il n’a jamais connu les heures au museum et s’y trouver aujourd’hui lui fait presqu’étrange. comme s’il jouait à prétendre. plein cœur de l’atrium les badauds vont et viennent, baignant dans le jour gris qui perçait la grand baie - le ciel est couvert - et lui parmi ces gens se sent un voyageur très ignare des mœurs en pratique ici-même, où tout paraît ancien, et précieux, et splendide. à ses yeux novices la salle à l’air d’un hall, de gare, d’aéroport, pour peu qu’on y retire les statues et le temple ; c’en est un vrai de vrai, d’ailleurs, un temple usé d’Isis rapatrié d’Égypte sans oublier une pierre ; il l’a lu sur une plaque. aussi que les sculptures représentent des dieux dont il apprend tout juste l’apparence et le nom. Osiris et Sobek, Anubis et Sekhmet. il l’a lu, distraitement, et depuis se demande pour passer le temps long si ces dieux faisaient des enfants aux mortels, cinq-mille ans en amont, et si leurs enfants payaient le même prix que vous.

enfin. Lazare se demande ça tout bas, rien qu’en pensées, et peut-être qu’à ta venue il continuera. ce n’est pas pour cela qu’il t’a convié, Jasmin - ici-même - c’est là que mène sa position, qu’il t’attend désormais ; les chiffres à ton écran sont les suivants, tu vois : 40.78052, -73.96249 ; tu vas les suivre, non ? tu suivais à l’époque.

d’ici que tu te montres il finit par s’asseoir à sa place hypocrite au-dessus l’un des bancs - largissimes en marbre - qui plus est lâchement comme s’il était flâneur, c’est-à-dire, affalé se tenant l’haut du corps sur ses coudes. il y aurait du soleil qu’il semblerait bronzer, avec son œil mi-clos et ses joues offertes à la lumière cendre éclaboussant l’endroit. la rumeur des touristes fait comme un bruit de vagues ;
il distinguera tes pas au milieu des leurs, sois-en sûr - les tiens, ils sonneront familiers - par conséquent son regard se sera rouvert, au moment d’accueillir Jasmin, tu l’as suivi ! je sais, tu vas me dire qu’ici ne ressemble vraiment pas aux adresses où je traîne d’habitude. c’est normal. tu connaissais ? ici, pour sa part ici-même demeure une pure trouvaille, découverte ce jour pour te voir, c’était mieux. plus prudent mais attends - ne sautons pas d’étapes - d’abord il se redresse et demande tout haut, oui, tout en voix pourquoi pas : ils avaient des gamins ces dieux-là, tu crois ? des gamins à moitié sacrés comme toi et moi… une seconde il se tait pour admirer un buste - la sculpture en question a la tête d’un faucon - ... les pauvres. j’espère que non.

ça va que tu es ici fidèle à toi-même, plein de cette aisance jeune qu’il t’a toujours aimée - légère, rafraîchissante - ça va que tu es là et dès lors que tu moques à la fois les lieux et les idoles en eux. toutes les idoles. Lazare compris. en cela tu lui rappelles des temps insouciants où plaire aux inconnus demeurait son souci, le seul, où le pire de ses crimes restait par conséquent celui dont tu plaisantes - manquer d’un peu de science - il sourit, forcément, parce que j’aimerais bien. voire il adorerait être ici comme avant, rien que pour se parfaire son charme avec les hommes, et les femmes, et tous les entredeux qui payaient pour le voir. mais non, malheureusement.

à ton avis délié sur les dieux millénaires, idem, il s'illumine et cette fois manque de ricaner - plus un souffle amusé qu’un éclat véritable tandis qu’il jette un cil sur Horus à nouveau - pff, tu crois ? même celui-là, tu penses ? malgré qu’il ait la dégaine la moins baisable du monde… bref.

