Titube. Se penche un peu pour mieux voir le numéro du bâtiment devant lequel il se tient. Sourire sublime fleurissant sur ses lèvres, s'approchant de l'interphone avec un petit rebond dans chacun de ses pas. Il est jovial. Pas bourré. Insiste sur ce fait. Le doigt appuie sur le bon numéro (du premier coup !) et le nez se met presque devant la caméra qui viendra refléter son image. Lorsque le son indique que son interlocuteur a décroché, il ricane un peu. « Haïssam ! Me voilà ! Jettes moi ta cheveluuure ! » Alors qu'il avait les cheveux plus longs que lui. Il a à peine le temps de l'entendre ricaner pour réponse que la porte se débloque et il se précipite pour l'ouvrir sans un regard en arrière pour la caméra à présent abandonnée. Il aurait pu entrer tout seul, comme un grand. Mais pas ce soir. Il offrait un peu de temps à son ami au cas où il serait en train de faire autre chose... Il n'avait pas envie de l'interrompre comme la dernière fois qu'il avait percé son secret bien caché... (si danser tout seul dans son salon en était un).

Arrivant devant la porte du plus jeune, il toque avant qu'on ne lui ouvre presque aussitôt. Et ses yeux sont rieurs, ses bras chaleureux lorsqu'il se jette presque sur l'autre pour le serrer contre lui très fort avant de le relâcher. Du haut de ses plateformes, il dépassait Haïssam de plusieurs centimètres. Et ça faisait un peu trop bizarre. Alors il commence à se déchausser en déblatérant un flot de paroles tapeur. « Joyeux Noël !! J'étais à une fête tout à l'heure mais promis, j'ai pas trop bu ! J'avais pas envie d'être un total abruti en arrivant... Sinon ça aurait pas été chouette pour toi, je crois. Juste un peu pompette, le Ed ! » Et visiblement très joyeux. Une fois ses pieds posés à plat sur le sol (jolies chaussettes de Noël, d'ailleurs, contrastant avec son habit tout noir), il redresse la tête vers le plus jeune et les yeux dégringolent sur le pull confortable de l'autre, ses cheveux relevés en une queue de cheval, ses yeux verts. Il aurait envie de venir s'engouffrer dans ses bras parce que ça avait l'air super trop confortable. Il se contente d'un compliment. « T'as l'air super peluche. Très mignon. »

Edzard ricane au compliment qu'il sait être faux. Car après tout, il n'est pas toujours un cadeau, bien qu'il essaie de l'être. Pour les autres. Pas pour lui. Mais ce soir, c'était Noël ! Et il y avait interdiction de se sentir mal à Noël. Alors il serait le cadeau de Haïssam s'il le désirait. Sourire très large aux lèvres, il s'incruste dans l'appartement de son ami et lorsque celui-ci pointe ses chaussettes du doigt, il s'exclame, visiblement très content qu'on lui en fasse la remarque. « T'as vu ? C'est la touche festive ! » Qu'il ajoute très intelligemment. Faisant bouger ses orteils sous le tissu en tendant le pied comme si on lui avait demandé de voir de plus près, il pointe même un rêne au nez rouge en ajoutant, fièrement : « Y a même Rudolph ! »

Suivant ensuite le plus jeune dans son salon il l'écoute s'enliser dans de nombreuses explications inutiles d'une oreille, observant la décoration festive autour de lui, plutôt. Ce n'est que quand il a fini de parler que, soudainement, son cerveau se reconnecte. Le bourdonnement des paroles de son ami s'est interrompu et tout est trop silencieux, soudainement. Il pointe une guirlande illuminée un peu spéciale avec un air plutôt ravi. « Très jolie. » Et puis se tourne vers son ami, ayant plus ou moins capté, quand même, qu'il discutait alcool. Il s'accroche à l'épaule de Haïssam, joyeux, dépose un bisou sur sa tempe et s'installe sur le canapé. A son tour de trop parler. « T'as pensé à moi ! C'est trop gentil... Franchement, j'ai même pas tant bu. Je voulais pas arriver et pas apprécier la soirée chez toi, tu sais ? Alors j'ai refusé plein de verres. Les gens pensaient presque que j'étais malade mais que veux-tu ? Parfois, la fête c'est bien sans alcool ! Mais si toi tu veux boire, alors moi aussi ! C'est mieux à deux que tout seul. Et puis tu le fais pas souvent. J'ai jamais vu mon petit 'Ssam un peu pompette... Et totalement bourré ? Certainement pas ! » Tapotant la place à côté de lui avec un air guilleret, l'incitant à le rejoindre sur le canapé, il se saisit ensuite de deux verres présentés et les serre avant de trinquer joyeusement. « A ta santé ! Joyeux Noël ! » Il faudra faire un compte de Joyeux Noël. Il engouffre un petit four déposé sur une assiette et en mange même trois d'affilé. « Trop bon. » Qu'il grogne entre deux bouchées.

