fire and blood ★
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au moins une fois par mois.
un peu comme les repas chez Miel.
avec les autres professeurs, vous sortez.
juste un verre ou deux, en fin d’après-midi.
jamais tard, tout le monde veut rentrer.
c’est juste histoire de décompresser.

on te fait toujours remarquer que t’es…
mystérieux ? que tu parles peu, Sasha.
pas beaucoup de toi, rarement de Yeon.
c’est juste qu’on peut pas tout dire.
alors tu te contentes de sourire.
haussement d’épaules et tu fuis.

▬ Bon… c’est ma tournée !

les mots magiques qui font tout oublier.
juste une dernière bière dans ce pub irlandais.
qui se trouve à la frontière avec Manhattan.
après tu files à Nausikaa retrouver ton amour.
tu lui envoie justement un message, Sasha.
le prévenant, et tu te lèves en direction du bar.

▬ Quatre pintes et un demi de blonde, s’il vous plaît.

risette polie au barman, tu attends accoudé.
tu te fais raisonnable pour le trajet retour.
porte monnais entre les doigts, tu vas payer.
sauf que tu manques de le faire en drachmes.
l’habitude et un d’entre eux t'échappe.
sauf que le cling au sol n’arrive jamais.

prunelles qui croisent celles d’un homme.
il l’a rattrapé et ça te laisse un peu pantois.
le barman répète le prix et tu dégaines les dollars.

▬ Pardon excusez moi. tes orbes qui roulent vers l’inconnu. Et euh… merci, c’est un porte-bonheur.

faux, archi faux, mais bon, tu voulais dire quoi ?
c’est là que s’installe une gêne palpable.
toi qui attends ta commande et ce mec, qui te fixe.

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le mec chelou te dis qu’y a pas de mal.
mais il ricane aussi et ça te fout un malaise.
quoi ? c’est un porte-bonheur, ça passe.
et là, il dit drachme et Grèce Antique.
ta barrière mentale qui s’active d’un coup.
la suite de sa phrase te détend un peu.

▬ Hahaha ouais, mon arrière-grand-père a des racines en Grèce. Héritage familial.

origines qui ne transparaissent pas.
regard qui suit la pièce, Sasha.
il te la rend d’un pichenette.
la rattrapant avec adresse.
pas comme quand elle est tombée…
il te dit de faire attention et tu souris.

▬ Merci, je serais plus prudent !

tu te détournes, Sasha, suivant le serveur.
retournant à la table avec tes collègues.
sauf qu’il te fixe, tu sens son regard sur toi.
un doute qui s’immisce dans ton esprit.
verres finis, tu restes assis un instant.
une main à ton épaule, orbes qui se lèvent.

▬ Tu ne rentres pas Sasha ?
▬ Si si, allez-y, j’vais aller pisser avant. Passez tous une bonne soirée !

tu te mets debout, attendant qu’ils sortent.
c’est presque trop détendu que tu marches.
te déplaçant jusqu’à lui, un coude sur le bar.

▬ On se serait pas déjà vu ?

Chaleur réconfortante dans ton cœur.
mais t’aimes jouer avec le feu, Sasha.
risette qui flotte sur tes lèvres, maligne.

▬ J’dis ça parce que vous m’avez pas lâcher du regard. Ou alors… j’suis votre genre, je sais pas ?

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son sourire te mets archi mal, Sasha.
cicatrices à ses lèvres, un mauvais Joker.
le pire c’est qu’il joue au clown…
toi tu tires la carte de la nonchalance.
musique sur pause faut croire.
ça laisse dans une ambiance macabre.

tu flirtes mal, Sasha, t’as jamais su.
et il entre dans le jeu, tapant des mains.
aucun mouvement, juste tes cils qui battent.
il dit que t’es totalement son genre.
ça t’arrache un rire qui sonne presque mauvais.
la barrière du vouvoiement est abattue.

timide, t’as plus que des doutes là.
et tu viens caler ta jambe sur le strapontin.
celui juste derrière toi, sur le repose pied.
point appuyée, ça rapproche ta dague cachée.
un peu plus à portée de ta main gauche.
risette amusée à tes traits, Sasha.

