– To you there is no God In short, you’re an atheist By principle you only believe in what you can see Miracles from God are just part of some fantasy world to you

cw bisou imposé :p


incarné.e, mu.e par une mauvaise volonté qui ne lui appartient plus, owl attend, assis.e sur les marches d'un perron salement anonyme. iel est vetu.e trop légèrement pour la saison mais on ne lui reconnaît pas son dévouement habituel pour le plastique. la nuit est tombée sur ellui, livide,uniforme, déformée à présent par les trouées aveuglantes des rares réverbères alentours, plantés là comme des mauvaises herbes ; leurs halos de chaux blanche menacent de se consumer les uns les autres, en dépit des nuées glaciales qui brouillent les contours des choses.
son mégot consume ses dernières braises bleuies entre les doigts de sa main gauche ; l'autre, iel l'a porté à ses lèvres, et en ronge les ongles. cette fois, ils ne sont pas vernis.

owl attend pascal qu'un beau matin iel a décidé d'aimer à la folie. il va sans doute bientôt neiger. dans son dos, s'échappant de sous la porte, on entend jouer de la musique trop forte ; des cris stridents viennent parfois en troubler le rythme grossi. à force de se ronger les ongles, iel commence à saigner.

iel n'a pas donné d'heures à pascal, et l'a attendu toute la soirée. iel se répète : siegfried aime pascal, comme on aime un dieu nouvellement découvert, perçu encore sous forme de figure ; chaque chose est à sa place. Swan est mort.e et ressuscité, et Owl a été sacrifié.e sur l'autel terrible de la dévotion ; et de l'acharnement à séparer ces deux cœurs siamois vient d'émerger les contours humides et tremblantes d'un.e nouveau.lle né.e monstrueux, déjà stérile, qu'il faudra pourtant bien consacrer, le moment venu.

Pascal apparaît au bout de l'allée. tout de suite, iel se lève, jettant son mégot d'une pichenette. Puis Siegfried attend sagement, enfonçant dans sa poche sa main blessée. < Salut, Pascal. > Iel le salue comme si iel le voyait pour la première fois - et un sens, c'est la vérité. < On rentre ? Je vais te présenter à tout le monde. J'ai des choses super importantes à te dire. Mais avant ça > iel l'attire contre lui brutalement et l'embrasse sans douceur.

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avec une force qu'iel ne lui avait encore jamais vue, pascal lae repousse ; ce coup d'ombre portée lae renvoie à son insignifiance ; immédiatement, mue par un réflexe antique - "ses" os qui craquent, "sa" langue plaquée contre "son" palais - owl se se rend toute coupable de cet éclat, se complait dans le confort que le rejet lui procure ; mais le sourire en forme de plaie qui lui barre les lèvres trésaille bien vite - non ! assurément, ce n'est pas ce que Siegfried voudrait. Siegfried aime directement, sans se reposer sur les courbes de lumière réfléchies que l'averse précipite à travers ses gouttes de sang ; Siegfried aime frontalement, en dépit des halos et des mares de cruor qu'ils reflètent en leur sein défragmenté. D'un revers de manche, iel s'essuie les lèvres. < Je t'aime, pascal. > c'est dit simplement, d'un ton égal, juste un peu tremblant. Owl apprend. < Je suis amoureux de toi. >

Iel fait un pas vers lui. < J'ai changé de look. Ca te plait ? > l'index pointé en direction de sa tempe, dans un geste de mort. < J'ai décidé que j'en avais marre, de tout ça > et dans ce tout ça on entend les coups de fusil dans la plaine, le bruit sourd que font les petits corps des perdrix lorsqu'ils touchent le sol, encore tièdes de leur vol ; les soirs plein de terre et les regards qu'on se jette par en dessus le feu en train de s'éteindre. < J'en avais marre qu'on me mange. Maintenant, j'ai décidé d'être moi pour de vrai. > Iel enfonce une main dans sa poche, dans un geste d'indolence triviale. < Et personne m'en empêchera ! C'est comme ça que j'ai compris que je t'aimais. Tu comprends ? > tu es la raison que je dois à la renaissance. < Je t'aime Pascal. C'est pour de vrai.>

