| Dana YurevichUn·e parmi les Autres | Messages : 62
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Mar 18 Juil - 0:17 Don't go sharing your devotion —
L’horizon nocturne giclé sur le marbre plaqué du lobby n’était pas beau à voir. C’était de ces lieux frappés par une solitude commune et tapageuse que marquait les tapis rouges et les murs de verre ; cette antichambre, antérieure au vaste penthouse où battait un brouhaha permanent, mêlait maladroitement les effluves acidulées de la fête au parfum du soir, marin, estival, vierge, qui y pénétrait sans ouverture véritable sur l’extérieur ; de la même manière, les températures y variaient étrangement. Cet entre-deux semblait tracé sur la peau des gens à la craie, avec une évidence d’ironie criarde, doublement acide. En tout cas, Dana n’aimait pas ces démonstrations évidentes de crise urbaine que traversent tous les corps transis par la vacuité de leur richesse ; il lui semblait que cette métaphore éculée était trop évidente et un ressort littéraire ennuyeux, aussi elle viciait cet air sans poésie de la fumée d’une cigarette. On lui avait donné, il y a longtemps qu’il ne fumait plus.
Elle regardait la ville de loin, sans dégoût, et même avec une compassion lointaine, dont l’innocence était forgée par un mépris inconscient, comme le privilège sait seul l’insuffler. En tout cas, il ne faisait pas exprès. C’était peut-être le plus répugnant ; cet effet de genre était d’un esthétisme américain familier, purement accidentel. L’irruption de Libellule y cracha une vie sublime, éclatée en fluo. Dana, qui en était éclaboussée, s’était redressée pour mieux la voir, et l’ombre — fantômatique — de son sourire, le léger tourné de ses épaules traçait la géométrie d’une tendresse évidente.
“Tu as vu, ils ont mis du marbre.” Il tapa du bout de ses chaussures, très chères, sur le sol, très cher. “C’est tape à l’oeil. Tout le monde sait que le marbre raye. Je ne sais pas à quoi ils pensaient.”
Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier grillagé près des portes, puis rejoignit sa fiancée. Dana prit les mains de Libellule, un rituel auquel elle s’appliquait pour honorer un principe nébuleux ; il lui prenait les paumes, les retournait, regardait comme la lumière tombe dans le creux bleu de ces mains lissées par des efforts évités, invisibles, puis il y mêlait ses doigts, avec cette espèce de pudeur qui faisait passer ce geste pour un don de soi. Dana touchait Libellule avec une timidité contournée, et la regardait avec des yeux plein, mais toujours sous une forme de dérobade, fascinée, mais craintive.
“Merci d’être venue — je m’ennuyais horriblement, j’ai bu, je ne peux pas prendre le volant. Est-ce que tu savais que quatre coupes de champagne suffisent pour être au-dessus de la limite légale ? Bien sûr, tu le sais. J’avais oublié, mais c’est absurde.” Il lui serra les mains. Il les porta au bord de ses lèvres sans les embrasser. La prière qu’elle formulait sur le dos de ces doigts était tue. Elle regardait les chaussures de Libellule qui apparaissaient entre ses poignets, jugeait qu’elles lui allaient assez. Dana portait sur elle l’odeur du soir et des autres — jusqu'à la nausée. La nuit lui paraissait infiniment longue. “Tu me manquais. Les enfants me manquaient.” A l’instant où il remarquait combien le contour bleu de leurs ombres paraissait démesuré dans le lobby vide, Dana se sentit frappé par une tristesse infinie et misérable qui lui faisait ployer la nuque, et qu’il n’osait remettre à Libellule : aussi, il la laissait là, en évidence, comme un lapin mort en bordure de route, et se réchauffait au bord de ces mains qui devaient la juger. “Tu dormais ? Tu es fâchée ? Tu es fâchée. Ne sois pas fâchée contre moi.” | | | | |
Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Ven 21 Juil - 0:32 don't go wasting your emotionJe déteste être seule. En fait, je ne déteste pas être seule mais je déteste quand tu es loin de moi. Quand tu t'échappes alors qu'il ne fait pas encore nuit, sans m'emmener, sans me toucher, sans m'embrasser parce que je ne sais pas qui tu emmèneras (plus loin), qui tu toucheras (la main et peut-être même les hanches puis les fesses) et qui tu embrasseras (aux mêmes endroits que tu auras touché ?). Je me sens mère. Habituellement, j'essaie de m'occuper, je vois des amis, ou bien je sors à une autre soirée. Ce soir j'ai voulu te faire peser ma solitude, que tu quittes l'appartement en la redoutant tout autant que je la redoute ; parce que tu sais que je suis capricieuse, et tu sais que je le suis parce que je t'aime. Beaucoup, mais pas trop. Jamais trop.