ça va quand bien même tu supposes l’inverse, et Lazare hausse les épaules plutôt que répondre avec des mots tangibles - il froisserait ton frivole, sinon, la douce effronterie s’ensuivant ta présence comme une brise rapportée du dehors par toi - un silence. il préfère. il le préfère encore mieux tant que tu le combles, soudain, à l’aide d’histoires souvenues. comme s’il n’entendait qu’elles il leur offre l’écho - nonchalant, sans regard - décidément ça doit être un truc de banquier. la pause marquée lui dure une seconde, quasi-deux. à trois il t’examine, tromper sa femme, je veux dire. enfin peut-être qu'ils raffolent tous d'égyptologie, aussi ? qui sait. j’en fréquente pas assez pour m'avancer là-dessus. sur ce Lazare se remet à mirer ailleurs.

il faut que tu l’excuses.

aujourd’hui lui fait drôle, presqu’étrange comme dit ; aujourd’hui ne ressemble à aucun jour d’avant surtout pas à ces jours aventurés ensemble, tu sais, lorsqu’il était admis de te sortir en ville pour y fêter le bonheur ou même le vide, pour célébrer que dalle puisqu’on avait le droit. entretemps tu te doutes qu’il s’est passé des choses, des choses tellement lourdes, oh, comment te les décrire sans plomber l’atmosphère ? à ceci précisément réfléchit-il fort sous son air dissipé, faussement dans la lune, ça va - que tu es là ! ce n’est donc pas trop un mensonge - on dirait pas, je sais, mais ça va je te jure. et ces choses il t’assure, passées elles ne sont rien. rien de grave. la preuve elles l’ont lassé à tel point qu’il soupire, il faut juste que je disparaisse un peu. j’ai déjà disparu, tu vois ? on me voit plus nulle part. juste, il faut que je le fasse plus proprement maintenant. à présent qu’on l’avait accidentellement vu. Leslie, par exemple, l’avait vu de la sorte. et toi - toi ça ne compte pas - il ne craint pas ton œil ni ton âme derrière, toi, il peut toiser dedans pour te la déchiffrer ... ne fais pas cette tête ! quand je dis disparaître souligné d’un rictus, c’est au sens figuré.

il est paradoxal si ce n’est aberrant que Lazare ne rougisse pas d’avoir évoqué - sans le faire tant exprès - l’éventualité glauque où tu l’aides et l’égorges. tu vois, ses joues sont isabelles comme si de rien n’était tandis que tu le crois envieux de son meurtre - un instant - et puis fais des leçons quant à l’odieux de l’acte. ce serait bien élevé voire escompté de lui qu’il ressente la honte ou batte au moins des cils, qu’il montre un minimum de remords aujourd’hui sachant qu’il y a des jours chiffrables avec les doigts, il priait à Leslie de salir les siens ;
seulement, son air est calme, que ce soit à tes mots ou ses mots après eux lorsqu’il te ment paisible non - j’ai tué personne. pas vraiment en tout cas.

au suivant le motus vous entoure un moment, au creux duquel tu regardes le monde bruyant alors que lui te regarde toi dans tes non-dits. il pense, tu prononçais crois-moi comme s’il pouvait, aveugle, te croire justement quand tu décris le pire. il pense sans l’énoncer que caches-tu, Jasmin ? en tes paumes fermées - une arme ? le sang d’un autre ? il pense, ah, moi aussi.

il ne fait que penser car il est tôt encore. trop pour la confession - à toi, plus tard, peut-être - d’autant que tu reviens dévisager Lazare et lui détesterait t’écœurer dès maintenant. il a besoin de toi, oui, tu devines assez juste - il a besoin d’un toit comme de tes yeux sur lui, d’un abri couronné d’un peu d’amour gentil - une adresse à laquelle se sentir chez soi, tu peux l’offrir, je sais. pour ça qu’il t’a mandé ; est-ce que cela te vexe ? à supposer l’offense il te rassure vite, c’est à ton choix, Jasmin. si tu préfères pas il suffit de me dire d’aller me faire foutre, tu sais, et j’insisterai pas. il s’en ira quelque part d’occulte pour l’heure, un hôtel où jamais il n’aura mis les pieds - Manhattan en possède cinq quatorze après tout - quand bien même le Danaé lui tient à son cœur, son cœur est si rongé qu’il s’en passera sage.

