new york ne se ressemble plus
la neige n'arrive pas à dissimuler les fumées toxiques qu'elle nous laisse à nous autres, humain-es à peine, monstres déjà, déjà, déjà il est l'heure de rentrer et pourtant il est trop tard alors pour une seule nuit, pour une seule fois depuis longtemps
j'irai dormir seul-e
je trouverai quelqu'un-e demain, quand la porte se refermera derrière moi et que plus rien n'aura l'air normal quand je ne me noierai plus sous les ombres des gratte-ciels quand je me retrouverai face au choix que j'ai fait
certain-e oui, mais peu sûr-e de ce que j'allais y trouver
de ce que j'en attendais
et alors je mélange des souvenirs aux rues que je traverse, je demande mon chemin à d'autres et je me demande : que voient-ils ? j'ai la brume en capuche, elles ne me quittent pas sinon j'aurais trop froid, et alors ai-je l'air d'un ange ? ai-je deux bras d'homo sapiens, et des cheveux en fils d'or, et des yeux de diamants ?
bientôt s'affiche le nom d'un endroit que je ne connaissais pas encore, et quand je rentre rien n'est bien exceptionnel, peut-être même que c'est plutôt ringard avec toutes ces couleurs criardes ces appels à la gloire et ces paris qu'il ne faut pas prendre et je n'ai qu'un regard, un seul, pour ces gens qui souhaitent se perdre dans l'éventualité du succès (parce que je les comprends)
je suis au bon endroit
et pourtant, tout est vide par ici
je passe la porte et il n'y a plus que moi et lui
deux, ou peut-être même moins (et puis la brume)
les couleurs fatiguées des ampoules, d'un jaunâtre vieilli, me rappellent les planques mal éclairées que je viens de quitter et
toute la vie que je n'ai plus
qui ne m'échappe pas, non, c'est moi qui l'ai
ah
enterrée.
bonsoir masqué d'un brouillard que personne ne verra, elles se glissent dans l'oreille et me chuchotent des choses ah des mots doux qui font grimper le pouls
je suis encore loin
alors je me glisse jusqu'au bureau, au comptoir, à l'accueil
et oui -nous sommes bien plus que trois
et pourtant on ne voit que toi et moi
mes pupilles sont claires. elles regardent ce qui les sauvera pour un soir.
j'aimerais prendre une chambre pour cette nuit. je payerai de suite, en liquide. qu'importe le confort, le prix, la vue ; j'ai probablement eu bien mieux et bien pire
de toutes manières, je ne dormirai pas.
et je ne monterai pas avant que plus aucune âme n'erre dans ces couloirs -je n'ai ni bagage à ranger ni passe-temps à remplir ; il ne me reste rien d'autre qu'une existence, un paquet de chewing-gums presque fini, un portefeuille carré rempli de faux papiers, de cash et de préservatifs, comme si j'allais glisser incessamment sous peu de l'autre côté de la porte
vers les merveilles promises par des dieux-machines
il n'en sera rien, j'ai trouvé un autre trésor, là où personne ne sait regarder
il y a peu de gens ce soir ... est-ce toujours ainsi ?
et elles rient, la brume, elle me dit : tu l'aimera bien, celui-ci
ah, elles me connaissent plus que n'importe qui
mais en ai-je vraiment envie ? il est tard, et le soleil est parti ; moi je préfère la nuit : les gens sont plus honnêtes. moi aussi. mmh ... vous venez de l'île, n'est-ce pas ?
l'armure est toujours là, et mes traits flous paraissent charmants.

le regard est paresseux, ou alors intéressé
peut-être les deux
la conversation, elle, est ennuyante
oh
je m'en fiche
ça serait parfait
ça m'est égal
plus vide, donc plus de calme, j'imagine
qu'importe ! rien ne m'empêchera de rester éveillé-e de ne pas savoir me lâcher de lutter contre les fondamentaux de l'humanité
comme pour prouver que
je n'étais pas concerné-e
blâmons le côté déité.
et, pour ta curiosité, blâmons toi directement
moi je te regarde en riant, un sourire qui étire mon visage
ah, tu crois que tu peux demander ? que tu as le droit de savoir ?
si je répondais, je ne crois pas que tu y survivrais.
alors, sans rien dire sans rien faire, la question est ignorée dans un charmant éclat sur mon visage, celui-là même trop fatigué d'avoir trop longtemps été interdit d'émotivité, celui-là même qui a pleuré en voyant un bout de papier plié, incapable d'en lire plus que deux lignes
le cœur est lourd, les cernes aussi, et pourtant
et pourtant, oui, qu'est-ce que je fais ici ?
peut-être que je ne réponds pas parce que je ne le sais pas moi-même.
mais tu continues oh gamin tu oses sans une once de doute, sans un regard en arrière ; n'as-tu pas déjà eu les doigts coincés ? le danaé n'est pas connu pour sa tranquilité.
cette question-là elle fait lâcher le sourire, il ne reste qu'un air un peu triste
j'aurais aimé être meilleur-e acteur-ice mais le jour a été long et je ne peux pas dormir
si je dors, les rêves me feront regretter
si je pars, c'est pour réussir à m'en sortir
, pour essayer de guérir
est-ce utopique ? à nausikaa, j'aurais toujours le nom des fleurs que j'aurais dû mettre sur sa tombe
... ah, on dirait que ce n'est pas une demande pour la chambre. le feu sur les lèvres, le poison des fleurs juste sous la gorge, d'un couteau qu'il suffirait de repousser en un souffle expiré -un nom, à donner, mais encore trop nouveau, trop inhabituel, trop étrange. trop lourd, alors qu'à peine déballé, nouvellement plastifié sur une carte d'identité, même pas trop sûr-e qu'il sait exister. je pourrais mentir. ça serait plus facile. et pour justifier mon mensonge, je pourrais mentir encore :
ah, oui, ce n'est pas le même que sur mes papiers, je préfère celui-ci
mentir jusqu'à dire la vérité, jusqu'à ce que ce ne soit plus vraiment clair, jusqu'à ce que ça n'importe pas. solan.
un sourire alors que j'ai envie de
vomir
et vous ?

