si l’idée lui prenait de raconter ses mauvais rêves, sans doute qu’il pourrait se rendre compte de certaines angoisses. enfin, il aurait tapé le sujet sur internet et serait tombé sur une vulgaire analyse d’un forum douteux aux couleurs grotesque qui lui aurait conseillé d’équilibrer ses chakras - un truc du genre.
mais peut-être aussi qu'il préfère vivre dans un enfer infini plutôt que de se retrouver face à pascal petit.

réveillé par la sonorité d’une voix bien distincte qui rime avec l’agacement, c’est par un réflexe vif qu’il accueille son, soit disant ami : “me touche pas.” le bras repoussant agressivement ta main “... et m’appelle pas comme ça non plus.” il ajoute, d’une voix assez rauque, celle du matin -  quand on n'existe pas encore vraiment, et que le corps lui-même a besoin de redémarrer.
et comme chaque matin (approximatif) il se redresse péniblement, subissant le poids de sa propre existence, rendant les réveils de plus en plus pénible chaque jour. puis machinalement, il se frotte l’épaule, comme si elle brûlait encore de ton touché - ça le démange tellement qu’il s’en arracherait la peau s’il le pouvait.

après un lourd silence imposé, il semble doucement revenir sur terre, se levant de son lit pour se diriger vers sa cuisine pour régler ton problème (sur le chemin, il pense qu’il ne devrait pas autant avoir l’habitude de ta présence entre ces murs). et c’est toujours sans t’adresser la parole ni un seul regard, qu’il lance le micro-onde. silencieux, il observe le plat tourner derrière la vitre "... tu connais un bon dératiseur à new-york ?” te faisant toujours dos, sans aucune once de politesse.

la nourriture continue encore de tourner - presque hypnotisant - mais derrière tu t’agites, et angel ne peut s’empêcher de te scruter par dessus son épaule. ça l’échappe toute cette énergie que tu as. à chaque fois qu’il te croise, tu as cet air un peu bête sur le visage, et tu as le rire facile, tu bouges vite sans réfléchir, t’as l’air d’avoir une tonnes de problème d’argent avec d’autres - ça l’épuise rien que de te regarder.

mais justement c’est pour ça qu’avec ton air un peu bête, ça l’amuse de se moquer de toi. il profite que tu sois au sol pour te surplomber un court instant, d’un sourire méprisant, le regard hautain “y’en à un oui. je le vois pas tout le temps, mais je l’ai déjà vu dans ma chambre. puis il se gêne pas pour se servir dans la bouffe.” il se demande en combien de temps tu vas deviner “il est assez grand pour un rat en plus.” presque le mètre quatre-vingt, rien que ça. le micro-onde retentit, alors angel se redresse pour attraper le plat enfin chaud pour le déposer sans délicatesse sur la table “tiens. t’as de la chance j’ai pas trop faim.” il réfléchit une seconde, puis enchaîne de nouveau “... la prochaine fois je mets de la mort au rat dedans.” pas que ce soit une réelle menace - il n’était pas encore assez fou pour causer des homicides - il pense que c’est ta bêtise qui fait que tu ne le détestes pas encore.

et puisque c’est ces menaces (taquineries) sans importances qui anime la plupart de vos discussions, l’air de rien angel se sert en céréales. c’est rare qu’il se dirige directement dans la cuisine après le réveil alors il en profite pour se faire un petit déjeuner.
ta présence l'énerve et le dérange, mais il y est habitué.

comme tu fais preuve d’un grand esprit de déduction, angel s’est retourné : initialement pour te féliciter, finalement c’est sa bouteille de lait qui se retrouve au sol à cause de - comme toujours - tes grands gestes brusques sans attention.
tous deux vous regardez le liquide se déverser à vos pieds sans ciller. et même dans l’inactivité béante, tu reste le premier à t’agiter - mais pascal ! pascal tu ne fais qu’empirer la situation et la flaque de lait devient presque une marre au sol.

