec sa patiente se terminant, elle la raccompagne jusqu'à la salle d'attente, remarquant par la même occasion son prochain sujet. Sourire aux coins des lippes, elle souhaite une bonne fin de journée à la jeune femme avant de se tourner vers l'homme boiteux.
- Monsieur de Brisis, c'est cela ? Permettez-moi de vous aider à trouver mon divan.
Sophia s'élance avec douceur vers Saturne, l'aidant à marcher jusqu'à son bureau, puis à l'asseoir avec fermeté - tout en vérifiant qu'il ne souffre point - sur le divan. Ceci étant fait, elle s'installe sur la chaise en face de lui.
- Vous êtes plus robustes que vous ne le pensez pas, c'est intéressant. Léger rire qui résonne. Vous pouvez m'appeler Sophia, si cela ne vous dérange pas. Sachez que tout ce qui se passe et se dit dans cette pièce ne ressortira pas, nul besoin de se retenir.
Elle lui tend ensuite une tasse de café, toujours avec un rictus sympathique.
- J'ai l'impression que vous appréciez le café, je me trompe ?
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The shape of lies. — Sophia Lun 3 Juil - 0:40
Il ne faut jamais se fier aux premières impressions. Celles-ci sont, bien souvent, trompeuses. Et ta première impression, elle était bonne. Avant que…
S’il y a bien une chose que tu détestes par-dessus tout, avant même l’idiotie des nombreuses personnes qui t’entourent, c’est la pitié. Et les gens qui pensent que tu as besoin d’assistance. Non. Pardon. Ceux qui l’assument. Et qui, téméraires chevaliers de la bienséance, vole à ta rescousse, toi, pauvre damoiselle en détresse ! Tu les détestes, ceux-là. Et cette femme – cette Sophia, de fait – vient de tomber dans cette catégorie. Dans ton esprit, tout est clair : tu ne remettras pas un pied ici.
Son contact te hérisse le poil. De sensations contradictoires. Mais celle qui l’emporte, actuellement, c’est le dégoût. Tu n’apprécies pas. Elle ne t’a pas demandé permission. Et tu lui refuseras ton pardon, si elle te le demande. Les sourcils froncés, les traits tirés, ton mécontentement est visible. Et palpable.
Tu t’assois dans le canapé. Bien que désormais, seule l’envie de partir de ce lieu, de mettre les voiles t’obsède. En revanche, elle… semble avoir au moins une intuition sur quelque chose. Et ce café offert… tu ne peux le refuser. Tu le voudrais ! Mais un café offert est meilleur qu’un café payant. Enfin. Gratuit, gratuit… il te coûte une séance chez la psy. Mais soit, mettons ce détail de côté.
« Sophia. »
Tu finis par lâcher, d’un ton sec et froid. Peut-être un peu teinté de dédain. Ou est-ce du mépris ?
« Je vous serais gréé de ne plus me toucher sans me demander ma permission au préalable – et sachez que vous ne l’avez et ne l’aurez pas. »
Tu lâches, avant de boire une gorgée de café.
« Ceci étant dit… C’est ma première fois ici. Chez un psy, je veux dire. »
Tu lâches, ignorant la question sur le café. Tu juges non pertinent d’y répondre, à vrai dire.
Commentaire sec, avec une dose de dégoût et de mépris. Saturne serait-il l'un de ses nombreux patients aigris et amer des suite d'une vie qu'il juge injuste et cruelle ? Ainsi soit-il, elle est rodée à cet exercice, un pauvre mortel ne lui fait point peur. Cependant, elle hoche de la tête en prenant des notes.
- Fort bien, c'est noté. Dit-elle, sans réelle émotion.
Puis, elle retourne son attention sur son passé, prenant également une gorgée de café. Entendant les questions de Saturne, elle croise ses jambes, analysant sa gestuelle et les expressions de son visage. Hm, il paraît plus intéressant qu'il n'en a l'air.
- Vous êtes ici pour me parler, que ce soit de vos problèmes personnels, de votre quotidien, de vos tracas ou vos doutes. Sachez que vous êtes celui qui mène la conversation, vous avez le contrôle. Si jamais nous abordons un sujet qui vous gêne, n'hésitez pas à me le dire et nous changerons.
Elle sourit de nouveau, sirotant son café par la même occasion.
- Alors, voulez-vous commencer ?
Bien sûr, elle utilise son don d'hypnose pour le mettre à l'aise.