Dans la nuit, la rosée aux pommettes de Pascal ressemble à du gris et son trouble à de la défiance. Ce n'est pas ce qu'il faut. Iel fait un nouveau pas vers lui, et lui attrape le visage - ses doigts s'enfoncent dans la chair tendre des joues, se mêlent à l'aiguail de son émoi. < Prends le temps d'y réfléchir. Je te promets que j'ai changé. Ca me fait plus rien maintenant que tu me repousses. Je veux plus être ça. Embrasse-moi et tu verras. Mais avant, on rentre à l'intérieur. > Sa paume se délie. < Tu vas m'aider, hein Pascal ? T'es mon ami. Tu vas m'apprendre, hein ? Comment on fait. > Malgré ses efforts, il y a quelque chose d'elle qui le supplie imperceptiblement de ne pas la quitter sans lui révéler sa pitié, au moins une dernière fois.

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Il a la grâce malhabile des innocents et la rosée de ses hésitations rend très jolie son désarroi.
Iel aurait voulu le voir complètement frénétique. Ce n'est pas bien grave. Iel se contente des regards fuyants et de leur pudeur indécente - se satisfait des fragments de la chair ; car iel est bien incapable d'en définir la tiédeur. Iel ôte ses mains bien trop vite, craignant de ne plus rien éprouver du tout, comme lorsque l'on reste trop longtemps assis près du feu. Et il faut quand même éprouver un peu.

Il lui demande : tu t'es disputé.e avec Siegfried ? Et déjà Owl se retourne vers lui et le regarde. On dirait qu'elle a peur. < Mais non, pas du tout. Ca a rien à voir. Pourquoi tu me parles de lui ? Arrête de me parler de lui. > Iel attrape Pascal par le bras et l'entraîne à l'intérieur.

Pascal est un innocent, donc il est cruel. Owl s'arrête de marcher. La musique est trop forte et il faudra crier. D'abord, iel ne dit rien. Ca sent la poussière, la sueur, la rouille, la nuit. On distingue des regroupements de fantômes dans les coins ; quelqu'un crie, mais il est impossible d'identifier l'origine du hurlement. < J'ai dit : arrête de me parler de lui. > en lui tournant toujours le dos. Iel a l'impression que Pascal va se dégager ; qu'il va renoncer à leur fuite et lui laisser l'illusion pour ellui tout seul. Et quel peut être l'intérêt d'une illusion en solitaire ? Owl n'en connaît que les revers en commun. On ne mime jamais en l'absence d'un public ; c'est grossier. < T'as compris ? > Iel se retourne enfin ; le saisit par les épaules ; le secoue. < Tu ARRETES, tu ARRETES de me parler de SIEGFRIED ! Il ne t'AIME PAS. On s'en fout, de lui ! Pourquoi est-ce que tu l'écouterais, lui, et pas moi ? C'est MOI qui t'aime - pas lui ! Tu me trouves moins important ? Tu penses que je suis pas assez bien pour toi, c'est ça ? Mais qu'est-ce qu'il a de plus que moi, hein ? Dis-moi. Qu'est-ce qu'il fait mieux que moi ? > Pascal est un engrenage précis ; il engage la reconnaissance et possède en cela une autorité mécanique. C'est pour cela qu'iel le secoue, qu'iel crie et qu'iel le supplie. < Tu l'aimes ? Est-ce que tu l'aimes ? Je vois bien que tu l'aimes. Il me vole toujours tout. > C'est craché brutalement. < MAIS IL NE T'AIME PAS ! >

Ce qui est terrible, c'est qu'iel le comprend. Selon Owl, Pascal aime en toute candeur. C'est un de ses seuls et uniques fantasmes.

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mais owl n'est qu'un.e égoïste sans visage comme il en existe des tas dans la fange. pascal est un être resplendissant, tout bourgeonnant des principes égrenés au vent de ses aspirations et on ne serait trouver à la ronde de guide plus juste. il est tranquillement accablant ; sa hargne, parce qu'elle est jeune et tendre, encombre les vallons des soupçons oisifs. < tu mens. > déclare owl. iel ne sait pas si elle doit le croire, alors elle décrète qu'il est mieux de refuser sa confiance, car ça fera d'autant plus de mal à pascal. en fait, owl est une peste. < je vois bien que tu l'aimes. t'es tout rouge et tu t'énerves. typique ! typique des gens amoureux ! tu mens. > iel aime bien qu'il crie. ça lui donne l'impression d'être minuscule et infernale. du coup, elle lui met une gifle, parce qu'à la longue, elle a appris qu'il fallait s'en prendre aux oiseaux qui crient trop. leur chair est plus ferme et ils saignent moins longtemps que les autres.

