il brille, l'éclipse.
satellite presque invisible gravitant autour de lui -d'eux-, dans l'ombre qu'il projette.
ça l'agace, parfois, mais ariel, comme à chaque fois que le sentiment pointe le bout de son nez, tend la main et projette un peu de chaleur dans son recoin d'univers un peu trop froid, le fait oublier.
aujourd'hui n'est pas différent.
se laisse entraîner sans protester, yeon, abandonne sa réserve habituelle.
c'est que libellule s'en va bientôt.
et il n'aurait raté cette dernière petite soirée pour rien au monde.

tension qui l'habite — ignorait son existence, le quittant au rythme de leurs pas alors qu'il s'éloignent, en quête de sodas.
secoue doucement la tête.
évidemment qu'ils avaient oublié d'en récupérer, trop pressés et n'ayant pas envie de se faire attraper, beeline vers les champs.
ne reste plus qu'eux deux maintenant, fraisiers en témoins silencieux.
ça va faire bizarre sans toi
tourne la tête vers elle, yeon, mince sourire aux lèvres.
c'est doux-amer de la voir partir.
heureux pour elle, pour l'avenir et ses projets.
triste à l'idée de la perdre.

ouais... pour moi aussi.

soufflé comme un aveu.
s'est habitué à sa présence, à libellule.
aux secrets partagés, de ceux qu'il n'assume pas, s'efforce d'ignorer le fait que sa présence le rend malgré tout complice.
ses mots lui tirent un rire.
bref, un peu trop acéré, contraste avec ceux, plus discrets, qui lui avaient échappés jusqu'ici.
semblables ?
c'est eux qui sont partis ?
ou est-ce qu'il les a chassés ?
est-ce un mélange des deux, histoire qu'ils se comprennent plus encore ?

est-ce c'était vraiment tes amis, s'il leur en faut si peu pour te lâcher ?

ne les connait pas, jugement lancé avec nonchalance.
parce qu'il est toujours là, lui.
est resté, même quand ses mains précédemment tâchées par les fruits qui les entourent avaient fait bien pire que ruiner le t-shirt d'archer.
ce n'est pas ce dernier qui allait le faire filer.
l'observe lever les yeux vers les étoiles, l'imite après quelques secondes.

comment pourrais-je t'oublier ?

sincère.

puis, c'est plutôt moi qui devrait m'inquiéter. c'est grand, new-york. bien plus intéressant que le camp.

ses doigts se perdent dans l'herbe, empoigne -serre- quelques brins sans les arracher.

qu'est-ce que tu as prévu, là-bas ?

autant rêver l'espace d'un instant, s'imaginer une autre vie.