THÈME – Des phalanges qui pleurent sous le poids des coups, des craquements dont l’écho résonne encore à l’unisson dans les limbes de son cœur mit en déroute. Un mauvais appui, une jambe qui grince et lui qui se retient de pousser un cri, qui l’avale comme se râle qu’il émet en donnant un coup de poing pour mettre K.O son adversaire de la journée. Encore un entraînement éreintant qui tourne au vinaigre, tout ça à cause de cette putain de jambe qui ne tournera plus jamais rond, qui fera constamment des siennes. La douleur est telle qu’elle lui évoque de nouveau les mêmes affres que ce passage à tabac des années auparavant, un souvenir gravé dans le marbre de sa conscience, mais surtout dans sa chair. Les journées ont beau passées, les réminiscences restent les mêmes ; les jours s’enchaînent et le poids sur son os demeure. Aujourd'hui ne ressemble à rien, aujourd'hui lui rappelle un peu hier, ressemble au lendemain ; c'est ce qu'on appelle fatalement le quotidien. Et c’est ce qu’il galère Viken, à ancré à son esprit ; que cette souffrance fera partie intégrante de sa vie ; profondément dans le déni.

Les regards posés sur lui brûle sa peau, affaisse un peu plus la lourdeur sur ses épaules, mais l’homme reste malgré lui droit dans ses bottes ; réduit à néant une fois ne l’empêche pas de se sentir malgré tout droit dans ses bottes. Ses yeux grisâtres entrent en collision avec ceux qu’il sait reconnaître comme accusateur ou moralisateur, mais la haine qui émane de ses iris coupent toute envie de continuer cet échange visuel. En imposer par le calme ; ils savent tous, ici présent, qu’il est une tempête qui ne demande qu’à tout retourner. Serviette pour éponger la sueur qui perle de son crâne, c’est en amorçant un pas qu’il se sent tanguer, chavirer, mais pas tomber. La jambe tremble, la douleur est telle que le sparte est contraint de se mordre la langue ; il connaît cette souffrance, il l’a connait par coeur, il saurait la vaincre, ne pas succomber à la solution de facilité. Plus facile à dire qu’à faire, l’envie d’échapper à cette affliction l’empêche de réfléchir calmement et c’est donc avec un geste rapide, qu’il attrape une bouteille d’eau et glisse habilement à l’abri des regards, des anti-douleurs.

Replonger de nouveau ? Non, il saurait, Viken, faire la part des choses ; il ne retomberait pas dans l’addiction, il arriverait à résister à l’appel… Mais voilà, il pensait que cela ne se verrait pas, avant de croiser ton regard un peu plus loin. C’est en détournant avec rapidité la tête, faisant mine de ne rien avoir vu, que l’homme se dérobe, qu’il attrape ses affaires et sort vite de cette tanière sous terre qui vous sert de repère. La douleur est là, mais son envie de ne pas subir encore un jugement, ou une joute verbale, le pousse à mettre toute son énergie restante en œuvre pour sa fuite. T’avais déjà fermé les yeux sur ça Seraph, tu l’avais accepté parmi les rangs et Viken était conscient, qu’il n’avait pas droit à l’écart. Il sent qu’il n’y échappera pas, que quoi qu’il fasse, tu le foutras aux pieds du mur. Ne pas voir d’échappatoire, sentir l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête et ne pas pouvoir l’esquiver même en connaissant la trajectoire. La clé s’enfonce dans la porte, avant de se rendre compte que ce n’est pas le bon trousseau ; qu’il a certainement oublié les clés de son appartement au domaine des spartes.

Le dos glisse le long de la porte, la jambe gauche meurtrie détendue à son maximum, les tremblements de son corps sont de moins en moins maîtrisés ; il reconnaît ses symptômes, mais refuse d’y céder. Une prise seulement et malgré le sevrage, il ressent déjà les affres du manque. Tout va bien. Qu’il se répète lentement, dans un murmure contrit par l’épine de son calvaire. La douleur est vive, mais rechuter lui infligerait bien plus que celle-ci présente. Des bruits de pas, lents, sonnant le glas sur la suite des événements. Viken n’allait pas y échapper ; il savait bien que t’allais finir par le trouver, pour l’achever. Chef, je suppose que tu me ramènes mes clés ? L'espoir qui fait vivre... Si seulement. Un sourire en coin, le regard vissé ailleurs, les sourcils froncés au maximum. Il ne veut pas de cette entrevue, il ne veut pas de cet affrontement avec toi ; mais il doit accepter la sentence, car oui Viken est au courant, il a merdé. Incapable de se relever, assis devant sa porte, il finit fatalement par te confronter de son regard, les mâchoires serrées ; dans l’attente du jugement dernier.

