Nate avait usé de charmes et de sourires dès qu'il avait appris la nouvelle; c'était le sang glacé et le coeur déchiqueté qu'il avait couru vers la clinique. il s'imposa premier visiteur dès son état assez stable pour être pollué par un corps extérieur. quand ses iris inquiètes se posèrent sur celui qui avait dérobé ses fièvres et ferveurs il sentit son coeur s'alléger puis s'alourdir (il restait immobile, finalement)
vint s'asseoir à son chevet et y creusa sa main dans la sienne; le rouge aux joues d'émotion et d'amour
Leon ? soupir lourd et expressif putain Leon ... qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?

@leon morban guttiérez

Il fait noir dans ma tête puis j'entends sa voix qui carillonne, sa main dans la mienne et voilà la lumière — mon cœur explose d'un soulagement bête d'amoureux —, je refoule une mélancolie méchante et tenace comme une aiguille qui me perfore en me chantant : il a cru que tu étais mort, Leon. ‹ ... C'était l'Hydre. › Comme si c'était l'orage, je l'annonce, les yeux dans le vide jusqu'à ce que Nate me prenne la main. Alors je le regarde tout entier : son être est un sémaphore, sa main mon rivage, je m'y accroche, pour ne pas couler en regardant autre part. Je refuse un peu bêtement de pleurer devant lui. Ravaler ma salive me fait lointainement mal, mais je le fais, je m'éclaire la gorge avant de continuer.
‹ Il m'a enfermé dans une illusion et m'a poignardé. › De ma main libre je désigne mon ventre pansé d'un vaste geste, histoire de dire, histoire de faire quelque chose et de casser une inertie douloureuse où la tristesse tend à pulluler salement. Je veux tout lui raconter, le plus sainement possible — rapidement, sans faire mal. ‹ Il a cassé le bras du frère de Bell... On a rien pu faire, c'était trop rapide— › Et j'observe ses rougeurs avec prudence, lui caresse la main du pouce. ‹ Je te jure que ça va. C'est Bellamy le plus grave. › Je suis désolé. C'est ça que mes gestes veulent dire, car je sais que je n'ai à m'excuser de rien — mais de la frayeur que Nate a pour moi je suis désolé.

il sentait ses veines bouillir tandis qu'il l'écoutait parler; Nate se sentait coupable d'un mal qui lui était étranger. pourtant, résonnait en lui une mélopée amère et jalouse : il interdisait dès lors à n'importe qui d'oser toucher Leon. la commissure de ses lèvres s'étirent un sourire désolé mais aux fond de ses yeux bouillonnaient une rage nouvelle; quelque chose qu'on ne connaissait pas publiquement chez Nate
il ferme les yeux et prolonge un moment la caresse, s'ose même à l'embrasser fugacement sur les lèvres et vint se coller à son oreille
on le récupèrera le regard brûlant je vais m'en charger, tu verras.
j'aurai sa tête

@leon morban guttiérez

Ce feu qui disparaît dans mon angle mort pour se poser sur mon épaule, c'est toute l'intimité qu'on ne raconte pas dans les histoires à l'eau-de-rose et c'est celle que je lui préfère. Je me repais de sa rage d'amoureux comme d'un fruit défendu, car il ne me revient qu'à moi désormais, et qu'il y a quelque chose de profiter de ce à quoi personne d'autre ne peut prétendre. Je suis avide de sa colère, tout voulant l'apaiser car ma raison, toujours, bat mon avidité. Mais les gens comme Nate ne se battent pas sans passion.
‹ Je sais. › Je le serre contre moi un instant, plonge ma main dans ses cheveux, l'autre dans son dos, nos cœurs sont superposés. ‹ Je te fais confiance. › Le sien bat trop fort jusqu'à entraîner le mien. Nous restons ainsi jusqu'à ce que la posture me lance et que je me détache. ‹ Vous allez avoir un conseil ? Qu'est-ce que tu comptes plaider ? ›

il se repaît de leur contact, un moment, comme ça, et prie pour sa convalescence. Nate avait le coeur brisé de se dire qu'il partirait à la guerre, en ayant Leon qui l'attendrait alité. Nate était un guerrier mais ne voulait plus se battre que pour et avec le détenteur de son palpitant
oui ... oui, probablement il lui accorde un sourire attendri il faut une offensive. l'Hydre a Bell en captif. je veux te venger et le récupérer
mais ne t'en fais pas, je ne ferai rien d'idiot; je te le promets

@leon morban guttiérez

C'est vrai, qu'il faut se battre. Lui imaginer un destin tragique m'écœure sincèrement, une vague me soulève les entrailles avant de repartir fatalement — il faut bien vivre et mourir deux fois. On se battrait ensemble, l'un à côté de l'autre, car son cœur a toutes ses chances. Si je suis blessé je peux au moins m'estimer heureux de ne pas avoir gâché une vie sur la grève, d'avoir les lèvres rouges, toujours, et l'amoureux pour me serrer dans ses bras et me panser en souriant. Je ne veux plus remuer la mort qui pullule partout ici, alors sur les risques qu'on découvre son mensonge, que du même coup il périsse, le trompe-la-mort, l'ambassadeur,
je me retiens. Je ne dis rien. Je lui attrape la main au bord du lit.
‹ Tiens-moi au courant si vous décidez de quelque chose. › Il me fait confiance après tout ; ‹ Les monstres- l'Hydre, il a blessé l'autre monstre qu'ils ont récupéré. C'était lui. Si ils sont aussi désunis, on peut peut-être en tirer quelque chose. ›

à chacun de ses mouvements Leon se crispe et la plaie dans l'encéphale amoureux de Nate se rouvre encore; il pourrait crever que de le voir alité. Nate aurait dû prendre peur de se savoir tant affecté par un autre que lui mais il n'en était rien. il se sentait en vie puisqu'il souffrait; humain parce qu'il aimait
oui, je te le dirai il se lève mais le coeur n'y est pas, Nate voudrait rester là pour l'éternité mais le blanc aseptisé de la pièce lui rappelle à chaque instant que Leon souffre repose toi bien. et promets moi que tu sortiras vite d'ici ! il fait mine de penser un instant
je te le promets : on ramènera la tête de l'Hydre ici. et toutes celles de ceux qui peuvent se mettre au travers de notre route

@leon morban guttiérez

On l'attend, là-bas — il faut trôner avant de tuer, pour le faire noblement. Je le sais bien. Je ne prétends pas le retenir.
‹ Fais attention. Je t'aime. › La raison avant la conséquence. Il tient en trop haute estime sa place et son amour pour ne pas être prudent, du moins j'espère, une pulsation sur deux c'est mon cœur qui bat pour lui, d'ailleurs je lui réponds immédiatement : ‹ Promis. › Naturellement je veux qu'il arrête de saigner ; mais je voue un petit culte à ces blessures communes et inévitables qui bousillent une chair tendre d'avoir été trop aimée. L'amour rend la douleur plus lucide car elle ne nous est plus complètement propre : elle scinde mais relie, c'est notre route oui, notre peine oui, j'aime Nate ainsi, dans la souffrance qui nous conditionne malgré nous. J'embrasse la chaleur de sa peau où bat le sang devant l'oreille puis sur la bouche, et ne voulant pas faire trop comme des adieux (car ce n'en sont pas !), c'est déjà bien trop triste, tout ça, je ne veux pas qu'on s'y englue, on est plus forts que ça, plus humains que ça : je lui souris chaudement moi aussi.
‹ À plus tard. › Et puisqu'il ne me reste que ça je sers précieusement mon cœur, pincé d'être seul à nouveau.