mariage de ezra/midas ※ après la cérémonieLes colères étaient sourdes ; les colères étaient muettes ; de tensions indicibles partagées dans le silence, étouffées par les musiques, les valses tendres en échos contre les plafonds trop hauts.
Des robes et des dorures, des foulards, des rires.
Au mariage de son frère, d’une surface lisse, il y avait un profond sentiment de rejet.
L’échec se répercutait dans une sensation latente et insidieuse de honte - obsédait l’esprit et sous la peau il n’existait plus que les vers grouillants d’une terrible désolation.

Dans sa robe rose lavande aux allures spectrales, de volatiles et d’élégantes toiles, sous un apparat lumineux se cachait des tissus de velours noirs et nuit. ;
A l’image d’elle-même, d’un sourire tracé superficiel mais au coeur malade ;
Simca semblait être fantôme parmi les vivants, flottait au-dessus du sol malgré le regard qui transperçait chaque invité.
A son passage, le glacial s’invitait le long de la colonne vertébrale.

Et parmi tous les morts ;
Parmi tous les vivants ;
Parmi tous les odorants les ignobles les immondes ;
Simca s’amouracha d’un seul trésor, d’une seule lumière, s’invita devant Sinistra, devant Achlys elle espérait aussi, le dos droit - car elle ne saurait se présenter autrement que parfaite devant son regard.

Elle lui tendit une main.

Une grande désolation m’habite de te voir peinte de si peu de joie en un jour censé être béni, ma Sinistra.

Pencha légèrement la tête en avant.

M’accorderais-tu l’occasion de faire naître quelconque tendresse en ton sein ? M’accorderais-tu une danse ? La prochaine valse pourrait n’être qu’à nous.

mariage de ezra/midas ※ après la cérémonieValse tendre ; Valse colère ; Valse douce ; Valse gronde en silence.
Aucun sursaut n’attrape le souffle de Simca, imperturbable aux lèvres scellées dans un sourire pincé. Le coeur est mort, le regard s’amourache une seconde aux imperceptibles voiles devant le regard de Sinistra, les yeux amers encaissent Achlys et son sourire à rendre froid le plus ardent des palpitants.

La voix aurait crissé comme les ongles sur un tableau à craies ;
Si ça n’avait pas été celle de Sinistra - se serait bercée même des plus déchirantes proses si elles avaient été prononcées par sa tendre - son élégante.

Alors même si à la gorge il se creuse une véritable douleur lorsque ses mots articulent “Je veux pleurer Simca”, Simca ne flanche pas.
N’aurait pas détourné le regard - ne lui aurait pas fait cet affront - pas à elle, ne lui aurait offert aucun théâtre.

Elle était la seule à qui elle voulait offrir la vérité.

Je n’ai pas eu le choix.

L’aveu de son échec ;
Une humiliation.

Elle ferma les paupières, referma avec prudence ses doigts entre les siens, et ceux à son épaule. Un murmure traverse ses lèvres.

Mais je le tiens, Sinistra - je tiens Midas et il le sait très bien. Je te demande de me faire confiance - je me sais nébuleuse, mais il n’y a rien que je puisse t’avouer.

Lorsqu’elle rouvre les paupières, c’est pour lui adresser un regard de fièvre.
Noir et profond ; froid et chaud à la fois.

Il se tiendra bien. Et si à la fin, Ezra est malheureux, alors je le ruinerai lentement, lui offrirai une agonie si douloureuse qu’en revenant de sa première mort, il saura que je le traque pour lui offrir la seconde. Je lui apprendrai à avoir peur de moi - davantage qu’il ne tremble déjà.

Acide aux lèvres qui s’étirent dans un sourire large, inquiétant.

Il ne lui fera rien du tout. Il sera le mari exemplaire que je l’obligerai à être. C’est une moindre consolation pour l’échec que j’ai essuyé à protéger mon frère.

mariage de ezra/midas ※ après la cérémonieLe regard s’attarda un instant à Achlys ; la caresse à la gorge, mortuaire mélodie dans le silence ; ah, s’il avait pu mourir avant de monter à l’autel - aurait-elle était heureuse, Simca ? Si son père était venu s’enquérir de ses soucis - des soucis de son fils - se serait-il penché vers eux et aurait-il assassiné le fils de la Guerre ?

Ce sont des fantasmes qui s’articulent dans les yeux et y fanent lorsque Simca retourne à une réalité qui l’afflige.
Mais les murmures de Sinistra ne sauraient la faire regretter trop longtemps que la réalité soit celle-ci ; les murmures de Sinsitra berçaient l’âme à en faire croire que ce n’était pas si grave ce qu’il pouvait se passer ici.

Alors le souffle se fait caresse contre sa joue tandis que la valse se poursuit.

Ce n’était pas de ma volonté ; mais nous avons gagné un accord avec eux, il est vrai.

Elle aurait gagné cet accord d’une autre manière ; n’aurait pas vendu son frère ; si ça n’avait été que de sa volonté.
Ou aurait-ce été autrement ? L’aurait-elle fait ?
Elle y avait songé - c’était cette confusion qui avait mené où ils étaient.

Enfin, tu as entendu comme moi ce qu’ils se sont dit, pas vrai ? “Jusqu’à ce que la mort nous sépare.” Heureusement, pour toi et moi, la mort n’est pas si loin.

Un sourire lentement étira ses lèvres tendres.
Ses lèvres froides.
Le regard brillait de mille lumières.

Pencha la tête pour que celle-ci échoue à l’épaule de Sinistra.
Les murmures contre la nuque.

Voudrais-tu être ma complice, ma Sinistra…

Les mots en suspends lorsque le regard, d’une oeillade par-dessus l’épaule, s’adressait à Achlys ;

… mon Achlys ?

mariage de ezra/midas ※ après la cérémonieDans une danse mortuaire, les pupilles noires se lèvent au contact de la mort, tendre sous les cils, Simca adresse un amour sans mots à Achlys dont les doigts chutent aux joues froides.

Puis le regard s’échappe à l’emprise défunte pour témoigner de la stature du prince ;
Simca aurait dit Roi ;
Mais étranglerait ces mots-là avant qu’ils ne sortent.

Me faire compagne, dis-tu ?

Elle secoue la tête légèrement.
Un rire glousse à ses lèvres doucement, c’est une caresse qui s’épanche de ses yeux vers ceux de Sinistra.

Elle ne perçoit aucun des sentiments qui lui sont adressés ; elle croit pourtant attraper de son coeur dévorant quelques chaleurs que sa chère valseuse avait déposé là - elle espérait pour elle.
Elle ignore sans fermer les yeux, elle croit qu’aucun amour ne peut lui être laissé, Simca ne pouvait évoquer que l’indifférence ou la violence ;
La peur ou la colère ;
L’amour, jamais vraiment - ou arraché par des subterfuges immondes qui faisaient d’elle le monstre qu’elle voyait dans le miroir.
L’amour, jamais vraiment. Vraiment.

Je ne crois pas qu’Emon veuille de moi pour compagne - mais je vais prendre ta question pour une forme de possessivité à mon égard, et trouver cela charmant.

Une complicité lueur dans le regard.
Une malice au rictus qui demeure.

Pour l’heure je ne suis que tienne.