| — Ese cristalito roto Yo sentí como crujía Antes de caerse al suelo Ya sabía que se rompía
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crédit image : @kota_draw (twitter)
tu ne sais pas, toi,
- que les appétits de la Grande Nuit ne tarissent jamais vraiment, et que le silence des lunes qui la ponctuent - est plein de la vapeur des cadavres pourrissant à grands cris dans son ventre
mais tu sais sans doute que les ossements ont beaucoup à dire ; que les tombes sont bavardes ; que les dieux n'aiment guère se coucher au chevet de la pierre car ils craignent probablement les discours qu'elle tient, même s'ils s'assourdissent sous les caresses roides de la mousse.
Kian appréciait l'ignorance en demi-teinte qui les lie tous les deux, et l'idée simple de destruction qui fondait leur lien. Ils ne prévoyaient jamais leur brutalité en avance, car ils savaient sans doute qu'elle leur viendrait naturellement, le moment venu. Tous les deux, il s'étaient bien amusés à terroriser le monde ; mais tout avait une fin.
Elle lui avait donné rendez-vous dans un bouge sordide, croupissant dans une lumière verdâtre qu'il laissait échapper par tous les pores de son organisme véreux. L'alcool stagnait au fond des verres, et jetait sur la table des reflets pelliculaires que l'on aurait pu prendre de loin pour des tâches de gras.
Et Kian lui attrapait l'épaule, le bousculait doucement, lui chuchotant à l'oreille - des choses et d'autres, sans importance ; ces choses que l'on dit pour en finir, et qui sont terribles lorsqu'on les prononce en toute inconscience. Si elle l'aimait, cette graine des dieux, pourrie jusqu'à l'os, comme les autres, sans doute - c'est parce qu'iel n'avait jamais perçu chez lui les signes d'humanité habituelle, qu'il pratiquait surtout par jeu ; et pour Kian, tout était prétexte à rire - les violences de Caden, la mesure froide et obstinée dont il faisait preuve, la rigidité de ses principes.
— Et ouai ! Amanda m'a choisi, moi ! moi ! Pas Dow Lintang, Pas Dorian - moi ! et iel se permettait cette bravade, dont iel avait honte, car ils étaient en terrain neutre et glauque.
Je vais aller massacrer des monstres, et toi, pendant ce temps, tu vas continuer à punir les pauvres camés de l'Até. iel était saoul.e ; l'ivresse emportait son jugement dans son flot d'allégresse ridicule, et dans l'obscurité bleuâtre du cloaque, la chaleur à ses joues s'était ramassée en deux points d'obscurité violacé. —
Mais faut bien que quelqu'un reste pour leur faire payer à tous, hein ? en frappant sur la table, du plat de la main.
— Qui fait la loi ici au juste ? Qui ? Putain ! Je déteste ces enculés de demis ! Je les déteste plus que tout au monde ! et iel rejetta sa gorge en arrière, prise d'un gros rire qui découvrit ses clavicules.
— Même toi, je te déteste, Caden. Je rigole ! Toi c'est pas pareil. Parce que personne les déteste plus que toi. Alors, ça te rachète un peu. Et iel disait ça en s'affaissant contre lui, son verre à la main.
— Un jour, j'en suis sûr - tu vas finir par en tuer un. Un jour, c'est sûr ! Il ricanait. Kian était trop saoul pour comprendre que cette perspective l'effrayait.