TW : mégenrage (troisième point), transphobie (dernier point)

Naissance Le trois juillet, avant midi, le soleil cramait l’aile maternité de l’hôpital new-yorkais. Leon est le fruit de l’adultère de sa mère mais jamais personne n’a questionné la paternité. Tous ont salué sa naissance, sa mère l'a cajolé les yeux dans le vide. Il a deux sœurs aînées qui ont craint sa venue comme celle de n’importe quel nouveau cadet.
4-7 ans Il est un enfant difficile mais discret. Les parties de foot avec les garçons dans la cour et les bleus qui en résultent modèlent sa minuscule existence. Sa famille est nombreuse, périphérique, étouffante, splendide enfin. Elle dissimule malgré elle les problèmes de Leon ; on essuie et pardonne ses échecs scolaire et sociaux avec indulgence et sans questionner la nature de sa hargne — terriblement juvénile. Il est encore jeune, oui, et on le choie comme tel. Sa mère spécialement lui voue un intérêt terrible. C’est cependant son père qui l’a sermonné, sèchement, d’une dureté renforcée par l’amour sincère qu’il lui portait, quand Leon a poussé une petite fille d’un toboggan et qu’elle s’y est cassé le nez. Ximena, mystifiée, n’avait rien dit.
9 ans Sa mère le couve de plus en plus, de pire en pire — elle voit dans ses défauts des qualités innommables bien que regrettables chez une petite fille. Elle ne lui révèle pas la nature de son affection nourrie par un mariage creux. C'est une nymphe, un soir où les deux se baladent à Central Park, qui le fera pour elle. On explique longuement à Leon, avec des mots qui dépassent sa conception très petite de la réalité, qu'il doit quitter cette dernière pour son bien. Il n'imagine pas, d'abord, qu'il y ait une vie pour lui hors de New-York ; il crie tour à tour sur sa mère et la nymphe — puis comprend à retardement que cette frustration qu'il ressent en ce moment-même ne pourra être étanchée qu'ailleurs. Guidé autant par les conseils doucereux des deux femmes et par le cri lancinant de son organisme, trop loin de son cœur, ainsi que par le regard des deux autres enfants derrière la nymphe qui sont à hauteur du sien — il consent à la suivre. Sa mère lui embrasse les cheveux des dizaines et des dizaines de fois.
Sur le chemin, leurs pas recroisent ceux d'un satyre, accompagné d'un petit garçon. La rencontre avec l'Hydre n'est pour lui plus qu'un souvenir reconstitué par les dires des autres ; quand Bellamy, Diane et lui ont eu le cœur d'en reparler. Ce qui compte, c'est l'onde, ensuite, de ce choc resserré dans le temps, qui a tout neutralisé et tout reconstruit. Ce premier contact avec le monde des demi-dieux marque chez lui un détachement volontaire pour se protéger ; il ne pouvait qu'oublier, et laisser ses nerfs trembler sans comprendre complètement pourquoi.
9-21 ans L'environnement du camp ne lui fait pas du bien. Leon continue d'être terrible avec les autres, pire ; il devient réellement méchant. Il intimide et frappe sèchement les plus faibles, ne moque pas vraiment mais insulte, des insultes franches d'enfants qui blessent autant que ses poings. Sa violence est majoritairement acceptée car naturelle chez ses adelphes. Leon excelle en sport, dort énormément, vit une vie de brute tranquille sans se poser trop de questions. Quelque part vers ses dix-neuf ans, il commence à lentement comprendre que cette définition par son ascendance le révulse et surtout le conditionne ; il se concentre sur la maîtrise de sa force physique, et fait progressivement table rase du passé, non sans regrets sincères. Ce revirement de comportement sera surtout cristallisé à sa sortie du camp où son rapport avec ses adelphes est modifié en conséquence. Parallèlement, il se coupe les cheveux un soir d'automne, qu'il avait depuis toujours très longs.
21-25 ans C'est à la sortie du camp qu'il transitionne socialement comme médicalement, et qu'il embrasse la carrière de gladiateur. Leon se plonge dans l'exercice et les entraînements avec une ferveur de bête. Il trouve quelque chose d'apaisant dans la ritualisation de la violence, qui l'aide à la fois à affronter ses traumatismes et ses pulsions qu'il apprend toujours à dompter. Dans cette même logique et un besoin inhérent d'appartenir à quelque chose, il rejoint beaucoup de ses frères chez les Spartes. Leur famille reconstituée est un point d'ancrage dans cette nouvelle vie d'adulte, qui l'exalte et lui fait voir de nouvelles perspectives. Il s'entraîne quotidiennement à leurs côtés, bien qu'avec une nouvelle hauteur.
25 ans Suite à une querelle concernant Cecil (toujours lui), il perd un duel avec Ellair qui le laisse très gravement blessé. Son séjour à l'hôpital est assez long pour lui sortir la tête du guidon des combats. Malgré sa frustration, il prend la décision de reprendre la tête de l'arène, quand il pourra — il y a chez lui une propension naturelle à diriger qui ne se satisfait plus de se plier à plus fort que soi. Son évolution lui paraît évidente. Il reprend les entraînements intensifs quelques semaines après sa sortie de clinique.
26 ans Leon se présente comme successeur au gérant d'arène actuel. Sa fiabilité, ses relations et sa présence constante sur les lieux jouent en sa faveur ; il sera retenu, sans trop de surprise. Dans la tradition sparte, le titre ne peut cependant lui revenir que s'il bat le teneur en duel ; fort du ressentiment de son ancienne défaite, il ressort victorieux.
Depuis Il organise les jeux, supervise les contrats de duel, échange quotidiennement avec ses ancien-nes camarades tout en accueillant les nouvelleaux. Il n'est retourné à New-York que deux fois pour revoir la ville et sa famille. Son père a cependant strictement refusé de le voir, ne le reconnaissant ni comme un homme, ni comme son fils. Sa mère et lui ne sont pas divorcé-es mais ne vivent plus ensemble ; elle, Leon ne l'a revu qu'une seule et courte fois, où, témoignant de ce que son enfant était devenu, elle lui avait soufflé avec une émotion dévastatrice : « Je savais que tu étais comme lui. » Son ton exalté, ses yeux vagues posés sur les siens, il se prit cette réflexion comme un obus au cœur. Il ne la revit plus jamais, et prend désormais de ses nouvelles via ses sœurs, avec distance. La famille s'est éclatée en son absence, bien loin du souvenir qu'il en avait ; cela laisse sur les mains de Leon une sensation de verre brisé lorsqu'il y pense. La réalité de Nausikaa lui est bien plus tangible, stable et rassurante que son infime existence en dehors — il se reclut ainsi dans les confins de la presqu'île, où il a les capacités de se rendre vraiment utile.