Oz ne se rend jamais quelque part pour la seule raison du hasard. L'emploi du temps toujours est un peu trop chargé pour s'autoriser de telles balades, et aux rares instances ou un temps est enfin libéré pour ses sorties la clinique n'est pas une destination d'intérêt premier. Elle sait qu'il n'y a pas lieu d'y être par simple ennuie, que si cela se produisait elle ne deviendrait qu'une nuisance dans ce brouhaha emmêlé d'espoir, de cris et de peur.

Pour autant Oz est bien souvent au courant des dernières actualités de la clinique, s'y fait porte-parole du conseil en cas de changement quelconque, s'y rend disponible en situation d'urgence et a pris l'habitude de profiter d'un café avec les différents employés de l'endroit. S'est peut-être même trop rapproché de certaines employées, la rendant plus distante de l'endroit depuis le milieu de l’année, c’est au détour d'une conversion que le nom de Zana Hysenaj est monté à ses oreilles, elle n'a pu s'empêcher d'imposer une balade dans son emploie du temps.

Mais rien n'est à la va-vite, rien n'est un imprévu, c'est avec un bouquet d'anémones qu'Oz a fait son entrée dans les couloirs trops blancs de la clinique où ses habits cassent déjà tous les tons. Il lui suffit de quelques souris, et bien qu'on l'annonce et qu'on la refuse, Oz s'est permis de rentrer dans la pièce les yeux rivés sur la fenêtre se présentant en face d'elle.

-Bonjour Zana, je me suis dit qu'il serait tout de même meilleur si tu avais un peu de visite. J'ai ramené des fleurs aussi, les chambres de la clinique manquent cruellement de décoration. L'Iris ne lui impose pas son regard, s'est contenté d'avancer jusqu'au bout de la pièce, ouvrant légèrement la fenêtre et posant les fleurs sur le rebord de la fenêtre.

-Tu peux me dire bien sûr si tu préfères me voir repartir mais Lupin m'a assuré qu'il bloquerait tous mes appels sur la prochaine heure alors autant profiter du temps libre non..? Je crois que cela fait plus de deux mois que nous n’avons pas eu le temps de nous voir. Et Oz pose toujours un point d'honneur à maintenir ses amitiés, et de ne pas oublier ses connaissances par la seule raison de ses responsabilités, elle s’y sait meilleure.

-Je suis content que ton état soit stabilisé, j'ai eu peur quand on m'a dit que tu étais ici si je peux être honnête.

Oz se souligne dans ses manières, son dos reste droit, dans ses allers-retours elle finit par trouver un peu de calme, s'installe au pied de son lit, pose son trench sur le dossier de celui-ci. La pièce s'est habillé de sa présence et ses accessoires laissés de part et d'autres de la pièce. La redessine des éclats de son ascendant, volent les projecteurs, impose l'attention sur elle, loin des blessures ou la mauvaise humeur. Au sein de son être elle a dessiné ses préambules de bontés, ou il n'y a plus lieu aux malheurs de chacun. Non, elle déteste ses livres-là, on lui a trop souvent conté ceux de Sophie et elle ne pouvait que s'en
insupporter.

Simpliste, elle aime une fin clichée, loin des fins abandonnées plus proches des douceurs des écrits magiques, des fins simples, une fin de tous les jours que l'on repense avec le sourire de la nostalgie, où les mots sont adoucis.

- Je n'aime pas quand on dit, je déteste, c'est des mots bien trop fort, souvent dit sous le coup de l'émotion. La mou traîne au bout de ses lèvres, garde un air au loin, loin de Zana encore. Enfin, tu ne m'as jamais dit quelles fleurs est-ce que tu apprécies, je pense que celles-là vont bien dans le décor, j'en ramènerai d'autres la prochaine fois.