▬ Oh mais faut pas faire le timide, c’est pas comme si j’allais te manger.

ton regard planté dans le sien.
t’irais presque le défier.
jouant sur les mots, tango serré.

▬ Et c’est quoi ton p’tit nom beau gosse ?

tu veux savoir à qui tu as affaire.
lequel d’entre eux est en face de toi.
parce que tu sais jouer à l’idiot, Sasha.
mais t’as très bien saisi ce qu’il est.
monstre en chasse et tu es sa proie.
une rencontre presque divine.

▬ Moi c’est Sasha.

histoire qu’il sache le nom
de celui qui le renverra au Tartare.

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il pouffe hilare à ton jeu de mots.
sauf que toi, Sasha, tu ne ris pas.
à la limite tu lui offres un sourire.
crispé, débordant de sarcasme silencieux.
c’est là qu’il te demande si tu sais qu’en réalité,
on ne mange pas vraiment les gens.

▬ Ah bon ? jouant presque trop bien la fausse surprise. J’aurais pourtant juré que c’était ton snack préféré coquin.

clin d'œil faussement amusé.
tu le questionnes sur son nom.
finissant par lui donner le tien en premier.
il le répète comme un hystérique, trois fois.
juste avant de tendre sa main vers toi.
il dit s’appeler Duke et ça ne te suffit pas.

tu as hésité, Sasha, avant de saisir sa main.
pacification enclenchée par le contact.
bref et furtif malgré tout, tu étires ton aura.
juste pour l’englobler, vous êtes assez proches.
tu peux tenir, même avec ta barrière activée.
et il commande deux pintes, pour lui et toi.

▬ Merci Duke.

c’est là qu’il te dit de te détendre.
et tu ris, presque sincèrement, Sasha.
si tu as vu un monstre, ha ha ha.
vos boissons arrivent et tu bois une gorgée.
juste avant de replonger dans ses orbes.
bleus fous face à ton noir d’encre.

▬ En parlant de monstres… et si on discutait plus sérieusement, baby ?

un de tes sourcils qui se hausse.
ton sourire en coin devient plus carnassier.
toujours une main prête à saisir la dague.

▬ T’es lequel ?

tu cours après cette réponse, Sasha.
mais tu ne la veux pas, tu ne veux pas l’entendre.
tu ne le sais pas encore, mais tu t’en voudras.

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tu aurais voulu qu’il s’étouffe, vraiment.
qu’il crève lamentablement dans sa bière.
mais ça aurait été trop simple, trop beau.
son air enjoué surjoué te prends la tête.
visiblement il veut jouer aux devinettes.
l’invitant à y aller, souriant pour la forme.

risette carnassière qui s’étiole doucement.
c’est qu’il bouge, Duke devient plus imposant.
pas réellement, mais il y a ce truc dans l’air.
tu restes sur tes gardes, Sasha, feintant la détente.
et à sa première phrase tu sais déjà que ça craint.
un enfant d’Echidna... tu ne t’attendais pas à ça.

conscient que c’était un monstre en face de toi.
mais clairement pas un aussi gros poisson et–
j'ai neuf têtes mais tu ne peux en tuer qu'une.
tu te décomposes sur place, masque qui choie.
il te conseille de ne pas utiliser ta dague, Sasha.
paraît qu’il n’a pas envie de te trancher la main.

cils qui battent, le temps semble se dissoudre.
sous tes paupières tu la vois, ça faisait longtemps.
son sourire, ses cheveux fous et sa peau brune.
souvenir de sa voix plus fluette que celle de Vega.
quelques centimètres de moins et– tu déglutis.
poing qui se serre, ongles qui percent la peau.

c’est que tu constates avoir tellement oublié aussi.
son parfum, son rire, ses doigts entre les tiens.
la sensation de ses mains dans tes cheveux.
de vos peaux l’une contre l’autre… ses lèvres.
tout ça, ça a disparu et c’est lui qui te l’a pris.
l’enculé qui se tient à moins d’un mètre de toi.