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The shape of lies. — Sophia Lun 3 Juil - 17:13
Bien. Le ton est donné. Les premières cartouches, tirées. La femme accepte tes limites. Et tu l’en remercie, silencieusement, en venant boire une nouvelle gorgée.
Elle prend la parole. Répond à ta question… sans y répondre ? Cela ne t’aide pas, en vérité. Tu te fais songeur. Réfléchis à ses mots. Parler. De tes problèmes personnels ? Quels problèmes ? Tu fais la moue.
« En vérité, j’ignore pourquoi je suis venu. »
Tu réponds, simplement.
« Je n’ai pas l’impression d’avoir de problème. »
Mais tes proches, oui. C’est pour lui faire plaisir, que tu es venu. Toi, tu n’en vois guère l’utilité. Oui. Bien sûr. Continue donc de te voiler la face.
Tu te redresses un peu. T’agite dans le canapé, afin de te repositionner. Foutu corset. Fichue atèle. Comme tu serais mieux sans.
Mais comme tu as peur de réapprendre à vivre sans une excuse pour être un connard.
L'expression de Saturne prend un air songeur, il semble réfléchir, tracasse son esprit pour dénicher des réponses. Ah, l'esprit des Hommes est fascinant à décortiquer, un exercice intellectuel qu'elle apprécie lorsque le sujet est intéressant. Finissant déjà sa tasse de café qu'elle pose sur le bord de son bureau en soupirant d'aise, elle griffonne des notes sur son carnet avant de relever la tête.
- Et pourtant, vous êtes ici. Qu'elle dit, sans aucune trace de jugement dans le ton de sa voix.
L'ombre d'un sourire réapparaît sur ses lippes, mensonge tissé par ses soins - néanmoins elle apprend de ses erreurs et il n'y aucune trace de pitié ou de bonne conscience. Non, seulement la plus sincère curiosité.
- Très bien, dans ce cas.. Pourquoi pensez-vous n'avoir aucun problème ?
Le regard qui croise celui du patient, maintenant le contact visuel. L'hypnose toujours activé, rendant le jeu plus facile de son côté. Saturne se sent en confiance, étrangement à l'aise et prêt à discuter avec cette jeune psy. Ah, être une entité millénaire à ses avantages, elle ne peut le cacher.
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The shape of lies. — Sophia Lun 3 Juil - 23:29
« Et pourtant, je suis ici. »
Tu réponds, presque tu tac au tac, avant de terminer ta tasse et la poser, là où tu peux. Non sans grincer des dents face à la douleur infligée par le mouvement qui n’est pas confortable. Et puis… et puis. Les secondes passent. Se transforment en minutes. Et sa voix se fait réentendre. Et tu te sens… un peu plus détendu. Ce qui est très étrange pour toi. De ne pas être… tendu. Et d’avoir envie de parler. D’échanger. Enfin. Ce n’est pas tant une envie. Tu n’appellerais pas cela ainsi. Mais… d’accord.
« Pourquoi pensez vous que j’ai un problème ? »
Tu contres, d’une voix un peu plus posée. Un peu plus ouverte à l’échange. À l’esprit.
« Pourquoi ma famille pense que j’ai un problème ? Pourquoi tout le monde pense que j’ai un problème ? »
Tu réfléchis. Tu songes. Tu soulèves un point. Pourquoi les autres y croient et pas toi.
« Tous… vous ne vivez pas à ma place. Pourquoi ne me croit-on pas lorsque je dis que je vais bien ? »
Tu soupires, doucement. Sors ton paquet de cigarettes, par réflexe, en sors une avant de te retenir lorsque tu … étais sur le point, machinalement, de l’allumer avec une flamme créée par tes soins.
« Est-ce autorisé ? »
Tu crains le non. Comme d’habitude. Il n’y a aucune liberté pour les fumeurs, ici.
« Le fait est que je ne pense pas avoir de problème. Je pense simplement avoir évolué entre il y a dix ans et aujourd’hui. Mais qui reste insensible au temps ? Je suis certains que même les dieux priés par tout un chacun finissent par souffrir des affres de ce phénomène. L’éternité doit être bien pénible… »
Cette dernière phrase, c’est une réflexion personnelle. Un songe. Un pensée.
