Le jour J était arrivé. Non pas que Caspian l’avait attendu avec impatience. Bien au contraire. Quitter la colonie, quelle drôle d’idée ! Il n’avait cependant pas d’autres choix. Le jeune Médicis ne se voyait pas enseigner quoi que ce soit à des adolescents débiles, incapables de différencier une marguerite d’une pâquerette. Alors il avait finit par libérer son bungalow, avec l’aide de quelques frères et soeurs pour débarrasser toutes ses plantes. Caspian avait longtemps réfléchi, retourné le problème dans tous les sens. Il lui fallait désormais vivre par ses propres moyens, et il ne se voyait pas dans une profession qui l’éloignerait de sa passion. Ainsi, il avait fini par prendre un petit logis dans le quartier Nomos, afin d’y vivre et d’y cultiver ses plants. Et les vendre, idéalement. Mais avant ça …

L’enfant de Perséphone gardait l’adresse inscrite sur un papier bien découpé. Déambulant dans Atè District, la tête tournoyant tantôt à gauche, tantôt à droite, en quête du bâtiment abritant un vieil ami. Premier échec de sa vie adulte : apparemment l’intéressé n’était pas là. A moins qu’il ne fasse semblant ? Caspian avait fini par comprendre que leur amitié semblait à sens unique, mais pour une fois qu’il appréciait un être vivant doté de parole, il n’allait pas abandonner si facilement. Cajeolant son dahlia noir, il réfléchit un instant. Si Dante avait été ici, il y aurait sûrement son maudit cabot. Et un chien, ça aboie quand on frappe à la porte, non ? Restait une seule piste : le labyrinthe.

C’est à ce moment que Caspian se souvint avoir entendu parler d’un incident dans le secteur de son comparse. Se traitant de tournesol flétrit, il rebroussa chemin, bien décidé à trouver sa cible. Et enfin, une victoire ! Le labyrinthe avait une sale tête comparée à d’habitude. Ou plutôt, ses ronces protectrices : où étaient donc passées ces charmantes tiges acérées ? Et les roses vives et dangereuses ? Sincèrement outré, Caspian s’emporta. A la façon Caspian. Pas bien menaçant donc.



Sourcils froncés, un poing sur la hanche, l’autre maintenant craintivement le dahlia contre sa poitrine, Caspian avait bien l’intention de demander des comptes. Et de réparer le problème, évidemment. Son emménagement allait devoir attendre …