il y avait eu le chaos. et il y en aura encore des centaines.
sous les pattes du renard traîne encore un mort, qu’elle n’a pas fini de dévorer. les autres sont partis car ils partent toujours les premiers, cabots de leur mère, trop bruyants quand ils attendent d’être félicités. antigone n’attend les remerciements de personne : elle chasse pour elle, et ce n’est que le hasard si cela peut bien aider la famille toute entière. antigone n’est pas née pour être bonne et samaritaine non, elle est née morte et vide, affamée — pour se remplir.
elle termine son festin, garde sous la patte une robe. son corps à nu reprend l’apparence de celui des Hommes, et elle enfile le tissu. immobile elle l’a sentie. son odeur n’avait jamais quitté sa poitrine. et maintenant son corps ne peut plus quitter le sien ; c’est ainsi qu’elle se sent enlacée, désagréablement, comme attrapée.
esychia.sa réponse est naturelle, spontanée. elle n’avait rien oublié.
bien sûr qu’on ne m’a rien fait. mais sa nuque souffre d’une morsure.
je suis antigone. il faudrait parvenir à m’emmurer vivante pour me priver de mon souffle.ses mains repousse son étreinte, elle ne veut pas qu’on la dorlote comme une amie disparue depuis longtemps. il y a malgré le cœur excité, autant de bonheur que de haine. de son regard sombre elle la maudit d’être venue ici ainsi, comme un pétale qui tombe de son arbre.
qu’est ce que tu fiches ici. antigone n’est pas bête, elle pense à tout cela.
comment vas tu. non, elle n’est pas stupide.
esychia. non, elle ne veut pas les pardons.
tu veux mourir ?