fixe le vide, yeon, ne sait pas trop si l'endroit allait lui manquer.
présume qu'il devrait plutôt être heureux, d'être enfin réclamé. c'est ce qu'il avait souhaité, et il était trop tard pour regretter les larmes de la veille.
devait maintenant faire ses bagages — rapailler ses maigres effets personnels, direction cabine d'aphrodite.
trop propre et trop rangée, du peu qu'il avait aperçu jusque-là.
à des années-lumières du bazar -familier- qui règne ici.
vide la minuscule table de chevet, babioles diverses lancées au hasard dans son sac, s'attaque aux quelques rares vêtements qui ne se trouvaient pas dans son coffre.
le reste du ménage avait été effectué plus tôt en journée, ça l'arrange de ne pas avoir à s'occuper de la literie en plus.
une fois certain de n'avoir rien oublié, ce sont les possessions du nouvel arrivant qu'il dépose sur le lit.
décide, au final, que le léger pincement au coeur qui l'afflige depuis son réveil est très probablement dû à son départ.
que ça l'affectait plus qu'il ne l'aimerait.
mais il n'a pas le temps de plus se pencher sur ses états d'âmes déprimants, yeon, c'est qu'il faut reprendre le flambeau pour l'accueil du petit dernier.
placarde un sourire sur son visage, en réponse au sien, quand il s'approche.

hey.

t'es un fils d'hestia ? d'hermès ?
l'expression qui se fait morose l'espace d'une seconde, retrouve rapidement son air plus candide.

aphrodite. et c'est yeon.

ricanne doucement face aux étoiles qu'il peut littéralement observer dans ses yeux.

yep.

p accentué.
adieu vieux matelas, devenu confortable dans son inconfort.

ça va, pas trop dépaysé ?

c'est toujours un brin compliqué de se résoudre au fait que leur vie d'avant est terminée, que le camp est leur nouvelle réalité.
mais il ne comptait pas trop s'aventurer sur cette pente glissante trop longtemps, préfère retrouver un sentier plus sécuritaire.

c'est un peu bruyant par ici, mais on s'y habitue vite. et si t'as besoin de te lever la nuit, fait attention à cette planche, pointe une latte de bois, au sol, elle craque. fort.

il se lance dans des explications face à sa question.
sa mère, déesse -présume que c'est hestia, vu son commentaire précédent-, a tout expliqué à son père.
ça lui laisse un goût doux-amer en bouche, se contente de hocher la tête
je vois, je vois qu'il ne dit pas à voix haute.
détourne la conversation, yeon, mentionne cette fameuse planche qui lui a tant mené la vie dure à son arrivée.

la plupart dorment bien profond, tu ne devrais pas avoir trop de soucis, t'inquiètes.

fait quand même un effort pour le rassurer, ce serait bête de stresser pour du bois qui craque.
mais il sourit toujours, sasha, ne semble pas s'en formaliser.
et elle ne bouge pas, quand il lui demande, pour aphrodite.
ah si, ses lèvres se pincent au final — ce sont les siennes qui s'étirent.
prends à son tour place sur son ancien lit.

y'a pas de soucis, relaxe.

n'est pas vexé par sa question, de toute façon.
les nouveaux arrivants ont un passe-droit, puis lui, au moins, s'est montré poli en lui offrant la possibilité de ne pas répondre.

j'ai été réclamé hier, ça faisait trois ans que j'étais ici.

hausse les épaules, nonchalance feinte.
à l'intérieur, c'est une autre histoire.

ça va faire changement, le nouveau bungalow. c'est cool.

espère que ça le soit, surtout.
frotte ses mains l'une contre l'autre, yeon, légère pointe de nervosité.

pas que celui-ci est nul, hein ! ils sont sympas ici aussi. c'est juste-

c'est juste quoi ?
pas la même chose, quand on est pas revendiqué ?
trauma dump n'est pas sa plus brillante idée, le fait grimacer.

c'est pas important, oublie.

devrait être gêné, d'être réconforté par un garçon de trois ans son cadet — l'est définitivement.
et un brin soulagé.
se voyait mal en parler, yeon, s'en plaindre, considérant ceux qui ne sont toujours pas revendiqués.
ils attendent toujours, seraient probablement plus reconnaissants que lui.
puis, il le dit avec tant de conviction.
peut-être qu'il devrait y croire un peu.

ouais. la famille.

faible écho de ses mots.
c'est au moins une tentative, aussi peu convaincante soit-elle.
il pourrait protester de long en large, sur ce mot vide de sens, espérant pourtant, au fond de lui, que les choses seraient différentes avec ses nouveaux adelphes.
mais son sourire a le mérite d'être communicatif, en esquisse un de son côté, plus réservé, quand il se lance dans une tirade sur la classe d'aphrodite chez les spartes.
lui tire même un rire.
peut au moins résonner avec le côté guerrier, à défaut d'être calé en romance.
secoue légèrement la tête, en le voyant se dandiner — léger mouvement de la main pour lui indiquer silencieusement de se calmer.
relaxe

c'est gentil. je vais essayer de ne pas trop me morfondre aujourd'hui.