ça se voit : je n'ai pas assez réussi à faire comme si de rien n'était
je sais que le problème n'est pas le mensonge, non, les mots sortent comme il le faut, mais je crois que ce ne sont pas les bons, ça se voit dans ma manière de me tenir je suis trop
droite
les sons trop espacés
les phrases réfléchies, naturelles dans la diction mais pas dans l'assemblage ; je fais trop de plans dans ma tête c'est les listes elles continuent de se compléter et jamais je n'en vois la fin les puces s'ajoutent et je repense à tout ce que je ne dois pas oublier sauf que je crois que depuis le temps, l'humanité a changée
et moi, sirène qui revient à la surface, je ne sais qu'enchanter le temps qu'il me faut pour tuer.
alors -comment fait-on une conversation ? comment aligner les mots sur ses pensées, sans les laisser désarmée ? comment dit-on à un réceptionniste déjà charmé qu'on veut qu'il nous accompagne le reste de la nuit ?
c'est que ça s'entend, dans la manière dont il donne son prénom : c'est une offrande, et alors s'en suit la prière. elle est sauvage, primaire ; elle allume des flammes dans ses yeux, et des acouphènes dans mes oreilles, solan, solan, SOLAN ! les voix répètent, elles s'amusent de mon inconfort qu'elles sentent en même temps que moi, qu'elles identifient bien avant ; et cela devient un chœur
la messe en mon honneur a déjà commencée
c'était trop tard, ikal, c'était ta faute ; tu sera prêtre alors
tu me donnera le corps du christ
juste après le tien.
parce que c'est déjà fait, non ? les questions ne sont là que pour que je réponde oui, le manque de clé m'empêcherait de te quitter, et les yeux qui fixent la pomme d'adam qui remonte redescend les lèvres entrouvertes le dos droit les mains occupées là où je ne peux les voir -l'abandon est là
ou peut-être l'avidité (celle qui ne sait pas encore qui elle est)
je laisse le doute s'installer (j'aurais aimé voir la tristesse sur ton visage à l'idée que je m'en aille, quand la seule pensée logique serait d'imaginer que je prépare un refus joliment dit), et quand il commence à germer, je soupire
d'un souffle qui se veut un peu déçu, mais généreux, comme le font ceux qui savent mieux et qui acceptent de corriger les erreurs oh, ikal, allons ! non. c'était un refus total, un déni, une faute sifflée par l'arbitre ça, je le savais déjà. coup de menton vers la petite pancarte, celle qui disait j'ai vendu ma liberté pour quelques heures et quelques dollars et ah ! ce n'est pas si mal. mieux vaut le temps que son âme.
ce n'est pas juste, vous ne croyez pas ? je vous ai donné une partie de moi, et vous n’avez rien mis sur la table en échange. oui, je me suis arraché des lettres du fond du cœur, et tu m'offres quelque chose de si risible ? ton identité n'a pas d'intérêt. pourtant, j'en suis certaine, votre prénom est probablement la chose la moins intéressante à votre propos. oui, j'en étais sûre ; c'était dans son aura dans la silhouette dans les rires de la brume que se cachait les choses qui grouillaient
et c'était ça, ma proie
vous avez raison, je n'ai pas sommeil ! alors vous avez toute la soirée pour trouver quoi me dire. j'imagine qu'un peu d'alcool ne serait de refus ? allons au bar. je me retourne, regarde en l'air, le dos de mon grand imper essuiera les protestations comme une pluie de printemps
n'oubliez pas de mettre le petit panneau, celui qui dit que vous revenez plus tard. j'avance.

