le regard que tu portais à cette bâtisse était soit plein de dégoût, comme celui de ta Mère actuellement, soit vorace, hâte de dévorer une proie facile à avoir et à cacher. mais aujourd’hui il était presque triomphant, car aujourd’hui vous alliez vous débarrasser de toute la crasse de cet endroit pour en faire un hâvre.

tu avais cependant une apparence plus sévère aujourd’hui, comme pour t’assortir à Echidna. un tailleur et une chemise, les cheveux en arrière, fixés avec du gel, tout en noir, endeuillée du départ de Duke, Oliver et Ange — quelle perte, bon débarras. mais tu ne voulais pas penser à elleux, pas quand ta Mère était si proche, pas quand elle te parle. tu baisses ton regard comme embarrassée mais la légère rougeur de tes joues n’était que de joie de recevoir tant d’attention de ta Mère ! un grand sourire illumine ton visage - elle y voyait du potentiel, tu ne pouvais être plus ravie - oui, Mère ! et tu la guides dans ce taudis qui se veut maison close, dans les couloirs sombres et sales derrières les murs desquels on entends des cris de plaisir, de peur, de douleur - et tu sais à quel point tu pourras rendre les filles qui vendent leurs corps ici fidèles -. tu te retournes une ou deux fois vers ta Mère et remarque son dégoût, son amertume et tu te hais soudainement de travailler ici, de l’avoir amené ici — si tu avais eu le temps tu aurais nettoyé cet endroit toi-même mais tout c’était passé si vite.

une fois à la porte du bureau, tu ne prends même pas la peine de toquer. tu pousses la porte, déjà chez toi, laisse entrer Echidna avant de faire de même, te plaçant à ses côtés. tu écoutes ton employeur - c’est marrant tu ne te rappelles plus de son nom non plus - et ris ouvertement à son discours, ooh ~ mais tu n’es personne pour me dire quoi faire. tu sais très bien que depuis que je travaille pour toi, j’écarte mes cuisses pour qui je veux et où je veux. car si tu devais vivre simplement sur le salaire de cet avare, tu ne vivrais pas comme tu vis et n'aurais pas les fidèles patrons que tu avais. puis il parle à ta Mère, l’insulte, tu grognes, tu craches surveille ton langage ! tu faisais déjà un pas vers lui quand ta Mère te devance, se place derrière ton employeur confus et crac.
voilà qui en était fini de lui.

ces mots sont des ordres, tu ne toucheras pas à cet homme mais aux clients oui, parce que tu mérites. elle te loue, prononce ton nom, te dit sienne, te dit douce, alors comment ne pas courir presque s’agenouiller devant elle, les bras croisés sur ses genoux, ronronnant presque à ses caresses maternelles - des millénaires que tu attendais sa reconnaissance, son amour. tout pour toi Mère. trahisons, mensonges, montagnes de cadavre, ton corps, toutes tes vies même, tu lui donneras tout ce qu’elle désire. tu le sais bien, jamais je ne te quitterai. quand je t’ai juré fidélité, je t’ai donné tout mon être. pour toujours. le regard dans tes yeux était celui d’une fidèle trop zélé, qui voyant devant elle une divinité incontestable, indétrônable. et rien qu’avoir son regard sur toi, sa main sur toi, enflammait ta dévotion inébranlable. c’est ça, comparé à tes adelphes, il n’y avait que toi qui l’aimait vraiment, qui ne la trahira jamais.

il faut à cet endroit un nom à ta hauteur… un nom sanglant… subtil mais riant des dieux et de leurs rejetons. tu restes agenouillée, la tête sur tes bras, laissant ta Mère passer ses doigts dans tes cheveux, pensant, fixant le cadavre de ton ancien employé, l’expression encore pleine d’étonnement. une mort banale, sans éclats, comme il le méritait. puis tu relèves la tête vers Echidna quelque chose comme Hélène ? celle dont la beauté fit couler le sang de tant d’innocents L’Hélène ? La Grande Hélène ? La Belle Hélène ? tu proposes incertaine.

se donner tout entier à sa Mère, à celle qui vous a donné la vie n’était que le minimum à tes yeux, n’était même pas assez à tes yeux ! tu voudrais lui donner plus mais la chair, monstrueuse ou humaine, ne te limitait que trop. et même si Mère approuve, te complimente, pense que c’est assez, tu essayeras toujours de lui donner plus. alors ton regard s’illumine quand elle accepte ton idée — que souhaiter de plus que la reconnaissance d’une Mère ? de lui être utile ? alors pour la pièce, non pas particulièrement… mais je veux bien une pièce proche de ton bureau, la plus proche que tu permettes pour être toujours à tes côtés, disponible.

