Assez régulièrement, tu cherches un lieu où te ressourcer. Une manière de te poser en face des différents sujets qui se noient dans ton esprit. Routine de rejoindre les bains pour t'y attabler. Un plaisir personnel, une luxure que tu te permets, celle que représente quelques heures passées dans ton lieu préféré. Murs de marbre blanc, polis par le temps passé, emportent les esprits dans un rêve envoûtant.

Vapeurs odorantes, huiles et herbes soigneusement sélectionnées pour leurs propriétés curatives, tu en savoures ce parfum que tu apprécies tant. Odeur camphrée du romarin, fraîcheur boisée qui t’entoure dont la lavande ne sait que agrémenter ses sous-tons.

Un moment de creux, une heure où les bains ne sont pas peuplés. Il n’y a pas besoin pour toi de payer plus pour chercher à t’isoler du monde — tu dois admettre que tu les côtoies quotidiennement, ces eaux. Assez pour t'arranger que ton emploi du temps tourne autour de tes visites ici. Massive charge sur tes épaules qui s’écoule dans les flots de ce bassin, un soupir.

Moment de légèreté. Viscosité qui se dessine sur ta chair, lors de tes quelques mouvements. Résistance aquatique contre ta frêle musculature, alors que tes bras se déplacent légèrement. Méditation de pleine conscience, tes paupières sont fermées. Respiration précise, tu ne fais qu’un avec le léger courant.

Cette relation te permet de t’imaginer ce qui t’entoure. Ceux qui te connaissent pour tes prouesses en combat savent que tu as plus de simplicité à prendre conscience de ce qui t’entoure de cette manière. Pas que tu tomberais sur un de tes anciens partenaires de joute, à l’instant présent.

Des personnes sortent du bassin.

D’autres sont en train de rentrer.

Plus qu’une méditation, tu t’entraînes, tu aiguises tes autres sens - sans jamais ouvrir les yeux. Expression paisible sur le visage, un moment particulier pour toi.

Comédie divine, celle de te croire enfin seul, de te croire en sécurité du monde extérieur. Aléa sans aucun préavis, impact contre ton visage dans un fouet léger. Une fausse tendresse, un instant fugace qui vient inonder ton visage. Une grande inspiration, tu ne bouges pas, quelques secondes, le temps de soupirer, de se faire attendre.

Tu n’es pas mort, il n’y a plus de peut-être.

“ — En général, on commence une discussion par un bonjour.

Main qui se pose sur ta frêle joue pour éponger l’humidité de ton visage, tu ne connais pas encore ton interlocuteur. Enfin. Peut-on réellement dire interlocuteur, dans ce cas de figure. Retour cruel à la réalité qu’il t’offre, tu te décides après de longues secondes à entrouvrir les paupières, pour mieux comprendre ce qu’il se passe.

“ — Ah.

Visage de marbre qu’est le tien, expression imperturbable, ta froideur est palpable. Une émotion lisible, une révélation soudaine, un choc. Tel un tatouage d’airain, tu ne peux te cacher sous un masque. Contraste, légère tension, tes sourcils se froncent. Le visage se crispe, mais pourtant, tu tiens bon. Lutte contre toi même, tu résistes à l’envie de lui offrir l’impression d’encore le craindre.

Tu ne veux plus le craindre.

Lorsque la surprise s’estompe, les yeux de glace se figent, perdus dans le regard de ton interlocuteur. Retenue qui demeure, tu ne peux qu'espérer qu’il ne peut pas sculpter ta faiblesse, qu’il ne peut pas lire qu'au fond, tu n’es pas totalement passé à autre chose, même si tu prétends le contraire.

“ — C’est… toi. Que me veulent les olympiens, cette fois ?

Ah, ces mots-là, tu les regrettes un peu. Une pointe d’orgueil, de jugement dans la voix, comme pour présumer qu’il n’est que le chien de ce groupe privé, celui qui travaille à tes côtés. Tu te reprends, rapidement.

“ — Pardonne-moi, je ne voulais pas sonner de la sorte, encore moins sous-entendre que ta présence me dérangeait. Installe-toi, je t’en prie.

