Le pas traînant sous l'œil mécontent du médecin, David s’échappe de l’entre médical pour mieux se mêler à la foule qui hante les couloirs. Il n’y a jamais eu autant de monde dans la clinique, les éparses de NYC venant rejoindre la masse grouillante.

C’est ce qui avait permis à David de s’échapper par deux fois des contrôles médicaux et de fuir l'hôpital quelques soirs plutôt. Il avait malheureusement été ramené de force par ses proches quand sa blessure s’était rouverte.

Il ne put esquiver Dana et c’est du d’un mouvement rapide se reculer pour ne pas lui rentrer dedans. Déjà le cœur serti de douleur, il esquisse un sourire trop heureux pour l’occasion à l’idée de la revoir. Excuse moi, je … ne m’attendais pas à te voir.

Les prunelles qui tracent le long de sa mâchoire, il vise un pan de mur plus loin et se fait rassurant avant de réaliser l’état de la situation. Tu vas bien ? Libellule va bien ? Je sais qu’elle était au festival, je l’ai vu. il détestait profondément Libellule pour les simples changements qu’elle avait amené en Dana. Ce n’était cependant pas encore une raison suffisante pour souhaiter sa mort.

Je suis désolé pour tout ce qui est arrivé, pour … tout ça.

Elle vole la lumière et quelque chose en lui se tord. C’est injuste que de devoir rester devant lui, les bras ballants ; c’est injuste que de sentir l’âme s’amoindrir dans un tableau pâle et terne, Dana n’a pas sa place ici. Déjà David veut réhausser les sourires de pigments éclatants.

L’âme de peintre fait imaginer une toile d’aquarelle, peut-être un paysage d’océan ou de forêt, car ce sont là les deux fresques vivantes qui changent aux grès des lunes et des humeurs. Le pinceau aurait pu tout autant sertir la toile des contrastes de la ville, de pigments étourdissant en témoignages des fêtes, de la masse bourdonnante de vies. Sur les coins du dessin, on verrait la réalité putride, la pointe du pinceau aurait gravé les noirceurs des égouts et des zones industrielles.

Une aquarelle qui définissait le paysage de Dana, et dont les bords étaient lentement rognés par Libellule.

Des fleurs ? Sans incrédulité, avec la surprise naïve de ceux qui reçoivent peu d’offrande que même les génériques font une effet de soin. Si ce sont les tiennes, je ne déteste pas, mais les voir ici avec nous deux, ça oui je déteste. Ces murs sont très blancs, on y voit trop le sang. Et je n’aime pas l’anesthésie de l’endroit. Malheureusement, c’est comme ça.

Sans volonté de se battre, David saisit les fleurs pour en humer le parfum, déjà disparu sous le chimique sans saveur de l'hôpital. Son esprit se chargea d’en imaginer les fragrances. Merci Dana. D’avoir pris le temps de concéder un instant dans un emploi du temps pour venir poser un regard sur lui.

Ah oui, les gens ont besoin de moi ? Je ne pense pas, ne t’occupe pas des mots de douceur génériques, tu n’as pas besoin de ça. Certains auraient préférés ma mort - peut-être devrais je dire que c’est mon cas aussi, mais c’est faux.

Il n’haussa pas les épaules, les mouvements de son dos rappelaient le couteau.

Non, je me sens désolé que tu doives venir ici, encore, ce n’est pas un endroit qui te va à l'hopital, je préfère encore t’observer sur les planches ; même habité de tes personnages j’ai l’impression de voir l’ombre d’une réalité.

Tu sembles prisonnière de toi même Dana, et David se demande : puis-je te libérer ?

Ah excuse moi, je me rends compte de mon impolitesse, je crois que j’ai perdu ma diplomatie cette nuit là. Mensonge certains, il n’avait pas l’envie de s’encombrer des douloureuses coordinations, des amantes vides de sens. Dis moi Dana, es-tu vraiment juste venu me voir ?

Ne lui mens pas Dana, brise immédiatement tout ce qu’il pourrait avoir.