Meryem n'avait pas perdu un seul instant lorsque Lucius la contacta. Elle n'était pas certaine qu'il arriverait à traquer ni même isoler sa proie, mais il la surprenait. Ses pupilles se dilatèrent, tellement la perspective d'enfin avoir sa revanche l'exaltait. Alors elle sort de sa chambre, presse le pas, la peau de sa forme humaine la démange tellement le monstre veut sortir de sa cage.
Midas.
Midas.
Midas.
Enfin, tu allais payer.

Lorsqu'elle croise Cerbère, elle le regarde de haut en bas avec un regard appréciateur. Les mots seraient pour plus tard, car elle était pressée. Son esprit allait déjà aux milles et unes tortures qu'elle s'était imaginée lorsqu'elle aurait Ezrael entre ses griffes. N'en déplaise à Lucius, elle use de son index pour lui faire tourner la tête et l'embrasser sur la joue avec un sourire mesquin.

Merci Kirby chérie. Ne t'inquiètes pas.

Ils avaient longuement négocié sur ce qu'il se passerait s'ils parvenaient à capturer Ezrael. Sa mort lui important peu, ce qu'elle voulait était le torturer. Pour qu'il rapporte le moindre détail à Midas et qu'il lui fasse passer un message.
Un doux message.

Meryem entre alors dans la pièce, la lumière éteinte. Leur invité est affalé sur la table, pieds et poings liés. Impuissant, servile, soumis. C'était comme ça qu'elle aimait voir les hommes.
L'Empuse s'avance en dénuant le foulard de soie qu'elle avait autour du cou. Elle fait claquer lentement ses talons sur le sol avant de nouer avec une tendresse mal placée le bandeau sur les yeux de sa victime.  

Si j'étais toi, je ne bougerai pas.

Elle se hisse sur la table pour mieux le dominer, mieux le voir, sans que lui ne le puisse. Et elle lui coupe toute envie de se débattre, une lame sous le cou qu'elle presse légèrement pour lui faire comprendre que le moindre faux mouvement.

Bon garçon.

Meryem fait claquer sa langue, et lui retire son baillon de fortune pour l'entendre parler.
Elle veut l'entendre hurler, supplier, rager.
Toutes ces émotions crues qui ressortaient quand on était désespéré.

As-tu une idée de ce que tu as fais pour te trouver ici ?

La lame du couteau descend, se glisse sous l'encolure du son t-shirt pour lentement déchirer le tissu. Une coupure nette au centre. Elle fait exprès de lui faire entendre le craquement de chaque couture, et écarte les pans de son t-shirt. Remonter le couteau sous sa gorge, son autre main caresse son torse avec un sourire mauvais.

Devine.

Shhhhhhh...

Meryem lui intime de se taire, remontant un peu plus le couteau sur sa gorge. Une ligne rouge apparait sur le fil de la lame, aiguisée pour l'occasion. Qui sait qui pouvait l'entendre en passant par ces couloirs ?

C'est malpoli, de crier le nom d'une autre femme quand je suis déjà là. Je ne te suffis pas ?

Evidemment, il ne la voyait pas, ne savait pas à quoi elle pouvait ressembler. Il pouvait d'ailleurs ne pas aimer les femmes, peu importait. La manière dont elle le touchait était indécente, elle osait poser ses mains sur lui comme une amante le ferait. Elle voulait le mettre mal à l'aise et l'humilier profondément, sans même avoir à le torturer réellement. Elle voulait que la manière dont elle le touche le rende malade et que plus jamais il ne voulait sentir la peau chaude de quelqu'un contre la sienne. Que les baisers le hante chaque fois qu'il embrasserait Midas ou quiconque. Que l'acte chanel lui fasse se souvenir du toucher fantôme de ses doigts qui jouaient avec le bord de son pantalon. Elle glissa son index entre sa peau et l'élastique de son caleçon, faisant des allers retours le long de ses hanches. Elle voulait qu'il ait peur, qu'il ne sache jamais quel serait son prochain mouvement, qu'il s'attente au pire pendant qu'elle garder un toucher gracile mais pervers.

