La silhouette qui se redresse à la seconde où ses yeux se posent sur la carrure de l'enfant roi. Ce ne serait pas difficile de l'imaginer prêt à feuler, tant son regard le fusille déjà sur place. Les Olympiens ne sont pas les bienvenus dans sa boutique, encore moins leur roi.

Cet accueil hostile est interrompu lorsqu'il mentionne le whisky.
Ses sourcils se froncent. Dans le silence, Emon le détaille. Ses épaules se détendent finalement, et il se détourne lentement de David, rangeant le mortier qu'il avait en main.

-  Un whisky de qualité, j'espère...

On ne le fera pas perdre du temps pour moins que cela. Mais lui, qui vient des terres baignées de lumière, celle des vainqueurs, celles de l'Olympus district, il a de quoi s'offrir que les meilleurs alcools. Alors peut être qu'il serait sage de lui en voler... Juste un peu, même si cela signifie devoir le supporter.
Mains désormais libres de leurs tâches, l'apothicaire se meut vers le comptoir à pas lent et las.

- Pose la bouteille, et dis moi rapidement ce que tu me veux, David;

Arrivé, ses coudes s'y appuient, le haut de son corps se penche légèrement vers l'invité de marque. Et, enfin, il plonge son regard dans le sien, toujours emprunt d'impertinence et de défi.

- j'ai mieux à faire.

Le petit Roi a l'air de bien bonne humeur. Même son venin ne l'atteint pas, au contraire, l'apothicaire semble y voir une trace de sentiments positifs. Il ne manquerait plus qu'Emon le fasse sourire avec son austérité !

Un coup d'oeil à la bouteille, et elle finit dans ses mains à la seconde où David la lâche. Ils sondent, ses yeux, et elle tourne entre ses mains. C'est bel et bien son préféré. L'avait-il espionné, pour le savoir ?
Emon, menton levé et d'une méfiance fière, repose la bouteille, avant de se détourner de cet invité surprise pour ramener deux verres. C'est avec les yeux plissés, détaillant ces nouvelles expressions libres du poids de l'ecclesia, qu'il revient vers lui.

- Bien sûr...

Aucun mouvement n'échappe à son jugement.
Et il laisse le silence accueillir sa question, tandis qu'il le dévisage.
Puis, un soupir, pour introduire sa réponse;

- J'accepte.

Emon quitte son comptoir, va d'un pas silencieux vers la porte de la boutique pour retourner l'écriteau, indiquer qu'il est fermé. Ah, il occulterait même les vitres, juste pour pas avoir à assumer la présence d'un fils de Zeus dans la boutique même !

- Tu m'as l'air de bonne humeur, David...

Le fils d'Hadès revient, passe à côté de lui à l'en frôler, pour ensuite retourner de son côté du comptoir.

- Aurais tu commencé à boire sans moi ?

Louche.
L'apothicaire garde un oeil sur lui : c'est rare que l'enfant roi descendre de son Olympus pour venir voir comment va le bas peuple !

- Tu t'inquiètes pour moi, David ? Quel amour... Vraiment, il ne fallait pas.

Ah, le sms de  Winnie !
Emon n'y a pas répondu.
Il avait d'autre soucis, comme revenir d'entre les morts, subir des tests et rassurer les inquiets, au point de ne même pas avoir eu le temps de ressentir véritablement toute la rage de la perte de cette vie offerte.
Plus d'erreur.
Aucune.
Et à Dave non plus, il ne réagira pas à propos de ce bien brave sms.

- Mieux ? Ahahah, Mieux ??

La grimace tord ses traits, le fils d'Hadès s'appuie à son tour au comptoir, approchant son visage du sien.

- Absolument pas, non.

Les mots sont lents et sévères, le regard froid.
Encore un qui se complait dans la bienveillance soudaine, celle quand le mal est fait, celle aveugle quand on en a besoin.

- Mes adelphes auraient pu tous y passer ! On a eu de la chance...

Il s'écarte ensuite et ouvre la bouteille, relâchant toute sa frustration dans un soupir.
Il sert un verre, et le dépose devant David. Sa main hésite quelques secondes avant de lacher son verre, puis, ses mots se font plus doux.

- J'ai aussi entendu pour Darryn. Je suis désolé.

De maigres condoléances pour un demi dieu qu'il exècre. Mourir, c'est ce qu'ils partagent, les dieux du dessous et les dieux du dessus.
Emon se sert alors un verre, et sans attendre, fait honneur au whiskey. L'alcool enflamme son œsophage, réchauffe ses entrailles. Une nouvelle, légère, grimace, moins hostile.

- Qui t'as dit, pour le whiskey ?

Quelle fouine est allé lui révéler quel whiskey il préfère ?
Inacceptable.