Arès n’est pas aussi en colère que Zeus, ni aussi triste que Niké, ni mélancolique comme Perséphone, ni faible comme Poséidon. Il oscille entre fierté pompeuse et excitation malsaine. Lorsqu’il rejoint son fils aux abords de l’Olympe, c’est en tenue de motard. Il a une clope dans le bec et des lunettes de soleil, dont des flammes lèchent les rebords.
SOHEL !
Il lui frappe l’épaule du poing. Ce n’est qu’une petite tape et pourtant c’est suffisant pour faire tomber Sohel à la renverse.
Ah ! J’ai frappé trop fort ? Voyons, tu t’es affaibli, mon fils préféré !
Arès a l’habitude de souffler ça à tous ses fils. À se demander s’il ne les déteste pas tous tant qu’ils ne le rendent pas fier.
Tu t’es bien battu. Mais…
Il fronce les sourcils et le toise.
Ton frère a vaincu la Chimère, lui. Et Midas a arraché une aile à l’Empuse ! Quant à ton autre frère, il a aidé à terrasser Campé. Et toi…?
Il tape du pied, crache sa clope sur le sol immaculé du Paradis. Rien à foutre du Paradis.
ET TOI TU ES MORT ! ET LE MINOTAURE VIT TOUJOURS ! Raaaah…
Arès lui tourne le dos, il veut lui faire comprendre ce que ça implique de le décevoir.
Fais mieux la prochaine fois où je ne viendrai pas te voir. Personne ne vient voir les perdants. Compris, fiston ?