Tu es belle, même de loin. Tu es belle entourée de marbre, c'est cliché mais tu ressembles à un ange dans tes vêtements chers. Moi je me suis remaquillée au cas où, dès que j'ai reçu un message, si jamais nous croisons quelqu'un, j'ai enfilé un pull en cachemire au-dessus de ma robe d'été parce que j'ai froid. Tu es belle et je déteste comprendre que d'autres ont vu ta beauté - sans moi ! J'ai Mimi River avec moi, porté.e sur mon ventre. La voiture est garée juste à côté et Porcelaine y dort. Je n'ai pas pu les laisser seul.es, ce n'est pas ce qu'on fait avec les enfants si jeunes - pour toi, j'ai dû les emmener.
Elle n'ose pas la regarder. Elle est belle, même de loin - alors de près, quand iels sont côte à côte - c'est insolent. Libellule ne regarde pas Dana, les sourcils froncés de contrariété, des larmes de frustration près des yeux tant elle est chagrinée de ce soir, sans lui. Elle lui touche les mains et elle ne lutte pas, elles regardent leurs mains, les bagues assorties, la justesse de leur union mais ne s'en réconforte pas. Elle ne veut pas les lui lâcher - d'ailleurs elle les serre comme pour se venger - ça crie : à moi, rien qu'à moi. C'est un geste primaire et immature.
Ta voix, à moi, rien qu'à moi, tes mots doux à moi aussi - je ne veux pas savoir si tu les as dits à d'autres, j'ai peur que oui. Tu me demandes si je suis fâchée et je ne te réponds pas. Je te soumets au silence, au cruel silence, j'ai détourné la tête tout le long pour ne pas te regarder alors que je serre tes mains. J'ai toujours envie de pleurer tant je t'aime, je repense à la brûlure agréable de tes lèvres dessus et je m'accroche à cela, sans te répondre. Mimi River s'accroche au cachemire dans son sommeil, entre nous. Et moi je ne dis rien, il faudra me secouer davantage. Il faudra tout remuer, compenser mille fois l'horreur de ton absence car pour l'instant - je ne te pardonne pas. Tu n'auras que mon silence et je sais bien à quel point je suis affreuse quand je ne parle pas. J'aimerais te faire regretter - j'ai beaucoup de rancœur pour cette soirée, pas si terrible selon toi, qui nous a séparées. | | | | |
Dana YurevichUn·e parmi les Autres | Messages : 62
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Lun 24 Juil - 15:36 Don't go sharing your devotion —
Dana embrassait ces mains dont elle volait la chaleur, et ne s’enorgueillait pas de ce miracle prométhéen car elle savait ne pas avoir l’étoffe d’un héros ; il y réfugiait plutôt le creux de ses joues avec la lâcheté toute bonhomme des badauds. Le silence, magnifié par le volume minéral du lobby, l’horrifiait. Car ce silence lui était exclusif : Dana entendait bien, très bien, le gazouillis chaud de son bébé contre sa mère, ensommeillé dans des rêveries de coton, loin de lui ; et loin de lui aussi la foule de la fête pépiait des vanités. Libellule, seule, étrangère, brillante, devait demeurer pour lui : pourtant, le silence traçait une frontière entre elleux, de la main seule d’une fatalité.
