Ha c’est laid, que c’est laid—ça l’était avant le drame ! C’était d’une laideur extrême cette soirée et ses gens agglutinés ensembles. La fosse devant la scène elle ressemblait à un bourbier de bras et de têtes nues maquillées euphoriques, dégoulinant la joie des yeux en même temps que le mascara, leurs bouches bavant les rires quand elles ne braillaient pas les paroles des chanson—c’était laid, particulièrement quand il y a vu cette fille, Ninel. Cette fille qui titubait entourée des ami.es lui disant hé doucement, ralentis, tu ne veux pas ? Boire un petit peu moins vite pour tenir un petit peu plus droit mais la fille a dit non ! Surtout pas ! Moi je bois à ma guise et puis si je chancèle je n’aurai qu’à vomir, et j’irai mieux fissa et je boirai encore—c’était laid même affreux, la fille, sa phrase, le tout—laid comme il aime, Ninel, il a dit moi j’adore ! La phrase de cette fille, le tout que ça formait, écrabouillé sous le poids de cent dix décibels il a dit j’adore ce qu’elle dit, je vais faire tout pareil—à Elinor avant d’ajouter tiens mon verre trente secondes, sans s’il te plaît de mise; je dois appeler quelqu’un et peut-être lui faire signe.
Il n’a pas eu le temps vu que tout s’est enlaidi, pire à son paroxysme. Le plus hideux c’était sûrement ce garçon du public dont la gueule s’est ouverte immensément en deux, sauf que—sauf que le gosier béant qu’on lui avait zieuté n’était pas sous son nez mais dessous son menton, en fait ça s’est entrouvert au centre de sa gorge de plus en plus avide jusqu’à ce que le jabot lâche, et là, l’échancrure était telle que son corps est tombé. Mais pas son crâne. Son crâne restait en place dans la main de l’Empuse. C’était—il n’y a pas de mot finalement. Laid affreux et hideux c’en était de trop beaux.

Après il ne sait plus réellement ce que c’était, Ninel, la mélée l’évasion pour se sauver la vie—la sienne à l’unité—c’était morbide. Glauque. Poisseux sous ses pieds; ça empestait le sang. Ça empeste le sang, toujours, alors qu’ils gagnent le fort en commité minable, minuscule et risible, même pas assez pour livrer une bataille admirable; dernière, il sent. Il le sent terriblement qu’encore après c’est la fin. Pourtant c’est une première pour lui les monstres concrètement, vus de ses propres yeux—mais c’est tout naturel de présager l’enjeu en un coup d’oeil unique—qui ne sait pas le Sphinx ? Tout le monde connaît Oedipe; il tremble comme tout le monde, du coup, veut vomir comme la fille sans même avoir chancelé. L’énigme de la chimère il l’écoute à moitié, sonde les regards des piégés avec lui—« Qu’est-ce que ça change ? Qu’on devine— » Que suis-je ? Si je commets l’horreur et le cessez-le-feu, si je rends courageux mais déserteur aussi—je suis ? Quoi ? Moi je pense à la peur mais parce que je ne suis que ça de la peur qui respire à des rythmes erratiques, c’est ça ? « La peur ? Non— » Peut-être—je ne sais pas. « Mais aidez-moi— » Elinor et Seren et les autres inconnus—aidez-moi à trouver ! Ce que je suis—on peut m’emprisonner dans de l’humeur aqueuse mais ni l’eau ni le feu ne saboteront ma fuite, je suis ? Bientôt mort enterré, je crois—je crois que ce sera moche si je meurs à mon âge... « L’amour—c’est l’amour ! » Il est presque allègre de le clamer soudainement son sourire comme un accident—quand il inspire l’odeur des macchabées dehors se colle à son palais.
« Mais ça changera rien. » Peut-être—je dis peut-être mais là je sais.

« Mais j’ai bon ? C’était bien ça— » Et c’est—il n’y a pas de mot pour décrire ce qu’il pense, ici maintenant, Ninel, il scrute chacun de vous un instant sirupeux où personne ne vivra si il ne fait que ça, vous fixer sans rien faire. Il fixe plutôt le Sphinx—si seulement il savait qu’elle s’appelait Sophia ! Le détail redonnerait un semblant d’humanité à ce tableau qui ne l’est pas. Sophia, « Si j’ai bon je peux choisir dans quel ordre on crèvera, tous ? » Son coeur veut percer son poitrail tellement il réclame à l’encontre—demande à contre-coeur « Si je peux, moi je veux que ce soit lui d’abord. » Il pointe Zuhair du doigt.

