A courir partout dans l’appartement pour repasser après le bordel de Beau, Milan n’en pouvait plus. Il en avait pour des heures de ménage. C’était toujours la même chose mais au final, la satisfaction d’avoir un appartement propre était une satisfaction indescriptible. Milan vivait pour ce genre de moment. S’essuyant le front. Il inspirait un grand coup.

Combien de temps l’appartement allait il restait dans cet état ? Probablement trop peu de temps. Mais en soit, Milan pouvait toujours ranger encore et encore. C’était son truc. Il se posait donc un moment sur le canapé et réfléchissait au récent évènements. Même s’il n’était pas sur place, il savait que ca avait marqué les esprits. Et depuis, il n’avait pas de nouvelle de Reyn. Ça l’inquiétait un peu. Enfin. Il le savait vivant et en bonne santé, ça c’était le principal.

Mais leur petite entreprise tournait aux ralentis.
Et pourtant c’était justement le bon moment pour tout reprendre : pour accélérer les choses : alors que faisait Reyn ?
Milan songeait a le venir sonner la sonnette d’alarme.

Il n’en aura pas besoin.
Ca sonne chez lui.
Etrange. Beau attendait il quelqu’un ?
En ouvrant la porte, Milan sait que c’est pour lui : Reyn est là.

« Oh. Salut, je ne t’attendais pas. Ca va ? Entre je t’en prie. »

Il se pousse un peu.
Le laisse prendre ses aises et pense : heureusement qu’il a tout rangé.

Milan regardait son frère qui semblait préoccupé. Alors, directement, il n’avait pas hésité a le laisser entrer. L’invitant a s’installer sur une chaise, un canapée. Qu’importe, qu’il prenne ses aises. Tout était impeccablement rangé. Et en l’entendant s’excuser il secouait doucement la tête. Reyn ne le dérangeait jamais.
Il l’écoutait alors qu’il déballait ses doutes.

Bizarrement, Milan ne semblait pas surpris. Il s’y attendait. Ne pas avoir de nouvelle de son associé pendant un long moment après la crise lui avait fait douter à son tour. Il l’écoutait alors que Reyn le disait très clairement : est-ce que ce qu’ils faisaient servait a quelque chose ? Est-ce qu’ils étaient efficaces ?

Bonne question.
Et pourtant Milan ne voulait pas lâcher l’affaire.
Jamais.

Alors, il inspirait doucement.
« Il n’y a pas regarder ce qu’on aurait pu faire Reyn mais plutôt ce qu’on peut faire. »

Il hochait doucement la tête pour approuver ses propres paroles. Les bras croisés il fixait Reyn un air sérieux sur le visage.
« Ces monstruosités sont terrible et crois-moi si on baisse les bras alors on s’en mordra les doigts. »

Il frappait un bon coup dans ses mains pour attirer son attention.
« Je ne croyais pas comme ça Reyn ! Tu devrais avoir plus confiance en tes projets car ils sont très bien d’accord ? Maintenant que plus jamais c’est le moment de montrer qu’on vaut quelque chose ok ? »

Le regard insistant.
Car ca va le faire n’est ce pas ?

Milan écoute. Il écoute patiemment son ami, son frère. Il ressent ses doutes. Il comprend dans un sens à quel point ça doit être dur d’être face a un mur. Ils sont face à un mur. Les derniers évènements ont laissé des traces : c’est indéniable. Il soupire doucement mais ne l’interrompt pas. Il doit le laisser continuer et terminer pour pouvoir mieux répondre. Reyn poursuit et il se dit qu’il aurait mieux fait de faire des armes pour tuer et non se protéger.
Alors, Milan prend un air sérieux, posé.

« Dis-moi Reyn, qu’est ce qui t’a motivé a la base pour faire ce genre d’armure ? Pourquoi avoir choisi la protection ? »

Quand on doute, il faut revenir aux fondamentaux. Milan le sait et applique cette philosophie a la lettre. Il aimerait que son frère se rappelle ce qui l’a réellement motivé a la base.

« Tu sais, rien n’est parfait du premier coup. C’est vrai, ce qu’on a fait n’a pas fait le poids face aux attaques mais tu devrais aussi savoir qu’il faut rebondir sur cette difficulté pour mieux faire. Les monstres sont forts, très fort, on n’est pas tous équipé pour nous battre alors autant se défendre. »

Il fixe son frère.
Droit dans les yeux.
« Tout le monde est capable de se défendre. »

Voilà la grande différence au final.