< ouai, et alors ? > iel crie à son tour ; parce qu'il faut aussi crier plus fort. < qu'est-ce que ça peut t'foutre à toi ? tu pouvais pas me dire 'c'est vrai, t'as raison ; je l'aime, et toi je t'aime pas' et m'envoyer me faire foutre, qu'on en parle plus ? > tous les deux, ils crient plus fort que la musique. < tu veux que je t'explique ? mais je t'explique, là. je suis en train de t'expliquer. c'est moi qui devrait te demander de m'expliquer. je te comprends pas. pourquoi tu l'aimes plus alors ? il t'a tapé ? il t'a insulté ? ou alors t'as trouvé quelqu'un d'autre de mieux que lui ? mais qu'est-ce que j'vais faire moi ? parce que, en vrai -- moi, je t'aime vraiment, vraiment bien !> iel a fait un tout petit pas en arrière, pour jauger de sa jolie hargne. il doit être un peu séduisant. les lumières bleues de la fête bouillonnent à ses tempe comme un genre de maladie merveilleuse. < dis pas qu'on est proche alors que tu sais très bien que m'connais pas vraiment et moi non plus je te connais que d'une certaine façon. je fais que de t'utiliser. tu comprends c'que j'te dis ? c'est n'importe quoi, ce que je te fais. c'est vraiment, vraiment, n'importe quoi ! > et elle lui remet un coup de poing, faiblard, parce qu'iel n'égalera jamais SIEGFRIED en force brute ; il n'existe pas. < tu vas te laisser faire là ? dis-moi c'est qui. j'vais le tuer. >

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owl n'avait jamais pensé à pascal en tant qu'individu.
elle aimait pascal d'un amour sincère, car son amour était dans l'ensemble justifié par son intérêt pour les principes. pascal était une belle âme, qu'il était très aisé d'admirer en raison de sa matérialité. iel appréciait pascal pour les feux de fiction que son esprit projetait aux alentours, à l'instar de ces petites légendes oubliables qui marquent au fer rouge la pitié filiale.
owl n'imaginait pas que la voix de pascal puisse transcender le verre de sa condition ; la condition qu'elle-même avait envisagé en enfermant l'intégrité de son 'ami' sous cloche. iel ne comprend pas bien la colère de pascal et réalise pour la première fois de sa vie que les gens, comme les papillons ou les fleurs séchées, n'aiment pas forcément qu'on les conserve sous verre.

< hein ? > iel entend distinctement les cris de pascal et l'écho mordoré de sa rage, qu'il a définitivement détourné des bêtes. < rhys... t'a tué ? mais... pourquoi ? > iel demande bêtement.
owl reste seule aux milieu des choses.

< je comprends pas... > que peut-elle bien connaître des soupçons de pascal, des fragments d'habitudes qu'il s'acharne à disperser au vent et des sanglots enfouis dans les profondeurs argileuses de son cœur comme autant de grelots de honte ? < qu'est-ce que tu veux dire ? regarder comment ? >

est-ce qu'iels se ressemblent ? owl esquisse un sourire qui n'a aucune importance à la lueur des néons. est-ce qu'iels se ressemblent ? bien sûr que non. pascal n'est plus une simple idée de ce que peut être pascal. pascal se retient pour ne pas pleurer et il ne l'a même pas frappé en retour. à ses yeux, pascal est devenu un genre de héros funeste. < pleure pas. > iel tend la main pour lui caresser la joue. pascal ne pleure pas.

< pascal... j'suis désolée de t'avoir frappé. je m'excuse... je m'excuse... hein ? tu sais, swan est pas si horrible que ça dans le fond. c'est de ma faute aussi s'il est comme ça. le déteste pas trop, ok ? tu peux m'détester à la place... > iel l'a pris par les épaules, on dirait qu'elle a peur qu'il s'en aille. < pourquoi t'es triste ? t'es triste à cause de swan ? ou de rhys ? ou à cause de moi ? pascal, t'as le droit d'aimer qui tu veux. même swan si tu veux. même rhys. même quelqu'un d'autre... >