les gouttes au visage le font ciller. et les chaussettes qui s’imbibent doucement lui crispe les orteilles. soudainement il a très envie d’en commettre un, d'homicide “... pascal.” il t’arrache la bouteille (vide) des mains “tu sais quoi,” tu n’as qu'à jouer au rat domestique “reste assis et mange, et c’est tout.” on sent qu’il gronde, sans élever la voix. et il espère que tu t’executes comme il le décide pendant qu’il nettoie tes bêtises au sol. malgré tout ça, angel reste silencieux dans son agacement, il t'aurait insulté depuis longtemps sinon.

accroupi au sol, l’éponge à la main, angel a relevé la tête à tes mots : amoureux, de qui- de toi ?
les yeux ronds le temps d’une seconde, il se demande s’il avait bien compris. et observant ton visage, il se demande aussi s’il pourrait y discerner une mauvaise blague par tes expressions sans cesses excessives.

“... pff-” alors ça commence par un pouffement de rire, baissant de nouveau son regard sur le parquet humide.
mais ça lui reste en tête, donc il continue de ricaner doucement - il arrive difficilement à s’imaginer aimer, alors amoureux ?
et finalement ces mots qui résonnent dans son crâne, il a l’impression que c’est un gaz hilarant, et fallait juste que ça lui monte au cerveau : angel finit par exploser de rire - parce que lui, on lui a jamais interdit de rire, encore moins de se moquer des autres, surtout de toi. mais son rire ne résonne même pas si fort que ça, il n’a rien de communicatif et il est juste terriblement sec.

les crampes hilares font basculer, et dans l’élan il s’assoie avant de reprendre “ça doit être ça ouais.” ouvertement sarcastique, parce que ça ne faisait tellement pas sens. l’image ne lui semble même pas envisageable qu’il en trouve la situation presque comique. “comment t’as deviné ?” il n’est peut-être pas amoureux mais il t’adore comme un roi qui observe ses bouffons s’animer devant toute la cour “je croyais j’étais, mais alors, méga discret.” comme on se voit que quand tu as envie de finir les restes du frigo.

(cw : mention automutilation)

il voulait savoir d’où ça venait, cette assomption. de voir à quel point ton imagination (ou ta stupidité) pouvait divaguer : qu’est-ce qui te ferait dire que ton ami serait tombé amoureux.
et finalement il est presque déçu de la simplicité de la réponse qu’il en récupère son air ennuyé.

mais il comprend le peu de réflexion, tu as toujours été là, et il n’a jamais rejeté ni accepté l’idée de ta présence - du coup il ne s’est jamais intéressé. alors avec le temps, dans ce genre de fréquentation, on se pense ami, mais on ne se connaît pas au fond.
il ne sait pas ce que tu faisais hier, tu ne sauras pas ce qu’il fera demain, et on s’en porte bien. c’est pour ça que yong-nam n’a pas l’impression de t'apprécier, mais il n’arrive pas à te détester non plus.

“... tu me trouves gentil ?” les sourcils se froncent un peu - son existence à travers tes yeux lui paraissait bien étrange, voire insensée, totalement faussée par il ne sait quoi. “et non j’en ai pas.” des anciens amours, ni même d’anciens amis, ça se remarquait, non ?
initialement reposé sur ses mains (de ces postures nonchalantes), il finit par se relever, encore assez perplexe - à la limite de l’agacement. alors une fois l’éponge reposée dans l’évier, il revient devant toi (encore une fois, profite que tu sois assis pour gagner des hauteurs qu’il n’a pas normalement)

“donc tu me trouves gentil quand je te traite de rat, que je te menace de t’empoisonner, et que je me fous de ta gueule à chaque fois parce que je trouve bête ?” une pause le temps d'un ricanement “t’es maso ?” ça vous ferait peut-être un point commun “je te laisse pas vraiment venir en plus, c’est ma mère qui t’ouvre quasi tout le temps.” tu ne vois que ce qu’il t’arrange en fait
“... puis même si c’était le cas, t’aurais fait quoi ? je me serais pris mon premier râteau dans mon propre appart, encore à peine réveillé, pendant que tu manges ma bouffe, que t’as gâché mon p’tit dej-” aussi déprimant que ça sonne, angel sourit, encore de ses idées tordues “en fait je pense j’aurais eu tellement le seum de cette journée que je me serais re-ouvert les veines.”

et là, tu me trouves toujours gentil ?