Un souffle chaud qui sort de tes narines, tu en oublies presque son arrosage de tout à l’heure.

Marteau de plomb qui étouffe les voix, un silence. Pesant et lourd, l’absence s'installe entre vous. Coupée temporairement par quelques mots de la part de ton interlocuteur, elle ne semble pas vouloir s’en aller. Une sécheresse dans la voix, un manque d’effort. Les regards se croisent, les bouches se ferment, et l'on sent dans l'air une tension presque palpable, comme si chacun retenait son souffle.

Bruit de fond, les gouttes qui tombent lors de son déplacement créent un rythme presque apaisant, un battement irrégulier qui résonne dans l'air et qui semble calmer ton esprit. Les vagues se succèdent comme un battement de cœur qui ralentit peu à peu. Rien ; Tu ne le dis pas, mais tu es surpris qu’il accepte ton invitation.

Encore plus sans aucun but, derrière.

“ — Je ne me souviens plus de la dernière fois que nous avons eu l'occasion de discuter. Si cela est déjà arrivé, même.

Traits qui se détendent en l’écoutant, tu lui offres un souffle amusé. Geste si furtif, signal discret. Une touche de légèreté.

L’éclaboussure te revient à l’esprit. Tu ne t’attendais pas à une explication de la sorte, si ce n’est une explication tout court. Instant fugace, tu as considéré l’idée de l’arroser en retour, avant de vite revenir à la réalité.

“ — J’espère ne pas trop te décevoir, alors.

Aucune once de malice dans la voix, bien que le manque d’intonation pourrait laisser le doute planer. Une plaisanterie, tu espères l'amuser un peu.

Peut-être un peu plus à ton aise, tu laisses tes yeux se balader sur sa chair, sans pour autant le reluquer. Lorsque les différentes cicatrices viennent à l’affront de ton regard, tu découvres de nombreuses histoires, des expériences de vie, des épreuves surmontées. Une manière de l'humaniser, de te mettre à sa place. Un sentiment rapidement renforcé par un tableau, celui de ses mains écarlates.

“ — Est-ce que ça te fait mal ?

Une pointe d’empathie dans la voix. Des mots qui s’échappent de ta bouche, sans même que tu le réalises.

Tu ne peux pas prétendre ne pas avoir entendu des chuchotements, à propos de ce qu’il s’est passé. Grenade liquide qui coule dans cette eau même, qui marque les esprits par sa teinte cuivrée.

Tu n’y avais pas plus réfléchi auparavant.

Il est vrai que sa présence ici te surprend, du moins, plus qu'à son arrivée.

Les bains pourraient te rendre nostalgique tant l’univers parfumé de la bâtisse est comparable à ton ancien lieu de travail. Mélange enivré de senteurs épicées et chaleureuses, l’ombre d’un sincère sourire se glisse sur tes lèvres tandis que tu te souviens de cet arôme, celui des remèdes, de l’odeur médicamenteuse de l’endroit. Un bouquet subtil de notes fraîches, parfois piquantes.  

“ — Si la douleur persiste après demain, passe à mon cabinet.

Ton expression ne trahit aucun jugement, aucune intolérance. Face à lui, tu te présentes comme l’ancien guérisseur plus que l’ancienne cible de la violence. Pendant quelques secondes, tu es celui qui a travaillé pendant si longtemps dans la clinique d’Asclepios.

“ — Je vais te prescrire une dose de nectar, ça sera plus simple.

Un moment de blanc, le temps de l’écouter.

Ces quelques mots suffisent pour te prendre de court. Pause précieuse dans la conversation, on pourrait presque entendre les rouages de ta pensée en train de démarrer. La vérité est que tu ne sais même pas ce que tu ressens pour lui, encore moins si tu ne veux pas lui parler. Une seule chose est sûre : même si tu essayais, tu n’arriverais pas à le détester.

Les secondes s’écoulent lentement, comme si le temps avait suspendu son cours, laissant place à la réflexion. Une nécessité d’articuler tes propos. Tu laisses derrière toi un silence qui se diffuse dans l’espace comme une brume légère. Les pensées s'entremêlent, se bousculent, cherchent leur chemin, comme des éclairs de lumière qui percent le brouillard.

