le tram était fini, construction dûment célébrée par celleux qui y ont participé, mais l’île était endeuillée,
les Grands ont pris le pouvoir essayant d’effacer les divers groupes, les injustices mais ils avaient démuni les ambassadeur.ice.s de leurs fonctions et le bruit courait que pas tous étaient favorable à ce changement.
pratiquement sans travail, tu passais plus de temps avec Hải, faisiez les devoirs ou la cuisine ensemble, regardiez un film ensemble mais le plus souvent tu l'emmenais avec toi aux forges - bourreau de travail il fallait t’occuper -.
et chaque fois que vous y alliez, tu espérais y revoir Mistral parti on ne sait où, sans nouvelles depuis, et bien que chacun.e savait ce qu’iel devait faire, on se tournait parfois vers toi pour quelques directives ou conseils.

mais aujourd’hui rien de tout ça, tu avais enfin trouvé un peu de calme. Hải était chez un ami jusqu’à ce soir - bien qu’une vague d’anxiété t’avais pris de l’avoir loin de toi après l’attaque de l’Hydre - et toi tu étais aux fourneaux préparant des petis plats sucrés et salés sous fond de podcast de true crime. certains petits plats étaient déjà sur la grande table de cuisine, d’autres étaient gardés au chaud dans le four et, regardant tout ça, tu remarques que tu en avais trop préparé, comme toujours.

mais la sonnerie à la porte te sort de ces pensées. tu éteins donc le podcast et enlève ton tablier, le délaissant sur le comptoir, pour aller ouvrir à ton invité. salut ! avec un léger sourire, avant de reculer dans l’entrée pour laisser passer Reyn bienvenu… laisse tes affaires où tu veux, fais comme chez toi. il était déjà venu ici plusieurs fois après tout donc pour toi c’était un peu comme chez lui aussi.

aujourd’hui était un jour de fête, exactement ! alors comment pourrais-tu voir dans le sourire de ton ami quelconque haine ? quand c’était un jour de fête, n'oubliait-on pas tout le reste du monde, en riant, buvant, profitant des autres ? oh… tu prends la bouteille en main, mais tu ne pouvais pas regarder ce qu’il t’avait donné vu que les compliments suivent de suite tu dis ça comme si j’étais lae seul.e sur le projet… et sans mes adelphes et collègues le projet n’aurait jamais vu le jour. surtout après l’attaque de l’Hydre. mais merci Reyn… avec un léger sourire. puis tu baisses les yeux sur l’étiquette de la bouteille, qui donnait l’air qu’il s’agissait d’un vin assez coûteux il fallait pas… et pourtant tu vas la déposer sur la table, laissant Reyn s'accommoder tranquillement, avant d’aller chercher un ouvre-bouteille - en le sortant du tiroir tu jures qu’il avait pris un peu de poussière… tu n’avais pas réalisé que tu ne buvais plus depuis longtemps, tu le nettoies donc avant de le poser près de la bouteille.

oh non non, il n’y a plus rien à faire..! enfin à part manger… un regard pour la table déjà remplie, puis pour le four rempli lui aussi, tenant au chaud certains plats j’en ai trop fait donc tu pourrais m’aider en mangeant… et emportant quelques trucs avec toi si jamais… voilà comment un invité t’aidait chez toi. installe toi, installe toi… en lui montrant les deux places marquées par des assiettes vides avant d’aller chercher un plat chaud dans le four. mais à sa remarque tu te retournes brusquement vers ton ami, mon nouveau- !? tu n’avais pas de suite compris d’où lui venait ce terme, tu étais parent d’un seul enfant après tout, mais au milieu de ta phrase tu comprends que ton nouveau “bébé” était le “tram” ! ah oui, non Hải est chez un ami pour la journée… une coïncidence… comme ça on peut parler tranquillement. sans chuchoter certains mots, user de métaphores ou de regards parce qu’à dire la vérité ce genre de chose n’est pas ton fort.

donc quand ton fils t’avait demandé ce qu’il s’était passé, tu avais eu de la peine à lui expliquer - expliquer une haine millénaire, une guerre millénaire c’était dur après tout ! -, à atténuer la vérité car les bruits courts et les enfants entendent tout. c’est pas simple d’être parent, encore plus par les temps qui courent. c’est pas simple d'accueillir son fils dans son lit car celui-ci fait des cauchemars - tu peux en deviner la nature - et de le bercer en lui disant “ne t’en fais pas, tout ira bien” quand on est pas certain de la véracité de ces propos.

tu reviens à ton four, en sortant une poêle, j’ai fait des banh xeo… c’est une crêpe farcie avec crevettes, oignons, germes de soja et champignons… tu peux la rajouter de la laitue, de la menthe ou de la coriander, puis y’a la sauce aussi… qui sont quelque part sur la table… tu expliques tout en déposant une crêpe dans le plat de Reyn, et une dans le tien, délaissant la poêle sur le comptoir avant de t’asseoir sinon y’a aussi de la salade, des nems frits… des rouleaux de printemps… des canapés avec diverses sauces… entre tant d’autres choses — bref, tu t’étais emporté.e.

tu ris légèrement à son commentaire bien sûr… puis tu sais que tu es toujours le bienvenu ici. profitez d’un canapé, d’une tasse de thé ou bien d’un peu de compagnie. tu lui avais dit après tout — “fais comme chez toi”. et bon appétit. tu prends un peu de menthe, un peu de sauce à mettre sur ton banh xeo, avant d’en prendre une bouchée, remarquant pour toi que tu n’avais pas perdu la main en cuisine vietnamienne.

un nouveau rire t’échappe, savoir que Reyn semblait apprécier aussi ne pouvait que te faire plaisir ! ne t’en fais pas vraiment, c’est toujours un plaisir pour moi de cuisinier… j’ai juste l’habitude d’en faire trop… cuisiner était une passion pour toi, étonnement pour ton ascendance, mais aussi un moyen de montrer ton amour - peut-être ton “trop” d’amour aussi -, peut-être parce que tu ne maîtrisais pas bien l’air des mots, sortant parfois de travers, alors qu’en cuisine tout était plus simple — retenir le plat préféré d’une personne c’est montrer qu’on s’en soucie, faire un bon plat c’est qu’on y a mis du temps, de l’amour et donc la personne en face comprends qu’elle est appréciée. content.e de savoir que ça te plait en tout cas.

et ce favoritisme intense qu’il t’accorde n’ai pas commun, durant ces longs mois on t’avait remercie, applaudit seulement parce que tu dirigeais ce projet, parce que tu aidais à sa réalisation, ayant pris l’entière responsabilité pour son succès ou son échec. alors être mit sur un piédestal comme ça… mais d’accord. tu joueras le jeu pour ton ami. d’accord d’accord Monsieur Power, j’accepte d’être votre chouchou pour la journée..! bien que l’ironie s’entendait dans ta voix, tu étais sincère, ça te faisait chaud au cœur de voir ton travail reconnu et apprécié. tu espérais que c’était le cas pour les autres habitants aussi. est ce que le tram, que j’ai construit donc, a eu l’honneur d’être gracié de votre présence ? tu demandes entre deux bouchées, être félicité c’est une chose mais, concrètement, il en pensait quoi de ce tram ?

ces rails, cette carcasse métallique, ces stations qui t’ont valus des heures de paperasse, de débats, de réflexions, de discussions sur chaque petit détails, toutes ces choses qui pendant des mois t’ont valus des nuits courtes - déjà que tu ne dormais pas bien de base - et des journées qui semblaient interminables. toutes ces choses qui sont tues une fois le projet terminé, qu’en pense-t-il ?