L'iris impose la rigueur de ses appréciations, comprend une détresse trop grande de son ami, collègue, ne devine pas pour autant le cœur même du problème. Se refuse les pensées invasives, le reflet trop intime et déjà là,  Zana loin de son cadre parfait perd ses appuis. Silhouette en creux humain, perd dans ce décor l'écho de sa divinité, c'est le contre-temps d'une blessure dont le couteau n'a pas été retiré. Jamais elle n'a été de la précision ultime, ses métiers d'une distinction et d'une science absolue ne sont pas sien, elle n'est qu'incapable de se présenter médecin, de recoudre chaque plaie, jusqu'à les chanter, les disparaître. Elle a la maladresse de monsieur tout le monde mais le pardon de sa nature, de son regard qu'elle vient chercher, elle inspire de l'étincelle positive. Elle n'est pas visuelle, n'a pas l'animation d’un arc-en-ciel au creux de la pupille, pourtant elle réchauffe, laisse oublier la fenêtre ouverte dérangeante, remplit les poumons d'un air frais, d'un air sain. Recolore les anémones, rappelle les couleurs de la broche parant l'épaisse chevelure d'Oz, encore celle-ci dans le décor ainsi que chaque ajout qu’elle y a fait dans une harmonie propre.

- Tu me fais rire mon ami, à t'entendre tes jours se finiront dans ses draps blancs, je te savais pessimiste mais autant ? Je connais personnellement le personnel de l'établissement et je peux vous assurer que ce ne sera pas le cas. La confiance souligne ses mots, les petits discours d'appréciation, suit la logique de présence régulière dans l'établissement. Quant à ceux qui t’ont agressé je suis, soit pas la personne la mieux placée mais je garde le contact, j'ai le tien comme j'en ai d'autres, je suis ambassadrice aussi, parfois il faut se permettre de croire aux meilleures des mondes, justice sera faite et tu retrouveras bientôt le confort de ton chez toi.

Oz a la patience du cœur bon, au même aspect qu'elle a la force des relations qu'elle garde polie en tous ses sens. Elle y a toujours porté ce point d'honneur, de douceur, des aspects lisses.

- Me voilà rassuré alors. De laisser deviner un possible futur, de ne pas s'arrêter à un passé fixe, à une finalité dans ses murs d'ennuis, que Zana ne la visualise pas si facilement. ...Et le personnel soignant mettra tout en place pour que tu n'ait plus le regret de ta santé.

Qu'il y comprenne un souci, Oz n'est pas certaine de comprendre la conviction dans la douleur, d'un être brisé sans qu'elle n'en devine l'origine. Elle sait Zana bien opposé à elle, manière pensée, pourtant cette continuité quand le corps se montre si faible semble surhumain. Ici elle le voit bien lui, sans les biais professionnels, des affaires discutées sans trop divagation, mais à s'être présenté seule il n'y a place qu'aux divagations où les questions lui laisse son seul sourire en réponse. Elle lui offre l'espace, ne le coupe pas, tente de se souvenir de chaque mot pour y poser la meilleure réponse sans s'offenser du caractère que son ami lui dépeint. Il n'y trouve pas raison mais un tort en certaines étendues n'est pas dénué de sens. Elle reste enfant d'Iris, consciente de certains traits, certains défauts, de sa satisfaction pure à savoir ses réseaux sécurisés, aimés, et attendri, sans problème majeur. Son petit univers au contrôle simple, souvent mauvais mais simple.

- Si tu le souhaites je pourrais te faire oublier tout ça, si tu as envie tout peut aller mieux, en un claquement de doigt. Elle n'avouera pas la récurrence de son pouvoir, elle n'en fait que la désignation. Je suis et je reste enfant d'Iris, avec ton autorisation tout ira mieux, je te l'assure, j'ai juste envie que tu te rétablisses Zana, si tu le souhaites, si ça te semble plus logique dit toi que je viens pour te rendre un service. Un accord sans ficelles, sans force, sans pression car elle n'est pas de l'école d'un chantage, aurait peur d'imposer des conditions quand l'évidence de ses manipulations se laisse paraître si facilement..