angel est cruel. il ne sait pas être doux, on ne lui a jamais vraiment montré ni appris.
il n’a jamais eu ces exemples : tiens regarde, c’est comme ça que l’on parle avec ses proches, on les incendie d’amour et de gentillesse, et quand on aime on n’attends rien en retour - on n’attends ni des services ni des coups.
donc angel est cruel - mais seulement par les mots. c’est plus facile de cracher les agacements, les méchancetés qu’on pense à moitié : tu le trouves gentil alors qu'en réalité il fait juste preuve de patience, sachant subir en silence.

et le pire ! le pire c’est que de voir ton visage se décomposer lentement, ça le ferait presque plaisir. qu’au final il comprend parfaitement le sentiments de ces personnes qu’il méprisait et méprise toujours autant.
que oui, c’est marrant de rire la faiblesse des autres.
“... non c’est vrai.” pour les mauvaises blagues “c’était pas vraiment sérieux.” comme ses envies de sacrifices - il peut supporter un jour de plus dans sa vie si ce n’est que du lait qui manque.

mais encore une fois, qu’est-ce qu’il pouvait faire de plus à part t’asperger de venin ? il ne saurait pas se montrer assez brut pour te virer d’ici. alors la suite, il l’estime de ton initiative. parce que angel fera comme si de rien était - partant s’installer sur la chaise en face de la tienne, il s’accoude sur la table qui vous sépare, les bras croisés en y reposant sa tête “te dire quoi ?” il hausse un sourcil : c’était pas assez clair après l’avalanche d’atrocités qu’il t’a imposé.

te voir est agaçant comme si on aperçoit du coin de l'œil un rat se faufiler sous un meuble.
et te voir est parfois agaçant au point de vouloir mourir.
il t’avoue ses souhaits morbides sans mesurer la gravité des ses mots. pourtant il en a conscience, que ça met mal à l’aise les autres, ça dégoute et ça rend impuissant. et là était son intention : juste briser l’idée que tu t’étais faites de lui - gentil, ça ne faisait pas sens.

“... je pense pas grand chose de toi. on dirait tu viens juste quand ça t'arrange.” en restant dans ces dialogues crus “puis ma mère t’aime bien.” ça doit la changer d’un fils cassé. elle semble si heureuse de te savoir ici. même que ça lui arrive de demander des nouvelles - et comme si vous vous parliez tous les jours, yong-nam se contente de répondre mécaniquement que tu vas bien (il suppose), sans pousser la conversation plus loin.

son regard suit le repas que tu fais glisser - devine ton estomac trop noué “je mangerais pas après toi. donc garde le pour plus tard, je sais pas.” les pupilles se relèvent vers ton visage fuyant et il demande sans transition “on est encore pote,” n’accordant jamais de pause dans ces ambiances lourdes “ou tu me déteste ?” juste pour savoir - tu sais il n’estime que rien de trop grave s’est passé mais puisque vos point de vue se diffèrent autant il préfère demander.

(cw : petite mention suicide pardon encore pour ça)

si lui il veut.
alors qu’en réalité il ne sait même pas ce qu’il veut.

il aurait préféré que le choix soit tien - que tu le déteste, te donnant une bonne raison d’arrêter votre relation (et que t’arrête de venir).
même que, de manière totalement insensée, yong-nam se retrouverait probablement agacé de ne plus t’avoir dans les pattes une fois de temps en temps - agacé des mensonges d’amitiés.
faisons comme d'habitude, ou méprise moi.
pas autrement, ce serait trop compliqué.

toujours de ses bras croisés, un nouveau ricanement est venu s’y étouffer ”on dirait je te retiens en otage.” à faire ce que lui il veut : reste un ami, s’il le veut, mange parce qu’il le demande - pourtant ce n’est pas ta vie qu’il a menacé, mais la sienne. même qu’il a dit c’était pas si sérieux ! “... je t’oblige à rien. et je vais pas me suicider non plus.” que s’il venait à se décider mettre fin à ses jours, ce ne serait définitivement pas de ta faute. parce que pascal, ta maladresse agace, ta bêtise aussi, t’es bruyant et indélicat, mais la colère est insignifiante, c’est tout.