les pas sont faussement légers alors que chaque couloir me fait peur ah qui sait ce qu'on pourrait y trouver, oui vas devant, quelle bonne idée ; montre-moi, en première ligne, et si tu disparais je louerai le courage que même toi tu sais ne pas avoir, et je créerai une légende en ton nom pour qu'on oublie le mien pour qu'on me laisse tranquille pour que plus rien ne vienne jusqu'à moi ah c'est tout ce que je veux oui une vie banale un appartement miteux un lit dans lequel revenir des collègues à qui demander cinq fois dans la journée comment s'est passé leurs week-end et parfois sortir le soir dans des bars que je ne connais pas jusqu'à les connaître trop, et dans le brouhaha des verres je dirais que j'ai besoin d'espace mais une fois dehors je regarderais les étoiles et je rentrerais chez moi en abandonnant les autres, mon écharpe et mes espoirs, probablement, parce que le bruit c'est trop parce que comment fait-on pour supporter tant de vivant-es et ne pas sursauter aux rires des tables voisines et comment on fait pour rencontrer des gens quand on a trente ans et comment on fait pour recommencer une vie qu'on nous a enlevé et comment on fait pour se remettre d'aplomb pour nettoyer son ardoise pour repartir de rien en sachant ce que ça fait de tout avoir
je veux le calme des abandons mais pas leurs réalités.
oui, bien sûr ! elles seront toujours là mais c'est pas
pareil (QUOI !!), moi j'ai besoin de bras qui m'enserrent comme amadeo avait l'habitude de le faire avant que je ne le laisse à la vie que j'ai parasité bien trop longtemps et j'ai peur j'ai le cœur lourd je suis terriblement seul-e et je sais
que c'est ma faute.
si j'étais mort-e, je ne me demanderais pas si on se souvient de moi
tu sais ikal, je me suis demandé
au fond, ce n'est qu'une autre destination
nausikaa ou là-bas, quelle différence ? personne ne m'attend nulle part
dans le sous-sol, on lavera mes mémoires et même si je la recroise je ne saurais plus son prénom ; au-dessus de l'eau, il ne reste que les restes d'histoires abandonnées et les cordes dansent au vent en attendant que je les pende
qu'est-ce que je désire ?
ah ! si j'avais été un lâche, j'aurais dit : ne pas être moi
oui, si j'avais été un lâche, j'aurais menti le menton haut et je t'aurais demandé de me transformer encore une fois parce que tu sais c'est récent je suis impatient-e de m'envoler mais je ne vois pas mes ailes, pourtant
je suis sorti-e de mon cocon
ah ! serait-ce la conséquence de mes actions ?
j'ai détruit les murs de ma maison
et avec elle je crains d'avoir déchiré ma raison.
ailleurs, nulle part, voilà ce que je veux
la paix, je crois (et je dis cela parce que je suis un-e menteur-euse)
... mais vous ne pouvez me laisser seul-e.
pour boire
évidemment
et puis qui sait pour quoi d'autre
moi je me contente de me reconcentrer de ne pas bouger la tête de garder ce port altier celui qui te fait croire que je ne regarde que toi alors qu'à chaque tournant les yeux s'affolent s'angoissent roulent oh hystérie
ce n'est qu'un hôtel-casino un peu trop sûr de lui, dans le doré de son extravagance, et moi je crois que je le ridiculise avec ces traits simples qui valent bien mieux que lui
ne suis-je pas plus joli-e ? ah, voilà quelque chose que tu peux me donner, ikal
hé bien, pour commencer, une boisson
le sourire qui s'affiche est charmant ah oui ça vraiment, je sais les faire parfaitement merci les durs entraînements ; le sac tombe et il sonne lourd sur la moquette précieuse du bar aux lumières trop tamisées, l'ambiance fauve ne nous fait pas honneur : je suis plus serpent que félin
mais ! qu'importe
les deux préparent des pièges
et pour continuer, dîtes-moi un secret.
et si j'étais menteur-euse je dirais : pour m'amuser
pourtant je sais qu'en vérité, c'est pour me sentir valorisé-e.
sur vous, évidemment
j'enlève ma veste
mon pull est bleu
de la couleur de mes yeux

