Ah… bon sang de bonsoir. C’était le genre d’accueil à faire fondre un cœur de glace. Angela et moi étions comme les deux côtés d’une même pièce. Là où elle réussissait avec panache, j’étais médiocre. Si elle était au sommet de la montagne, j’étais au fond de l’abysse.
Son compliment me fit l’effet d’un coup de poignard ; non pas parce qu’il manqua de sincérité, mais parce que je ne le méritai pas. Je n’eus de réaction qu’un odieux silence saupoudré d’une risette crispée.
J’étais une piètre invitée. Dans sa demeure immaculée, je faisais tache. Je me disais aussi… qui a besoin d’autant d’espace pour vivre ? En comparaison avec mon minable petit appartement ; là encore, nous étions opposées.
Pourtant, malgré nos existences disparates ; un lien s’est créé entre elle et moi. Je ne me l’expliquais pas, pas plus que je n’avais envie d’y donner sens. Des sourires et conseils échangés entre deux lectures à la bibliothèque, je l’avais observé avancer ; s’élever.
Angela était fidèle à elle-même.
N’avait vraisemblablement pas tant changé.
Elle était restée ambitieuse et s’était donné les moyens de prendre du galon.
Un modèle de réussite ; baignée de lumière, j’étais resté dans son ombre… et je m’y sentais bien.
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Hm, pardon ? Ah, à boire… euh… un… un jus de pomme s’il te plaît.C’était ça de rêvasser. Je profitai de sa petite absence pour lui préparer sa surprise. Mes affaires posées au sol ; ma petite valise s’ouvrit d’un coup de télékinésie ; faisant sortir une à une les pièces d’un mannequin, dont les morceaux, s’assemblèrent illico presto.
Sa nouvelle tenue vint recouvrir l’inanimé. Une robe de satin aux motifs blanc et or. Échancrée dans le dos. Un décolleté assez plongeant pour attirer les regards, mais assez chaste pour éviter les remarques désobligeantes.
Lorsqu’elle fit son retour dans la pièce principale, je me dressai devant le pantin, m’écartant d’un pas de côté, m’essayant à un ton enjoué :
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Tadaaa…Ça manqua de punch, mais c’est l’intention qui compte.