cw : mention selfharm

angel n’aime pas ressentir. il trouve un certain confort dans le vide - il ne se passe rien alors il n’a pas besoin de pleurer, ni de s’énerver, encore moins de rire ou d’aimer.
pourtant il ne contrôle rien. il ne prévoit jamais ses colères. et sa tristesse lui sert le cœur. même qu’il se surprend parfois à pleurer ou crier. il sait encore ricaner pour se moquer. il sait aussi s’amuser, devant un jeu ou quand il saigne. puis sans l’admettre, il sait aimer.
obnubilé par la mort, il se retrouve à l’idéaliser.
alors oubliant qu’il est encore en vie, il ne se pose plus les bonnes questions.

lui-même n’est pas sûr de comprendre.
il n’a jamais vraiment compris, quand tu es devenu son ami au camp. puis il ne comprenait pas lorsque tu lui rendais visite - quand quitter sa chambre était devenu impossible. et finalement il ne comprend toujours pas pourquoi, quand tu lui as presque échappé, ça lui a paru insupportable.
parce qu’il est à peu près sûr de ne pas t’aimer. si on venait à lui demander il pourrait répondre - non je l’aime pas spécialement - si on venait à lui demander ce qu’il pense de toi - pascal c’est juste un gars qui est parfois là, parfois pas - alors il n’aurait jamais dû pleuré t'effacement de ton existence.
c’est pour cela qu’il ne comprend pas. parce que tu as été là, un peu. parce qu’il attend ta venue. parce qu’il t’envoie des messages. parce qu’il s’inquiète de ta disparition. parce qu’il a peur d’être oublié. parce que tu peux l'abandonner. parce que tu peux le tuer. parce qu’il se demande si tu le déteste -
mais ça va,
tu l’as invité ce soir.

même s’il se sent asphyxié des rues et du monde, ça lui arrive de sortir.
et il a mangé mais n’a pas terminé - trop conscient de son propre visage balafré.
puis, encore trop nauséeux, il n’aurait pas retrouvé tout seul son propre appartement (il ne se souvient déjà plus du chemin). alors il t’a suivi jusqu’à chez toi.
et chez toi, ça sent comme toi mais pas tout à fait : tu n’habites pas seul et l’odeur de produits ménagers plane encore un peu. en tout cas, ça sent assez propre pour que yong-nam arrive à s’installer dans ton canapé. et au long du film, il a fini par s’allonger. même que ses paupières se sont fermées - simplement fatigué d’être sorti - sans réellement s’assoupir. parce qu’il n’est pas dans sa chambre, il reste vigilant et son propre souffle l’aurait réveillé.

alors quand tu t’es levé pour t’éloigner il a ouvert les yeux. il n’a pas bougé mais il a écouté.
en réalité, il pensait que t’irait te coucher, pas que tu passes un appel.
et au fur et à mesure de tes paroles, il a serré son étreinte autour du coussin qu’il tenait entre ses bras - là encore, il voudrait s’énerver.
“... tu peux ajouter que non c’est pas que les bras et je me fais du mal un peu partout tant que c’est accessible.” et parce qu’il n’a rien à cacher, lui ose briser le silence “t’appelle qui là ?” au fond, il pense avoir deviné. mais il voulait savoir si tu allais lui mentir.
parce qu’il ne te fais pas confiance - tout le monde finit par le décevoir.

cw : mention selfharm

voilà - il le savait - puis c’est toujours comme ça - on le déçoit - tu lui mens !
il en est persuadé, car ce n’est pas logique. la blague n’aurait pas fonctionné s’il ne t’avais pas écouté, si tu restais caché. puis tes propos n’ont rien de drôle - ce n’est pas le genre de chose que l’on raconte dans le vide à personne.

yong-nam a déjà entendu ce genre d’appel. il a ce vague souvenir d’été, où il reprit doucement connaissance en sentant le froid du carrelage contre sa peau déchiré. puis il faisait lourd, la chaleur écrasante qui mélangeait cette odeur nauséabonde de sa propre sueur à son sang s'immisçait dans l’appartement qu’il en avait du mal à respirer. et sans savoir l’heure exacte, il a juste deviné qu’il était tard parce que seule la lune éclairait plus loin dans le couloir. et il est sûr que cette nuit, il a entendu la lune pleurer à chaudes larmes. c’était une lune désemparée, criant à l’aide, terrifiée à l’idée de perdre son étoile. mais comme celle-ci se trouve a des années lumière, la lune ne savait pas encore qu’elle était déjà morte.
le lendemain, il s'était réveillé à l'hôpital.

alors il sait.
il sait mais toi-
toi tu ne sais rien !