nous sommes face à face et dans cette configuration, dans cette manière de faire, dans ce semblant de vis-à-vis, il n'y a pourtant aucune égalité
est-ce que ça ne nous résume pas parfaitement ? nous, maintenant
toi, assuré d'avoir quelque chose entre les doigts (ma carte mon attention ma nuit déjà)
moi, certain-e d'avoir le choix (de partir de te demander tout ce que je veux de me taire aussi)
vois-tu la différence ? tu n'as que des noms, quand j'ai des verbes
et dans ta stase, dans ton admiration, tu ne sera que témoin de la magie de ce cirque-là
(c'est ce que je me dis, ça me rassure
c'est qu'il ne me reste plus rien à part ces contrôles-là, éphémères, d'une faiblesse pathétique
j'ai peur de nausikaa et à travers toi je la domine déjà
je ne sais pas que tu ne la considères plus comme maison hélas
(je cherche ce sentiment que je ne trouverai plus en toi et alors finalement, lae condamné-e c'est moi))
les yeux sont bleus, oui
ils regardent tout, détaillent tes mains non abîmées (enfin, pas plus que les autres), la peau un peu plus chaude que la mienne, le badge qui a vu des meilleurs jours ; depuis combien de temps es-tu ici ? une éternité ? un toujours rempli de banalités ?
je n'y crois pas parce que tu baisses le regard et seul-es les coupables font cela
j'écoute et ta voix me détend elle a en elle des vérités qui bercent non pas parce qu'elles sont douces mais parce qu'elles sont d'habitude solitaires
et c'est étrange (ça me démange un peu) parce que je revois dans ma mémoire les échos de ce que tu dis (je ne me suis pas reconnu-e quand j'ai changé de bras de cheveux de vêtements de nom d'identité de vie ; je suis officiellement mort-e ça y est on en a parlé dans le journal et aaron alors n'a plus lieu d'être ; pourtant je ne le suis pas mais avec tant de sang sur les mains, cela appelle au massacre, n'est-ce pas ?)
dans cette berceuse inhabituelle, il y a un calme qui ne me fait pas peur. je crois que c'est parce que les presque-mort-es sont ainsi : trop habitué-es pour être effrayé-es de la certitude, d'une chose qui ne paraît pas si mal au final. c'est pour bientôt, je pense, et alors je me dis : si tu me demandes, je le ferai.
je le ferai par pitié par filiation étrange par osmose d'un sentiment qu'on n'explique pas vraiment par compréhension au-delà des trois petites phrases que tu m'as confiées ah
tu m'as touché-e de la pire des manières : comme un reflet
et alors peut-être que cellui que tu vois dans les glaces, c'est moi.
mais non -non ! tu brises tout quand tu avoues : ta souffrance, si elle est bien humaine, ne vient pas de nous
elle est divine
et alors, soudainement, je n'ai plus envie de t'aimer comme l'un des nôtres.
ah, cela viendra, d'autant nous en sommes au moins certain-es je ne dirai rien sur le bientôt parce que si tu le voulais ça pourrait être maintenant ah, vraiment ! mais cela serait rude et puis j'ai encore la nuit à passer et des questions à te poser parce que--- maudit comment ! maudit pourquoi !
et thanatos ! comment était-il, te parle-t-il encore, l'entends-tu dans tes rêves, en cauchemardes-tu, a-t-il laissé une trace en toi sens-tu sur ta peau ses doigts parfois regarde-t-il souvent ta nuque lorsqu'elle est à découverte pourquoi penses-tu que c'est bientôt la fin cela semble être une histoire intéressante.
et ça veut dire : dis-moi dis-moi dis-moi dis-moi dis-moi et la brume reprend ce refrain encore et encore et encore et à chaque mot de plus j'ai envie de demander mais pas besoin, non, tu me dira de toi-même ? et sinon
j'enverrai la fumée tout autour de toi
et tu parlera comme si tu avais vu la mort.
ah ! enfin ! la boisson est couleur pêche, pas couleur sang
pourtant ta question me donne envie d'y ajouter du sirop
moi ? non tu n'es pas sensé demander ikal, toi tu as des noms des choses des faits pas des questions pas des actions c'est simple pourtant alors comment oses-tu qui crois-tu être pourquoi tu ..!
mh.
très bien.
mais seulement parce que je le veux moi
et que la journée a été longue
et que c'est un marché que je juge raisonnable
je lève mon verre et mes yeux
ils ne t'ont pas quitté, pourtant, mais il y a quelque chose de nouveau, quelque chose qui dit : je savais déjà tout ce que tu m'as confié (c'est la brume elle m'a dit il n'est pas clair ce garçon et je t'ai apprécié de suite mais que faire maintenant ? je t'aimerai plus quand tu te sera mis à nu)
très bien
mon secret c'est qu'il ne faut jamais rien croire de ce que je dis.
en voilà un. le bras se dévoile il n'a plus rien de normal c'est du métal quelques vis trop serrées la main étrange tant elle se meut comme une vraie ; on imagine le reste sous le pull et en soupirant je tire soudainement sur le poignet
le reste suit et bientôt déjà
juste devant nous
un bras
(métallique mécanique non-humain mais pourtant c'est bien le mien)
ah -cela fait du bien
et alors, ikal, comment pensez-vous mourir ?
moi j'ai cru que ce serait à ce moment-là (quand j'ai donné ma vie)