Tes yeux se fixent sur un point imaginaire, le regard se perd dans le lointain, comme si la réponse à cette formulation de phrase se trouvait quelque part dans l'infini. Puis, enfin, ta phrase prend forme, elle s'élève doucement au silence, comme une offrande à l'interlocuteur, chargée de sens et de subtilités.

“ — J’ai envie de parler avec toi, Ellair.

Et ce n'est qu'alors que le silence se brise, que tes mots s'envolent vers leur destinataire, porteurs d'une émotion profonde et sincère.

“ — Mais, est-ce que toi aussi, tu le veux ?

Une conversation muette entre deux âmes silencieuses, immobiles comme des statues en contemplation. Une absence, dans un premier temps pesante, se transforme graduellement en sérénité. Sa présence suffit à remplir l’espace, ton espace. Tu commences à apprécier les nuances dans les mots qu’il ne prononce pas, ces gestes discrets.

Tu n’aimes pas l’avouer, mais toi aussi, tu es un agent du second plan. Ce titre te sied moins Gabriel, toi qui ne fais que rêver d’être le protagoniste de cette histoire. L’idée de se noyer, ici et maintenant, est plus agréable que de l’avouer. Pourtant, plier le genou, tu l’as déjà fait. Ennemi d’enfance, ton voisin t’a déjà forcé à le faire. Pourtant, même lui n’a jamais réussi à faire implorer ton honneur.

“ — Merci.

Pendant un centième de secondes, tu oublies la présence d’Ellair. Tu peux le visualiser, ton reflet dans l’eau mouvante. Celle des bains, celle des toilettes de la colonie. Tu admires le difforme portrait. Des mots qui résonnent, dans ton esprit, un passé lointain.




Sinistre regard, toujours en train de reluquer le miroir. Du coin de l'œil, tu aperçois celui d’Ellair. Une pensée intrusive te vient à l’esprit. La possibilité de lui donner ce bassin comme lieu pour son dernier songe, de lui faire regretter de t’accorder une once de confiance, à ce moment-là.




Tu n’es pas assez fort pour lui infliger le coup de grâce. Message de regret qui se dresse sur tes yeux, comme pour lui implorer pardon d’avoir même considéré cette option, alors qu’il ne peut même pas le savoir. Tes yeux ne sont plus sur son reflet, mais le propriétaire de ce dernier. Bien que vous soyez si différents, peut-être que, sans l’avouer, tu peux te reconnaître en lui.

Un souffle léger, tel un soupir.

“ — Je cherchais un sujet de conversation, excuse-moi.

Tu ne t’excuses pas pour le silence.

“ — Je me demandais simplement ce que tu faisais de ton temps libre.

Un nouveau silence.

Tu peux presque palper ce mur entre vous. Une amphore, celle-même dont vous vous amusez à tourner autour depuis le début de votre échange. Cette jarre qui ne prend pas fin, de la manière de celle la constellation du Verseau. Les flots dans lesquels vous vous baignez ne sont pas suffisants pour diluer cette tension. Tu fermes les yeux, un instant, comme pour te concentrer sur la manière d'aborder les choses. Tes fins doigts pincent l’arrête de ton nez, presque agacé.

“ — Tu penses que je ne devrais pas être agréable avec toi ?

Conflit d’antan, tu décides de ne plus tergiverser et d'aborder le sujet de manière directe. Agression, un combat que tu offres à l’ancien sparte, un qui a pour objectif de refermer des plaies qu’on a laissé ouvertes. Tes paupières s'entrouvrent d’un air fatigué, presque misérable.

Tu es un médecin, il est un guerrier.

Tes yeux suivent les siens. Dès à présent, vous vous regardez l'un à travers le reflet de l’autre. Tu pourrais continuer ce mensonge avec aise. Il est facile de continuer sur ce gouffre, celui qui représente vos places si éloignées et pourtant si proches dans la société. Fausses lamentations, il est temps désormais de mettre fin au sommeil profond des maux que tu n'as jamais évoqué.