Meryem finit par s'asseoir sur ses hanches, écartant les pans de sa robe pour qu'il y ait le moins de tissus possible entre eux. Sa langue vient lentement chercher le sang qui perle là où la lame a abîmé le cou d'Ezrael. Le goût métallique dans sa gorge la fait trembler contre lui. Elle en veut plus, encore plus. Les caresses de sa langue deviennent des baisers, puis un suçon, jusqu'à ce que dans un éclair de lucidité, elle se rappelle de son pacte avec Lucius.
Elle n'est pas là pour tuer.

Hmmm... Pardon. Tu es si délicieux. J'ai été distraite. Reprenons. A vrai dire, je t'avoue que je n'ai que faire de toi. C'est quelqu'un d'autre qui m'intéresse. Midas, ça te parle comme nom ?

La lame retourne se loger sous sa gorge. Avec son poids sur lui en plus, se débattre devait être bien compliqué, sans souhaiter mourir immédiatement. L'Empuse se penche pour murmurer tout près de son oreille cette fois.

Midas m'a pris quelque chose qui m'est cher, vois-tu. Ou plutôt... Il m'a fait quelque chose que je ne lui pardonnerai pas. Et qui mérite vengeance. Alors, dis-moi, Ezreal Steinhaus-Warren. S'il te voyait ici et maintenant, comment il réagirait, hm ? Est-ce qu'il viendrait te sauver ? Est-ce que... tu veux qu'on l'appelle pour savoir ?

Lui donner espoir.
Le faire douter.
Lui faire réaliser la vérité.
Elle se demandait à quoi il pensait à ce moment-là. Dommage qu'elle ne puisse pas voir ses yeux.
Du moins, pas encore.

Tu poses un peu trop de question, pour un prisonnier.

Ezrael cesse de se débattre, et Meryem ne connaît que trop bien cette réaction — celle de la soumission fataliste, quand on sait qu'essayer de s'enfuir et crier ne changera rien, face à une personne plus puissante, plus forte que soi. Une résignation humiliante qui fait espérer vainement que le châtiment à venir sera plus doux. Ce genre de torture qu'elle se plaît à infliger en inversant les rôles, car désormais c'était elle qui avait l'avantage, elle qui inspirait la peur, elle qui traumatiserait sa personne à jamais.
Elle le marquerait à vie. Une coupure si profonde qu'il ne s'en remettra jamais complètement.

Ton seul tort aura d'avoir épousé un hédoniste qui a cru qu'il pourrait s'en tirer sans conséquences pour ses actes. Voilà où sa bravoure t'a menée. Entre mes cuisses. A ma merci. Je pourrai te faire mal, tellement de mal Ezrael. Pire. Je pourrai alterner entre te torturer et te forcer à y prendre du plaisir. Jusqu'à ce que tu admettes que tu aimes ça. Que tu me supplies d'en vouloir plus. J'ai tout mon temps, tu sais ? Et tu es si délicieux...

Elle voulait que son toucher empoisonne à jamais toutes les sensations qu'il pourrait ressentir. Depuis des années, le plaisir des Hommes était devenu son arme de prédilection, et retourner leur libidinosité contre eux était ce qui lui procurait le plus de jouissance. Ses ongles l'effleurent tout le long de sa chair exposée, juste assez pour que son toucher lui donne des frissons, à mi-chemin entre la redoute et l'anticipation.

Dis-moi, comment Midas te touche, hm ? Est-ce qu'il te domine comme je le fais là, ou est-ce que c'est toi qui prend cette place ?

L'Empuse rit, un rire mauvais, pervers. Elle ne lui laisse pas d'autre choix que de sentir son corps de femme contre le sien, écrase sa poitrine contre la sienne en embrassant son oreille, traçant des baisers carmin le long de sa mâchoire.