le fantôme de bras tremblote sous le tissu vide désormais, reste inerte quand l'autre se lève en célébration et apporte à ma bouche du sucre qui n'est pas de l'ambroisie
ne voudrais-tu pas m'apporter ça plutôt ? une côte de dieu, et avec elle des prières et des barrières, de quoi me protéger jusqu'à la fin de l'humanité, mh ?
non, non, bien sûr ; parce que la fin vient après la faim, tu l'as dis toi même, ça viendra et peut-être même que ça voudra rien dire, qu'on a été là pour ne rien laisser et alors à quoi bon ? je me le demande souvent tu sais c'est ce sentiment étrange pas d'être inutile mais d'avoir tout rendu pire
si j'étais un-e lâche j'aurais pu déjà partir
non, non, pardon, c'est un mensonge
j'y ai pensé beaucoup et je ne dois le rythme étrange de ma respiration qu'à une sorte de force que je n'arrive pas à décrire
que je ne pensais pas avoir
qui était là quand plus rien d'autre ne me donnait de choix
ah ! j'ai tout rendu pire déjà alors pourquoi arrêter maintenant ? si c'est tout ce à quoi je suis bon
non, non, arrête
solan
ta vie va reprendre
et dans les réveils à 7:30 tu trouvera dans ton manque d'intérêt un salut étrange
j'en doute, ikal, mais ah ! être inintéressant, ce n'est pas la sentence qu'on croit souvent. cela veut dire la tranquillité. la liberté, en somme, de tous les jours. parce que moi maintenant que j'ai entre mes doigts le liquide poisseux de ceux qui ont fait le mal, je ne peux que passer ma vie à le savoir là (il dégouline le long de mon corps, remonte parfois, me cache les yeux, rentre en forçant entre mes lèvres dans mes narines par mes oreilles)
non, non, solan ! ce n'était pas mal
c'était nécessaire
nécessaire, oui
soudain et violent, oui
mes yeux se relèvent
et la brume me dit : luna ? mais derrière tes yeux il n'y a rien, rien comme elle alors je retourne sur mon verre, déçu-e qu'elle ne t'hante pas qu'elle ne soit pas de retour à travers toi qu'elle ne te fasse pas souffrir -parce qu'elle le mériterait, tu sais ? de se défouler ainsi
et tu serais un bon candidat.
j'acquiesce ; je n'ai rien à dire, la réponse est quelque peu inintéressante et peut-être finalement avais-tu raison, et qu'il n'y a rien à décortiquer chez toi
tout ce que tu as c'est ce qu'on t'a donné
et toi tu oses dire malédiction !
peut-être juste ne sais-tu pas déballer des cadeaux.
peut-être n'es-tu que capricieux ! gâté ! inconscient !
si je t'avais rencontré en 2023 je t'aurais dis donne-moi ta vie j'ai des choses à tester mais oh nous n'en sommes pas là
ah le fer sur la langue, je n'ai pas envie de répondre
ce sont des souvenirs qui encore ont plus l'air du cauchemar que de la réalité mais quand je regarde autour de moi amadeo n'est nulle part pour me rassurer
c'est normal : je suis parti-e
je suis parti-e et je me demande si ce n'était pas vraiment juste stupide
je suis parti-e je l'ai quitté et je sais que c'était la bonne chose à faire mais ça serait si simple de faire demi tour et de retourner en sécurité de continuer d'arrêter de vivre de revenir en pilote automatique de
me coucher à nouveau
en attendant que le sommeil me vienne
alors qu'il faudrait aller le chercher
le prendre par la main, lui dire : s'il te plaît
rentre dans mon cœur
donne-lui des congés.
coupé net. beaucoup de sang. je n'ai pas beaucoup de souvenirs. c'est un mensonge mais maintenant tu devrais savoir que je te mens, non ? je ne fais que ça depuis le début oh enfin non, c'est des demi-mensonges parce que ah oui ça a saigné ça a saigné si fort il y en avait partout jusqu'à ce que je transforme le reste en bois et alors la source s'est tarie et alors il n'en restait rien et alors j'ai vu le monde et j'étais seul-e face à lui
comme je suis seul-e face à toi
as-tu rencontré hypnos ?
œil pour œil

mermaids, florence + the machine

dent pour dent
que préfèrerais-tu, ikal ? que l'on t'enlève la vue, ou qu'on te sanctifie sur la croix comme un nouvel oracle ? mouton noir, mouton noir, la question n'a pas besoin d'être posée : tu as été fait pour l'abattoir
est-ce là, alors, ta mort violente ? le sang sur les murs des rideaux entiers tirés dans le mauvais sens des viscères par terre des prémonitions à lire dans les nœuds à défaire ah il faut y mettre les mains pendant que tu respires encore, il faut que ça soit chaud que la vie y soit vraiment parce que vois-tu les parques n'échangent l'avenir que contre la mort et toi toi toi, toi je crois qu'elles n'en voudraient pas tu es
tu vois, tu es trop banal trop attendu elles savent bien sûr quand tout le monde va mourir mais toi
elles ont du voir et se dire : ah.
c'est navrant
c'est toi qui l'a dit ! que ta vie n'est pas intéressante
ne me blâme pas, j'ai repris tes mots et quand tu reprends les miens je crois y voir une confirmation, je crois alors au sacrifice aux cérémonies aux aubes de nouveaux jours ; tu sera exceptionnel dans la mort parce qu'elle sera vastement ridicule, ou parce qu'elle ne t'appartiendra pas
oh, ne me prend pas au pied de la lettre
je ne suis pas devin (on pourrait tester pour confirmer)
mais j'ai vu juste et je meurs d'envie de demander plus (plus plus plus, comme depuis le début)
comment est-il ? dors-tu mieux quand il visite ? te donne-t-il des rêves ? comment sont ses souvenirs ? te déteste-t-il ? te déteste-t-il aussi, comme tous les autres que tu croises ici ?
la parole n'est pas mienne, malheureusement, ce sont les règles du jeu que j'ai choisi
alors je te laisse, et au fil des mots s'entrouvre la possibilité d'autres jeux -oh, bien amusants aussi
j'attrape la paille entre mes dents pour sourire face à ton embarras
et j'aspire, d'un coup, l'alcool et le sucre (je n'ai rien payé, je me rappelle, et alors le goût en est encore meilleur)
les yeux sont amusés, prédateurs
j'aime ces couleurs sur tes joues
le rouge te va bien (encore encore encore)
ah ! ce serait trop simple de juste vous le dire. que pensez-vous d'un défi ? essayez de deviner. c'est une obligation déjà ah, c'est que j'a pris l'habitude si vous avez juste, je vous laisserai toucher ma prothèse d'autant croient que c'est une chose intime, mais la mienne ce n'est qu'un bout de plastique récupéré quelque part, ou ailleurs peut-être, je ne sais plus je ne sais pas je n'aime pas la forme qu'elle a et son histoire non plus j'aime qu'elle se recouvrent des empreintes des autres, c'est une manière de dire : j'ai vécu à plus que mes blessures
et si vous avez tord ... vous enlevez un vêtement. jusqu'à trouver. il n'y a pas d'injustice quand la victime accepte de l'être ; et toi, c'est le ciel qui a décidé à ta place
tu ne peux pas dire non, n'est-ce pas ?
mes cils papillonnent
je n'ai pas chaud mais je fais semblant
j'enlève un bouton de ma chemise -celui tout en haut du col qui dépasse du pull
on aperçoit un bout de clavicule
on pourrait imaginer le reste.

