madeleine avec le temps, s'est habituée à être seule. ô non, elle ne remet jamais en cause sa famille que constitue les enfants d'hébé, mais ce n'est pas la même chose. c'est tout à fait opposé quand on sait qu'un jour on a eu le même sang qui coulait en nous. rien de divin, juste le liquide carmin et chaud que partage certains mortels. madeleine, même en ayant ce privilège n'a jamais pu en profiter. à ses yeux, ils étaient tous tombés et aucun moyen de les retrouver. on ne ramène pas les morts à la vie et c'est bien pour ça qu'elle est embêtée par les bêtises de sa mère immature.
madeleine, seule au monde, a appris à vivre sans plus jamais à se connecter aux autres.

le soleil se sent d'humeur à caresser toutes les peaux découvertes et madeleine, dans sa robe d'été prend le plaisir des rayons qui tapent sur le bas de ses jambes découvertes et sur le long de ses bras. madeleine passe le temps car elle n'a personne à ennuyer et du bout des doigts, elle tourne une page, puis deux. bon dieu que ce livre était ennuyant, elle pense. elle n'a jamais été une grande lectrice après tout.

mais une ombre innocente la dévore et la voix inconnue la tire d'une énième page d'un mauvais livre. naturellement, elle relève la tête et ses yeux tombent sur ce visage, qui ne lui dit rien. elle se dit d'abord qu'elle a l'air bien peu sûre d'elle, presque paniquée. voilà qu'elle remet en cause ce pourquoi elle est venue la déranger. les mots s'enchaînent si vite qu'elle peine presque à comprendre. alors dans un calme qui la définit bien, elle ferme son bouquin, le pose contre ses cuisses et vient doucement tapoter la place libre à côté d'elle.

— tout va bien ? tu as l'air toute paniquée.. elle souffle, les sourcils légèrement froncés. — hoover c'est ça ? l'histoire lui semble d'abord grotesque. — mmh.. sûrement, mais tu arrives un peu tard non ? il est mort. trop léger et le sourire, désolé certes, se dessine sur ses lèvres. — mes excuses ! peut-être on ne parle pas du tout de la même personne ha ha ! et peut-être qu'elle lui impose des histoires de famille horribles. — mais c'est aussi mon nom de famille.

elle avoue sans crainte d'être face à une vérité qui pouvait détruire tous ses efforts de rester en vie. elle avoue sans avoir peur, préférant rester sereine dans cet air de vivre: sa soeur ne peut pas revenir après vingt ans.

sous la peur de devoir subir les horreurs d’une vérité qu’elle a longtemps fuit, madeleine se fige dans son sourire. plus mielikki parlait, plus madeleine était ramenée à une réalité qu’elle avait voulu oublié à l’instant où elle a posé ses pieds à nausikaa. elle n’en veut pas à la demoiselle qu’elle avait sous les yeux, mais elle ne pouvait s’empêcher de lui imposait le pourquoi on venait de lui gâcher sa vie. elle ne voulait pas y croire,
pas parce que ces contées semblaient impossible,
mais parce qu’ils pouvaient être bien trop véridiques pour exister avec sa réalité.

— enchantée mielikki. elle se contente de souffler sur le moment. le prénom lui semble comme une odieuse réalité, car il lui est trop familier.

puis vient le drame, là où sa peur est affirmée, là où ses habitudes parfaitement calculées sont chamboulées. madeleine avait réglé sa vie de sorte à ce que la solitude ne soit pas un problème, mais qu’elle ne se retrouve pas accrochée à des gens qu’elle avait peur de perdre. elle s’attache difficilement et se lasse aussitôt qu’elle sent un semblant de danger qui s’apparente à de l’affection portée.
si sous les yeux se trouvaient alors sa petite sorte qu’elle pensait emporté par sa belle mère,
alors son sourire se fane immédiatement à la nouvelle et injustement, madeleine ne semble pas ravie, mais pas en colère non plus. madeleine a mal.

— pourquoi ? elle continue la phrase de mielikki en espérant qu’elle complète enfin ses interrogations.

son regard se détourne et le assagie lui semble soudainement plus agréable que l’ange à ses coté.

— ton histoire me semble compliquée.. je comprends ce que tu insinues, mais toute ma famille est morte. les mots sont durs, et elle ne veut pas laisser apparaître la place que mielikki a toujours eu dans son cœur. elle a déjà trop de question qu’elle enterre au fond d’elle.

elle inspire, le dos droit, mais la vérité lui est toujours en face et refuse de s’échapper pour la laisser tranquille.

— je ne peux pas être ta sœur. la voix est d’une douceur assassine quand elle regarde mielikki avec toute la peine du monde.

madeleine l'a observé s'excuser dans un silence qui ne traduit rien. elle n'est pas ennuyée par la situation, mais s'en retrouve encore perdue. après une réflexion de quelques secondes, peut-être qu'elle a pitié d'elle. sûrement qu'elle cherche quelque chose de familier à quoi s'accrocher, mais sur le moment elle ne désire pas lui tendre la main. elle ne veut pas jouer de quelconques retrouvailles qui pourraient lui briser le coeur.

elle se demande pour elle s'excuse avant de constater qu'elle revient sur tout ce qu'elle semble lui avoir raconter. est-ce qu'elle a honte ? ou peut-être qu'elle est mal à l'aise ? madeleine n'a pas laissé d'ouverture possible à l'envie de reconstruire une famille qui a disparu quand elle était trop jeune et encore à peine à l'aise avec le monde. elle ne peut pas soudainement la traiter comme une soeur puisqu'elle ne l'a jamais connue comme telle. c'est sûrement injuste, car mielliki est aussi dans cette situation, mais sur le moment madeleine ne sait pas si elle désire s'investir autant que son coeur l'aimerait.

— je t'avoue que ce sera plutôt compliqué.. avoué dans un léger rire nerveux qui témoigne de son inconfort actuel. elle lui demandait l'impossible alors qu'elle venait d'entrer dans sa vie dans une douceur assassine.

il est compliqué pour madeleine de la renvoyer d'où elle vient, elle n'est pas cruelle non plus, juste en peine. alors dans son sac, elle s'empresse de sortir un paquet de mouchoir et lui en tendre un.

— je la veux bien oui, si ça peut te faire arrêter de pleurer.. et elle ne dit pas ça pour se plaindre ou avec de mauvaises intentions. c'est que ça fait mal de la voir dans cet état pour quelque chose qu'elle a du mal à croire. alors madeleine accepte par politesse, verra ce qu'elle en fait demain, pour que la possibilité de retourner la voir persiste durant ses insomnies.