« Mais on m’a dit que j’ai changé. Je ne vois pas réellement en quoi. Toutefois… j’ai désiré montrer patte blanche en venant ici, je suppose. »
Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de Saturne ? Tu ne parles jamais autant. Il y a quelque chose de louche. Quelque chose dans le café, peut-être ? Tiens. Te voilà même à faire de l'humour. En pensée, certes. Mais tout de même...
Il s'emporte dans un flot de paroles qui ne lui ressemble pas à l'accoutumée, le résultat de son talent pour l'hypnose. Sophia griffonne encore des notes, toujours des notes, surlignes quelques points qu'elle trouve important dans le raisonnement de Saturne, ne lui coupant en aucun cas la parole.
Pourtant, il demande une autorisation qu'il estime vaine en prenant un paquet de cigarette. Sophia le regarde, sans jugement ou aggressivité, répondant simplemen d'une voix posée et calme.
- Officiellement, non. Cependant, je doute que l'on vous embête pour ce simple fait. Vous pouvez donc fumer, cela ne n'importune point. Après tout, cela lui arrive également de fumer de temps en temps.
Avec un hochement de tête, elle lui confirme qu'il peut reprendre la conversation, tel un marrionetiste contrôlant les liens de sa poupée.
- Vous dites avoir évolué, sans réalisé un quelconque changement majeur, c'est bien cela ? Elle relève la tête de ses notes, les posant même sur son bureau pour pouvoir observer à sa guise Saturne. C'est étrange en quelque sorte de clamer haut et fort que l'on va bien, vous ne trouvez pas ? Après tout, une personne satisfaite et heureuse n'a pas besoin de le dire pour que l'on remarque cette joie de vivre en elle.
Elle s'installe plus confortablement sur sa chaise, utilisant l'hypnose pour le détendre davantage et le convaincre qu'elle touche un point intéressant.
- Le temps ne laisse personne indifférent, il nous affecte tous d'une manière différente. Pouvez-vous me dire ce que vos proches ont notés de votre... changement, comme ils le disent selon vos termes.
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The shape of lies. — Sophia Mar 4 Juil - 23:45
Tu t’attendais à un refus. Catégorique, de surcroit. Au lieu de quoi, la Dame t’autorise à fumer. Sous couvert d’officieusement. Alors, tu te redresses. Te lèves, même. Pour claudiquer avec peine mais avec fierté jusqu’à la fenêtre la plus proche pour l’ouvrir, afin d’aérer un peu la pièce. Tu ignores si elle a un patient après toi, mais tu préfères faire en sorte que cela n’empeste pas trop le tabac. Si toi, tu ne sens plus vraiment l’odeur… tu sais qu’elle a tendance à facilement imprimer les tissus. Alors, déjà, ta première décision est de ne pas retourner t’assoir. De subir la position debout pour fumer à la fenêtre. Regardant au loin. Songeur. Tu fouilles tes poches, à la recherche d’un briquet. Histoire d’avoir l’air… « normal ». Même si cela fait fort longtemps que tu n’en utilises plus. C’est un accessoire que tu gardes sur toi. Une sorte de souvenir du jeune que tu étais. Ou… de celui qui a pris une figure de grand frère, pour toi… Tu… souris ? À cette pensée. Avant d’allumer ta cancérette et d’inspirer longuement, les yeux clos. Lorsque tes paupières se rouvrent, ton regard se pose sur la rue qui s’étend devant toi. Sur les passants, marchant pour se rendre d’un point A à un point B, ignorant que tu les observes. Ignorant que les Dieux les observent. Ignorant tout des conflits qui peuvent exister sur cette planète. Ignorant ton existence, également. Oh, tu penses trop… c’est étrange.
« Soit je me suis mal exprimé, soit vous m’avez mal compris, Madame. Je ne clame pas haut et fort que je vais bien. On me pousse à répondre aux questions et aux inquiétudes infondées. J’aime mon quotidien. J’aime ce que je fais. J’aime ma famille. »
Mais tu ne ressens plus le besoin de leur parler régulièrement ? Ou bien est-ce ce que tu prétends pour appuyer tes certitudes disant que « tu vas bien » ? Peut-être ne veux-tu pas leur parler simplement pour ne pas risquer de les inquiéter. Pour ne pas risquer de laisser fuiter un seul indice qui pourrait leur indiquer que ça ne va pas. Que tu as peur, de beaucoup de choses. Notamment de sortir de ton déni. De laisser les autres infiltrer les brèches de ton âme.
