madeleine ne quitte jamais réellement l'île, ou alors son chemin ne dérive jamais pour s'échapper à la curiosité de new-york. elle sort de nausikaa pur yumeko et ai, et reste ensuite sur l'île pour feindre une vie paisible. sauf ce soir, ce soir elle a fait un léger caprice qui n'avait rien de méchant ou de mauvais. ce soir, on est le trente-et-un décembre, bientôt minuit, et madeleine avait la curiosité de vivre comment on fête le passage à une nouvelle année là-bas. elle n'était pas idiote et se doutait que ce n'est pas si différent qu'ici, mais l'agitation de cette ville avait quelque chose qui changeait l'expérience. naturellement, elle avait demandé à osgood, car c'était la chose à faire de passer du temps avec elle.

début de relation où les affections sont innocentes. début de relation où madeleine ne tombe jamais amoureuse mais construit son amour en passant du temps avec elle et enfin les sourires se font naturels et la joie dans son regard quand elle le pose sur osgood est réelle.

il est vingt-trois heures passées et madeleine n'en demandait pas tellement. elle l'a emmené dans ces bars qu'on retrouve en haut d'immeuble. sur le toit, elle finit son verre, et dans le bruit ambiant des autres personnes qui ont eu la même idée, elle se tourne vers osgood le sourire aux lèvres.

— je pensais qu'on verrait nausikaa d'ici.. mais non ! elle souffle, amusée par sa propre remarque quand elle savait déjà que l'île était bien loin. — je suis contente que tu sois venue. madeleine assure en posant son verre sur leur table. elle se tourne à nouveau vers elle.

il est vingt-trois heures cinquante neuf et ses doigts glissent le long des bras de sa partenaire. le décompte des plus ivres commencent de manière hasardeuse mais madeleine les ignore parce qu'elle devait se concentrer sur osgood et seulement sur elle. elle se demande si son coeur battait de la sorte d'être avec elle, ou s'il mimait simplement les émotions d'un amour délicat. avant même de songer à quelle réponse lui plairait d'avantage, elle fait taire ces maux. elle attend les explosions d'artifices pour pouvoir presser ses lèvres contre les siennes, quelques secondes à se hisser légèrement à sa hauteur. puis elle murmure :

— je t'aime. comme si c'était le plus important ce soir. — et bonne année ! soufflé plus simplement, comme si c'était anecdotique.

madeleine avait pleins de questions sur le moment. elle avait tellement de maux mais étant parfaitement consciente que ces derniers viendraient briser un idylle si parfaitement construit depuis quelques semaines à peine. son bonheur est fragile et ne tient qu'à sa bonne volonté de vouloir exister. alors, c'est pour ça que madeleine se demande: pourquoi osgood l'aime un peu trop ? pourquoi est-ce qu'elle l'aime ? quand a-t-elle voulu commencer à l'aimer ? qu'est-ce qu'elle aime chez madeleine quand elle n'offre rien de personnel ? alors que l'enfant de l'immortelle avait déjà sa réponse, du moins l'a vite assumé. c'était sa propre faute, à confectionner les mensonges dans une facilité de vivre pour les autres. en général ( elle l'a vu dans les œuvres ! ) on tombe amoureux des jolis attentions, des belles paroles et des affections sans mauvais désirs derrière. on tombe pour ceux qui mettent confortable et qui donnent envie d'en savoir plus. on tombe pour ceux qui nous font vivre d'une autre manière, et madeleine s'était construite autour de ça, autour des désirs des autres afin de s'encrer en eux et d'agir ainsi comme bon lui semble.

alors ! madeleine laisse échapper un léger rire. il est cristallin et va si bien avec les joies peintes sur son visage.

— de trop ? c'est possible ? qu'elle plaisante.

dans son silence elle se demande qu'elle serait la réponse idéale. madeleine n'a en réalité rien souhaité de particulier. elle ne désire pas grand chose. madeleine aurait aimé que sa mère ne se tue pas sous le chagrin, mais on ne ramène pas les mortels à la vie. elle tue ses envies et préfère se blottir contre celle qui était déjà si proche, comme pour combattre le froid et écraser le reste.

— mmh.. je n'y ai pas trop pensé je t'avoue ! en demi-mensonge. — j'aimerai prendre plus de temps pour nous. parce qu'il était beau de rêver. — je réalise que je n'ai jamais torp le temps avec l'hôpital.. ça m'ennuie ! elle s'exclame en relevant la tête vers osgood. — désolée.. comme si elle était en tort. mais elle bat des cils madeleine sans se trouvant cruelle. ce n'est pas comme si elle détestait la brune et se retrouve confortable et heureuse à être dans ses bras, mais elle voit déjà la fin d'un semblant de paradis.

la fille d'hébé ne se trouve pas cruelle mais se sait horrible. elle dessine à sa guise en utilisant les couleurs préférés de celle d'en face. puis comme une enfant, quand l'esquisse ne lui plaira plus, elle s'en retrouvera soudainement dérangée et ne voudra plus y poser son regard. elle ne veut jamais se fatiguer à dessiner des traits qui ne lui disent rien. mais à cet instant, os a le privilège d'être vu comme des couleurs éclatantes dont elle aime interpréter les sens.

