angels deserve to dieange

juillet ※ les enfers(tw : mort et autres joyeusetés liées à la douleur et l'identité)

Mille aiguilles transpercent la peau, des lames d'argent rient, brillent d’un final éclat - d’une lumière morbide.
Les pupilles se focalisent - Ange ne voit plus rien d’autre que l’aveuglante - les nerfs à vif, les chairs ouvertes, les cordes vocales s’abandonnent après avoir crié à qui voulait l’entendre.
Ange se perd elle-même ; longtemps, à dire vrai ; les souvenirs se dévorent entre eux.

La substance que Leta lui a administrée a un effet étrange ;
Qui est Leta d’ailleurs ?
Qui est là, à lui ouvrir les serres, à lui ouvrir le ventre ?

Ange ne se souvient que de la douleur et de la lumière.
Ange se rappelle de la brûlure dans la gorge acide et des viscères qui se serrent d’être mises à nu.
Ange se souvient d’une voix et de la sienne - de toutes les siennes de toutes ses vies qui disent “tu es mienne”.

Mais le visage se perd, les doigts ne parviennent jamais à se saisir des formes et Ange se noie.
Dans une bisque verte et brûlante, le corps se fane,
Ange meurt.

Il ne s’agit pas que de son corps ;
Il s’agit d’autre chose, d’elle-même ;
De quelque chose de plus important encore.

Ange est morte.
Ange s’est perdue.
Ange se perd.

Elle entend les échos de ce qu’elle croit être elle-même.
Elle entend les voix
De Duke, de Meryem, de Lucius, de Echidna.
De Lazare, de David, de Sasha.
Rien n’y fait ;
Ange veut rester morte.
Ange veut rester là, dans le fleuve.

Ange dort.

Aux murmures de Duke elle s’accroche ;
Elle se rappelle
”Ange est morte ce soir !”
Il ne reste plus que Duke, là quelque part.
Le corps répond à son appel.
Se forme.

Ange est morte ;
Pour de vrai, il croit.
Lorsqu’il regarde derrière, il ne voit plus qui elle était.

Il ne voit plus que les autres.
Que les autres, jamais elle.
Il la voit comme une autre - mais c’était lui, pas vrai ?

A la surface de l’eau malade, il ne reconnaît pas son reflet.
Le corps à l’abandon se rapièce lentement.
Il imagine que l’un ou l’autre bras feront l’affaire, que le visage se doit d’être remis en place.
Il veut les yeux de David mais ceux de Sasha aussi.
Il veut les mains de Lazare.
Il veut les épaules de Lucius.
Il veut le sourire de Duke.
Il veut être le fils préféré de Echidna.
Il veut être le fils revenu des Enfers de Meryem.

Mais bientôt c’est Dionne qui remplit le cœur et Ange réalise qu’il est en apnée comme s’il avait été mort tout du long et que Dionne avait redonné la vie.
Lorsque c’est Dionne dans la poitrine il se soulève et se jette hors du Styx ;
Il respire, crache l’eau, s’épuise loin du fleuve à respirer comme pour la première fois.
Ange pleure.
Ange crie.
De douleur ;
De toutes les douleurs qui ne se disent pas.
Ange crie, encore.
Ange pleure, toujours.

Et les mains se recroquevillent, se referment contre la terre, contre les pierres, le dos courbé, la peau nue, la tête basse, le front est au sol lorsqu’il expulse tout ça qui a vécu trop fort tout à coup ;
Car de Dionne il ne voulait rien.
Seulement qu’elle vive.
Ne voulait pas être Dionne lui-même.
Voulait qu’elle soit Dionne toute entière et ne lui laisse rien lui dérober.

Il se rappelle
Et la voix couine ;

Je t’aime, je t’aime, je t’aime

Comme les mots qu’elle lui a prononcés elle-même.
Ange se relève immense.

Le pas traverse les Enfers.
Le regard tombe à Perséphone qui s’accommode bien vite de sa présence.
Ils ne s’accordent pas un mot.
Pas une prière.
Ange regarde les grenadiers et les âmes traverser l’entrée.

Dans les miroirs aussi noirs que la nuit, Ange regarde qui il est devenu.
N’y porte aucun jugement, aucune pensée ne le traverse.

Ange déploie ses ailes.
Et dans un courant d’air ;
Retourne conquérir le ciel.