Dana était resté paralysé un instant, droit, enveloppé de ces mains qui se prêtaient à lui non par désir, mais sous l’impulsion de sa propre cruauté. Il regardait un point à mi-chemin entre le visage plein, virginal de Libellule, et l’arrondi larvaire que formait le petit corps balloté de Mimi River ; ce point, sur la gorge de Libellule, suivait le sillon brun de l’espace négatif entre ses os.
“Pourquoi tu ne dis rien ?” Elle riait un peu en le disant, en tous les cas sa voix semblait rire ; c’était un accent aigu et céleste de lent désespoir. “S’il te plaît, regarde-moi.”
Elle avait levé les yeux pour chercher le regard de Libellule sur elle. Dans la pénombre bleu et bronze du lobby, elle se sentait emmurée par une profonde, une inaliénable solitude, où elle craignait être déjà tombée par la faute obscure, pourtant éternelle, de son propre égoïsme. Elle se demandait déjà très vite pourquoi elle avait voulu les quitter, et pourquoi exister loin de cette petite poupée de saphir qui la chérissait au secret même de lui-même contre tous les éclats de sa propre médiocrité : il en serait tombé à ses genoux s’il n’en allait pas de son image, c’était des choses qu’il aimait faire seulement au secret de la maison. Le bébé s’agita un peu, Dana ne tendit pas la main vers ellui ; il ne crut pas un seul instant que cet·te enfant le réclame.
Plutôt, il caressait les joues de Libellule, faisait descendre le plat de ses mains, doux et blanc, contre sa nuque, il appuyait son front contre le sien. Il priait les dieux qui font les couples heureux, et qui font aimer des statues à des humain·es, c’est-à-dire, qui les piègent.
“Je suis désolé de t’avoir laissée seule. Pardonne-moi.” Sa lassitude grandissait. Ce fléau, terrible, ne paraissait jamais la quitter ; Dana était peu à peu terriblement contrariée contre elle-même, et il fallait que Libellule, comme toujours, la trouve pour ne pas qu’elle se perde. D’ailleurs, sa voix perdait de cet éclat séraphin qu’elle aimait trop avoir ; elle tombait plus bas, plus terne, dans des accents plus ordinaires, donc plus désespérants, pendant qu’elle fermait presque les yeux, pour faire ce qu’elle sait encore faire de mieux : réclamer encore à sa salvatrice. “J’ai envie de rentrer.” Il fallait qu’à trois on lui dise d’ouvrir les yeux sur un souhait exaucé. | | | | |
Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Mar 25 Juil - 2:05 don't go wasting your emotionTu ne peux plus me serrer fort quand je suis triste. Maintenant tu as la responsabilité d'être parent qui pèse entre nous en plus de celle de m'aimer et surtout d'être aimée ; et elle oblige à ce que tu n'étouffes pas ce bébé qui se trouve entre nous. Il faut être patient, nous manipuler avec délicatesse et surtout patience : tu dois prendre le temps de me convaincre, de m'aimer, de me chérir, mais aussi de l'aimer et de lae chérir tout autant. Il ne peut n'y avoir aucune impasse facile sur les priorités, elles sont toutes aussi importantes. Et je ne suis pas triste de cela, parce que ce bébé - c'est nous, tu m'entends ? Ce bébé il faut l'aimer, le chérir parce que si tu arrêtes, c'est que l'amour est mort. Tu as la responsabilité de nous aimer.