mermaids, florence + the machine

ne t'inquiètes pas : je ne pars pas
je te donne ma présence comme si c'était une grâce un cadeau un miracle, comme si c'était rare et là est le mensonge : si tu m'avais vu-e ah tremblottant-e dans les rues de new york la capuche baissée la pluie sur les cheveux les larmes qui rendaient mes yeux vitreux l'angoisse la peur l'anxiété AH tout ça sous le tapis c'est là l'instinct des prédateur-ices, probablement, je ne sais pas, je n'ai pas eu de contrat pour te tuer et pourtant
j'ai presque l'impression que le ciel me dit de le faire.
alors je reste, je reste comme si c'était une bonne chose, je reste comme si tout allait bien
je reste comme si je n'allais plus jamais partir
et qu'il faudra que tu grattes tout de moi avant d'enlever mon odeur mes empreintes le reste de mon corps donné pour toi
mais tu ne le mériterais pas.
c'est ce que je me dis : je mérite mieux ! et c'est un mensonge que j'ai du mal à dire
je sais déjà que je rentrerai à nausikaa la nuque cassée les yeux rivés sur le sol la honte au fond du ventre
mais en ce moment ! je ne suis pas misérable, non, je suis GLORIEUX-SE, je suis la SEULE chose qui compte oh je ne me vois plus humain-e à travers tes yeux et je crois que c'est ça qui me plaît chez toi
comment j'existe hors de moi
peut-être que c'est pour ça que j'ai demandé
pour que tu peignes des tableaux d'autres qui te semblent être justes, pour que tu racontes des belles histoires loin de la triste réalité (la main n'est pas rouge juste parce qu'elle est tombée)
je te regarde et je souris au son des noms
j'aime ta capacité à reconnaître tes erreurs avant même que je ne les pointe
je regarde ce qui est dévoilé : c'est là mon droit, en tant que gagnant par défaut, par tes défaites
les épaules sont étroites, ce n'est pas grave, je les casserai d'un seul coup en appuyant ta nuque contre le matelas, ça sera pour laisser passer les ailes, élargir tes poumons, et quand quelqu'un (pas moi) s'appliquera à recoudre la peluche de ton dos elle pourra te rendre plus imposant
je ferai ça pour toi, c'est que tu collectionnes les hématomes ça se voit juste sur le bord de la chemise qui se retrouve sans plus aucun clip d'étanchéité ahhh ne t'inquiètes pas je sais mordre et toi je suis sûr-e que t'aimes ça
oui, avec plaisir
je te donnerais d'autres couleurs et tu aura l'air vivant soudainement, mais est-ce que c'est ce que tu veux vraiment ?
t'es beau de manière détestable
d'une jeunesse qui m'a échappée
d'un androgynisme qui est devenu mien trop tard, que je n'ai pu porter haut et fièrement
il ne me reste que des pantalons auxquels je n'associe aucun genre mais que le monde verra toujours masculins.
et pour cela, je ne t'aime pas
pour cela, et pour tout le reste de tes crimes, et pour l'univers qui me fait vomir,
je te ferais payer plus tard.
serait-ce si dommage, si vous ne trouvez jamais ? la tête un peu penchée, les pupilles au bord des yeux
je veux te voir nu
j'inspecterais tes paumes pour y voir les cicatrices des clous
je soulèverais tes cheveux pour y voir les piques des épines
je marquerais au feutre où couper tout comme il faut, mon agneau.

