Naissance Née comme 49 autres des filles de Nérée, on l’appelait Ménippée, la déesse des hautes vagues. On s’était tant écrié à sa naissance qu’elle était belle comme le soleil qu’Aphrodite a posé un regard morne sur la jeune créature. De ses lèvres perlées, elle prononça cette malédiction “elle aimera trois fois et sera blessée quatre fois”.

Petites années Parmi ses soeurs, Menipée batifole. On la reconnait pour sa passion et son impétuosité, toujours la première à s’exclamer et à ravager la mer de ses caprices. On apprend à la contrôler et à la canaliser, mais elle n’en fait qu’à sa tête. Menipée se voit comme toute puissante et dans la suite de celui qu’on nomme comme son beau-frère, elle fait des ravages.

Maturité Seigneur Triton, son neveu, lui fait des avances. Elle en rit au début, choquée car elle se rappelle des noces de sa douce soeur Amphitrite lorsque Poséidon l’eut courtisé. Elle ne s’encombre pas de la fraternité et elle accepte, lui tend ses lèvres pour qu’il pose les siennes. Déjà, elle rit et se dit qu’elle deviendra une princesse des Océans. Mais les êtres de l’eau sont inconstants, moqueurs et faibles. Un jour, Triton lui promet de lui offrir des palais d’écume au fin fond des mers de corails et l’autre, il la regarde elle et ses manies, ses rires trop bruyants. Il ne l’épousera jamais, sa folie à lui fut de s’enticher sans profondeur d’une nymphe qui était aux dires de tous “trop”.

Fuite Le coeur blessé, Ménippée se jura de ne plus aimer. Elle courrut hors de l’eau, traçant dans son chemin des vagues monstres, avant de se refugier au fin fond de la forêt pour laisser crever ses hochets trop lourds. Elle aimait trop et toujours trop, alors de ses cris et de ses abjurations à ne jamais aimer, Ménippée attira l’oeil bien vif de Pan. Il s’assit à ses côtes et par ses rires, par son plaisir de vivre, par sa sagesse, elle essuya ses yeux. Elle fut aimée par lui avant qu’elle ne consentit à l’aimer, toute naïvement tenue dans les bras d’un homme habitué à tenir la chair des femmes.

Bonheur Acte 1 Elle fut parmi les Dryades et les Oréades car elle dansait parmi elles, dormait dans les rivières humbles des naiades et riait de ces choses de la vie dont Pan connaissait les mystères. Elle fut dite comme sienne et elle lui dit qu’il était sien, une union dont elle savait que la monogamie ne pourrait durer mais cela lui était égal. Elle l’aimait et il l’aimait, assez pour que rapidement leurs filles viennent danser avec eux dans ses rondes champêtres. Une fête éternelle dont Cyrène en garde un souvenir trop doux, falsifiée par sa volonté à croire le passé comme meilleur qu’il n’est. Elle oubliait la jalousie tordant ses tripes, les geignements de ses enfants, les largesses de Pan envers d’autres nymphes. On ne garde de son amour qu’un aspect heureux pour ne pas sombrer.

Retour à la Mer Parmi la cour de Poséidon, l’absence de Menippée fut pas des plus remarqués, on s’accoutumait vite au silence. Mais petit à petit, la clameur remplit les hautes salles. On vint à savoir qu’elle était désormais épouse de Pan et que de son sein était apparu des esprits et des dieux de la nature, c’était tout à fait honteux. Alors on vint la quêter, l’arracher à cette terre qui n’était pas la sienne. Elle eut beau objecter, refuser, on ne désobeit pas aux siens. C’est le coeur en peine qu’elle laissait les vagues lécher son corps. Elle se promit de ne plus jamais aimer, de tenir comme précieux le souvenir de ce bonheur conjugal.