Je ne sais même pas ton nom mais tu me parais solide.
Le temps que tu meurs, nous autres pourrions courir.




• Traumatisé as he should par l'happening impliquant Veselin alors qu'il passait une super bonne soirée jusque là. Avec Elinor et Seren.
• A paniqué puis couru jusqu'au Fort Jay avec tout le monde .
• Il réalise à la fois totalement à la fois pas du tout la gravité de la situation, il prend cependant le Sphynx au mot avec le microscopique espoir que répondre à sa devinette leur laisse une petite chance de survie.
• Il donne une réponse, se trompe, redonne une réponse—peut-être qu'il n'a pas le droit.
• En tout cas, si c'est une bonne réponse il demande si il peut choisir dans quel ordre on va tous mourir et désigne Zuhair parce qu'il a l'air en bonne santé & thus peut-être qu'on gagnera des secondes précieuses pour éventuellement se tailler si le Sphinx et Campé mettent du temps à le tuer.
• Toutes mes excuses Zuhair. Si tu veux tabasser Ninel après l'event ça peut se faire sans problème.

C’était l’Amour, il avait juste—normal vu qu'il en est le fils ! Et c’est comme ça qu’on récompense les participants aux jeux de ravages et de monstres ? En cognant leur carcasse sans prévenir, sans merci ni bravo; en se jetant sur lui comme Campé vient de faire. Son dos claque contre les dalles de pierre—avec la chimère mi-femme mi-serpent à sonnette qui lui tombe dessus ça lui fait un cercueil, à Ninel, à la fois minéral et organique qu’on va bientôt sceller. Quatre canines frôlent son visage—seront les clous du coffin si il les laisse croquer—il tend les mains, fou de terreur, plaque une paume à la gorge et l’autre au centre du thorax de la calamité, écrasante, suffocante même tellement elle cherche à le mordre. Pendant qu’il se débat il sent toutes les écailles de son ventre à elle survoler les écailles absentes de son ventre à lui. La sensation immonde lui retourne l’estomac. Il veut presque mourir mais il s’écrie avant. « Je veux que tu meures— » que tu meures, que tu meures, toi, sa réplique pleine de bacilles contagieuses—il prononce son souhait divinement infect, des miasmes à la place des mots pour gangréner Campé. Insiste, parce qu’il étouffe encore et toujours pire. « Qu’est-ce que t’attends pour mourir ?! JE T’AI DIT MEURS— » Mais les mâchoires affreuses s’ouvrent, se ferment, se rouvrent et se referment, extrêmement vite, extrêmement fort, extrêmement près—si près qu’elles l’écorchent. A peu de choses c’était sa jugulaire qui prenait le coup de dents si il ne l’avait pas barrée à l’aide de son poignet. Ninel glapit un sanglot, un rire, les deux mélangés dans une plainte qui ne ressemble à rien. Là, il entend Elinor inciter la démente à s’endormir plutôt que se tuer—lui, veut maintenant qu’elle arrête de lui mâcher ses veines. Il pense, moi je n’en peux plus trop de lui servir de mors.
« Hhaha—ïe nan je—je voulais dire, écoute-le » Elinor—exceptionnellement c’est Morphée en personne—écoute-le bien, Campé ! « écoute-le, lui— » En même temps, Ninel gaspille ses dernières forces pour desserrer les crocs, dégage sa manche déchirée et sa peau pareillement. L’épuisement n’est pas loin.



• Eclaté au sol—literally—parce que Campé l'y a plaqué. Il se débat sous elle, dodge au max' ses coups de dents pour pas qu'elle tape un croc dans lui hé c'est hors de question.
• Lui hurle des encouragements super sympathiques en même temps (PLEASE JUST DIE ALREADY) avec une pincée de phéromones vocales pour rendre ça plus digeste mais je rappelle qu'il est ranked B.
• Finit par abandonner quand Campé rate sa gorge de justesse. Il bloque avec son poignet, prend moins cher but still, cher.
• Changement de programme, il l'encourage à écouter Elinor.
• Reprend son poignet en charpie par contre faut pas déconner.

