want you to be okay

le chemin était connu plus que de raison, et alors winnie trouve où mettre ses pieds malgré la fatigue qui l'écrase au sol. le temple apparaît, et il aurait aimé que la vue de tout cet or, tout ce marbre, illumine sa vision mais il n'a que des cernes à présenter à sa mère. ah, peut-être était-ce mieux, pour cette fois, de ne pas prendre de selfie. il ne voulait pas l'inquiéter. plutôt, il ne voulait pas savoir si elle pouvait s'inquiéter de son état ou non.
il entre, s'avance entre les colonnes. sa sœur est fidèle à elle-même : impeccable.salut, nade d'une familiarité non partagée mais justifiée par leurs sangs et leurs rapports. si nadeshiko restait distante, winnie la savait attachée à lui et aux autres. elle le montrait juste différemment. ce n'est pas le moment pour boire winnie s'affaisse dans le grand siège vide qui trône dans ce temple décoré de manière trop envahissante. il était fatigué. il n'avait pas dormi, trop occupé à aider à la clinique, et il n'était pas certain que cette réunion serait concluante tant ses idées se mélangeaient. alors, il avait besoin de s'assoir. de toutes manière, niké s'en fichait.
il aurait pu faire une blague, un trait d'esprit, quoi que ce soit, mais rien ne venait. je pense que c'est un massacre. il n'y avait pas à rire des choses tristes et, devant nadeshiko, il avait la brutalité des violents. mais pas les mots, pas les termes, pas les poings. jamais. et que nous avons deux soucis de sécurité, bien différents l'un de l'autre. interne et externe. comment est-ce possible, qu'une ambassadrice soit traîtresse ?! ça n'a aucun sens c'était son honneur qui parlait, lui qui portait son titre comme une bannière et comme une mission. c'était une fête et une obligation. c'était beaucoup de choses en même temps, mais ce n'était pas un accord avec celleux qui les décimaient -et pourtant ! winnie lui-même n'avait pas de haine envers les créatures : il n'avait que de la pitié presque méprisante. mais, au-delà de tout cela, il avait aussi subit la trahison d'une amie, de quelqu'un qui l'avait accompagné jadis. dionne avait, quelque part, amorcé la cassure du cœur de winnie. et dehors -les spartes sont de bons guerriers, mais ce n'est pas suffisant. les traqueurs non plus. ethel et moi en avons discuté, suite à sa rencontre avec cerbère. il pense qu'il y a un manque d'effectif, d'organisation et d'action-réaction face aux attaques. de flexibilité, que des enfants d'iris pourraient remplir. je pense qu'il ne devrait pas s'agir d'abattre les monstres, mais de savoir s'en défendre, les fuir, et avant toutes choses, les éviter. la majorité des demi-déités ne savent pas réagir face à eux. c'est une erreur. de ses deux mains, winnie vient étirer son visage fatigué, tentant de se réveiller un peu, de devenir plus alerte. ça n'a pas fonctionné.