ah, mais tu ne l’arraches pas ? et même tu lui laisses - à condition qu’il l’éloigne légèrement des foules - d’accord. debout sans rechigner il t’emboîte le pas et sortant du grand hall, réclame, on suit l’expo’. viens. quitte à parler en marchant veut-il visiter les galeries voisines où les gens se font rares. attentif, il t’écoute, et à la fois promène son œil ça et là tout en acquiescant chacune des phrases entendues, tes conseils audibles ;
jusqu’à l’arrêt très net, le tien, et d’emblée le sien puisque tu l’y obliges - ton geste et ta réplique le prennent au dépourvu - Lazare s’étonne visible de ces ombrages neufs. te fixe un temps succinct. et puis, se feint d’un rire. t’es possessif comme ça ? comment je te découvre ! oh ce n’est pas moqueur s’il éparpille les souffles ! en témoigne sa main passée dessus ses lèvres, fissa, pour faner sa risette. ah… sois tranquille. et viens, viens balader - lui s’y remet - je l’approcherai pas ton Alastor, va. il s’est déjà livré, Lazare, plus gravement qu’en chair - il a soldé ses tripes, son atma tout entier - le reste est invendable. de ce fait innommable j’ai rien du genre pour lui, rien de comestible, mais s’il aime qu’on lui mette de l’argent sur sa table, ça par contre, c’est possible. au fond c’est ça, mon job - saigner vive la fortune de ceux qui s’en excitent - tout ira dans sa poche si je travaille sur place. mes clients claquent des thunes où je leur dis de le faire. il matait une toile mais cesse pour te sonder ; toi qui connais cet homme au point qu’il est à toi, dis-moi, ça l’intéressait ?

il s’est arrondi l’œil en te voyant pester - contre les gens du Danaé mais en fait contre tous ces gens qui dégradent l'amour avec leurs corps, avec leurs creux, avec la moindre parcelle d’eux sans aucun état-d’âme. il n’a rien dit d’abord, non pas car les mots lui manquaient à l’instant mais parce qu’il se savait mal placé pour te dire quoi que ce soit, tu vois, conscient d’être parfois de ces gens saboteurs.
après tout il était fréquent chez ce Lazare d’en devenir un pire, un casse-cœur en morceaux, pour le boulot seulement ses clients étant riches ils devaient y en avoir des richement aimés ; et quand même il les étripe de leur attention, en plus de leur argent, il leur épuise des heures qui serviraient à d’autres. peut-être que dans le lot y a-t-il des hommes ou des femmes, marié·es, qui font pleurer quelqu’un à chaque fois qu’ils sortent pour gâter ce Lazare et pas leur vrai·e chéri·e.

malgré tout tu ne dois pas t’inquiéter, Jasmin, je couche pas avec eux. ou avec elles. la clientèle que j’ai elle me paye pas pour ça - elle me paye à distance, oui, pour que je leur accorde de mon temps c’est le deal - et des fois je la vois, tu sais ? mes clients, mes clientes, il y en a des fois qui m’invitent à venir, à des jolies adresses pour leur faire une présence. et si l’endroit me plaît je me déplace. et ils payent. retiens surtout cela : des trésors de grandeur qu’ils payent à Lazare par pure dépravation, parce que c’est cela-même leur fantasme secret. en tout cas. s’ils me payent n’importe où, pourquoi pas à l’hôtel ? en reparlant du lieu il te redit d’ailleurs, et s’il y a des trucs ambigus au final, ce sera qu’avec eux. promis.

à la suite c’est sa première risette sincère - juste là, sur ses lèvres - lorsque toi tu soulèves qu’ils ne sont pas mauvais, ses plans, ni lui-même ; t’es gentil. c’est gentil de ta part de le trouver charmant, sûrement facile à vendre en plus d’être sagace - je le prends bien - merci. quant à si c’est ce qu’il veut lui l’ignore encore, hausse léger les épaules comme si l’on causait ciel - et demain de la pluie ou du soleil ? qu’importe.