Qu’est-ce que Ninel attend pour enfin dire merci ? Depuis le temps qu’il oublie—merci ! Merci mon Elinor, un ami mais d’abord mon rebondissement—toujours quand je demande tu joues le coup de théâtre et tu n’en as pas marre de me sauver la mise ? Ha mais merci, sincèrement, grâce à toi je pourrai vivre en contrariant les gens un long moment encore ! Eux, par contre, ne te remercient pas.

Ninel non plus, en fait, pas là pas maintenant. Là maintenant tout va vite. Il manque des instants nécessaires pour comprendre qu’il s’orchestre des scènes épouvantables autour de lui, des scènes au cours desquelles un inconnu décède sans personne pour crier son nom une dernière fois et c’est affreux cela vraiment, de crever sans panache—Hollywood et ses films vous ont tellement menti ! Admirez ! Rowan se fait tuer et on ne le pleure pas, même pas l’on n’hurle Rowan ! pour rendre sa fin épique. C’est triste, et honteux. Ninel est pareillement coupable parce que lui comme vous s’enterre la mort en tête dans la fosse commune de son crâne où les choses trop choquantes terminent. Il fait ça pendant que Campé s’endort, et à peine ça de fait que le corps engourdi du monstre flanche entièrement sur lui, tombé de tout son poids—il n’a pas pu se lever. Il pense immédiatement qu’il n’a pas pu sortir, du coup, s’extirper du caveau psychique où repose Rowan, son souvenir vivant piqué par le scorpion, moribond; le souvenir est si frais qu’il sent une tiédeur répugnante de dépouille mal froidie, encore un peu brûlante. Et c’est Campé sur lui mais c’est comme un cadavre récemment bazardé, lourd, inanimé, un maccab qui retient prisonnier à terre, et si il reste à terre, Ninel, il va mourir aussi. L’éventualité l’affole. Il ne pense plus à ces frères qui s’entretuent pas loin, ni au sien qui s’épuise à chasser le Sphinx. Il ne pense plus à rien mis à part l’air libre—il pense, j’en veux, j’en ai besoin là maintenant—se délivre de Campé en pressant ses poignets contre son buste malgré la casse il veut juste qu’elle bascule, le laisse quitter sa tombe, mais même le couvercle enlevé il se croit dans un sarcophage et les souffles manquent, et il souffre partout, des douleurs électriques partant de l’os fracturé pour tout lui polluer; sous lui, les dalles ont craquelé quand on l’y a plaqué. Il pense, de l’air, de l’air ! Et la survie peut-être, je ne sais pas, surtout de l’air—ses bras tremblent d’adrénaline quand il referme ses mains sur un fragment de béton, plat, comme un éclat de stèle—il se redresse, à genoux, sa respiration courte inconstante et sifflée, il brandit le tesson de pierre haut, plus haut que lui, et puis l’abat crûment sur le front de Campé. Une fois. Une fois ça ne suffit pas.
« JE T’AVAIS DIT DE MOURIR— » C’est vrai ça combien de fois ? Au moins deux, ou trois—alors il surélève sa masse pour marteler encore, encore, et encore le monstre. Il ira jusqu’à cent si on ne l’arrête pas.



• Pas le temps de niaiser même pas le temps de dire thanks bro à Elinor pour le coup de main—la berceuse à Campé—que Rowan MEURT? Et que tout part even worse en zbeul that's great.
• Il nous fait une petite panic attack normal j'ai envie de dire quand Campé tape une sieste sur lui.
• Il a le poignet en miettes ça fait rien first things first il aimerait RESPIRER—du coup il fait rouler Campé pour se redresser. Ça ne va pas mieux.
• Crise d'angoisse intensify. Ninel s'empare d'un morceau de dalle en béton—qu'ils ont cassé avec Campé quand elle l'a shoulder block takedown dessus—le lève bien haut en l'air pour matraquer Campé avec. Une fois.
• Deux fois trois fois... Etc etc.
• Hé il a arrêté de compter et moi aussi.