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nadeshiko avait dans sa droiture une chose détestable mais pourtant essentielle. elle se tenait, toujours, jusque dans ses manières ; et de ce robotisme effrayant découlait sa résistance à toutes épreuves, son inaltérable dévotion, son soutien sans faille. pour cela, winnie l'admirait autant qu'il la plaignait. non, rien. il y a parfois des promesses, du sang versé, mais je ne connais pas les conséquences de ces choses-là. et alors, j'imagine, seul l'honneur est garant de la dévotion. mais toustes ne l'ont pas. il en était déçu, mais il devait apprendre. arrêter de prêter à autrui des traits aussi beaux que ceux qu'il aimait. et alors, quel intérêt pour les autres que de promettre sur nos parents ? la plupart ne les visitent jamais. les, bien sûr, puisque winnie avait la chance de pouvoir envoyer des sms à niké à toute heure de la journée (le temps de réponse était aléatoire).
winnie, évidemment, avait en tête les seules promesses qui obligeaient. et il était certain que nadeshiko aussi. tu crois que ... qu'il faudrait que l'on jure sur le fleuve des enfers ? il demande de manière neutre. il ne doute pas que nadeshiko lui donnera une réponse honnête et claire, mais il préfère, pour la forme, rendre la conversation plus objective -plus hors d'elleux. je pense qu'une telle proposition sera reçue par bien des refus. loin de moi l'idée d'accuser les olympien-nes, mais force est d'avouer que leur accès au pouvoir aurait pu briser une telle promesse déjà.
le regard se déplace sur le calme du début de soirée. la ville était fantôme, enfin -ce que le fantôme de l'âgon pouvait bien être un lendemain de morts et de sang. winnie ne les croyaient pas égoïstes, celleux qui restaient sagement dans nausikaa. il les pensait honnêtes avec elleux-mêmes. naïf-ves, peut-être, lorsque viennent les temps de mettre le pied dehors. tu connais mon avis sur les spartes, et la violence en général. bien sûr -de nombreuses fois, c'était ces sujets-là qui les divisaient. s'iels étaient d'accord sur le groupe de seraph, nadeshiko voulait pourtant créer le même sous l'égide de david. en cela, il voyait l'empreinte des olympien-nes. et alors, à qui répondrait la milice ? la justice est déjà entre les mains de ton chef. le déterminant n'était pas une insulte, mais une observation. cela ferait trop de pouvoirs pour une seule personne, ou même une seule coalition. si auparavant, il aurait pu penser à la difficulté des tâches, et à l'impossibilité de tout faire, il pensait désormais qu'il n'était jamais une bonne idée que de donner toutes les clés aux mêmes. mais nous sommes au moins d'accord sur l'augmentation nécessaire des effectifs. ses yeux reviennent à sa soeur -iels trouvaient toujours, quelque part, un terrain d'entente.

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il la regarde, l'observe. winnie n'avait pas dit qu'il pensait que les parents divins se devaient de suivre leurs progénitures comme des nounous -non, il disait que, même en jurant en leurs noms, peu seraient punis de ne pas avoir respecté leurs paroles. c'était là le résultat de l'absence : de ne pas être au courant.
à son habitude, nadeshiko allait au plus loin. elle ne pouvait se contenter de la mondanité ; il lui fallait toujours l'exceptionnel, celui qui d'après elle était demandé par les déités. winnie n'y croyait pas. il pensait que, vraiment, les dieux et déesses ne demandaient rien de plus que d'être laissé-es à leurs occupations, tant que l'on calait dans le programme quelques révérences à leurs égards. oui, iels étaient leurs enfants. et, souvent, il ne s'agissait que de sang. ce n'était pas une critique. winnie, au fond, pensait que c'était souvent mieux comme ça. je pourrais jurer de faire ce qu'il me semble être le mieux pour mes adelphes, puis pour nausikaa. je ne sers pas niké, nadeshiko. je n'ai pas pris cette place pour cela. c'était un rappel froid. winnie n'aimait pas la propension de sa sœur de placer leur mère au-dessous de tout. certes, elle était ce qui les avait amené-es ensemble, mais aucunement ce qui les liait. elle connaissait les limites, évidemment, comme le montrait son comportement ; mais les dérapages montraient que c'était bel et bien ce qu'elle portait encore dans son cœur. winnie espérait pouvoir encore adoucir ces moeurs-là. très bien. je proposerai cela au conseil.
il dévie le regard, se concentre sur le sol en essayant de réfléchir. il n'aimait pas les courbettes de sa soeur. l'avis était cependant à écouter, comme toujours. je ne pense pas la violence nécessaire. il s'agirait de protéger. d'annuler, justement, la violence de celleux qui nous attaquent. est-ce que tu vois ? je ne crois pas qu'attaquer des monstres immortels soient une solution d'avenir. et cela, au fond, l'arrangeait bien : il haïssait l'idée de gens qui vivent pour faire mourir. les niké feront ce qui leur plaît, sans intervention de notre part. en ceci, il était intransigeant. iels ne pouvaient rien demander à leurs adelphes ; c'était elleux qui étaient récepteur-ices des plaidoiries.