mermaids, florence + the machine

tu as raison : ce n’est pas de l’amour, ou alors c’est de l’amour comme il ne faut pas, parce que, tu vois, je crois que même dans les plus malheureuses prisons que j’ai construit pour les autres, je l’ai fait par amour, par amour pour moi, par amour de mon état, pour ne pas devenir pire, pour ne jamais avoir à penser à mourir
c’est là, oui, l’amour dans lequel je t’enveloppe : le mien, à moi, où je contrôle tout jusqu’à tes envies, où je t'aime car tu deviens extension de moi, où je t'aime parce que tu ne saurais plus quoi faire sans mon affection -c'est uniquement ce genre de relation que je tiens du bout des bras, jamais proches mais obligatoires, car sinon il ne me reste plus rien
je deviens objet icône marie fausse vierge à louer ange de calamité, je deviens tout sauf moi et encore encore encore voilà : c'est cela dont j'ai besoin (c'est faux, mais c'est cela que je veux)
fais moi vivre ! je pensais venir chercher le sacrifice mais ne peux-tu pas plutôt te donner à moi ? ne t'inquiètes pas, je te ferai croire que c'est ton idée et tu pourra en être fier, jusqu'à ce que ta fierté soit mienne aussi
quelle ironie, n'est-ce pas ? je me veux luther quand je ne serai toujours que solan
et, en te forçant presque dans le moule de mon corps, de ma place, je m'insulte -je dis : ce sont les gens comme ça qui ne savent pas être vivant-es.
je vois ton sourire, je le reconnais : c'est quand on croit qu'on a pas le droit
et pourtant, pourtant tu te l'octroies
tu veux savoir ? donne-moi tes contre parties
et si tu crois avoir juste, alors
alors joue le jeu.
oui, le silence a amené la réponse, alors que je te regardais comme on regarde les prix de l'autre côté de la vitre cela m'embêterait que vous ne deviniez trop vite. mais ! il n'y a que dix-huit possibilités, puisque je ne suis ni femme chasseresse ni ton adelphe et vous en avez déjà écarté deux ... il est inévitable que vous ne trouviez, tôt ou tard. le son est brut, c'est une sentence, et elle ne m'épargne pas, ah, ô ikal, ne peux-tu pas faire quelque chose pour ce-tte pauvre pêcheur-esse ?
la paille est saisie entre les lèvres, aspirent encore comme elles prennent l'air, l'espace, ton attention ce n'était qu'un fantasme de ma part -la logique, pourtant, m'empêche cette réalité, parce que tu te penches et tu deviens démon, parce que tu es succube et que je mets mes fautes sur toi, parce que tu es juste un corps mais je peins sur toi une sexualisation imposée, parce que tu ne te rends pas compte et ta naïveté me donne dégueulassement envie -le cou est là, et j'aimerais y peindre des péchés, en enlever l'humanité, parce que si tu es ma métaphore, alors tu ne peux être pur et cela me rend triste. les pupilles bougent, elles vont ailleurs, se privent à toi, quelques secondes -la paille n'est pas reprise, et alors il paraît évident que je veux dire quelque chose encore
le temps s'écoule
j'aimerais voir votre dos.
les yeux remontent enfin
ne regardent pas ton visage.

