La paix. marmonné entre ses lèvres. Morphée en porte étendard, il émerge à peine d’une énième sieste qui le laisse exsangue de toute volonté.  Sohel, malheureusement, ne connaît que le bruit et le fracas. C’est dans un élan de panique qu’il réalise les risques à venir, s’il n’allait pas ouvrir sa porte dans l’immédiat.

Quand le craquement retentit, c’est déjà trop tard.

La fatigue est vite chassée de son visage, remplacée par un énervement passif. Par Zeus, tu es vraiment obligé de tout détruire quand tu arrives chez moi ? Je sais que je gagne plus que toi mais quand  même...

Le silence qui revient à la question, l’expression se fait penaude. Il avait déjà oublié bien sûr, toujours à fuir ses responsabilités. Depuis son réveil, l’envie était aux abonnées absentes. S’entraîner …ouai… grave, de ouf je suis chaud. Une expiration tandis qu’il fronce les sourcils et baisse les épaules. Tu m’en veux si on décale ? Pas envie de faire grand chose en ce moment.

La patience est une qualité qu’il cultive avec un soin presque perfectionniste.

Pour résister à la colonie de fous qui lui servait d’ami, il en avait terriblement besoin.

Un instant il se voit le mettre dehors avant de retourner rejoindre son lit et s’y morfondre jusqu’à la journée suivante. Un instant, il voit chasser le soleil ; rappeler sur ses plaies la noirceur funèbre. Il expire finalement, conscient qu'il ne gagnera pas le combat. Autant ne pas se prendre deux dérouillés à la fois. Tu fais chier. Il murmure entre ses dents, et va chercher son sac de sport. Il prendra une épée d'entraînement là-bas.

C’est d’un pas morose qui l’accompagne Sohel. Il est dur de garder la tête droite. Dans son dos et tout autour de lui, il entend les murmures. L’échec lui colle à la peau, la Brume lui rappelant sans cesse qu’il n’a plus le droit de marcher ici.

Il réalise qu’en plus de lui avoir dicté sa vie, on lui a volé sa mort.
L’envie d’hurler n’en devient que pire.

Vas-y pas mollo. qu’il lui jette dans l’Arène. Ils ont réalisé leur échauffement en quelques échanges rapides. Un coup d'œil circulaire lui a permis de vérifier l’absence de Seraph. C’est vrai que tu t’es encore battu avec le chien de garde des Olympiens ? Il est presque goguenard alors qu’un moulinet du poignet lui permet de se réhabituer à l’amplitude de son arme. Dis moi que tu lui as fait mal, cette fiente de monstre m’a volé mon bouquin.

Il observe son épée d’entraînement, puis, d’un haussement d’épaule, revient le remettre dans le ratelier. Va pour les mains, ça me réveillera.

Avoir mal, c’était se sentir plus vivant - c’était percevoir le diapason des nerfs et les cris des muscles.
La douleur était un remède contre le vide infâme.

Un autre haussement d’épaule et il l’observe amusé avant de se mettre en place. Je lui ai spoilé la fin du livre, et garni sa fin de semaine d’une malchance maladive. Il m’a bien vite rendu le bouquin. Il y a la satisfaction qui ruine la beauté de son regard, ce goût de vengeance délicieux qui serpente dans ses veines.

Némésis offrait à ses enfants la meilleure des drogues.
Celle du sang coulant.

Mais si j’ai besoin de lui donner une leçon, où mieux, de le faire disparaître pour quelques jours, je n’hésiterai pas à te l’envoyer pour lui tendre un piège. Finalement, il sifflote un instant avant de se jeter sur lui, visant son genoux pour le déséquilibrer.

Sohel était le rayon de soleil brûlant et ennuyant de Nausikaa. Il venait t’aveugler par les chaudes après-midi pour mieux te forcer à bouger et à t’agiter. Pris dans le délice de l’action, les heures passaient jusqu’au soir sans qu’on les voit passer.

Aussi, le début du combat est pathétique pour Cassiopée, et le choc manque de le faire vomir.
Cela suffit à rallumer la flamme, et c’est sans merci qu’il vient viser une cheville pour le faire tomber, avant d’enchaîner avec un uppercut bien placé.

Merde. Tu avais raison. Tu es insupportable quand tu as raison.

Il saute plus loin pour esquiver les coups qui risquent d’arriver.

Merci de m’avoir fait sortir Sohel.

Le rire surgit alors qu’il sent la brûlure des chocs faire apparaître des bleus le long de son corps. Mais pitié ne crois pas que tu as tout le temps raison, sinon tu vas devenir encore pire.

Iel s’arrêta un instant. Comme ça au milieu de l’arène sans aucune raison. Le rire léger placardé à ses lèvres, Cassiopée s’était fixé.e sur Sohel avec l’insistance des amis : ces instants forts ou l’affection frappait de plein fouet. Alors, au lieu de la prochaine salve de coups qu’iel s'apprêtait à lui envoyer, iel se jetta sur lui.

L’embrassade se fit avec la force des combats de catchs. Elle exprimait toute l’intensité de l’émotion : un merci jeté à la figure de Sohel qui les envoya tous les deux au tapis. Comment tu fais, vas y dit la vérité, tu es le fils d’Apollon en fait. Tu rayonnes Sohel, j’en serais presque jaloux si cela ne me réconfortait pas. Tu me donnes envie de me battre, de vivre plus fort.

Iel paraîtrait presque angélique dans cet accent d’émotion, si une main sournoise ne venait pas le décoiffer violemment, avant qu’iel ne se relève pour échapper à la vengeance de son ami. Pour les gens comme toi, j’aurais envie d’affronter le monde.

Le rire qui s’esquive, vainqueur alors que les bleus commencent à noircir sa peau. Demain, Cassiopée verra son corps se couvrir d'hématomes et il les chérira avec le bonheur des souvenirs précieux. Proche de Sohail, il n’attend pas la fin de ses paroles pour l’attaquer à nouveau.

Les crochets qu’ils échangent rythme leurs pas, marquent leurs peaux et vident leurs cœurs. Tu respires le Arès c’est vrai. Qu’il articule difficilement en venant remettre son nez d’un craquement sec pour ne pas avoir du mal à respirer. Bordel de merde, ça fait mal. articulé tandis qu’il secoue la tête. Ouai grave Sohel, je te dis que je t’adore pour te déconcentrer, que tu tombes et que je gagne. Tu restes un génie à n’en pas douter.

Iel les aime ces Spartes aux cerveaux parfois absents.
Cela le changeait des ambassadeurs trop ambitieux.

J’arrive Sohel, toujours.