Bonheur Acte 2 Elle ne retrouva ses habitudes de joie et ses rires trop puissants couvraient encore une fois les discussions. Mais trop fort pour être sincère, Menippée cachait désormais sa nature grave, ses doutes et ses peines sous cette malice égoiste. Ses vagues s’engouffraient dans les cales des bateaux, déchirant le bois pour laisser répandre le contenu à ses yeux curieux. Un jour, un homme tomba dans ses bras. Il était jeune, un homme ayant probablement contenu qu’une poignée de printemps. Et Eros frappa. Menipée l’aima. Stupidement, pleinement, férocement. Le déposant sur la rive d’une cité, elle lui promit de revenir. Et elle revint, une fois, deux fois, trois fois. Il vieillisait mais comment s’en rendre compte ? Pour elle, il était toujours l’homme de la mer, celui que les Parques lui avait offert. Dans sa dévotion et sa candeur profonde, elle pensait y lire de l’amour. Mais comment pouvait il dire qu’il ne l’aimait pas ? Elle était une déesse et lui un mortel, quand elle s’offrait à lui il se sentait béni.  Un fils demi dieu apparut, et elle pressait son éternel de père d’accepter son mari humain et son enfant semi divin parmi sa cour. Quand enfin elle eut l’accord de le ramener à elle, il était déjà parti dans l’Hadès et son fils était un de ces enfants perdus dans une guerre dont la démesure paraissait ridicule à Ménippée.

Malheur profond Brisé trois fois, le coeur n’existait plus. Alors elle se laissait errer, frappant de ses paumes le  plat de la mer, sauvant les marins victimes de sa propre colère. Un jour lassée sur les côtés bleutées de la mer d’Egée, elle laissait tomber ses longs cheveux roux. Le malheur n’avait pas alterée sa beauté et un Dieu s’y attarda. Elle le refusa. Il lui promit un voeu si elle s’offrait à lui. Elle le refusa. Il lui promit d’être heureuse si elle s’offrait à lui. Elle lui rit au nez “Le bonheur n’est pas pour moi, Apollon.” et de sa confiance envers les olympiens, il en abusa. Allongée le long de la crique, les yeux rivés vers les cieux et elle n’eut guère envie de les laisser ouvrir. Elle se sentait si sale, si hideuse, si usée qu’elle laissa passer qu’un cri. Sa voix était devenue tout autre et le Dieu lui sourit. Voici donc son cadeau.

Siècles de repos Elle ferma les yeux et pendants des siècles, elle ne les ouvrit plus. Laissant le sable faire de son corps une dune, laissant les années modeler le paysage autour de sa carcasse. Lassée, elle n’écoutait plus les suppliques de ses soeurs. Puis un jour, Dionysos vint. Il écouta ses complaintes et la réconforta tant et si bien qu’elle accepta de tremper ses lèvres dans le breuvage de son invention, le vin.

Dionysos Enivrée par le breuvage, elle se remit à danser. Dionysos était son sauveur! Alors elle répandit sa parole et ses enseignements, souhaitant au monde entier de trouver le repos dans sa frénésie et ses rires. Petit à petit, elle perdit ses écailles. Petit à petit, ses cheveux deviennèrent blancs. Qu’en avait-elle à faire ? Elle était désormais toute entière dévouée à Dionysos. Son nom fut changé, elle devient Cyrène. loin d’elle les malheurs de Menippée.  Elle n’aimait plus non désormais elle adorait. Dans la suite de Dionysos, elle se réecriait des plaintes à son encontre mais si son excès était aimé par Dionysos

Pourquoi s’en soucier

Errance On lui attribue des meurtres de ces demi-dieux bourreaux en amour, ou de ces mortels injurieux envers son dieu. On attribue à ses compagnes et à elle même la mort d’Orphée, cela l’indiffère. L’histoire sera toujours tournée vers les hommes, toujours tourné vers leurs peines. Désormais, elle serai l’excès incarné.

Nausikaa  Un jour, Nausikaa apparut. Décision étrange des dieux et elle fit part de sa volonté d’installer un commerce de son invention, copiée des mortels. Un lieu où les excès d’alcool serai à l’honneur de son Dionysos et où elle régnerait. Dionysos ne dit rien, secoua sa lourde tête et elle prit ça pour un assentiment. Désormais implantée à Nausikaa, elle jouit des plaisirs de son commerce et de cette folie qu’elle répand au nom du sacre de son existence.