“ — Je ne t’en ai jamais voulu. Tu n’étais qu’un enfant.

Sans même le réaliser, ta main a trouvé un délicat perchoir sur son bras, comme pour tenter de le rassurer mais aussi de trouver appui. Tu sens le muscle, la chair. Tu n’avais jamais pris le temps de perdre ton temps sur ce dernier, mais tu dois reconnaître la grâce d’un tel colosse endormi.

“ — Je pense sincèrement que dans une autre vie, nous aurions pu être amis.

Une voix en toi te donne presque envie de le remercier. Peut-être qu’il avait raison de s’en prendre à toi. Personne n’a rien fait, même ceux qui le savaient. Dans ton esprit, est acceptée, l’idée que tout ce qui t’est arrivé est probablement mérité.

Une chose est sûre, c’est d’une façon ou d’une autre ce qui a déclenché ce changement en toi. Celui d’utiliser ton pouvoir pour les autres, de rentrer dans le moûle. De devenir l’ombre des autres ambassadeurs, un pantin qui se laisse faire. Avec le temps, tu espères les égaler, qu’ils ne te voient plus comme le fils, l’enfant maudit.

“ — Alors…

Pourquoi te détesterait-il, si ce n’est pas pour cette raison ?

“ — Si tu peux voir au-delà de mon héritage patriarcal, est-ce que tu accepterais d’échanger à propos de tes lectures ?

Mouvement de l’eau qui se dessine au niveau de ta taille, de manière à l’enlacer langoureusement. Une caresse, une étreinte qu’est la force du courant, celle que tu affrontes à chaque pas que tu prends. Légèreté incomparable qu’est la douceur de cette dernière, ce voyage sensoriel t’amène à faire face à ton interlocuteur.

Quelques centimètres l’un de l’autre, tu viens brouiller son reflet dans l’eau. Rêveries aquatiques, jeux de lumières, rien pour te - vous sortir de l’instant présent. Une confrontation douce, presque tendre. Une qui laisse paraître dans ton regard une once de tristesse en l’écoutant.

Le silence est brutal, mais tu les savais déjà ces arguments-là. Alors il ne te faut que quelques secondes pour te relever de ce coup dans ta tentative de t'approcher.

“ — Ellair. Il ne peut plus te le demander. Il ne peut pas s’en prendre à un ambassadeur.

Des excuses. Pourtant, tu ne te retrouves pas blessé par ces dernières. Au contraire, une intuition qu’il te menace pour ton propre bien, par peur de te faire souffrir de nouveau. Que la tasse soit moins amère, qu’elle soit bien plus buvable quand il viendra trahir votre intimité d'un coup dans le dos.

Tu parles moins fort, peut-être de manière légèrement insolente. Une manière de lui indiquer tu n'en as que faire de ses supérieurs, des conséquences qui viennent avec.

“ — Je pense que ce monde peut exister.

Après tout, tu ne peux pas blâmer une lame de couper, une arme d’être définie par le sang qu’elle fait couler. Une réalisation, une conclusion : la raison  pour laquelle tu ne peux pas lui en vouloir.

Ni aujourd’hui, ni demain. Tu ne peux pas reprocher à l’outil d’être utilisé.

“ — Nous ne sommes pas si différents. C’est dans notre nature d’obéir aux ordres.

L’épée des maîtres des cieux.
La poupée du royaume des songes.

Simples et misérables accessoires de cette pathétique pièce de théâtre.

“ — Je pense que tu connais la réponse, mon ami. Et ça, même si je dois le regretter plus tard.

Une discussion qui te fait revenir des années en arrière. Les marches de l'ecclésia. Tu es loin de ce qu’on peut appeler aveugle, même si tu t’amuses à l’être. Ignorant, en revanche, c’est une autre histoire. Mélancolie d’un temps où tu pensais posséder une once d’importance, un pouvoir concret, capable de faire changer les choses. Ambassadeur, c’est un beau titre, n’est-ce pas ?