tant qu’il a une adresse où rentrer il s’en moque, il croit. tant que tu l’y emmènes il peut y avoir des nuits un peu laides et honteuses, il s’en remettra vite - contre un salaire, tu dis - ton sourire il le rend, amusé tout pareil. mais ça t’a jamais tenté le bénévolat ? non ? évidemment que non. et te jurer sur ma tête de pas faire de charme à ton bel Alastor, c’est trop peu j’imagine… ce serment de toute façon il te l’offre gratis - comme les verres à l’époque où vous sortiez le soir - il réfléchit alors à ce qu’il a de cher, toujours ... en ce moment c’est galère. mais mettons que bientôt on repasse par chez moi - mon ancien chez moi je veux dire, l’appart’ sur la Vingtième - si l’on y passe dis-toi : tout dedans est à toi. ah, peut-être qu’il devrait préciser au cas où ! t'éclairer d'un regard, tout ce qui vaut quelque chose, j’entends. mes bouquins et mes photos tu t’en fous - je pense - mais les fringues si t’en veux. même les griffés coutures, je t’en prie, tu te sers. et le décor aussi tu peux l’épurer, à fond, décrocher les beaux cadres et virer les bibelots pour les revendre - vraiment - sers-toi donc. une poignée de secondes il te sonde, taiseux. se feint ensuite d’un air effronté mais affable ; est-ce qu’il te fait plaisir, Jasmin ? ou c’est encore trop peu ?

alors c’est une affaire ! officielle et signée en regards qui se savent, complices en bas de page : vos sourires griffonnés. malgré qu’il vienne en fait de te céder sa vie, d’une certaine manière - sa vie d’avant sa mort et ses biens de valeur - il s’en fiche et se dit ce n’est rien que des choses ! il pense en même temps qu’il te suit à l’air libre : je te cède au final des magots de défunt, la richesse d’un cadavre qui n’existe même plus puisque cette charogne-là putréfie dans un ventre, à mille lieues d’ici, ce Lazare en charpies qu’est-ce que ça peut lui faire ? si j’annonce deal. et puis s'esclaffe ;

dès lors sorti de là il s’euphorise presque à cette idée salace qu’on va piller la tombe - sa tombe - profaner un caveau affublé de son nom. ci-gît moi-même, Lazare, et sers-toi maintenant à pleines mains dans ma terre ! tu veux y aller direct ? on peut, oui - si tu veux. sans casque ni manière tant qu’à se montrer crasse, méprisant de la vie saine et sauve - précieuse - comme si la sienne ne coûtait que dalle, à peu près, il s’installe à l’arrière de ton Vespa - ravi - avec sa tête nue facile à fracasser. tu te souviens l’adresse ou je dois te guider ? n’hésite pas si besoin, il te jouera les anges reposant à l’épaule. son visage se place sur la tienne d’ailleurs, le menton s’appuyant au coin de ton squelette, et ses bras cernent tes côtes. démarre - ton ange léger démon parce qu’il lance à la suite - et roule vite si possible ! si possible il aimerait s’entendre le zéphyr, tu sais, sifflotant à ses tempes tandis qu’on file en ville. il aime déjà devoir hausser sa voix sans-gêne quand tu mets les moteurs et qu’ils ronronnent forts. mais au fait, chic, pourquoi ? enfin plutôt pour qui ? forcément qu’il devine mais il a faim d’aveux ! de tes aveux à toi qui te confies un faible, un vrai, pour ce bel Alastor à qui tu souhaiterais plaire, chiquement, et il pouffe ah, il est plus âgé ? plus que toi - c’est donc ça ? alors toi tu voudrais l’impressionner un peu… démarre et roule très vite dans ce cas-là, Jasmin ! parce que franchement, tu vois, j’ai tout ce qu’il te faut. toutes ces fringues de rêve bien pire qu’impressionnantes - mirifiques, stupéfiantes - une fois en face d’elles tu n’en reviendras pas ! surtout, tu vas être beau ! Jasmin - et même - bien pire que beau ! à la diable en moto là encore c’est un deal.