— et toi ?

elle laisse un silence pour enfin étouffer sa peur et ses angoisses. madeleine, dans une horrible injustice, déteste faire ressentir aux autres ou du moins, déteste quand on projette sur elle l’humanité d’une autre. avant, osgood l’aimait et maintenant sûrement, elle l’aime à la folie.  elle ne veut pas d’un amour étouffant, elle veut d’un amour passager dont elle peut lâcher la main seulement quand elle le désire. elle s’implique mais pas de trop. elle prend le temp, mais jamais éternellement. mais alors qu’on la confronte aux simples conséquences de ses actions, madeleine est effrayée. sa peur reste tout autant chassée par ses pensées, son sourire se dessine alors tout naturellement sur ses lèvres. c’était histoire de faire plaisir à osgood également, et de se rassurer elle-même. elle préférait quand sa compagne l’oubliait et ne pensait à elle que dans l’inconscient d’une journée débordée.

— c’est vrai.. tu es à new-york et moi je m’occupe des idiots qui se battent entre eux et se font mal.. destin tragique ! elle impose un ton légèrement théâtrale à ses mots. elle ne veut pas qu’osgood lui en veut de s’éloigner d’elle à cause de son manque de temps libre.

sa joue se presse contre son épaule et elle soupire dramatiquement. madeleine relève les yeux sur celle chez qui elle a créé de l’amour à sa manière.

elle l’écoute sans un mot, ne pense à rien sur le moment. l’infirmière ne laisse jamais échapper ses maux. on ne sait pas qu’elle meurt de l’intérieur, à se dire qu’elle ne pourra jamais se rapprocher de sa famille de l’autre coté de l’océan: mort à la guerre, morte de son plein gré, puis disparue. elle n’a plus rien, et n’apprécie pas les dires des autres quand tout ramène à ce qu’elle ne possède plus. mais pour osgood, elle fait l’effort de trouver ça attachant.

— tu ne peux pas prendre du repos, pour les voir…? elle demande, et pour elle aussi.

madeleine relève légèrement la tête mais la garde encore calée son épaule, elle cherchait simplement son regard. elle voulait juste regarder les traits de son visage sous les feux d’artifices encore rayonnant dans le ciel. les voix des gens autour disparaissaient sous les bruits insolent des lumières. les éclats multicolores donnaient à osgood, quelque chose d’encore plus agréable à observer. elle l’aimait comme un doux souvenir dont on se souvient quand on y pense le moins, comme une agréable surprise à se dire, ah mais oui ! madeleine a toujours aimé injustement.

madeleine laisse ces éclats de rire s’échapper. ils sont innocents et ne font aucun mal. elle rigole comme on rigolerait face à ces anecdotes sur une famille qu’elle ne connaît pas, sur un système trop bien encré pour s’en défaire même si on essaye. madeleine rigole avec cette légèreté insouciante bien apprise et préfère savourer les caresses délicates dans sa chevelure.

— mmh.. au final j’apprends à les connaître ! ça ne me fait jamais plaisir de les voir revenir, mais au moins je sais à qui j’ai affaire.

il faut peu de temps à madeleine pour s’adapter aux gens. elle s’impose dans une discrétion remarquable, se démène à ravir ceux qu’elle a en face pour entrer dans des bonnes graces anecdotiques, puis ainsi elle peut simplement exister. elle exige comme un souvenir d’été, une simple anecdote. elle prend une place bien précise. ce n’est pas qu’elle n’est pas importante, c’est plutôt que quand on se dit oh madeleine ! on réalise qu’on ne sait pas grand chose. on pense bien la connaître avec l’habitude, puis on réalise que pas vraiment.

— ooh… alors tu peux prendre du repos pour moi ! elle souffle sur le ton de la rigolade tout en étant un peu sérieuse. madeleine prenait la peine des efforts pour inspirer à une bonne relation. elle ne se moque pas d’osgood et ne veut pas jouer avec son cœur. elle se sent simplement confortable avec elle et ça semble lui suffire.

ses bras entoure sa taille alors qu’elle l’écoute attentivement, son attention se retrouve sur son visage et elle lui offre ses agréable sourires. madeleine hoche simplement la tête, détache ‘une de ses bras pour lier sa main à la sienne comme elle le désire.

— il y en a d’autre ? je savais pas.. mais tu penses qu’on peut rentrer ? chez madeleine, ou chez osgood peu importe, sa question impliquait sans le mentionner qu’elles partageraient le reste de cette soirée, de cette nuit ensemble. aujourd’hui, madeleine était prête à lui offrir cet amour éternel qu’elles pensent avoir créé dans des sentiments naïfs. aujourd’hui, madeleine était prête à prétendre à l’affection étouffante. demain, elle ne sait pas trop.