Le monde n’a pas changé. Tu ne l’as pas arrêté, tu n’y arriveras jamais, d’ailleurs. Il est au bout de tes phalanges, pourtant. Tu pourrais presque racler la surface avec tes ongles. Il ne réalise pas, parce qu’il ne peut pas se mettre à ta place.

Tu lui offres un sourire qui dit tout sans pour autant rien dire. Chaque courbe, chaque pli est une frustration qui s’est accumulée. Un équilibre fragile, celui que représente la tristesse, la honte dans ce sourire. Une sécheresse dans ta gorge, comme si l’idée de te confier à ce sujet pouvait te faire pleurer. Tu essayes de parler, lui répondre. Ta voix tremble.

“ — Je ne fais que les servir. Je ne peux rien faire d’autre.

Tu baisses les yeux, presque honteux de t’être montré si émotif sur l’instant. L’idée qu’on puisse remettre en question ton expérience, ta vision des choses est bien difficile. Tu n’as que l’impression de subir les autres, en permanence. Tu respires fort, avant de reprendre une expression plus neutre, comme si tu n’avais pas manqué de craquer devant lui.

“ — Tu n’es pas obligé de parler de toi, si tu n’as pas envie.

Tu es vraiment seul. Tu essayes de t’en convaincre, mais même sans le moindre intérêt, la moindre chose à y gagner, tu es incapable d’être l’ami de quelqu’un. Tu tentes une dernière fois, comme pour sous-entendre ton départ. Une nouvelle peur d’être rejeté, malgré le fait qu’il t’a rassuré plus tôt.

“  — Si ça t'intéresse vraiment, j’ai des copies exclusives de littérature chez moi. L’épouvante britannique était très limitée dans la bibliothèque de l'Olympus District donc j’ai préféré passer commande.

Une impulsion soudaine te submerge, comme une vague qui t'emporte. Tu respires un air frais et nouveau, tandis que tout te semble fade après ces quelques mots. Peut-être que cette vie que tu mènes n'est pas celle que tu cherchais vraiment. Qu'est-ce que cela t'apporte d'être l'ambassadeur d'Hypnos, après tout ?

Alors, peut-être dans une autre vie, tu lui aurais proposé. Arrêter d’être ce chien, ce serviteur pour les olympiens. Pour toi ou lui. Une vie paisible, peut-être dans un quartier moins voyant. Laisser derrière toi des souvenirs amers, des regrets, des remords.

Mais tu te reprends. Simplement car il n’acceptera pas, mais aussi car tu ne le veux pas réellement. Tu sais que c’est la meilleure fin, celle que tu devrais chercher, mais, tu n’en veux pas. Tu veux te persuader que tu ne resteras pas ce personnage secondaire dans l’ombre des autres. Tu veux te persuader que tu peux être heureux, au niveau d’Ellair.  

“ — Je crois que je le veux.

Mais l’idée de vivre une autre vie, de le prendre avec toi, s’éloigne peu à peu de ton esprit. Avec, l’envie de prouver que Cecil ne contrôle pas votre vie, à tous les deux. Une tristesse qui se lit à la prunelle de tes yeux, comme pour réaliser que tu ne peux pas le sauver, et qu’il ne peut pas te sauver non plus.

Il est l’épée.
Tu es la poupée.

Si vous ne pouvez pas fuir à deux, alors autant devenir camarades. Apprécier cette situation à deux. Un éclat dans le visage, un qui te permet de reprendre espoir, de te dire que tout n’est pas terminé. Une envie de commencer sur un nouveau pas, guidé par un amour de la bouquinerie et des lignes sur papier blanc.

Alors, continuez la discussion, ce rendez-vous, pendant des longues minutes, des heures. Tu ne pensais pas pouvoir faire parler l'autre personne, mais l'impossible n'est pas aussi lointain qu'il semblait être. Odeur de papier et d'encre qui se mêle dans vos mots, te transportant dans un monde où les lignes ont une puissance sans pareille.

Des idées et des opinions échangées sur des personnages fictifs qui semblent pourtant si réels. Les mots s'enchaînent, glissant de l'un à l'autre comme une danse enivrante. Si tu n’arrives pas à le détester, c’est peut-être parce que tu veux l’apprécier, Ellair.