angel en fait grincer ses dents. et à défaut de s’arracher l'épiderme, il continue de serrer très fort ce coussin entre ses bras. parce que tu es là - tu es resté - il arrête (seulement devant toi).
“... ah bon.” et en se redressant doucement, à son tour il observe en ta direction mais devine difficilement ta silhouette qui se fond dans la pénombre du décor. te cherchant, ses yeux se plissent avant d'abandonner dans un soupir “... pourquoi t’es loin. reviens.” et de nouveau assis, il se décale contre l’accoudoir pour t’inciter à t'asseoir : à ses côtés ou encore par terre ça l’importait peu, tant que tu revenais. c'est alors quand seulement  tu te sera rapproché, angel tendra la main “tes appels récents. montre les moi.” car si c’était une blague, ça ne devrait pas te poser problème.

tu confesses tes mensonges, tes torts et tes doutes. tu partages ton inquiétude mais aussi ton incapacité : tu ne sais pas ce que tu dois faire.
mais yong-nam ne sait pas non plus. lui ne fait jamais rien, s’observe simplement mourir un peu plus chaque jour jusqu’à l’indifférence de ses blessures. et en réalité, bien plus que de l’indifférence, il retrouve un vilain confort au travers de son mal-être. s’enfermant dans sa propre souffrance car elle justifie tout - ses plaies comme ses peines - c’est plus simple comme ça.

et ce serait plus simple, si toi aussi tu pouvais ne rien faire.
alors ça l’agace. c’est agaçant que tu lui mentes. ton inquiétude aussi est agaçante et surtout, le pire, c’est ta volonté de l’aider, tenter de changer l’irréparable ! angel l’a déjà accepté - il est trop brisé pour faire marche arrière.

ses doigts se referme sur eux-même car le téléphone reste entre tes mains. “... pas me mentir déjà.” puis il laisse planer un silence le temps de mettre ses idées - sa colère - en place. que sa frustration lui parasite l’esprit jusqu'à exploser comme à son habitude car il ne sait pas comment la contenir. pour l’instant, seul le rongement de ses ongles habille le vide instauré avant que sa voix se mette à résonner de nouveau “c’était les urgences ? ma mère à déjà passé un appel du genre.” il se tourne vers toi, devine ton regard fuyant malgré la pénombre “pourquoi tu m’en a pas parlé avant ? ça aurait pu être super traumatisant pour moi qu’ils viennent me chercher sans que je le sache.” et si c’était arrivé, il aurait fait un sorte que toi non plus tu n’oublie pas l’expérience “tu sais que c’est super cher en plus une place à l'hôpital ? qui aurait payé ? on a pas les moyens. c’est pour ça je suis pas resté longtemps la première fois.”

après avoir listé tes erreurs, angel repose sa tête contre le dossier du canapé. et ne te quittant pas du regard, il guette tes réactions. il reprend : “... c’est pour ça que tu m’as invité ? te débarrasser de moi - encore” le poignarder serait sans doute moins douloureux “dis- tu me détestes autant que ça ?” pour tout faire de travers “dis-” ses doigts viennent s’entremêler entre quelque mèches de tes cheveux pour les tirer doucement - regarde moi quand je te parles “faut faire quoi pour que t’arrêtes de m’éviter-” il ne comprend pas ! il a été sage aujourd'hui pourtant.

tu lui échappes, encore. et pire ! ta colère - une qu’il a pas l’habitude de vivre - accroît et prend une place immense et désagréable. et si ces mots lui sont pénibles c’est parce que ce ne sont même pas des reproches. ni de quoi le rassurer. ce sont juste, une explosion de tes propres craintes et sentiments - il ne peut pas contredire ce que tu ressens !
alors ça l’embête. ça le panique. et ça alimente sa colère.

et yong-nam n’aime pas qu’on le gronde - ou qu’on lui parle fort - alors à son tour il décide de t’éviter. la tête de nouveau reposée contre le dossier du canapé, il s’y enfouit doucement. pendant que ses mains, interdite d’assassinat, s'agrippent seulement au tissu de ses vêtements. ça le tuerait d’admettre que tu as raison - que c’est sans doute injuste pour toi qui cherche simplement bien faire. car c’est plus simple de pleurer la sienne, d’injustice : personne n’arrive à la comprendre, personne ne veut de lui, personne ne s’inquiète et personne n’a besoin de le voir en vie.

