mars ※ appartement de renarde et cerbèreLes plumes dorées sous un soleil fatigué, crépuscule au-delà des immeubles tous immenses, le regard perçant perçait les allées et le vol frondait jusqu'à la fenêtre ouverte. Humaine à nouveau, le corps recroquevillé dans l'encadrement vitré, Ange s'affaissait avant de se relever, les pieds étaient nus et le plancher embrassa sa plante tendrement. Virevolta habillée de noir et d'or, traning et capuche relevée, les mains dans les poches, Ange s'invita sans s'annoncer.

Parcourait du regard les étagères, les livres, les chaises, trouvait son chemin naturellement jusqu'au salon où Cerbère ne montait pas tant la garde.
Certaines choses se perdaient, à croire.

Elle avait grimpé sur le dos du fauteuil où il était installé et s'était penchée en avant, Ange hissée sur son perchoir, accroupie les jambes pliées, le dos courbé et les cheveux qui retombaient au sol en cascade. Les mains prirent appui sur ses épaules bien trop larges.

Le visage à l'envers face à celui de Lucius, aucune expression particulière ; le faciès s'indiffère de ses manières.

Lu.

A regarder dans les yeux de travers ; Ange s'imagina être l'oiseau qu'elle était censée être ; fantasma un elle-même qui volerait au-delà des immeubles, ne se cantonnerait pas à raser le ciel pour revenir où elle avait pieds, où elle respirait et s'étouffait en même temps dans une morbide contradiction.

Tu as laissé la fenêtre ouverte. Les monstres pourraient rentrer. Tu n'as pas peur ?

Un rictus s'invita au bord des lèvres.

Il faudra la fermer cette nuit, c'est là qu'ils guettent.

mars ※ appartement de renarde et cerbèreUn gloussement s'enquit de ses lèvres tendres, à Ange, lorsque premièrement la voix de Lucius grondait à sa gorge comme si elle lui était douloureuse, serrée ; était-ce la faim, la soif, était-ce son imagination, à Ange, qui voulait le sentir souffrir comme elle souffrait pour se sentir proche de lui ?

Tu as faim ? faim, faim, tu as souvent faim, Lucius, j'avais oublié.

Ange n'oubliait rien, jamais ; elle n'avait pas oublié ; mentait sans mentir, par politesse quoique ça ne l'avait jamais effleurée ; elle parlait pour ne rien dire, car elle voulait occuper l'espace - le sien, celui de Lucius, elle voulait exister là quelque part devant lui et sentir son corps trembler d'être vu.

Rien ramené.

Elle s'abandonna au canapé, roula contre le corps de Lucius avant de tomber par terre ; se retrouvait, par des cabrioles hasardeuses, les genoux au sol, le menton posé sur les jambes de Lucius.

Mais je peux aller chercher. Chasser, acheter, chasser, c'est toi qui dis, je fais.

Souriait de toutes ses dents blanches comme si elles avaient été limées à la craie ; carnassière les yeux brillants brûlaient de tendresse.

Qu'est-ce que tu veux manger ? Une main, un rein ; je donne tout mais pas de moi ; moi je vis jusqu'au moins demain. HAH. ET TOI LUCIUS ?

Levait une main vers son visage, quatre doigts se posèrent au-dessus de sa lèvre, sous son nez ; glissaient alors jusqu'à son menton pour atterrir à son cou ; puis ses clavicules.
Le visage relevé, le haut du corps contre ses jambes.

Vas-tu mourir aujourd'hui ?!

Dans un rire extatique.

mars ※ appartement de renarde et cerbèreAbandonnée au regard de Lucius, le corps s'agita soudainement, d'excitations nouvelles qui faisaient trembler les mains, les bras, les hanches, les jambes. Le rire s'exulta d'elle, incontrôlable, éclaté en avant dans des esquisses de voix brisées.

BELLAMY

Faisait exploser son nom au devant pour en observer toutes les lettres s'éteindre dans l'air ; riait les yeux brillants ; se berçait avec la sonorité en échos dans ses oreilles.

Bellamy, Bellamy, Bellamy

Les deux mains se levèrent et les doigts glissaient sur les mâchoires de Cerbère, en caresses avec ses serres rentrées, semblaient vouer son culte à Lucius, à genoux devant lui et contre les siens alors qu'il était toujours assis.

Ca tombe bien, Lucius ! C'est parfait, parfait.

Papillonnait des paupières, le souffle s'épuisait aux lèvres à force d'accélérer ; riait - riait Ange, dans des éclats de tendresses.

