L’aube étirait sa cape irisée sur la surface du ciel et dans les étincelles d’une nuit boudeuse à l’idée d’être ainsi effacé vaquait la fraîcheurs des premiers vents. Dans durant ces moments de clémence que tu t’étirais, roulant tes muscles engourdis sous ta peau tannée par le soleil d’un printemps bientôt lassé. Tu avais une certaine affection pour ces heures de paix creuses, là où les couches-tard frayaient leurs chemins vers les limbes et les lèves tôt s’étiraient au fond de leurs couettes épaisses. Le monde t’appartenait durant les premières heures du monde et tu mettais à profil cette conscience aigu d’un temps disparate.

Tu fis une queue de cheval sans trop penser à tes gestes, le regard rivé vers l’entrée de ce temple au corps. Il était aisé pour toi de te procurer l’autorisation de venir à l’arène plus tôt là où les regards des fantômes aligné sur les bancs des estrades contemplaient tes gestes. Ce n’était que face à la foule que tu déchainais les trésors de ta volonté et de ta puissance aud délà d’être une femme de loi, tu étais créature du regard.

Tes souffles courts ont été interrompus par ce bruit lointain, une silhouette étroite et longiligne dont tu connaissais les contours à force d’observation.D’une geste désinvolte, tu viens planter l’épée dans le sable meuble sous tes pieds.

Elle s’y figea droite, laissant l’ombre devenir créature concrète.
Voici donc celle qu’elle attendait, Rani celle dont l’obscurité fraîche était les premiers présages de l’arc-en-ciel de sa divine mère.
La morte et revenue, la collègue d’un temps révolu et désormais la subordonnée des années à venir. L’enfant dont l’insolence était dû à ses pairs quand l’adolescence a dû se faire dans l’esprit de la fille d’iris.

Tu la soupèsais de ton regard habitué, cherchant la blancheur cadavérique dans son teint et ses manières. Mais rien ne vint percer alors enfin, tu la saluais.

-Rani Varma, salutations.

Tu tendis ta main, la laissa s’écraser vague tempéteuse sur le rocher de son épaule, avant de laisser éclater ta voix :

-J’ai eu vent de ta demande de retourner dans nos rangs. Je n’affirme aucun refus ni ne refuse aucune approbation, cependant, je souhaiterai m’assurer que tu sois en pleine possession de tes capacités avant de te laisser retourner au front.

Sous jacent, l’accusation muette d’être désormais que mortelle et tu avais déjà trop perdu d’hommes et de femmes sous tes ordres.