“... tu peux pas dire ça” il ne sait déjà pas gérer ses peurs - comment faire pour les tiennes ? “c’est moi je devrais m’énerver- pas toi” il ne comprend même pas pourquoi tout cela s’accompagne d’un tel déchaînement - c’est parce que tu t’impatientes ? “... ça me soule que tu les appelles dans mon dos. et que t’as essayé de me mentir en plus.” et comment ne pas mal l'interpréter, lorsqu’on à l’impression que le monde entier est contre lui ? “ou parce que c’est toi qui a voulu qu’on se parle plus- on dirait t’as peur de moi- pas que je crève.” ça lui reste en tête : parfois sans prévenir, parfois parce que tu fais les choses de travers selon lui - comme s’il y avait une volonté de ruiner.
et c’est ça qui lui semble injuste - lui aussi il fait des efforts ! il ne se fait pas de mal quand tu es là. et il est même venu chez toi ! mais c’est pas assez- il y a un truc qui lui échappe-
qu’est-ce qu’il faut faire ? tu ne lui as même pas répondu.

“... je t’ai jamais demandé de m’aider en plus.” il ne cherche pas à être sauvé “j’ai pas envie d’être seul. c’est tout.” tu n’as jamais eu besoin d’imiter les héros. ça ne te va même pas bien.

comme les cadavres oubliés, il serait capable de moisir jusqu'à fondre sur ton canapé. seulement, il ne peut pas se transformer. il ne peut - comme on lui a appris - qu'imiter les morts. car la décomposition n'attaque pas l'esprit ou les émotions. pourtant il aimerait que quelque chose puisse tuer ses sentiments - angel serait meilleur pour feindre l'indifférence, il serait meilleur dans sa cruauté, moins ridicule avec ses caprices, et moins misérable quand tout lui frappe le cœur ainsi.
il se sent blessé par ta colère - des plaies qu'il ne saura pas désinfectées - et il déteste que ça ne viennent pas de lui. car ces douleurs, angel préfère les contrôler - ça fait tout de suite moins peur, moins mal - ça en devient parfois agréable, il pourrait l'admettre ! et à l'inverse, angel n'aime pas la souffrance des autres : celle qui est imprévisible, indéfinissable et incompréhensible - ça lui fait perdre ses moyens, ne sachant même plus s'il est plutôt triste, affolé ou agacé.

“j'ai pas dit ça- j'ai jamais dit ça..!” il finit par se décoller du canapé - il y reste accroupi mais sa posture est plus maladroite en cherchant à te faire face. “pourquoi tu déformes - t'assumes n'importe quoi - pourquoi tu fais ça-” c'est pénible d'être hanté par ta potentielle disparition “j'aurais dû dire quoi à la place- c'est injuste-” cette discussion amère, cette relation déséquilibré “t'es injuste” dans tes mots, ta colère - sa seule défense c'est de te contredire, t'accuser. et l'idée que tu puisse lui échapper des mains d'un vulgaire coup sec ne cesse de tourner en boucle au creux de son âme- encore- toujours- cette peur lui tord les entrailles, se déverse par des larmes qu'il efface au plus vite - ces perles de rage, de honte et d'angoisse “hah..” lâchant un soupir agacé, il reprend brièvement son équilibre afin de venir cacher son visage - la pénombre ne suffit même plus.

se recroquevillant de nouveau, il ne tire que ses propres cheveux afin d'éviter les saignements - il marmonne “pourquoi on dirait tout t'arrange pour qu'on se déteste- je comprends pas- je dois faire quoi- pourquoi tu me détestes- pourquoi- pourquoi c'est plus comme avant..! mais tu comprends rien- rien, rien rien-” cette mauvaise impression d’un esprit qui se dissout de ces pensées corrosives - “moi aussi j'ai peur- moi aussi je me sens nul- me laisse pas- je peux faire un autre effort- ce que tu veux” yong-nam te l’implore “... s'il te plaît”

il n’arrive pas à comprendre pourquoi il fallait tant s’accrocher à quelqu’un - à toi - car tout lui heurte : que ce soit ta charité maquillée grossièrement par des inquiétudes qui se veulent plus douces. ou ton impatience face aux injustices, dévoilant la vivacité explosive de tes émotions. et en ajoutant ces nuances auxquelles il ne fit jamais face, ton existence prend une place étrangement importante dans son esprit, et c’est ce qu’il découvre malgré lui. la complexité imprévisible de tes mots, de tes actions - il vit sans cesse avec cette lourde appréhension à la sombre idée de te voir partir.