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oui. d'une confirmation tranquille, là où auparavant winnie cachait de la timidité et de l'angoisse. il avait grandit, ces derniers mois, et cela faisait bientôt déjà presque une demie-année qu'il siégeait à l'ecclésia. bien sûr. je suis là pour ça, toi plus que les autres. l'écouter. il lui semblait soudainement opportun que de rassurer nadeshiko après l'avoir peut-être trop froidement prévenue. c'était là encore le défaut de winnie : celui d'être trop attentionné, de pardonner aussi vite que le vent souffle sur les falaises.
alors, il écoute. il se refuse à considérer toustes les demi-déités comme héro-ïne -ou, alors, y attribuait une définition plus large que la guerrière. lui, par simple exemple, n'était pas un sauveur au sens premier du terme, et pourtant, n'était-ce pas un acte de bravoure que de siéger pour ses adelphes ? tu as raison, certain-es seront contre. mais c'est un vote à plusieurs. la décision prise par toustes sera respectée, même si elle n'est pas la mienne. j'imagine que j'attends également de voir ce que les autres vont proposer. je m'attends à une pléthore de propositions guerrières, très honnêtement. c'était là le réflexe de la peur : de s'enfermer dans une violence brutale et sourde. je pense que, dernièrement, beaucoup ont été au contact des monstres. ne serait-il pas possible de re-créer leurs mouvements par des illusions d'enfants d'aphrodite, de dionysos, ou d'hypnos ? themisto m'a dit, après avoir été attaqué, qu'il était pétrifié, et qu'il n'avait rien pu faire. cet état de sidération sera le nôtre à toustes, celleux étranger aux combats et d'autant plus, aux créatures mythologiques. c'était une piste, aucunement suffisante. au-delà de tout ça, j'ai conscience qu'on ne peut pas fuir si les monstres se décident à nouveau d'attaquer directement la porte. notre position n'est plus sauve. il se tait, attendant d'entendre les propositions et réflexions de nadeshiko.

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les lumières s'allument dans la fraîcheur estivale de la soirée. si certains sujets sont clairs, il y en a d'autres bien plus sombres encore -pas démêlés, et affreusement compliqués.
évidemment, winnie voulait nier aussi rapidement que nadeshiko lance son piège. c'était un rappel : elle le connaissait autant qu'il la connaissait. nade, cependant, était plus habituée aux histoires de conseils et de décisions. elle avait appris mieux aux côtés d'ancien-nes, de sages, qui avaient cédé leurs places jusqu'à winnie. l'héritage était impressionnant, mais avec elle à ses côtés, iels étaient deux à le porter. nous savons tous les deux que nous ne parlions pas de ce combattre-là en mentionnant les monstres.
la nuque s'est cambrée, et l'arrière de la tête se repose contre l'or du trône de leur mère. je note ton avis. je pense proposer l'idée, et voir quel-les ambassadeur-ices sont les plus motivé-es à cette idée. c'est bien vu pour les héphaïstos.
c'est la suite qui fait redresser la tête de l'ambassadeur. la question est simple, neutre, mais sa simple existence sous-entend les réflexions que s'est fait nadeshiko. interdit, winnie reste silencieux un instant. qu'entends-tu par cela ? il n'ajoute rien sur le sujet, la regarde simplement d'où il est -un peu plus haut qu'elle, qui s'occupe de la joliesse des lieux, alors qu'il ne fait que se reposer dans une paresse méritée mais qu'il accusait pourtant.
mettant la main à nouveau sur son visage, triturant ses cernes, il en vient à un autre sujet. d'ailleurs, il faudra aussi être là pour pascal et justice. pascal, le mort. justice, la cible. je pensais organiser une retraite sur l'île privée de mon père, pendant une à deux semaines, loin d'ici. et, peut-être, inviter niké. il n'était pas certain. il voulait, évidemment, passer du temps avec sa famille, mais elle était si diverse qu'il n'était pas certain que c'était une bonne idée.