Libellule ne peut échapper à son regard quand Dana la saisit si bien, qu'elle a compris la consigne de l'amour ; en fait, Dana a toujours été douée pour suivre les consignes. C'est sûrement ce qu'il sait faire de mieux. Et il l'exauce parfaitement : c'est juste assez de tendresse pour lui accorder un regard et il a déjà tout gagné. Libellule lui pardonne déjà. Ses yeux se plongent dans les siens avec une timidité dévorante. C'est qu'elle l'adule toujours autant, même plus qu'au premier jour, et la pression de ses doigts sur sa peau, leur front, l'un contre l'autre et ses yeux à lui - qui ne voient qu'elle - c'est comme un rêve. Et elle s'excuse droit dans les yeux, sans s'éloigner, elle est parfaite, elle fait tout ce qu'il faut à partir du moment où elles sont ensemble - alors comment lui en vouloir ?
Libellule se met à pleurer doucement. Doucement parce que ce sont quelques larmes et qu'elle n'ose pas pleurer fort car ce serait s'éloigner de Dana. Alors ses lèvres se plissent dans une grimace et elle renifle, Je suis fâchée. Tu vois bien comme rien ne va quand on se sépare. Elle essuie du bout du doigt ses larmes en évitant le mascara. Dans le geste, la pulpe effleure la joue de Dana et le geste lui semble interdit jusqu'à ce qu'elle réalise qu'elle est en train de le toucher. Elle remonte alors ses deux mains et encadre le visage équilibré pour l'embrasser. A contrecœur, elle se détache de lui pour lui prendre uniquement le main et le tirer avec elle, J'ai garé la voiture juste devant. Tu n'as même pas salué Mimi River. Elle ne sait pas pourquoi, mais prononcer cette phrase la fait pleurer davantage. En tirant Dana et prenant les devants, elle cache ses larmes et renifle encore jusqu'à la voiture, sortant Mimi River de son porte-bébé pour lui tendre précautionneusement, évitant encore son regard - fuyante. Installe ton enfant à l'arrière. Et au lieu d'aller s'installer au siège conducteur immédiatement, elle veut observer la manipulation de l'enfant car chaque interaction la rend extatique et elle a espoir que cela calme cette colère irrationnelle qui crie en elle. Elle ne s'installera seulement l'acte fini pour allumer le moteur et se mettre en route. Sur l'autre siège, Porcelaine dort toujours - ignare des drames des adultes. | | | | |
Dana YurevichUn·e parmi les Autres | Messages : 62
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Dim 30 Juil - 0:33 Don't go sharing your devotion —
Elle pouvait continuer de la faire rêver dans ce théâtre de la présentation ; c’est que tout allait bien. Dana était soulagée de la facilité avec laquelle il lui semblait pouvoir se faire encore aimer de Libellule. A cet égard, elle ne s’excuserait pas davantage ; cet exercice de la négation de soi n’allait pas à son personnage. Libellule l’aimait car il était capable de cette entièreté, de la décevoir elle, la mère de son enfant, sa fiancée, il fallait aimer de lui cet égoïsme doré. Il laissait sa joue couler dans la paume de Libellule comme l’eau d’une source claire, il ne s’excuserait pas. Sous le brillant bleu de la nuit, cela fait vulgaire ; Dana formule plutôt ses pardons au secret de ses longs cils recourbés, de la douceur ouatée de ses œillades grises, pleines d’un amour complet. Il n’y a qu’elle, qu’elle regarde de cette façon. “Tu as raison.” Elle saisit délicatement le poignet de Libellule pour embrasser l’intérieur de sa main, et de ce geste, elle scellait un : n’en parlons plus. Il fallait que ce soit une bénédiction.
Pourtant, ce n’était pas assez. L’exercice n’avait-il pas été suffisamment bien exécuté ? Dana observait avec une distance distraite le plafond du parking, luxueux, orné de lumières ondines imitant mal un rêve, comme on observe les étoiles du ciel prises pour acquis. Les sanglots étouffés de Libellule se réverbéraient entre les murs de béton comme une longue lamentation de campagne et faisaient surgir du lieu une odeur capiteuse d’humidité que Dana, une fois qu’elle l’avait remarqué, ne parvenait plus à oublier. Elle s’aperçut que tout ça l’irritait — et l’objet de tout ça était vague : elle comprenait la peine de Libellule, elle aimait pouvoir se permettre de traverser des parkings vides et chers, mais l’ensemble de tout ça nourrissait chez lui une rancoeur inopinée, inédite, difficile à localiser, qui lui faisait détester l’idée de la commodité avec laquelle il traversait un parking avec sa fiancée qui pleure —, il en eut immédiatement honte.