dream girl evil, florence + the machine

je cherche dans le bar quelque chose d'intérêt mais les velours rouges les dorures ostentatoires les lumières peu vives ne savent me ravir ; je t'évite mais tu es la seule chose que je veux voir, c'est bien pour ça que je me force à te fuir
ça te laisse les interrogations au bout des cils ça laisse le mystère en pleine vue là juste devant mais intouchable, incompréhensible, indomptable ; j'entends le verre contre tes ongles, et je loue un instant dionysos (moi qui ne donne ma foi à aucun autre dieu que luther et la science), et je me vautre dans tes incompréhensions tes chocs tes presque supplications
le sourire en coin, dois-je répéter ?
tes hésitations sont des joyaux dont je sertis ma couronne
je n'ai pas bougé, ma stature est la même, mais toi tu t'écrases quand tu t'approches et enfin je te donne un regard, un bien de haut, de là où l'on voit la chemise qui tend vers le bas avant même que tu ne viennes la toucher, la détruire en un sens, l'enlever à ma vue : obstacle que tu sautes comme il le faut, sans que je n'ai rien à redire
alors je ne dis rien, effectivement, et je regarde autant que je le peux, c'est-à-dire autant que je m'en donne le droit
et le droit je le prends parce que ce soir je ne suis qu'un-e anonyme qui n'a plus aucune maison, un-e inconnu-e qui a quitté les sien-nes après avoir trahi sa famille, un-e rénégat-e qui a retrouvé la piste de la maison qui était aussi sa prison
je traîne des pieds pour rentrer
mais toi tu dévales les escaliers tu viens sur le chemin tu te prostres et te prosterne devant le fou du roi qui se prend pour un empereur ; te rends-tu compte de tes erreurs ?
la peau est dévoilée
impeccable, primitive, virginale
la couleur n'est qu'un avant goût du voyage.
je ne touche pas pendant que tu parles, parce que je considère que pendant ces temps-là tu ne t'offres pas assez à moi -il y a d'autres choses qui t'occupent, tu ne te concentres pas sur le contact à venir, tu n'envies pas assez mes gestes à venir tu n'imagines rien tu ne fantasme pas à ton tour
alors je me tais, et je te punis
j'aurais pu dire : non, non ! je ne suis plus l’enfant de personne
voilà la vérité, les funérailles de l’adolescence, la fin de l’innocence, l’attachement des affiliations - je n’ai plus de père, je n’ai jamais voulu de ma mère, alors il ne me reste que les gens comme toi une fois à nouveau debout pour supporter le monde
AH même si tu disais déméter
je crois que je te dirais que tu as tord.
parce que, vraiment, qu'a-t-elle fait, si ce n'est m'écouter ?
elle l'a fait moins bien que toi.
le silence revient et je le laisse s'infuser dans tes omoplates dans ta clavicule dans chacune des vertèbres cervicales
j'aurais pu répondre au pourquoi mais la réponse te décevra (parce que tu étais là, ici, maintenant, et si cela avait été quelqu'un d'autre, ç'aurait été du pareil au même -j'ai envie de le dire, pour te faire du mal, mais peut-être que cela te rassurera ; peut-être que tu te dira que tu n'as rien à faire, qu'il ne faut pas faire de ton mieux, et cette idée me révulse,
je te veux gentil garçon, et c'est ce que j'aurai)
raté. pour les deux. que te reste-t-il à enlever ? ça ne compte pas, ça, bien sûr -tu l'as fait hors défi
et j'en viens à la récompense
je passe ma main sur le dos
de haut en bas
doucement
comme une caresse
la peau est lisse
belle, probablement
jeune
je vois l’absence de mes défauts
tu n’as aucun trou aucun manque dans cet épiderme étrange
une épaule qui roule et un avant-bras attaché à ton corps
alors, quand je glisse contre à nouveau, j’y plante les ongles
je dessine, vois-tu
au fil de mes mouvements, les ombres se dansent et les traits s'étirent
j'adore te tirer de là-haut, t'amener au pied de l'autel, appeler à ton sang -je le vois qui pulse à travers les crevasses pas encore déchirées qui ornent le trou de tes ailes (c'est que tu n'es pas ange, seulement bélier) ; il m'appelle, on dirait, et les gouttières vibrent du chant du sacrifice
hâte de voir le reste. fais de tes questions une prière
et obéis à ton dieu nouveau.

dream girl evil, florence + the machine

je ne le savais pas mais dans le cérémoniel du toucher, il y a un accaparement qui ne fait sens qu'en sachant que cette peau-là n'est pas vraiment à toi. comment aurait-elle pu paraître merveilleuse, sinon ? pourquoi me l'aurais-tu donnée, sinon ?
je m'en rendrais probablement compte plus tard, mais il y a un gouffre entre ton corps et ton âme, que seuls les actes comme ceux-là arrivent à combler un instant -de ces parties de toi, laquelle est bourreau, et laquelle est mouton sacrificiel ? ou, peut-être, vous blâmez-vous l'une l'autre ?
le silence est plein de choses peu ragoûtantes, qu'on n'aime qu'en des situations très distinctes. c'est bien. j'aurais détesté tes pleurs, ou des plaintes ; en te donnant comme cela, tu dois bien savoir qu'il te faut assumer tes choix. j'ai la sensation que je ne suis pas lae premier-e, que tu as l'habitude de ces choses-là -ah ! peut-être pas dans ce contexte. mais ailleurs, probablement.
tant mieux. nous ne serons rien, vides comme nous sommes, et quand on se quittera, on ne retiendra rien non plus (c'est faux je le sais mais il ne me reste que ça, nier pour faire semblant, nier pour croire que je n'aurais pas froid demain trois heures avant l'aube, nier pour croire qu'il n'y a aucune griffure sous la peau de mon dos, nier pour croire qu'à nausikaa il y aura de nouveau un toit pour moi).
on est tellement rien qu'il ne reste que le plus important ; je crois que c'est ça qui me dérange dans ton humilité de saint, d'hors homme. pas ici, évidemment. les prières appartiennent aux lieux saints.
c'est une liane qui vient chercher le buste ; elle s'y enroule, se tord et soulève le corps sacrifice qui n'a pas encore versé son sang. la peau blanchit à son contact. l'oreille se place à côté de ma bouche, et je lui dis bien sûr. allons dans ma chambre.
ce sont là toutes les réponses que je peux donner : l'autre est impossible. elle s'interdit à moi, et probablement à toi aussi ; les voix m'ont dit : il y a quelque chose chez ce garçon, et que suis-je sensé en faire ? non, non, ah
je me prête des justifications bien trop belles
je ne suis qu'un être qui a cru trop longtemps que l'amour était creux, et que tout pouvait le remplir ; ah, j'ai percé la réserve, pourtant remplie, et je tente d'y scotcher des chaires volontaires avant l'orage, avant le retour, avant l'inconnu
je ne sais pas si vous pouvez comprendre. la liane relâche la chaire, qui rougit après trop de secondes sans sang. il vous suffira d'écouter par la suite. vous me direz ce que vous en concluez. tu le dira à une idole, à un sanctuaire, à un souvenir
parce que le dieu sera déjà parti.