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les idées sont fraîches malgré l'orage dans la tête ; winnie était secoué encore de cette étrange réflexe qui disait : non, ce n'est pas vrai, tout cela ne s'est pas passé. et pourtant, le voilà à discuter des conséquences de ces actes-là, de la manière la plus vraie possible.
nadeshiko semblait apaisée, alors winnie en était heureux aussi. au fond, c'était tout ce qu'il avait toujours voulu : qu'elle trouve sa place, et qu'elle ne ressente plus le besoin de dévorer tout aux autres pour garder tout et rien entre ses bras. évidemment, il savait que ce n'était pas le cas. ah ! c'était probablement une prière inutile, que d'espérer cela. tant pis. winnie fera en sorte de réduire ses souffrances autant qu'il le pouvait. l'ouverture des portes avait ce but, oui, mais au final tout le monde a pris l'opportunité d'à nouveau se connecter à la moitié de notre sang. il s'agit du choix de chacun-e, que de sortir. les risques ont été souvent répétés, et encore plus illustrés. il y a déjà un contrôle d'identité. que voudrais-tu d'autre ? il attendait d'entendre, puisque cela lui brisait le cœur que d'imaginer ce que sa sœur voulait proposer.
il décida de revenir vers des sujets plus heureux. très bien. je ferai ça. je l'inviterai, ça sera à elle de voir si elle passe ou non. sa mâchoire se serre. il n'était pas certain que sa potentielle venue soit, au fond, une très bonne chose. personne ne devinait jamais ce que niké allait dire.

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winnie avait l'habitude d'être pris pour un idiot. c'était, parfois, l'image qu'il voulait donner : celle d'un être simple, à qui l'on ne donnait jamais trop d'intentions, incapable qu'il était de se débattre dans une vie trop complexe, dans des politiques profondes, dans un vivre-ensemble qu'on lui prêtait de surface -à sourire pour rire de lui ensuite. ce n'était pas grave. il hausse les épaules. ses adelphes ne l'ont pas élu pour la blague, et lui ne faisait pas ces réunions-là pour plaisanter. il savait que nadeshiko ne le considérait pas stupide, mais que ses avis parfois oui. il la regarde soupirer encore. c'était étrange, que d'avoir un but similaire mais des méthodes si différentes. winnie, pourtant, ne doutait jamais de ses manières.
la critique était vive. elle le visait presque lui, pensait-il, plutôt qu'un imaginaire de ce que la population de l'île était. c'était lui qui voulait vivre vieux, regarder l'océan pour les décennies à venir ; c'était lui qui voulait des enfants, trois si possible, et les accueillir tous les samedi midi, laver leur linge le week-end, leur donner des tupperware quand iels repartent le dimanche soir. ce n’est pas parce que ces choses ne t’attirent pas qu’elles doivent être prises aux autres. nous sommes à moitié humain -nous évoluons tout comme elleux. winnie n'était ni biologiste ni philosophe, mais il était rêveur. je crois que tout le monde devrait pouvoir vivre sa vie tant qu'elle ne menace pas une autre, et celleux qui vont dehors se menacent elleux-mêmes. je pense que fermer les portes amènera à d'autres massacres. ceux qu'on ne voit pas. et, alors, sûrement, elle ne peut pas être pour ? enfin. fin de la discussion.
je lui proposerai, elle verra si elle veut venir d'elle-même. ça pourrait être sympa, oui, qu'on soit toustes habillé-es comme ça, je demanderai. on pourra jouer, et d'autres choses. je te tiens au courant. il se relève, et alors il est évident qu'il domine. il ne trouve pas cela agréable.
il se dit, en descendant le petit escalier, qu'il a déjà plein de souvenirs, lui. pas elle ? que faisait-elle, alors, depuis leurs enfances ? winnie ne juge pas : peut-être ne trouvait-elle pas ces tranches de vie suffisamment précieuses auparavant. peut-être que la peur rendait les choses plus désirables, plus rares, maintenant qu'on savait qu'elles pouvaient disparaître en un rien de temps.
winnie s'approche, l'enlace comme à son habitude. c'est la fin de leur entrevue.