ça le rend malade

parce que tu n’es pas assez gentil pour céder à chacun de ses caprices. ni assez brave pour l’accompagner dans ses frénésies écarlates. tu ne l’aimes sans doute pas assez pour te sacrifier.
mais il te manque la cruauté. ta présence n'a rien d’une menace. et tu n’as pas cette violence qui le fait tant trembler
c'est sans doute pour ça qu'il est sûr de ne pas t’aimer. ni même de te détester - tu n’es personne. ici sans être là. tout et rien.
si tu dois être là, c’est parce que tu as toujours été là, donc il a besoin de te savoir là, à ses côtés, même si ce n’est que du coin de l'œil - c’est cette insignifiance qui le consolait.

il se sent malade

alors dans ce cas-là, il aimerait avoir des griffes. celles qui sont assez longues pour t’y enfermer entre ses mains. et assez tranchantes pour te blesser seulement lorsque tu tente de t'échapper. comme un vilain piège, qui viendrait s’ancrer dans ta peau pour t'envenimer petit à petit de ses soucis. ce serait plus simple de cette manière. si angel était capable d'empoisonner de terreur plutôt que de susciter la pitié de sa misérable existence.

il est malade et c'est grave

“... je sais.” il souffle, toujours replié sur lui-même, étouffant son trop pleins d’émotions “bien sûr que je sais” comment tu es - du genre pas comme les autres, pourri jusqu’à la moelle, tellement brisé et éparpillé qu’il ne sait même pas quel morceaux recoller en premier “mais il y a rien à faire - j’ai pas envie de faire” quand on se perd jusqu’à ne plus rien voir “même crever je peux pas- c’est trop dur” c’est avoué presque honteusement. et frustré de cette lâcheté, il s’en ronge les lèvres un instant, déchirant que brièvement les peaux plus sèches.  “... mais on s’en fout non- moi je parle pas de ça je parle de nous - nous. pourquoi ça peut plus être comme avant- c’était très bien avant : c’est ça que je veux.” il relève de nouveau la tête, regarde le vide “je comprends pas ce qui change autant - tu t’inquiétais pas avant - mais j’ai jamais rien caché juste je te disais pas parce qu’on s’en fout- c’est mieux si on s’en fout.”

il y a beaucoup de choses sur lesquelles yong-nam ne sait pas mettre de mot. mais la douleur il sait la reconnaître. et même sans de réponse à ses pourquoi, il en est sûr, tout cela lui fait mal.
il sent que ça lui tire la trachée, que tout s'éparpille entre ses poumons et son cœur. et tes mots ne servent qu'à alimenter la toxine de ses propres émotions, l’empoisonnant seul de cette souffrance qu’il déteste tant. et il se déteste tant.

ça le tue d’admettre que tu as raison. de devoir aller dans ton sens, écouter tes besoins, constater ta propre évolution - tu essaie de changer, d’espérer le mieux, veiller sur la seule vie qui te reste. et tu le dis, peut-être - peut-être que de te voir avancer, en l’abandonnant, ça l’aurait poussé à te suivre.
mais c’est impossible, il en est persuadé. pour yong-nam, il fait trop sombre pour oser marcher. c’est de cette manière qu’il s’est retrouvé, doucement, petit à petit, se décomposer sur place, attendant son moment fatidique.

alors il en est presque jaloux. l’envie cruelle de t’arracher sans douceur ce futur bonheur auquel tu goûtes. sentir, rien qu’une seconde, contre ses lèvres, la saveur de ta prospérité. que tu lui partage, que tu lui en fasse don, une offrande, à ceux pauvres en dopamine comme lui.

cependant il l’a déjà dit - il n’y a rien à faire, il ne veut rien faire.
même voler égoïstement tes espoirs il s’en sent incapable.

yong-nam pleure. et pour une fois, ces larmes n'accompagnent pas sa rage explosive.
il pleure simplement.
et il a honte quand ses pleurs sont purement tristes. alors il se recroqueville de nouveau sur lui-même, le visage enfoui entre ses deux bras croisés, il étouffe au mieux ses sanglots.
et il ne saurait dire combien de temps il aura passé à pleurer - que tu restes debout penaud, ou que tu tentes de le consoler, il ne dira rien, ne bougera pas, et seul son hoquet raisonnera à travers sa peine.

il faudra attendre qu’il se calme, que le silence retombe dans l’appartement.
il se sent épuisé, et ce sentiment de vide profond revient lui grignoter le cœur - il n’aime pas ressentir, donc il supprime tout.
“... est-ce que tu peux me frapper” de sa voix difficilement discernable, encore étouffée par ses bras car il ne bouge toujours pas “ou un truc du genre, me faire mal- n’importe” si tout doit s’arrêter, autant le faire en spectacle “j’ai pas envie de regretter- quand tu seras plus là. il me faut une raison pour te haïr.” car c’est comme cela qu’angel fonctionne - trouver de quoi conserver les cendres de sa rancune, la justifier par sa colère enflammée.