« Je ne suis plus l’enfant si peu sûr de lui que j’ai pu être. J’ai évolué. J’ai gagné en assurance. »
Tu mens. Allègrement. Et en même temps… peut-on considérer que cela soit un mensonge, lorsque l’on est convaincu de ce qu’on peut avancer ? Tu glisses ta cigarette entre tes lèvres. Inspire. Expire.
Elle doit admettre qu'il est un excellent menteur, si doué qu'il s'est lui-même convaincu de ses propres fantaisies. Le déni est plus agréable qu'affronter l'horrible réalité, il permet de se protéger d'un monde qui n'est pas celui espérer. Elle arrête de griffonner, posant même son carnet sur son bureau - prenant le soin de le refermer par précaution.
Il a mentionné la famille, autant commencer une conversation enrichissante sur ce sujet. Elle lui laisse le temps de se calmer en fumant, son hypnose faisant effet sur Saturne, après tout pourquoi se priver d'un tel don ?
Je vois. Vous avez mentionné votre famille, pouvez-vous me parler de vos relations ou du moins, d'une description de vos proches au sens familial ?
Elle en profite pour se servir un verre, buvant tranquillement en attendant les réponses de son client. La famille est un concept bien étrange à ses yeux, n'ayant pas eu le loisir de naître au sein d'une fratrie unie et fonctionnelle. Elevée loin de ses adelphes, libérée pour semer le chaos et la mort à Thèbes...
Ah, il est amusant de remarquer l'irresponsabilité des parents monstrueux et divins. Elle sait bien que le Lotus et l'Olympe ont bien des points en communs, pourtant jamais elle ne le dirait ouvertement à Echidna. Elle a horreur de voir sa génitrice en colère.
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The shape of lies. — Sophia Mar 25 Juil - 22:25
Un bon menteur, un bon menteur… oui. Et non. Tu es un piètre menteur. Quand il s’agit de quelque chose dont tu as conscience. Mais là, ce sont des pensées que tu as tellement intériorisées… tu en es convaincu. Convaincu de tes propos, convaincu de tes mensonges. Tes doigts jouent autour du filtre de la cancérette. Tu te sens te détendre. Et par ce fait, tes pensées s’envolent, se bousculent. Et ta langue se délie.
« Je ne vois pas vraiment ce que vient faire ma famille là-dedans. »
Tu susurres, sincère. C’est ta première séance, après tout. Forcément, tu ne vois pas tout de suite où veut en venir la psychologue. Non, vraiment. Il y a quelque chose qui te gêne. Ce n’est pas normal que tu te détendes de la sorte. Que tu aies « envie » de te confier à quelqu’un que tu ne connais pas. Tu… n’aimes pas cette sensation. Était-ce quelque chose dans le café ? Quelque chose dans l’air ?
… un pouvoir ?
« Nous nous entendons très bien, pour vous répondre. »
Tu ne voulais pas lui répondre. Tu ne voulais rien lui dire. Et pourtant, te voilà à ouvrir la bouche. À te confier.
« Mais peut-être que la distance entre eux et moi les pousse à s’inquiéter plus que nécessaire. Ou bien est-ce une culpabilité mal placée qui leur donne l’illusion de devoir me protéger. Mais ce n’est pas leur rôle. Et ils n’en ont pas le pouvoir. »
Tu parles trop. Te mords la lèvre inférieure. Ramène ta cigarette entre tes lèvres. Te forçant à inspirer profondément. Lutter. Tu dois lutter. Recouvrer tes esprits.
La cendre incandescente de l’extremité de la cigarette vient s’abattre sur ta peau. Brûler. La douleur réveille.
« Je n’aime pas cela. »
Tu jettes le mégot par la fenêtre.
Te redresses. Attrape ta canne pour te diriger vers le bureau. Déposer de quoi régler la consultation – tu estimes la somme. Le tout dans le but de te diriger vers la porte.
La fuite ? Pense-t-il pouvoir si aisément quitter cette pièce en déposant une somme d'argent qui n'intéresse que peu la créature sous forme humaine ? Son don lui permet d'infiltrer son esprit et de lui donner des ordres, elle est le chef d'orchestre qu'il doit suivre en rythme.
Quittant sa chaise confortable, Sophia lui laisse le temps de poser la main sur la poignée de porte qui pourrait le libérer, lui permettre de fuir pour toujours. Puis, elle brise de nouveau le silence, emprisonne le damné avec le son de sa voix impératrice. Il ne peut résister, il ne peut lutter. Il doit obéir, suivre les directives.