Son enfant s’éveillait et ouvrait de grands yeux encore bleus, pas encore tout à fait formés, donc encore purs. Le regard soulignait l’absence des yeux de sa mère. Dana commençait à nourrir à cet égard une angoisse latente. Il se sentait coupable, sans trop savoir de quoi, ou plutôt en refusant de se nommer quoi ; il trouvait ça indigne qu’un bébé fusse éveillé dans la torpeur moite d’un parking de sous-sol, il prit Mimi River qu’elle serra un instant contre elle. L’enfant était très petit, très léger. Elle ne parvenait à s’y habituer. Mimi River émit un babillement qui lui donnait une douleur dans la poitrine, Dana ne voulut pas prolonger sa peine ; elle lui embrassa le front, sans faire attention à sa propre tendresse, et œuvra à installer l’enfant dans le siège auto. Le bébé saisissait ses cheveux avec interrogation, ponctuait l’instant de sortes de petits éclats de voix informe, auquel Dana faisait écho par des “Hmhm, je sais,” faussement intellectualisés, dans une plaisanterie attentive devenue rituelle. De loin, elle se voyait exécuter ces gestes paternels, comme une marionnette, et s’en trouva plus mal. Il fallait arrêter de penser.
“Tu pleures encore ?” Il s’était penché sur Libellule. Elle avait, en s’éloignant de la voiture, embrassé le front de Mimi River et caressé brièvement le petit poing fermé de Porcelaine, dont la tête, roulée contre la ceinture de sécurité, la bouche entrouverte, lui inspirait un sentiment indescriptible, voisin du deuil. Elle avait quitté la voiture pour se rassurer auprès de Libellule, dans la solitude temporaire de l’extérieur avec elle ; elle prit doucement ses joues dans ses mains, et penchait la tête sur elle. Dana était soucieuse, pressée par des idées évitables. Du pouce, elle chassait des yeux de Libellule les larmes avant qu’elles prennent tout à fait leur forme oblongue sur ses joues de poupée. “Tu vas m’en vouloir ? Dis-moi.” Beaucoup ? Longtemps ? M’aimes-tu encore assez ? Il faut se faire une idée de ces choses-là, pour pouvoir partir de là. Il faut enterrer ces sentiments de rancœur ici, sous terre. | | | | |
Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Ven 4 Aoû - 19:45 don't go wasting your emotionToute cette arrogance, tu me la dois. Je t'ai aimée avant que tu m'aimes et tu dois révérer cet amour car c'est lui qui te rend brillante et aimable. Tu dois faire mieux. Je ne peux me satisfaire de tes lèvres jusqu'à ma main, la preuve : je pleure. Je pleure et tu me suis et d'abord tu ne dis rien et pitié parle parle parle couvre mes larmes PARLE que je pense à ta voix plutôt qu'à mes larmes, que je pense à toi qui me parle plutôt qu'à moi, qu'au bébé, qu'à mon enfant qui nous attend dans la voiture.
Mais Dana ne parle pas.