tu sens le feu monter, bouillir dans tes veines.
crépiter au creux de tes paumes, Sasha, mais–
même Hercule n’a pas pu vaincre l’Hydre seul.
un soupir te quitte, sourire contrarié aux lèvres.
tes orbes qui se détournent de Duke pour ta pinte.
doigts aux ongles légèrement carmin qui tapotent.

mélodie contre le verre que tu finis par lever.
une grande gorgée, fixant un point invisible.
et bien sûr, tu penses à Yeon qui t’attends, Sasha.
au fait que tu n’as pas le droit de ne pas rentrer.
que tu n’as clairement pas le droit de crever.
un rire désabusé t'échappe, sourire crispé.

▬ Il y a dix ans, j’aurais ouvert ton bide de sac à merdes et je serais probablement mort. tu reprends une gorgée. Aujourd’hui, je ne te ferais pas ce plaisir.

prunelles qui le foudroient, risette disparue.
tu finis ta pinte, Sasha, juste avant de te lever.
ce n’est pas l’envie qui te manque de le crever.

▬ Tu devrais peut-être envisager de changer de petit nom, Duke, et de gueule aussi, parce que crois-moi que la prochaine fois et il y aura une prochaine fois, je renvoie le déchet que tu es au Tartare en direct. et tu tournes les talons, Sasha. Merci pour la bière crevure.

un regard par-dessus ton épaule, signe de la main.
t’es un peu dingue sur les bords quand même.
mais pas au point de lui tourner le dos totalement.

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il te demande si tu pars sans dire au revoir.
et tu ne lui réponds pas, Sasha, du moins…
merci pour la bière crevure.
l’audace aurait pu être ton défaut fatal.
l'effronterie aussi, l’insolence.
en tout cas, tu pars, c’est décidé.

est-ce que Duke a des problèmes ?
ça t’arrache un éclat de rire, mauvais.
bien sûr qu’il en a et toi aussi, Sasha.
vous êtes le souci de l’un et de l’autre.
tu le surveilles du coin de l'œil, prudent.
son AH te fait légèrement frissonner.

t’es à la porte du bar, Sasha, dans ta main.
mais Duke se lève, il est haut et fin.
une allure nonchalante de pur dingue.
tu ne te retournes toujours pas, pas totalement.
sur le qui-vive, prêts à bondir, mais il parle :
tu as le même parfum qu’elle.


tu vois rouge, lui faisant face très lentement.
elle avait ton odeur sur elle, normal.
c’est pour ça qu’il est là, parce que tu y es.
pas simplement un demi-dieu, mais celui-là.
celui qui sent le parfum d’une de ses vict–
tu ne vas pas réussir à le formuler, Sasha.

elle était si délicieuse.
tu penses que tu vas gerber.
lui faire recracher ses entrailles.
c’est pour ça que tu es en colère, mon ami ?
tu n’es pas son ami, Sasha, jamais jamais.
et si tu es en colère ? non c’est plus.

tu boue d’une haine qui te fait trembler.
qui te donne la fièvre du carnage.
le bout des doigts enflammés.
ça t'arrache des larmes de rage.
qui roulent roulent sur tes joues.
une envie de le dérouiller dans la boue.

et tu inspires, Sasha, souffle instable.
lèvre inférieure tremblante.
le corps en transe.
ô maman, donne moi de la patience.
si tu me donnes de la force, je le crève.
et tu mourras, aussi.

tu sens sa chaleur dans ton cœur.
et tu déglutit difficilement.
cils lourds d’humidité saline.
tu laisses une risette percer ta face.
rire au nez du monstre.
droit, même si tu as flanché.

▬ Tu ne m’auras pas comme ça… mais bien essayé, je salue la performance.

c’est d’un doigt, délicat et vif.
vous êtes proche, que tu met le feu.
frôle son veston et propage le brasier.
observe les flammes dévorer le tissu.
juste avant de te détourner, Sasha.
partir comme si de rien n’était.