// bon, faut s'mettre dans le bain, j'suis partie en roue libre, hésite pas si un truc ne va pas !

THÈME – Sentir le poids d’un monde sur des épaules taillé dans du béton, la sueur rouler lentement sur la colonne du diable, l’échine tendue aussi férocement que sa mâchoire. Les paupières se ferment, un sourire s’étire, alors qu’un simple mot quitte la barrière de tes lippes. “Toi.” C’est simple, c’est efficace, mais ça a le don de le tendre au max, de sentir la veine de sa tempe tambouriner comme son cœur qui ne demande qu’à jaillir de sa cage thoracique. Être mis en haine, il était en train de le vivre, pour la énième fois de sa vie. Ce regard scrutateur, ce jugement hâtif, il en avait l’habitude Viken, c’étaient les aléas de son quotidien d’ex toxico en manque d’anti-douleurs. Si pour certains ce n’était pas condamnable, pour d’autres, c’était un autre son de cloche qui se présentait. Une question, qui lui fait rouvrir les yeux, ses iris gris perçants n’avait qu’une volonté, pouvoir transpercer par leur intensité ; dommage qu’il doive réfréner cette envie et juste la fantasmer quand ça te concerne. “Je peux savoir ce que tu fous ?” Il aimerait hausser les épaules ou jouer aux cons, mais rien ne lui vient réellement si ce n’est de la virulence ; ne pas aggraver son cas.

Il te sent le juger, le jauger de ta hauteur alors que lui est condamné pour l’instant à rester cloué au sol, sa jambe meurtrie par les entraînements à répétition et par son envie d’échapper à sa condition. Une nouvelle sentence, encore plus irrévocable. Se faire honte ou te faire honte ? À toi, le chef sparte qui lui a tendu la main ? La question reste collée à ses lèvres, mais Viken encore une fois, malgré son envie d’exploser, se force au calme. Tendu à l'extrême, c’est avec lenteur qu’il se saisit de la poignée de porte pour se relever, les veines saillantes de son biceps se contractant sous le poids de l’effort. Ce que je fous ? J’attends mes clés pour pouvoir rentrer. L’insolence va de pair avec son arrogance. C’est quelque chose à laquelle Viken ne peut échapper. Sourcils froncés, le sourire s’éteint et un soupir est lâché bien malgré lui. Et me foutre la honte, je crois que j’ai passé ce stade ; à moins que ça soit honteux d’être handicapé ; mais j’pense que j’ai dû rater le mémo. Il sait très bien à quoi tu fais référence, à quoi tu fais allusion. C’est normal. Viken, à ta place, réagirait sûrement comme toi.

Bras croisés, adossé à la porte en bois massif, usant de sa jambe valide pour pallier l’inconfort de celle détruite par la vie, n’attend pas pour surenchérir. Le seul truc qui m’empêche de rentrer, c’est l’absence de mes clés ; et si tu veux une certaine discussion, je préférerais qu’elle ait lieu à l’intérieur plutôt que sur le pas de la porte. Nouveau soupir, la mâchoire est enfin décontractés, la douleur commence à s’évanouir, mais les tremblements persistent. Une main tendue vers toi, un sourcil arqué, l’homme réitère. Du coup, Chef, est-ce que tu m’as ramené mon trousseau de clé égaré, ou j’dois envoyer un message à l’un des nôtres pour qu’il me les rapporte ? Rester calme, malgré cette envie étrange de vouloir te voir manger le sol, pour se soustraire à ce regard moralisateur et accusateur. T’as ce comportement Seraph, des gens qui l’exècrent, qui l’excèdent. Tu ne t’en rends peut-être pas compte, ou peut-être que t’en joue ; t’attends peut-être que ça finalement, qu’il lâche les chiens, qu’il faute ; pour le dégager franco.

Avec toi, Viken ne sait pas sur quels pieds danser, alors il attend ; non pas sans mal. Il n’a jamais fait preuve de patience ; il se découvre une qualité dans cet échange.

// on tente de se remettre dans le bain, c'est maybe pas fou, j'me rattraperais ; du love