< je sais bien que tu m'utilises, c'est pour ça qu'on faisait semblant d'être pote jusqu'à maintenant, tu sais bien. hein ? je te fais bien rire et ça me donne une raison. c'est juste pas normal que ça soit le contraire. ça m'fait drôle. ça ressemble pas à... la manière dont ça devrait être entre nous deux... tu veux vraiment être proche de moi, pour de vrai ?... mais je t'apporterai rien. >

< pascal... tu sais... c'est pas grave de pas savoir... t'as le droit d'être... quelqu'un. >

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on n'a jamais appris à owl comment aimer. pascal, guidé par les lueurs de cette lucidité juvénile que l'on ne trouve qu'en bout de chemin - le pressent d'une manière victorieuse.  

owl ne sait pas bien comment il faudrait aimer pascal, et comment est-ce qu'il faudrait que les gens aiment pascal - le regardent, il a dit - et ça change tout ; comment est-ce que l'on doit regarder les gens dont on tombe amoureux ? existe-t-il un regard spécialement étudié que l'on réserve aux êtres aimés ? comment regarde-t-on une personne à qui l'on fait l'amour ? comment regarde-t-on une personne que l'on baise ? y'a-t-il des façons ? des trajectoires optiques précises ? des écarts visuels à respecter ? faut-il cligner des yeux à un moment donné et les rouvrir plus tard ? est-ce que pascal attendait d'elle un regard spécial ? et dans ce cas, lequel choisir ? le regard de l'amour ? le regard du désir parfaitement vain ? un regard érotique de dame dans un film porno ? un regard accusateur emprunt de cupidité lascive ? ou alors un autre, beaucoup plus insaisissable ?

pascal lae repousse.

< mais, >
< je sais pas de qui parler d'autre. >

lorsque l'on observe les choses sous le prisme de siegfried, les reliefs du monde s'en retrouvent déformés; et les points des siècles convergent à l'unisson vers l'instance unique d'un égo monstrueux auquel il faut bien se raccrocher. et c'est injuste pour les autres, et pour pascal.

alors elle dit < oui. > sans crier. < je m'excuse. >

iel fait un petit pas vers lui, recule. il ne faut surtout pas qu'il s'en aille !

< pascal. comment est-ce que tu voudrais que... moi ... j'veux dire...> owl n'a jamais dit son nom en première personne. < est-ce que ça te ferait du bien si... moi... je te regardais... comme tu voudrais... que quelqu'un te regarde ? j'pourrais... on peut faire semblant... d'être proche... comme tu veux qu'on l'soit... ça te ferait du bien... non ? explique-moi comment, c'que j'dois faire... > on a toujours fonctionné ainsi, tous les deux.

pourtant, ces mots lui apparaissent infiniment pervers ; car leur calque de pudeur ne correspond plus à la forme de leur être. ils sont encore à l'état de germe.
< en fait, moi... si je devais parler pour... moi... > en hochant doucement la tête. < je suis pas amoureuse de toi.
c'est pas moi qui suis amoureuse de toi, pascal. je m'excuse. si t'es en colère, tape-moi en retour, je te jure que je te demande pas ça pour me faire plaisir. > iel tend à nouveau la main vers lui, mais elle doit l'ôter prestement à portée de sa silhouette ; après tout, elle l'a tapé le premier.

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que pourrait-iel bien comprendre des réminiscences du sable et des châteaux piétinés aux abords des marées ?
la neige sale, les feuilles grises des ronces et ce ciel éternellement malade, parasité par les rêves violacés des oiseaux et les projections noueuses des arbres - tout cela n'appartient pas au tableau d'un été idéal.
c'est comme tout ce qui fait pascal, sans considération pour la condition d'image anodine qu'owl lui réservait jusqu'ici ; même s'il lui expliquait le bonheur tout particulier que procurent les baisers salés, elle n'en comprendrait pas forcément le charme.

< je > pourquoi est-ce que pascal dit "non" ?
pascal lui a toujours accordé le privilège de l'humiliation. maintenant, il résiste et sa colère est semble-t-il belle et bien dirigée.
< pourquoi ? > pourquoi tu dis non, cette fois ? ne m'a-t-on pas conjurée afin de combler les failles du manque à être ? faut-il maintenant décider par soi-même ce qui est bien et ce qui est mal sans s'en remettre à autrui ?

voilà ; pascal l'abandonne au triste sort de l'individualité. il refuse de choisir pour elle et owl ne sait pas bien ce qu'il convient de faire lorsque l'on découvre aussi sincèrement son amitié.