et peut-être demain, puis le jour d'après.
la grisaille finit toujours par revenir, il en a l'habitude, mais il pouvait bien faire un effort.
inspire, avant de se relever.
c'est brusque, contraste avec le moment plus doux.

faut célébrer ce soir, ce serait bête d'être déprimé.

il se retourne vers lui avec la même vigueur, main sur les hanches et un air déterminé éclairant ses traits.

et il y a tout un bungalow à visiter.

l'observe suivre le mouvement, sourire satisfait aux lèvres — tends la main pour récupérer son sac à dos au passage
son mouvement s'arrête l'espace d'un instant.
à sa question.
hausse les épaules, yeon, une sangle sur l'une d'elle.
n'a pas spécialement envie d'être fêté, se laisserait porter par la situation.

on verra bien.

c'est soufflé doucement, pas très fort, espère presque qu'il ne l'ait pas entendu, mais il en doute.
puis, ce n'est pas si grave.
retrouve vite son expression précédente, trouve reflet dans celle que sasha arbore désormais.
faut croire que la visite proposée lui fait plaisir, et elle l'amuse, cette candeur qui l'habite.
bouffée d'air frais chassant les pensées parasites.

yep !

qu'il acquiesce, avec le même enthousiasme.
ça ne prend qu'une dizaine de minutes, s'efforce de suivre le rythme de ses questions, ponctuant les quelques rares silences d'anecdotes concernant les autres occupants de la cabine.
s'achève avec son index porté à ses lèvres, agrémenté d'un clin d'oeil.
évidemment, tu gardes tout ça pour toi murmuré sur le ton de la confidence.
le brouhaha du camp se fait plus présent, maintenant qu'ils sont sur le pas de la porte du bungalow et son regard se perd vers le centre, où quelques silhouettes s'affairent autour du feu.
attention de nouveau capturée lorsque sa voix s'élève.
ses remerciements sont accueillis d'une grimace gênée, secoue la tête.

c'est rien, c'était la moindre des choses.

se voyait mal l'abandonner, à peine arrivé.
hausse un sourcil, en le voyant se redresser soudainement.
le second rejoint rapidement l'autre, face à son discours.
ne sait pas trop comment réagir, yeon, même quand il ne dit plus rien et que son bras retombe le long de son corps.
c'est terriblement honnête, probablement mû par l'envie de lui remonter le moral.
lui fait aussi chaud au coeur, que mal.
le silence s'étire quelques secondes, finit par baisser les yeux pour observer le sol.

c'est un type chouette, ton père. il a de bon conseils.

elle est immonde, cette jalousie qui pointe le bout de son nez, et il l'étouffe, l'écrase du mieux qu'il peut.
à son tour de ne plus savoir sur quel pied danser, intérieur de sa joue mordillé — s'en veut de ruiner le moment.
force une risette, plus timide que les précédentes.

promis, je vais essayer de faire ça.

et ça aussi, c'est honnête.

t'excuses pas.

c'est instantané, lui échappe avant même qu'il ne réalise avoir parlé à voix haute.
ce n'est pas sa faute, à sasha, si son père est loin d'être le paternel du siècle.
sa jalousie lui est propre, aurait fini par pointer le bout de son nez à la première occasion, maintenant ou plus tard, avec lui ou avec les autres.
son attention se dirige vers sa main, posée sur son bras.
et il se calme un peu, l'orage — ne disparait pas totalement, gronde seulement moins fort.
esquisse un faible sourire, reflète celui qui éclaire aussi son visage quand il s'éloigne.
lui rappelle qu'il peut toujours venir, si ça lui manque trop.
se contente de hocher la tête, yeon, répond à son fist bump, sans arriver à retenir le bref éclat de rire qui lui échappe.
trouve visiblement le moyen de le distraire de ses pensées les moins joyeuses en étant irrémédiablement lui-même, sasha.
c'était cool

ouais.

inspire, doigts serrés sur la sangle de son sac à dos.
jette un dernier regard à la cabine qui avait été sa maison pendant trois ans, tourne finalement la poignée, ouvre la porte.
s'arrête pourtant bien vite, à peine un pied hors du seuil.

hey, sasha ?

qu'il souffle, doucement.
cherche à capter son attention, malgré le bruit.

merci.

pour tout.
rictus plus large, serein, alors qu'il tape sa tempe de son index et son majeur en guise de salut, quitte finalement le bungalow d'hermès, direction celui d'aphrodite.
c'est qu'ils allaient se recroiser, plus d'une fois.
arpenterait éventuellement le même chemin.
mais pour l'instant, à plus tard suffit.