Edzard a un rire qui manque de l'étouffer à la mention de son cadeau de Noël. Oh, il n'avait pas besoin qu'Haïssam ne se bourre la gueule pour que le moment soit agréable. Pour apprécier sa soirée. Mais si c'est un cadeau ! Il ne peut refuser. Venant donner un coup de coude dans les côtes de son ami, il hausse les sourcils avec un air bête (sa tête normale). « T'es aux petits soins pour moi ? Fallait pas. Je vais croire que tu m'aimes bien. Genre qu'on est potes. » L'ironie le faisait ricaner. Car il ne faisait aucun doute qu'ils l'étaient, depuis le temps. C'était indéniable. « Merci. » Qu'il lui dit, sourire dans le fond des yeux. Avant d'enfourner un nouveau toast. Il pourrait ne se nourrir que de ça (c'était peut-être un peu dangereux).

Les yeux grands ouverts tournés vers Haïssam, amuse-gueule encore tenu par le bout de ses doigts, il observe son ami s'enfiler deux verres sans savoir trop quoi en dire. Et il le pointe du doigt en lâchant : « J'espère la bouteille t'as pas coûté trop cher. » Avant de ricaner en buvant cul sec à son tour. La tête tourne un peu. Pas autant que le vert pétillant des iris du plus jeune. S'il était impressionné ? Un peu. Pas tant parce qu'il venait de se faire deux affonds d'affilé que parce qu'il n'avait jamais vu Haïssam boire autant et certainement pas aussi vite. C'était plutôt surprenant. Amusant. Mais faut croire qu'aujourd'hui, le papa noël, c'est Haïssam ! Parce qu'il se lève pour danser, et Ed applaudit, bat des mains en rythme sur la mélodie et rit, rit ! Avant que son ami ne se mette à twerker, et là, c'est la fin. Il explose, se couche presque sur le canapé en se tenant le ventre avant de se redresser pour tendre le bras et donner une petite tape au fessier de son ami. « 'Sam ! Je savais pas que t'avais pris des cours pour twerker comme un pro sans moi ? Ton prof favori ! » Sourire béant, il continue sur sa lancée. « Je pensais pas que mon cadeau, cette année, ce serait de te regarder bouger ton cul sous mon nez. Ah ! La vie est pleine de surprises... » Qu'il soupire avant de tirer son ami vers lui pour lui ébouriffer un peu les cheveux en tendant le bras, manquant de faire trébucher l'autre et le ramenant légèrement contre lui (s'il se pète la gueule par sa faute, ce sera pas de sa faute).

Le son suspect le fait dérailler. Dans le sens où il rit encore plus. Il a envie d'en faire une blague, mais très honnêtement, l'alcool rend ça encore plus drôle que ça ne l'est réellement et il n'arrive, sur le coup, pas à aligner correctement les mots. Alors le voilà qui secoue la tête de gauche à droite comme s'il réclamait un peu de répits. Comme s'il n'en pouvait déjà plus. Achevez le ! Accueillant son ami contre lui en le serrant fort comme si ça allait faire passer sa crise, il finit par réussir à reprendre un peu de sa respiration en posant son menton sur l'épaule du plus jeune. « Peut-on me blâmer ? Si galbé. » Ricane dans sa moustache invisible. Niveau beauf on arrive pas mal haut...

Ecoutant Haïssam, le voilà qui ouvre tout grand la bouche, manquant de lui mordre les doigts lorsqu'il attrape le petit four, replaçant son compagnon correctement sur ses genoux. Et à la phrase quelque peu salace qui en ressort, les joues d'Edzard se colorent, les yeux s'ouvrent un peu plus grand. « Kinky. » Il mérite une petite tape sur le bord de sa tête alors qu'il éclate lui aussi de rire, avalant difficilement sa nourriture. Il a manqué de s'étouffer ! Le lui signalant d'un air boudeur, il ajoute : « Si je meurs et que c'est de ta faute, crois moi, on ne te retrouvera pas vivant non plus ! » Enfonçant un doigt dans la joue du plus jeune, sourcils froncés mais petit sourire en coin, il finit par se calmer légèrement en essayant de faire en sorte qu'il ne glisse pas, ne se blesse pas (ne s'effondre pas par terre, vu son état après deux verres). « Tu ne tiens vraiment pas l'alcool, hm ? Un peu mignon. Evite de me vomir dessus et tout ira bien. » Et il termine son précédent verre.