Duke et moi on va chasser bientôt, tu sais ? Il a dit VOLE à Ange, et Ange va voler, voler. On va chasser Bellamy, on va le faire sortir. Tu voudras venir ? Tu voudras manger, toi aussi ? HAH. FESTIN DE FAMILLE !

Elle déposa sa joue contre son genou, roulait sa tête légèrement pour sentir sa présence ; se sentait tomber. Les bras le long du corps retombaient au sol. Le regard tout à coup s'était éteint, la voix s'était calmée.

Il va être très fâché que je te l'ai dit. Ah. Que faire ?

mars ※ appartement de renarde et cerbèreAux doigts emprisonnés entre les mains de Cerbère, Ange s'arrêtait ; le regard amoureux ; l'électrique au coeur grimpait dans son dos. Apnée soudaine aux lèvres entrouvertes.

L'esprit abandonné quelque part entre le premier mot et le dernier, le regard flottait au-devant du vide et plus rien ne traversait les pupilles que le chaos ; morbide brasier ; crépitait sans questionner la voix qui s'écrasait contre ses oreilles sourdes aux mots mais pas aux sons.

Pas juste.

En écho à Lucius ;
Mais ça n'a pas l'air de la déranger plus que ça ;
Ange n'aimait nulle justice.

Elle aimait qu'on lui pardonne quand elle ne méritait pas ; elle aimait punir pour rien.
Alors elle se mit à rire, sardonique, explosait ;

HAH, PAS JUSTE, LUCIUS, tu es drôle !

Se leva pour poser son front vulgairement contre le sien, le regard planté dans le sien, paupières grandes ouvertes pour dévorer tout ce qu'elle pouvait avaler ;
Ange aux aguets, les dents blanches exposées dans son sourire comme carnassier.

Je ne peux pas faire ça. Je ne veux pas faire ça.

La nuance était importante car Ange n'était pas esclave de l'Hydre lorsqu'il lui demanda de lui apporter Bellamy ;
Ange avait décidé d'elle-même.

Tu ne comprends pas, comprends pas, Lucius, je ne veux pas manger. Ou si, mais pas comme ça.

Poussait de son front sans tendresse ; obnubilée.

Prédateur opportuniste ;
Ou lâche, Ange avait peur des chairs qui respiraient encore.

Ecoute. Ecoute tout doucement.

Murmurait.

Je te dirai le jour. Et tu viendras. Viendras-tu ? J'aimerais que tu viennes. Alors tu viendras. J'apporterai le repas, et on sera heureux, car on mangera à trois. A trois...

Plus aucun sourire aux lèvres ;
Le visage sérieux, froncé, planté sur celui de Lucius, abrupte ; qu'importe la faim elle voulait les voir heureux et s'affamerait pour eux, Ange ;
Le coeur lourd d'angoisses qu'elle hurlerait plus tard.

mars ※ appartement de renarde et cerbèreLe rire encore soufflait aux lèvres entrouvertes ; les mains sur le cou lui arrachaient un frisson et Ange aurait préféré qu'il serre plus fort ; enserre pour qu'elle sente qu'il ne voulait pas la voir partir - jamais.

Mais les mains restaient autour sans vigueur et elle se rendit lasse ;
Ange leva ses doigts à ses poignets et lui fit lâcher avec douceur, frottait sa joue contre ses doigts qui le quittaient alors.

Je ne sais pas.

Soufflé à moitié.

Mais je te dirai, promis, promis.

Se berçait elle-même ;
La voix comme récitant une comptine.

Les paupières se fermèrent sur un regard triste ; elle ne lui offrirait pas celui-là - pas ces sentiments-là ; ils étaient à elle, rien qu'à elle, ceux-là qui rendaient l'âme un peu plus lourde que la veille.

Hah..

Relevait alors un regard plein d'amour, le sourire creusant les joues ;
Avait balayé tout le reste pour ne plus être qu'Ange qui l'aimait.

Je te dirai quand on part, il ne m'a pas dit non plus. HAH. BIENTÔT, QUI SAIT ? J'AI HÂTE !

Et se leva soudainement pour rejoindre bientôt la fenêtre, lâchait les poignets de Lucius - l'abandonnait là, abruptement.
Et se répétait en cacophonie ; je t'aime - je t'aime - je t'aime.

NE SOIS PAS EN RETARD !!

Avant de se jeter par la fenêtre -
Battit des ailes ; extatique ; les émotions en pagaille.