< je sais pas c'que j'veux. j'ai jamais eu l'occasion de vouloir quoique ce soit. j'essaye de vouloir tout ce que s--euh. que quelqu'un d'autre voudrait. mais au final, je sais pas bien ce qu'il veut lui aussi. et... je sais pas ce que tu veux, toi non plus. je m'excuse.

< je me suis dis, qu'en t'aimant toi, pascal, je deviendrai peut-être vraiment, vraiment, s-- un autre. parce que, tu es un lien. (je voulais être égoïste, je voulais tout pour moi et en finir brutalement avec l'écho. je voulais le tuer.)

< ça sert à rien qu'on soit ami, parce que même le -- "regard" -- des "amis" -- je sais pas si je pourrais te le faire, à toi, et je veux pas que tu sois de nouveau en colère, comme tu veux plus faire semblant avec moi. si j'ai bien compris... t'as besoin de quelqu'un qui puisse... te "regarder" comme il faut. si je peux plus te faire rigoler gratos, je vais t'apporter rien. rigoler et regarder ça a rien à voir. c'est ce que moi, je pense. si je devais penser comme quelqu'un qui peut dire moi. mais ça, je peux pas le faire.

< moi aussi, j'suis en colère contre s--... l'autre. mais il faut bien vivre, hein ? c'est lui le bon. et pas moi. c'est comme ça.

et j'suis en colère contre rhys, aussi. pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? c'est horrible.

et aussi -- j'suis en colère contre toi, pascal -- parce que d'un seul coup, t'as l'air de me considérer comme quelqu'un, alors tu dis non, tu rigoles plus de moi, tu veux qu'on soit amis, alors moi aussi, je suis obligée de te considérer comme quelqu'un pour de vrai, et ça, et ça --

elle ne finit pas sa phrase. iel n'a jamais vu la mer, en fait.

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la silhouette de pascal dessine ses contours de papier crépon sur le fond de lumière désossée qu'unifient les néons. il a porté la main à son front et l'on pourrait croire qu'il a de la fièvre. le contrejour artificiel donne à ses tremblements des airs d'auréole. owl ne distingue pas ses yeux et iel pense que pascal lae regarde.

elle dit simplement < mais -- c'est pour ça que je t'aime, moi. > j'aime quand tu ris de moi et que tu moques mon inconsistance. j'aime notre ordre des choses. pardon d'avoir menti sur le sous-type de mon amour.

subitement, voici que pascal la fait chuter de son piédestal d'insanité en la tirant un peu trop fort par la main ; il crie des choses insensées et compare ouvertement l'assemblage hasardeux de leur prévalence dans l'espace tenu qu'inaugure la loi du particularisme. < arrête. > il s'excuse et c'est pire que tout. < tais-toi. > elle recule d'un pas ; puisque l'on ne distingue pas son regard, pascal ressemble bel et bien à un ange des villes. < je comprends rien de ce que tu dis. je m'en fous... de ce que te disent tes frères... c'est n'importe quoi. > iel aussi porte la main à son front ; la lumière a fini par l'éblouir. < tu dis vraiment n'importe quoi, pascal. on est absolument pas pareil ; pourquoi tu dis ça ? maintenant je sais que tu te moques pas de moi. toi t'es -- vraiment quelqu'un. tu le sais pas mais moi je le sais. MOI, je le sais. parce que si on te regarde pas comme il faut, c'est de TA faute à TOI. c'est TA responsabilité. > et c'est pour ça que je t'aimais bien. < pourquoi tu me dis ça si c'est vraiment pas pour te moquer ? d'un seul coup t'as décidé d'être gentil ? me dis pas ce que je dois faire. me dis pas ce que je veux. toi, qu'est-ce que tu veux vraiment, d'abord ? > pour la première fois de sa vie, owl a l'envie simple d'être méchante. < qu'on te regarde comme il faut, hein ? c'est naze. c'est complètement NAZE. > moi je t'aurais regardé comme tu voulais. tu sais que j'aurais fait semblant pour te faire plaisir. < t'es trop con. t'es vraiment trop trop con, pascal. > peut-être a-t-elle aussi la fièvre. < c'est ça, ouai. rentre chez toi. de toute façon, je m'en fous ! fais comme tu veux ! t'as plus besoin de moi. >