Le cœur est doux comme de la soie, tandis que l’épiderme est imperméable à tous les chocs, endurci par tout ce qui ne t’a pas encore tué. Une résilience qui ne doit rien à ton ascendance, ni même aux épreuves traversées… elle est la résultante d’un choix.

L’inextinguible désir de ne jamais se laisser abattre. L’aberrant caprice d’affronter les vagues qui se succèdent ; pensant naïvement que tu es invincible. Si l’on pense que tu es dénuée de peurs, c’est tout le contraire. Tu es une créature hantée par l’effroi ; rongeant ton être, grignotant le courage qu’il te reste petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

Mais tu n’es pas en reste, Hathor ; de la vaillance, tu en as à plus savoir quoi en faire. Téméraire jusqu’à en devenir irréfléchie ; créature d’instinct et d’impulsivité, avançant à la vitesse d’une étoile filante ; avant que les déconvenues t’apprennent à réfléchir.

Toi qui ne connaissais qu’une vitesse, tu apprends petit à petit l’équilibre ; bien que tu as parfois l’impression de reculer pour mieux sauter dans le vide. Pour ceux que tu aimes, tu le ferais sans réfléchir ; loyale à en crever, à détruire tout ce qu’il y a autour tant que les êtres chers s’enchantent dans ton étreinte.

La solitude te terrorise ; elle est l’antagoniste, le réceptacle de toutes tes névroses. L’origine de tous tes excès, le remède à tes carences et l’excuse à tes impairs. Persuadée que ce que tu fais, tu le fais pour eux ; pour tes intimes… et ce, peu importe leurs failles, leurs errements et leur rejet.

C’est que tu aimes à courber l’échine ; capable de pardonner les pires trahisons tant que tu peux garder les félons près de toi… qu’ils te fassent souffrir, qu’ils te traitent comme une pestiférée, peu importe. Ton amour soumet la raison ; maltraite le bon sens par peur de l’abandon plus que de perdre la vie.

Pourtant ton esprit est vif ; saisissant les nuances sans effort, incapable de concevoir que le bien et le mal sont des absolus. Tout est relatif. Là où certains voient une toile monochrome, tu vas au-delà. Capable de discerner les teintes, même les plus faibles ; domptant les silences en t’immisçant dans les pensées.

Capable de percer les mystères, déterrer les secrets les plus enfouis ; invraisemblablement brillante pour délier les langues et obtenir ce que tu chéris le plus au monde malgré le danger qu’elle représente : la vérité.

Tu crois au système dans lequel tu es imbriquée ; comme une divinité à glorifier ; l’auréole de la justice que te tiens en plus haute estime. Tu n’as d’autres choix que de respecter les règles… bien que tu saches comment les contourner ; tu crains les conséquences de les briser.

Tu es là pour changer la donne ; reformater les structures depuis l’intérieur, remplacer les mécanismes archaïques, moderniser l’ancien, quitte à te montrer cruelle.

Et parfois, tu as simplement envie de vivre ; oublier qu’il y a un lendemain, oublier que c’est toujours la même rengaine, oublier ton cynisme, vivre d’optimisme.

Tous les itinéraires ne sont pas qu’une ligne droite. Derrière toute cette bonté, ce respect des règles, cette noblesse inhérente à tes origines et ton éducation… il y a tout le reste, tout ce qui est tapi dans l’ombre et qui n’attend qu’un écart pour se manifester.

L’honorée de la justice a ses failles… qui sont bien plus grandes qu’elle veut le faire croire. Il y a cette vérité que tu chéris tant qui te guette, qui n’attend que la meilleure opportunité pour te rappeler ce fait très simple, mais horrifiant.

Tu n’es qu’à une mauvaise journée de devenir tout ce que tu détestes.