la journée est longue, rythmée par le train-train incessant du quotidien ;
mais je m’en amuse ! ça ne me déplaît pas tant
le claquement assourdissant des heures qui défilent puis les lumières qui s’essoufflent dans la course contre minuit
oh ding-dong c’est l’heure où sortent les démons qui tapent leur meilleure sieste entre les saules (bien tapis).
la marque des avocats pressés ce sont des louboutins qui martyrisent le marbre du cabinet ;
l’ensemble de tailleur porté aujourd’hui a une couleur bordeaux proche du sang
des porcs que je saigne dans la cour !
c’est un incroyable playground au fond quand on y pense,
d’argent ou de sueur,
ils salissent toujours le procès de leur présence et je me délecte
de leurs hurlements ;
qu’ils gagnent ou qu’ils perdent (mais je gagne toujours, toujours toujours haut la main et ça,
ça je t’interdis d’en douter !
quiconque me lit ou décrypte mes pensées,
je te sais délétère) ;
tant que j’en tire mon gain en argent
c’est une monnaie clinquante sonnante et trébuchante
comme je trébuche contre les embûches ;
mais j’aime me relever pleine de boue et je m’en peinturlure le visage comme une amazone
in suit.
car je les connais bien les assauts, tayaut !!
j’en émets tous les jours et je les pare comme la guerrière d’une justice qui fait faux pas.
je le reconnais cependant, la lumière des lampadaires new-yorkais produit un jaune dégueulasse qui se floute dans mon regard et la suite, c’est que
les paupières se ferment dans la tumulte du vrombissement
et de l’odeur du fioul qui suffoque - eh merde,
ça va faire puer mon magnifique tailleur tu fais…chier ;
n’a pas le temps de sortir d’entre les canines qui déjà,
dorment d’un sommeil plus réparateur que ne le fût la nuit dernière
(est-ce que
est-ce que je devrais remercier ce ravisseur de m’offrir une nuit bénite avant de me tuer !)
ha,
hahaha, je pense,
je pense bien que je lui dirai.
le réveil ne sonne pas sur le téléphone-pomme
c’est le craquèlement de l’automne qui m’appelle dans ses bras
il tue morphée car c’est finalement un bien mauvais amant ;
qui donc a besoin d’un incapable quand on peut sortir danser chanter manger etceatera !
non non,
c’est l’odeur des étés qui crèvent (et bien) qui titille mes narines ;
j’y tire une bouffée d’un air trop frais pour que ce soit encore la ville.
ehhhla toute nouvelle cinématique s’ajuste en focale bien crispée quand les pupilles finissent de se dilater ;
j’y crois voir la pureté d’une lune en plein éclat !
qu’est-ce que je la vénèrerais bien,
et elle là-bas se découpe comme une sainte en laquelle je ne crois pas,
en contrejour car elle semble aimer le ton du drame - je ne la vois pas mais ça, je l’imagine bien
j’ai une belle imagination, une belle image, même ! car j’ai vu le cisaillement de ses joues juvéniles quand elle a pris mes épaules de ses mains frêles mais d’une force qui déséquilibre même les louboutins à la démarche fébrile,
et ça,
ça,
c’est tout simplement fou ça.
il faut courir, courir pour ne pas mourir, et ne pas courir, ne pas courir au pas !
c’est ce qu’elle me lance comme le pain d’une eucharistie ;
mais elle oublie quelque chose (elle l’a pourtant dit cette sainte vierge bien folle - une saveur que j’ai envie de goûter en dehors du tribunal) ;
je n’ai aucune offrande à lui accorder, aucun autel sur lequel venir chialer en veuve éplorée.
et dans quelle direction je vous prie,
sainte ou chasseresse ou encore ! terrible monstre oh,
je vous le demande ! quelle direction, quelle direction eh dites-le moi,les mèches corail viennent en bataille ciseler mon visage quand le rideau tombe sur ce front que je prends soin de laisser à découvert pour le travail ;
mais là n’est point l’heure de travailler non non, là !!! là c’est
l’heure de jouer
jouer à qui tire le plus vite, qui a le meilleur attirail !!
et c’est aussi dans ce genre de situation où je ne regrette pas m’être fait tailler les dents car là
car là ils pointent hors de mes lèvres ;
mes gencives sentent le vent frais des cycles saisonniers battre comme une satanée fièvre.
dis-le moi, dis-le moi et je courrai !! ainsi sera ponctué mes mots ;
la pieuse louboutin dans les mains, balancée à toute vitesse comme le javelot d’un chevalier antique en direction de la voix
et l’autre reposera, en première victime de cette folle soirée, sur le champ de bataille car
la terre reste toujours plus agréable quand elle est foulée de ses propres pieds.
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