- J'ai bien peur que nous n'avons pas fini cette séance, monsieur De Brisis.
Elle lui indique de s'installer sur le divan d'un geste de main, ne le quittant pas des yeux. Son visage est neutre, observant son patient sans doute confus par cette situation.
- Vous semblez partager mon point de vue, j'en suis donc satisfaite.
Sophia se rapproche lentement de lui, traînant d'une seule main son imposant siège derrière elle. Cela étant fait, elle s'assoeit de nouveau en face de Saturne, bien plus proche que la dernière fois.
- Bien. Laissez-vous guider par ma voix, tout va bien se passer. Pouvez-vous me décrire votre relation avec votre père ?
Elle croise les mains, prête à recevoir les informations de Saturne.
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The shape of lies. — Sophia Lun 28 Aoû - 23:29
La main sur la poignée, il manque trois fois rien pour que la porte s’ouvre et que ton corps se faufile à l’extérieur de cette salle.
Alors pourquoi es-tu toujours là ?
La voix de la praticienne a résonné, faisant se dresser tes cheveux sur ta nuque et les poils sur tes bras. Tu ne saurais expliquer pourquoi cela te fait autant d’effets. Et pourtant, le constat est là : tu ne peux désobéir. Est-ce cela que l’on appelle « le charisme » ? Oui. Non. Non ? Il y a quelque chose en plus. Quelque chose que tu ne t’explique pas. Quelque chose qui te dérange. Qui te déplaît.
Et pourtant, tu obéis, sagement.
Reviens t’assoir.
Peut-être que tu n’avais pas tant envie de partir que cela, au final ? Au fond ? Tu déglutis. Elle se rapproche. La séance n’est pas terminée. Ah.
Et la question tombe. Elle te surprend. Les choses se bousculent dans ton esprit. Au début, tu penses à ton beau-père. Celui qui a été là pour toi. Mais tu décides de parler de celui d’où te viens tes gênes.
« Je n’ai pas de relation avec mon père. »
Tu réponds, doucement. Sincère.
« Il n’a pas été présent dans mon éducation. Ne m’a pas vu grandir, ni évoluer. Je pense pouvoir dire que je l’aime comme on aime un parent décédé. Quelqu’un qu’on a connu vaguement mais dont on ne tire pas vraiment de souvenir. On y pense avec une certaine tendresse, mais surtout avec détachement. »
C’est beau, ce que tu dis, putain.
« Celui que je considère le plus comme mon père est l’homme avec qui m’a mère s’est remariée, par la suite. »
Remariée n’est pas le bon terme, mais c’est souvent ce qui est le plus communément utilisé, chez les mortels, après une première relation et un premier enfant. Et puis, l’usage de certains mots te permet également de te couvrir sur certains points.
« Pourquoi une telle question ? Je ne vois pas à quelle réflexion cela peut mener. »
Le voilà bien sage, obéissant aux ordres tel un animal bien dressé. Saturne mentionne Héphaïstos, le comparent à un parent décédé. Pourtant, Sophia comprend ce sentiment de distance. Elle n'est pas proche de ses parents, les considérant plus comme des créateurs que comme sa famille.
La famille... Un concept qui lui est étranger, elle pour qui la solitude est un refuge et une prison. L'immortalité lui permet de survivre aux ravages du temps, d'observer la perversion et l'imagination des Hommes avec un oeil toujours curieux - mais jamais épanoui. Les membres du Lotus sont pour la plupart des collègues embarrassants que des êtres chers à son coeur, des nuisibles qui ne cessent de revenir.
- Vous n'aimez pas votre père biologique, donc ?
Elle n'est pas surprise, Héphaïstos n'est pas un dieu qui s'épanche sur ses émotions ou qui prend grand soin de sa progéniture.
- C'est courageux de l'admettre, vous savez. Elle sourit, pensive. Certains pensent que notre nature est définie par notre ascendance, monsieur de Brisis. Jouer avec les mots, tout en utilisant son don d'hypnose. Comprendre les relations que vous entretenez avec votre famille - celle du sang ou non - me permet de mieux vous cerner et cela libère votre conscience, n'est-ce pas ?
Il n'a pas le choix.
- Bien, je suis heureuse de voir que vous êtes très coopératif.
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