slight gore

Assassiner n’est pas seulement tuer, alors il se souvient de tous les corps qui se sont écrasés sous la lourdeur de ses pas, Ashe se souvient de tous les tintements provoqués par la chair qui se craquelle, par tous les ossements qui se démantèlent sous ses sabots. Autour de lui les illusions se dissipent ; la réalité redevient plus cruelle encore pour le troupeau chassé par la bête, les montres se sont effacés mais le colosse reste, et entre ses doigts il retrouve le tout premier - il pense tu vas payer pour tous les autres et il fait Fils d’Arès, je vais te faire regretter ton courage. Le grondement dans sa gorge est monocorde - il chante la mort en un seul acte.
Il accepte le premier coup porté contre son visage ; laisse le sang s’écouler en serpents sardoniques le long de son visage, jusqu’à perler au sol faire éclater le sol encore effervescent. Son poing vient effacer sa trace, et son sourire déchire son visage en une arabesque malsaine - ce qu’il pense c’est je vais te tuer et plus exactement je vais déchirer tout, tout jusqu’à ce qu’il ne reste rien il pense ça sera un massacre et tu sais Sohel, il était le plus massacrant fut un temps.

Plus loin face au demi-dieu, ses muscles se boursouflent ; ses traits changent. Les cratères que ses pas ont laissés se transforment en caldéras sous la lourdeur de ses sabots - son visage se défait de toute cette fausse humanité dont il se prêtait. C’est ainsi qu’il est réellement et il ne s’est jamais senti si suprême ; son visage enfin métamorphosé, il n’a jamais été autant question du Minotaure que ce soir-même. Il rit gras, il rit et dans l’air c’est une cavale de chair de tous ceux qu’il a déjà tué, cette odeur de sang et de mort - il n’en attend pas plus pour se jeter sur le demi-dieu dans une charge qu’il sait considérable. Contre son derme perle la sueur et le cruor écarlate, décime son échine et son poil se dresse à l’appel de la guerre ; il encaissera les coups d’épées jusqu’à ce qu’ils transpercent tour à tour chaque parcelle de son derme - jusqu’à ce qu’il soit couvert par le sang, acculé par les Parques dans leurs robes macchabées. C’est quand il s’habille de son propre sang qu’il est à l’apogée même de sa puissance, alors quand il s’élance cette fois c’est pour saisir son bras entièrement dans sa gueule et l’arracher avec la violence de ceux qui ne connaissent pas la vie.
Entre ses dents la chair déchirée est un met divin, dans sa gorge les doigts qui se désarticulent n’ont pas besoin d’être brisés ; il commence par le premier bras - puis le deuxième, bientôt il n’en reste rien, distingue t’on l’homme du cadavre ? Distingue t’on même ce qui l’a tué ?
En réalité, il ne reste rien du tout, rien d’autre qu’une mare de sang car tout a été dévoré. Il ne reste rien, hormis sa voix en écho - le rire qui gouverne de toute forme de vie.