Naissance Ce n’était pas New York, et ce n’était pas Yulia ; ce n’était qu’une rencontre sur la côte. Athéna entame la discussion pour se distraire avec un prêtre, en retraite avec ses fidèles dans un village balnéaire inintéressant, et se laisse surprendre autant par l’esprit que le sentiment d’inaboutissement de ce dernier. Elle lui donne un enfant, qui sorti de nulle part passe pour un miracle.

1 an Les réflexions provoquées par Athéna chez Yulia, et la charge de Dana la poussent à repenser sa vie ; elle quitte ses fonctions religieuses et émigre à New York afin d’entamer sa transition.

4 ans Dana est un enfant vif et beau, qui se fait remarquer. Par manque d’argent, Yulia se résoud à céder aux propositions de tournage faites à Dana, qui rêve déjà des caméras, à condition de veiller étroitement sur lui. Dana se prend de passion pour cet exercice comme le font les enfants — avec insouciance. Sa mère l’inscrit à des cours de danse, de théâtre, pour lesquels elle bénéficie de la gratuité par contact de la communauté LGBT qu’elle fréquente : Yulia a toujours été belle parleuse et pleine de ressource. On vit dans un appartement un peu plus grand, on fait des siestes au soleil avec maman qui se laisse pousser les cheveux.

9 ans La carrière de Dana commence à échapper à Yulia ; son succès, favorisé par ses grandes facilités de mémorisation et sociales, la motive à éloigner Dana des plateaux. Elle négocie la fin de son contrat dans la série où il tournait, et vient finalement le déposer à l’entrée de Nausikaa. Yulia lui a longuement expliqué les raisons de son éloignement : après beaucoup de câlins et de promesses, Dana part sans se plaindre. Il pleure à mi-chemin sans se confier à la nymphe qui l’accompagne, ni à aucun adulte à son arrivée, par habitude bien acquise.

Adolescence Dana estime n’avoir à se plaindre de rien ; la plupart des sang-mêlé·es qu’il fréquente reviennent d’enfances douloureuses et traversent des jeunesses peut-être plus difficiles encore. Lui est un enfant-roi : qu’on aime, qu’on ne chahute pas, qui sait dire les bonnes choses au bon moment. Dana n’est l’ennemi de personne, et ne connaît pas la souffrance ; ce confort paraît fragile et commence à lui faire peur. Elles s’écrivent toutes les semaines avec sa mère, mais Dana travestit souvent ses mots.

21 ans Dana sort car elle s’est efforcée de voir la cérémonie moins comme une épreuve que comme une performance : cette prise de distance la sauve sans doute. Refusant d’admettre ses compétences guerrières ou de se confronter à la difficulté de Nausikaa, il cherche à renouer avec la vie mortelle qu’il a longtemps attendu de retrouver ; mais le monde extérieur, pollué et corrompu, le déçoit ; il découvre en même temps que la vie au camp lui laisse un souvenir amer aussi. Par pudeur peut-être, ou par orgueil, Dana ne veut pas admettre que l’immensité de sa déception précipite une dépression.

Âge adulte Les médias le cherchent et l’effraient ; Dana tente périodiquement de renouer avec sa carrière mais, par manque de concentration et peur de l’échec, ses films sont rares et le succès critique n’est pas toujours au rendez-vous. Cette carrière en dents de scie accentue son angoisse et la plonge dans une discrétion contenue qui inquiète sa mère.

26 ans Rencontre avec Libellule. C’est une manageuse comme une autre — Dana ne sait pas vraiment ce qui le convainc ; il se méfie de tout le monde, mais peut-être moins des sien·nes. Elle fait confiance à Libellule car elle n’a rien besoin de lui cacher. Ca paie : en un an, Libellule renvoie Dana au sommet, comme une évidence.

30 ans Dana appelle Libellule au milieu de la nuit pour la consoler de la mort de son mari. Et elles parlent tous les jours, aussi ; ils se voient le matin pour rendez-vous, s’écrivent des sms le midi et se retrouvent le soir, pour boire un verre cette fois. On les prend en photo et les voit ; on pose des questions à Dana, et la presse répond à sa place. Dana, qui a toujours évité de s’impliquer relationnellement, réfléchit par élimination et conclut que c’est à ça que ressemble l’amour : il est confortable, il paie, il fait peur sans le dire. Dana et Libellule se mettent en couple avec une discrétion déguisée ; Porcelaine est une distraction innocente qui le fascine, et qui donne une belle image de lui.

32 ans Suite logique : maison, fiançailles, bébé inattendu mais qu’on ne refuse pas, ça ne se fait pas. A cet âge, quand on est d’un sang qui peut mourir trop vite, il faut s’efforcer d’aimer l’idée d’une descendance, après s’efforcer d’aimer sa copine. Dana a un sentiment diffus en serrant Mimi River contre elle, qui lui crève le coeur, et donc lui fait plus peur que tout ce qu’il a connu jusqu’à présent.

33 ans Dana n’éprouve de la compassion pour les plus souffrant·es que car elle n’est pas elleux ; il est riche, il parle à sa mère tous les jours, sa famille resplendit autour de lui, il ne verse aucun sang et peut préserver le sien. En l’embrassant sur les joues pour son anniversaire, sa mère lui a dit en riant : comme le Christ ! 33 ans est l’âge de la Passion — et Dana, qui se sait sanctifiée, a ensuite embrassé Libellule comme on s’embrasse par-dessus la Cène, avec des frissons sur la nuque pour le sacrifice à venir.