Echidna se lève et tu fais de même, tourne le regard vers la porte, contrariée qu’on ose interrompre ce moment familial, contente que Mère te demande de t’en débarrasser et affamée. de suite, Mère. tu te lèches déjà les lèvres du repas à venir, ses mots sont ta loi.

les ordres donnés, tu sors du bureau prenant garde à fermer la porte derrière toi afin de ne pas déranger Mère. au bout du couloir, tu vois trois hommes sortir des chambres, ricanant, et t’entendant approcher, ils se tournent vers toi. eh ! l’un d’eux t’interpelle vous avez pas quelqu’un avec plus d’endurance si tu vois c’que j’veux dire ma jolie ? tu avances sans broncher à ses mots changement de direction — on accepte plus les porcs de votre genre. ferme. ton interlocuteur n’auras pas le temps de répondre que tes griffes ouvrent sa jugulaire faisant gicler le sang sur ton visage et les murs. il tombe à terre et pendant que l’un de ses compagnons restait là, bras ballant, choqué, l’autre arrive pour te donner un coup de poign dans le visage. tu l’arrêtes en placant ta main sur son visage pour le projeter à terre, avant de tirer le troisième à terre aussi pour les paralyser tous les deux. les deux mains sur leurs visages tu les enflammés provoquant leurs cris, une musique pour tes oreilles de la viande crue pour l’entrée et de la viande grillée pour le plat principal ~ tu commentes en ricanant, brûlant les visages de deux autres hommes jusqu’à ce que leurs cris ne cessent pendant que le troisième ne se vidait de son sang. une fois ces trois gêneurs tués, tu te changes en Chimère pour pouvoir mieux les savourer, croquant dans leurs chairs, leurs cartilages à grandes bouchées voraces, délaissant leurs vêtements et leurs os en tas dans un coin du couloir — la chair humaine était nourrissante certes mais tu rêvais de crocher dans de la chair divine ! dire qu’à l’heure actuelle Duke et Oliver en étaient entourés !

ton repas terminé, tu reprends ton apparence humaine, le menton et les mains couverts de sang. avec cette apparence, bien sûr que tes collègues, cloitrées dans leurs pièces jusqu’à maintenant, allaient te suivre, livides, quand tu leur ordonne - les cris n’étaient pas rare dans cette maison-close donc on apprenait à plus y faire attention, mais qui aurait cru qu’ils étaient causés par Lady ? qui aurait cru un jour la voir couverte de sang ? qui aurait cru voir une pile d’os dans les couloirs ? plus rien ne faisait sens à leurs yeux -. fermant la marche tu les amènes au bureau de Mère je me suis débarrassée des gêneurs comme tu m’as demandé Mère mais je m’excuses j’ai salie un peu les murs et le sol… sincèrement désolée, tu n’avais pas l’habitude de manger tes proies proprement je t’ai amenée mes collègues, pour savoir ce que tu voulais faire d’elles… une avec les genoux tremblants s’était laissé tomber à terre et tu l’aides à se relever Amy, il n’y a pas de quoi avoir peur, ce n’est que la nouvelle directrice ~ sourire sanglant aux lèvres.

l’ancien patron était obsédé par l’argent donc il en a employé beaucoup. de jeunes filles en besoin d’argent pour diverses raisons, en besoin d’un toit sur la tête tout simplement. toutes les personnes qui faisaient ça par choix n’allaient pas dans des taudis pareils. sauf si c’était des monstres.

tu souffles un rire à la remarque de ta Mère. elle avait raison, les jeunes femmes devant elle montraient un pitoyable spectacle de la race humaine ! maigrichonnes, tremblantes, certaines le regard figé sur le sol, d’autres les larmes aux yeux. mais toi tu étais tout sourire, Mère te gracie encore de son touché maternelle, bien que tu rougis un peu, embarrassée d’être revenue avec une telle apparence.

tu restes ensuite silencieuse, écoutant Echidna. Ta volonté est un ordre. avec une légère révérence, pendant que les autres hochaient de la tête avec peur, la peur du faux pas, la peur de la mort. ça devrait les rendre assez dociles, surtout après avoir aperçu ton carnage. puis tu te redresses soudainement à l’offre d’Echidna. vraiment !? des paillettes illuminent tes yeux sombres, aux enfants on offre une poupée et aux monstres une humaine, au final c’était la même chose, juste adaptée à la taille. tu te tournes à nouveau vers tes collègues, marche devant elles, les inspectant une à une, relevant le visage de celles qui n’osaient pas lever les yeux, puis tu t’arrêtes devant l’une d’elle et te tournes vers ta Mère, celle-là Mère, je peux ? tu avais choisi une jeune femme qui avait l’air quelques années plus jeune que toi - en âge humain -, plus petite que toi, l’apparence méditerranéenne, et quelque chose dans son regard qui montrait qu’elle n’était pas aussi bête que les autres.
elle te rappellait une de tes anciennes apparences.