Au moins, il prend le bébé et exerce le rôle de père ; Libellule guette du coin de l'œil en reniflant et se maudit de s'être maquillée, puisqu'ils n'ont croisé personne. Tout cela pour rien, elle n'a même pas vu à qui Dana a offert ses rires ce soir, avec qui elle a trinqué - et cela ne lui va pas. Les autres n'ont pas pensé à elle ou alors dans son absence. C'est abject. C'est abject qu'elle ne soit qu'une mère ce soir, une mère qui garde ses enfants, qu'elle ait eu l'indulgence de ne pas la retenir, de ne pas lui imposer ses caprices. Cela lui va qu'elle puisse le faire maintenant. Dana la cherche et la trouve parce que Libellule ne se cache jamais d'elle : Est-ce que tu es encore ivre ? Je ne veux pas parler avec toi alors que tu es ivre. L'idée lui en était insupportable. Elle parle tout bas, d'une toute petite voix, pour ne pas que ses grands mots résonnent dans le parking. Elle renifle et se remet à pleurer tant que Dana lui caresse les joues : elle ne fait même pas exprès, c'est plus fort qu'elle. Ses bras sont timidement croisés et elle renifle, encore et encore, avant de parler : Si je te dis que je t'en veux encore, alors, qu'est-ce que tu feras ? Elle veut des preuves d'amour, elle veut être au centre de son monde, elle veut qu'elle se concentre sur elle pour honorer leur amour ignoré pendant une soirée.
Je suis défiante de mes deux yeux bordés de larmes. Je suis défiante car je te mets au défi de m'aimer bien, de m'aimer mieux : tout cela pour me faire oublier. Pour ne pas que je fasse de bêtises, pour ne pas, que tu sais, je devienne difficile et contrariée. Tu as cette dure mission de m'aimer correctement, la seule, d'ailleurs - le reste n'importe peu. Mais sans cela, tu n'es plus rien. | | | | |
Dana YurevichUn·e parmi les Autres | Messages : 62
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Ven 18 Aoû - 15:41 Don't go sharing your devotion —
Face à l’étendue humide et tendre du visage de Libellule, Dana en vint à la conclusion qu’il ne savait rien de l’amour. Il la tenait entre les mains et méconnaissait encore ce qu’il détenait, car Dana croyait pouvoir s’octroyer un droit saint de possession en matière d’amour ; mais il ignorait ce qu’elle attendait d’elle, cette lagune de pitié, blanchie par la maternité, décolorée de sel par cette soirée stérile. Elle savait qu’elle l’aimait — mais Dana la couvrait d’un air incompréhensif, peiné de son incompréhension mais toujours un degré à côté de ce qui aurait consacré ce manquement en preuve de bienveillance. Il voulait que Libellule arrête de pleurer, comme il voulait que ses enfants, la nuit, arrêtent aussi : c’était peut-être car il souffrait de les voir torturé·es, ou peut-être car il voulait sa propre paix. Elle était navrée pour sa famille, et même à cela, elle n’arrivait à y donner de profondeur ; cela lui fit une peine plus aiguë encore.
“Pourquoi pas ? Tu m’aimais lorsque j’étais ivre.” Il le dit à demi-mot, davantage pour lui-même ; car il ne se sentait plus tellement saoul, ou en tous les cas pas au point de trop réhausser ses sentiments, il ne savait plus. Dana commençait à ressentir l’inquiétude sourde et froide du désamour de Libellule, et en même temps la culpabilité informe de sa propre disposition ; elle ferma les yeux en caressant les joues de Libellule, dont elle ne percevait que la tiédeur, dont l’humidité qui collait à ses paumes la dégoûtait un peu.
“Je ne le suis plus, promis.” Elle trouva en elle-même un fil flou qui lui disait qu’il aimait atrocement Libellule, sans doute, car c’était la profondeur nerveuse de cet amour qui lui donnait le besoin, non, la nécessité, d’être composé d’elle, et qu’elle ne se sépare de lui. Elle se rappelait en psaume qu’elle aimait d’elle la petitesse de son corps contre le sien et la force rougeoyante de sa détermination contre sa passion coulante ; et plus elle énumérait les choses qu’elle aimait de Libellule, plus elle sentait grandir en elle la certitude, l’essentialité, du fait qu’elle l’aimait. Il serra sa fiancée dans ses bras, pressant ses bras entre ses omoplates, où la chair est tendre, et où l’on sent le mieux possible battre le coeur. “Je suis désolée, mon coeur.”