« Peut-être bien. » Qu'il marmonne en l'observant du coin de l'œil. Et quelque part, Edzard se demande si c'est parce qu'il ne voit que rarement Haïssam éméché qu'il le trouve si lumineux, là, maintenant. S'il hallucine, peut-être, le bord des ses yeux qui brille. Les petites canines un peu pointues qui se dévoilent chaque fois qu'il rit. Des détails qu'il n'observe pas, d'habitude. Qui lui sont si proches qu'il lui est difficile d'ignorer, à présent. Le regard un peu dans le vide, il sent lui-même ses joues rougir lorsque Haïssam s'éprend dans des discours futiles. Et Ed ricane, prêt à répondre que non, enfin, il ne fait que le taquiner. Comme toujours. Sauf que le traitre ! S'attaque à ses flancs.

Alors Edzard se tortille sous les doigts qui viennent s'attitrer quelques parcelles de peau (Edzard regrette à présent tous les crop top du monde), essayant de se défiler, de respirer, de l'éloigner sans lui faire du mal. Mais sous les doigts chauds qui viennent titiller sa chair, Edzard se sent prisonnier. Ca ne lui déplait pas. Lorsqu'enfin, il réussit à s'emparer des poignets de Haïssam, toujours installé sur ses cuisses, le plus âgé plisse les yeux en le regardant d'un air faussement menaçant. « Et le dragon reprend le dessus ! » Comme si c'était justification suffisante, glissant les deux mains du plus jeune dans une seule de ses poignes, Edzard se redresse brusquement en inspirant profondément avant de glisser son nez contre le cou de Haïssam. Ses lèvres, aussi. Et il expire tout l'air absorbé d'un coup, créant un bruit étrange contre sa peau, le faisant éclater de rire, relâcher sa prise, enrouler ses bras autour de la taille de l'autre pour ne pas qu'il tombe sous ses exclamations. Une activité banale entre bros.

Ca court-circuite dans le cerveau d'Edzard. Pause sur la situation mais Haïssam bouge toujours. Bat des cils comme si ça allait éclairer sa réaction, le souffle rapide et à la fois court lorsqu'il a senti les dents du plus jeune sur sa peau. Frisson violent qui remonte du bas de son dos jusqu'à la nuque. Et puis Haïssam continue ses pitreries comme si de rien n'était. Comme si c'était normal. Les mains s'accrochent aux hanches de l'autre, le regard pétillant se perd dans celui embrumé de son ami et tout devrait être normal. N'est-ce pas ? Rien n'est normal, son dernier verre d'alcool lui remonte au crâne. Il se penche, prêt à, peut-être, lui mordre la joue. Un truc du style. C'était son but premier.

Les lèvres s'échouent sur celles du plus jeune pendant une fraction de secondes. La poigne se resserre sur la taille de l'autre, le rapproche comme si les pièces du coffre s'effondrerait à cette simple action. Et quand il s'éloigne après cette très courte pression, il se dit que dans ces yeux verts, il ne voit rien d'Ana. Que dans ce regard si différent de celui de sa belle, pourtant, il se noie. Et s'y plait. Fronce les sourcils une seconde, les questions menaceraient de s'effondrer mais il voit flou et louche sur le visage d'Haïssam. Et qu'il est beau, là, les joues rouges, la peau pâle et le regard ébahi. Sous les lumières de décembre. « Le dragon est affamé. » Pas comme il l'aurait pensé. Pas pour qui il l'aurait pensé. Il se penche de plus belle, glisse sa langue entre ses lèvres, glisse une main sous le fessier du plus jeune et ça tressaute dans la poitrine. Ca s'enflamme comme ça ne l'a jamais fait pour aucun autre homme.
Il se dit pendant quelques secondes qu'il n'est qu'un connard. Qu'Ana lui en voudra.
Et Haïssam se plie si facilement contre lui. Il succombe.