Dis-moi ce qu'il fait de plus pervers. De plus dépravé.

Elle elle déciderait de si elle comptait faire subir à Midas cette torture.
Ou bien à la proie déjà sous elle.
Peut-être même qu'elle laisserait ce choix à Ezrael lui-même, en le forçant à choisir sa dignité ou celle de son mari.

Meryem soupire. Il ne veut pas répondre à ses questions, alors qu'elle demande pourtant si gentiment. Elle lui caresse la joue, embrasse ses larmes comme si elle essayait de le réconforter dans son malheur. Il avait une belle femme qui s'offrait (presque) à lui, pleurer n'était pas la réaction qui aurait dû s'ensuivre.

Aaaw... Tu me ferais presque de la peine... Mais je n'aime pas quand on ne répond pas à mes questions...

Et puis, elle gardait ce désir malsain de voir un homme succomber. Alors qu'elle réfléchissait encore à ce qu'elle pourrait faire ensuite, il lui semble que la grippe sur sa lame faiblit légèrement. L'espace d'un instant, elle cesse de bouger contre lui, mais elle comprend. Elle n'est que trop familière avec cette sensation — mais préfère être celle qui use de ce pouvoir.

Ezreal, tu me déçois. Tu n'as toujours pas compris qui j'étais ? Mais soit, puisque tu le demandes, j’abrégerai tes souffrances. Tu transmettras ce message à Midas quand tu le reverras...

Ses lèvres rencontrent les siennes, et son propre don de vampirisme l'envahit. C'est une extrême sensation de plaisir qu'elle veut lui communiquer, une extase anormale qu'un simple baiser ne devrait pas procurer. Et elle fait durer leur embrassade, jusqu'à lui faire tourner la tête, jusqu'à ce que son propre pouvoir sur elle faiblisse et qu'il en redemande.
Et lorsque c'est lui qui vient chercher sa langue et que son corps réclame le sien, perdu dans l'euphorie qu'elle lui inflige, Meryem s'écarte.

Oeil pour oeil, dent pour dent.

Enfin, elle lui retire son bandeau. Mais ce n'est pas Meryem qu'il voit.
C'est Agatha.

Les yeux cernés et froids se posent sur lui, toujours restreint par ses chaînes.
Agatha toise son fils, et les larmes lui montent. Sur son cou, des marques de griffes et de cordes. Ses poignets sont couverts de cicatrices plus ou moins récentes, la chair rose encore gonflée quand elle n'est pas striée de carmin.

Tu me répugnes...

Elle tient toujours sa lame. L'espace d'un instant, elle la contemple, la fait passer sur son propre cou en sanglottant plus fort, avant de finalement se raviser et s'avancer vers Ezrael. Elle le retourne pour avoir accès à ses mains ligotées.
Le processus est lent, laborieux, car il se débat, mais elle le force à étendre sa paume, et elle perce sa peau et ses os pour trancher son annulaire. Ses autres doigts gardent les stries de ses tentatives de fuite, mais elle finit par le laisse par terre. Le sang coule de sa main.

Agatha extrait la bague qui se trouve encore sur le doigt coupé d'Ezrael. Elle sourit, puis s'accroupit en face d'Ezrael pour dévorer son annulaire d'une traite. Le bruit est infâme, la mâche est lente, hardie.

Puis Agatha prend sa lame et l'enfonce dans sa propre gorge.

La pièce redevient sombre.

L'Empuse repart avec l'alliance sanglante entre ses doigts, ressort de la pièce en croisant à nouveau Lucius dans le couloir.

Il est à toi.

Avec son index, elle trace le contour de ses lèvres pour y recueillir la moindre trace de sang restante, suçant les restes d'Ezrael avec un soupir de satisfaction.

Bon appétit.