si la jolie jeunesse n’était que ça, Jasmin - puérile, imprudente - ce qu’elle serait gentille ! anodine et toujours, toujours inoffensive… seulement tu vois juste en celle-ci, dans ton dos : la jeunesse jolie de Lazare, par exemple, pas ton style tu dis et t’entendre le fait rire ah tant mieux ! très sincère mais surtout très rassuré - pour toi - il t’espère à l’instant ne jamais t’en éprendre des fleurs de son âge, passionnées ; pleines d’épines. tu vois Jasmin ces fleurs elles te prient aujourd’hui de rouler - si possible - à toute vitesse en ville. aujourd’hui elles font ça et demain, tu ne sais pas, demain peut-être qu’elles te supplient de griller les feux rouges et se fichent de frôler l’accident, tu vois - ces fleurs-là du moment qu’elles frissonnent des risques elles se moquent du péril - ces fleurs-là même dis-toi qu’elles se foutent qu’on les bouffe ! tout comme celles des orties elles pensent, presque, pourquoi pas ? si mes sucs aux viscères goûtent sucrés à quelqu’un, qu’on se serve en ce cas ! qu’on m’aspire la sève ! et ça va donc que toi tu n’en raffoles pas.

en ceci Lazare peut t’enlacer comme du lierre - puisque toi, tu ne crains rien - son étreinte de lianes à l’entour de ton corps. des lianes du diable mais des apprivoisées, promis ! à l’arrivée voilà qu’elles te laissent la vie sauve - à toi, quoi qu’il advienne - et dès lors lui-même les maintient loin de toi.

idem lorsque vous rentrez dans l’appartement - le sien - plus pour longtemps - il s’en va sans t’attendre évider une armoire d’un grand sac de voyage se portant à l’épaule. dedans il met les quelques photos qu’il possède, punaisées jusqu’à lors sur les murs au salon, aussi deux trois bricoles comme une pile de bouquins - certains de collection, d’autres complètement usés - et les fringues qui lui plaisent mais dont tu ne veux pas. à la salle de bain il te croise une minute en train de dépouiller son dressoir de parfum. il se marre. t’en montre un. celui-ci. laisse-le moi. qu’il t’intime en prenant le flacon premièrement - si rubis que du sang et titré Fils de Joie - ces derniers temps celui-ci c’est mon préféré… mais tiens ! prends celui-là, toi - bien nommé L’innommable - il sent le chaud d’épice et le frais des agrumes, il fait homme à la fois il fait femme ; il fait tout. par dessus-tout il sent fondamentalement bon, alors il t’ira grave. il sourit ; grave, du coup.

sur ce Lazare ressort de la pièce, sans plus - le reste il te le cède - t’abandonne pour finir d’empaqueter ses choses. quand tu réapparais il termine d’ailleurs de plumer un coffret débordant de bijoux, des bagues serties de pierres toutes semi-précieuses - la moitié délaissée au cas où tu la souhaites - il en lève les yeux. te découvre changé. baisable ou pas baisable ? il ricane - effronté - si je te dis baisable c’est un peu narcissique tu penses pas, Jasmin ? toi déguisé en moi ! oh mais il se l’assume sa saleté d’amour-propre, Lazare - autophile quelque part dans ces habits de charme - par conséquent il te toise sans honte, puis te juge baisable. terriblement. par tout le monde sur cette terre mis à part moi - bien sûr. ponctué d’un soupir, espiègle. il se redresse. t’en as mis du parfum que je t’ai dit de prendre ? fais-moi confiance : mets-en. en fait il vient t’en mettre sans t’accorder le choix, récupère L’innommable parmi ta razzia et se couvre le bout de ses doigts d’une brume pour ensuite t’en parer la gorge. comme d’un collier. un collier qui s’inspire - il te dit - là. respire. et même plus que l’inspire il te dit goûte-le. sérieux. tandis que tu le fais il le fait tout autant. te fixe cinq secondes. à six il s’illumine. tu sens ? bon, ainsi tu vois ! vu l’effluve à vos palais tel qu’il t’a décrit - du brûlon de safran coupé de bergamote - tu vois qu’il te va grave ! c’est plus terrible comment t’es baisable, maintenant - c’est gravissimement. l'adverbe démesuré sans te mentir, tu sais, en s'écartant il mande il y a des trucs encore que t'aimerais faucher ? regagne son bagage d'affaires pour le fermer. ou ça y est ? si tu t'es enfin lassé de jouer les pillards, on peut quitter l'adresse ; lui rendre son état de sépulcre ad vitam.