Et peut-être qu'il ne devrait pas être si faible pour la voix qui se glisse entre eux. Faible. Essoufflée. Comme si, si elle était trop forte, trop intense, trop vraie, tout se briserait comme un miroir vengeur. Prêt à les maudire. Mais là, le cœur battant d'Haïssam se pressant contre son torse, Edzard s'en fiche. Il le blâmerait sur l'alcool, si on le lui demandait. Car jamais de sa vie n'avait-il ressenti une telle intensité dans ses émotions. Par pour un homme (tout pour Ana). Et l'aveu de Haïssam devrait lui glacer le sang. L'effrayer. Mais ça enflamme ses entrailles, ça glisse du fond de sa gorge un geignement qu'il ne pensait pas posséder dans une telle situation. Ca presse le bas de son bassin contre celui de l'autre homme alors qu'il continue à l'embrasser, qu'il le serre fort contre lui, qu'il sent sa tête lui tourner. Il en perd pieds.

« What are you doing to me. » Qu'il grogne. Il se recule rien qu'un peu, presse leurs fronts ensemble. Se perd dans l'émeraude des iris du plus jeune. Et soudain, il y a un semblant de raison qui lui revient. Une impression de se tromper. De tromper Haïssam. De se servir de lui, car- « What about Seren ? » Qu'il souffle contre son nez. C'est peut-être qu'une excuse pour s'éloigner. Ou un prétexte pour revenir s'échouer contre lui. Se perdre entre ses bras. Goûter un peu plus de sa saveur. Avoir le droit de le faire sans culpabiliser parce que Haïssam lui aura affirmer que c'est contre lui, qu'il veut se perdre. Dans ses bras qu'il cherchera sa perdition. Car si Haïssam le veut, peut-être a-t-il le droit de succomber.
(Car si Haïssam le veut, peut-être qu'il a le droit d'exister loin d'elle.)

Le frisson qui lui remonte le long de la colonne vertébrale est violent. Le hoquètement qui s'échappe de ses lèvres a quelque chose mêlé à de la surprise. De la tension. L'impression que là, les lèvres de Haïssam déposées contre sa gorge, quelque chose se brise. Peut-être sa raison. Peut-être cette passion qui l'habite pour Ana. Parce que les deux se battent pour son cœur depuis quelque temps (et l'idiot qu'il est ne s'en rendait même pas compte). Mais là, le rouge aux joues et la chaleur de l'autre contre ses paumes, c'est Haïssam qui prend la main. Babe qui résonne dans sa poitrine dans un amour qu'il ne pensait pas pouvoir avoir. Ne pensait plus jamais entendre. Pas des lèvres de celles qu'il voulait goûter, mais certainement pas de celles de l'homme blottit contre lui comme un secret. Lui n'en a jamais rêvé. Mais peut-être que si c'était un rêve, il en serait heureux. Ravi.

Haïssam s'arrête et avec lui, le temps. Les regards ricochent l'un contre l'autre, les passions s'embrasent dans le fond de leurs âmes. Et peut-être qu'il serait temps de s'éloigner de la flamme avant qu'elle ne le crame tout entier. Mais les paroles de l'aimé du soir lui raclent le cœur. La gorge. Sensation de suffoquer face à ce qu'il lui glisse comme un aveu. Les bras lui tremblent, là, alors qu'encore ils le maintiennent au-dessus du corps du plus jeune. Les mains de l'autre se perdent dans ses cheveux, ses lèvres s'approprient encore les siennes et il gémit contre lui. De besoin. De peur. De peine. Il fait le deuil d'un amour. En félicite un autre tout à la fois. Et il suffoque lorsque Haïssam semble presque le supplier. Lui demander une faveur. Lui fait perdre tout raison. « Fuck. » Qu'il grogne avant de se perdre contre lui, se saisissant de ses hanches, remontant les mains le long de son corps, l'une de ses paumes se glissant contre sa gorge, sa joue, ses lèvres, tirant un peu sur ses cheveux, se perdant dans la passion qui fait battre le cœur trop vite et semble lui faire perdre pieds. Pendant quelques minutes, ce n'est que le tango de leurs passions qui les anime. Et pendant des secondes qui s'éternisent, Edzard se sent vibrer, exister, languir. Languir d'un homme qu'il n'aurait jamais soupçonner adorer. Goûter avec tant d'ardeur. Vouloir posséder et connaître sous tous les angles. « 'Sam. Are you gonna regret this ? » Qu'il glisse en aveu contre sa gorge. Parce que lui, peut-être que oui. Mais les mains baladeuses s'en fichent. Et Haïssam n'a pas entendu. Il le sait. Le sent dans les cordes vocales qui s'étirent sous sa langue.
Am I gonna regret this ?