Il embrassa la tempe de Libellule, sa bouche bordée de bleu avait le goût des pivoines. Le coeur de Dana lui faisait, dans sa poitrine, un défaut terrible proche de l’angoisse. “Je suis désolée, je sais que tu n’aimes pas être seule — est-ce que tu veux qu’on sorte demain ? On peut aller au restaurant, ma mère peut garder les enfants — ou on peut rester à la maison avec elleux — je veux qu’on soit ensemble : je ferai ce que tu veux.” Dana entremêle leurs doigts pour sceller cette promesse de dentelle. “Dis-moi ce qui te ferait plaisir, ça me fera toujours plaisir aussi. Je me ferai pardonner. Je ne veux pas que tu m’en veuilles.” Dans la voiture, Mimi River secoua lentement ses petits poings, dont la solitude faisait menacer les larmes ; Dana jeta vers ellui le même regard distant de maladresse et d’angoisse. | | | | |
Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
Drachmes : 517
Avatar : misty sutton "cutegirl" (snotgirl)
Age : trente ans
Statut : monstrueusement et partiellement divine
Parent divin : héphaïstos
Défaut fatal : la cupidité
Pouvoirs : restauration (a), pyrokinésie (b) & immunité au feu (c)
Poste et/ou Métier : directrice d'une agence de management de talents
Particularité : maudite (ne peut voir que les choses qu'elle juge laides)
Notes : -
Inventaire : -
En couple avec : mariée à dana
Autres comptes : dionne, précieux, pascal, heidi & raf
Discord : nahimimi
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| (terminé) Lay all your love on me, Libellule Jeu 24 Aoû - 16:56 don't go wasting your emotionNon tu ne peux pas dire : je ferai ce qui te ferait plaisir, quand ce qui me ferait plaisir, c’est la violence de ta solitude. Mais d’une solitude près de moi, d’une solitude où je serais le seul échappatoire. Non alors ne dis pas avec toute ta douceur de poupée que tu feras ce que je veux car je vais t’étouffer et je ne sais pas si je pourrais m’empêcher de te tuer. Je ne sais pas si je suis capable de tuer quelqu’un que j’aime mais je ne veux pas savoir - je ne veux pas savoir - cela ne te fera pas plaisir quand tu sauras l’étendu de mes désirs. Tu as de la chance : tu es trop belle pour que j’ai le désir de marquer ta peau.
Elle renifle encore puis elle acquiesce. Se la joue poupée parce que son coeur est le pantin de la tendresse de Dana. C’est ce fil là que Dana a trouvé, c’est ce fil qui les relie, elle pantin, elle tendre, alors il ne faut pas trop se secouer, pas trop remuer les choses - d’accord ? Elle veut être embrassée par Dana encore et tend son front dans cette optique, pour qu’elle l’adore encore, pour récolter sa chaleur. Ses doigts serrent les siens et elle aime la sensation de sa petitesse contre Dana parce que cela lui confirme son plein pouvoir ; Libellule est aimée de plus beau, plus grand, plus lumineux qu’elle. D’accord, mais tu iras déposer les enfants chez ta mère sans moi. Je suis pas d’humeur de la voir. Elle dit tout bas, un peu bougonne, comme si elle lui cédait cela ; Je veux qu’on aille faire du shopping, puis qu’on aille au restaurant. Ça fait longtemps que je t’ai pas acheté des vêtements. La formulation est importante dans l’implicite de sa possession. Elle est perturbée par l’agitation de Mimi River, non loin d’elles. Iel va pleurer. Elle lae considère pleinement avec un amour si évident, si plein, si inquiet, qu’elle se décroche d’elle-même de Dana. On doit y aller pour qu’on puisse les recoucher. Et elle ne veut plus jamais plus jamais plus jamais voir ce parking - plus jamais plus jamais - plus jamais ses lumières froides et tout le chagrin qu’elles engendrent. Tout cela, c’est fini pour de bon. Elle ne veut que la chaleur des lampadaires qui défilent en route ou en bas quand ils regardent par la fenêtre de leur appartement. | | | | |
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