Elle t'a aimé comme elle a aimé tous les autres. Ce n'est pas que tu n'es pas spécial au contraire. Vous étiez tous uniques à ses yeux. Comme eux, elle a fait de toi un peu de son monde, elle t'a construit un palais pour y chanter tes louanges et te vouer tout son amour. Elle t'a donné son coeur sans prendre soin de le protéger un peu. Tu es parti et tu avais sûrement tes raisons, mais Minseo refuse de les entendre. Elle ne peut pas concevoir l'idée que ses excès effraient, qu'on ne ressente aucun plaisir à être étouffé. C'est comme ça qu'elle aime pourtant. Elle affectionne l'amour le vrai, celui qui fait mal. Elle trouve la beauté dans l'horreur de ne plus pouvoir respirer, dans les tentatives désespérés de s'accrocher à l'autre. Elle voulait s'accrocher à toi.

Minseo n'a pas reçu de réponse malgré tous ses efforts. Elle a été patiente, elle a été calme et si elle réfléchissait un peu elle comprendrait que ce n'est pas méchant. Mais ça lui fait mal, et elle s'imagine que tu la détestes, et dans son monde c'est injuste. L'Até lui semble toujours aussi dégoûtant et dans son égocentrisme naturel, elle se fiche bien des changements. Le chemin est appris par coeur parce que même le temps ne l'a pas laissé oublié. Chaque détail de ta personne reste encrée en elle, il ne manquerait plus qu'elle t'aime encore. Il est difficile de croire que Minseo a tourné la page, c'est simplement qu'elle refuse que ce soit le cas pour l'autre.
Elle est plus qu'une relation passée.

Alors le squat, elle le déteste un peu et elle ne sait même pas si tu t'y trouves. C'est la première -et la seule- chose qui lui est venu en tête pour tout avouer. Ce n'est pas sa faute, tu ne réponds pas, elle a besoin de savoir pourquoi parce que sa tête la couvre de mauvais maux.

— Raf ? Raf ! elle a frappé une fois, puis deux, puis ça devient sans fin. — Je sais que t'es là ouvre maintenant, c'est pas drôle !

Sa voix porte et elle ne se demande pas si elle peut déranger le reste de son monde. Elle sait bien qu'elle n'est pas bien vue par tes proches, mais ce n'est pas eux qui piétinent son coeur à cet instant. Mais ça lui donne envie de pleurer que tu ne la regardes plus même quand ça se termine.

— T'es avec quelqu'un ? Tu me détestes ? Je comprends même pas pourquoi tu m'évites, j'ai rien fait ! elle déballe sans réfléchir, se place en victime. Ce n'est pas faute si son coeur se nourrit de l'amour quand il fait mal.

Est-ce qu'elle a mal fait les choses ? Est-ce qu'elle a demandé de trop quand pourtant ça lui semble le strict nécessaire ? Elle avait tant à te donner. Ça l'attriste et ça la blesse mais pas de la bonne manière. Si même elle s'agaçait que tu puisses porter autant d'importance à ce qu'elle juge inutile, elle adorait les plaintes qui en sortaient. Mais c'est parce qu'elle t'aimait tu sais ? C'est pour ça qu'elle comprend pas pourquoi ça s'est fini. C'était simple pour Minseo. Ce n'était pas qu'elle ne t'aimait pas en entier, c'est qu'elle ne voyait plus la beauté dans autre chose que toi, et ça ne lui semblait pas réciproque. Ça lui semblait injuste. Elle te le dirait, qu'elle aussi elle a fait des efforts, et sûrement qu'elle te l'a crié la fois où ça s'est terminé. Elle voulait pas que tu la laisses, juste que tu lui montres encore plus, elle est toujours affamée Minseo. Elle avait juste du mal à te croire. Comment pouvait-elle passer en première si t'avais en tête les oiseaux de la veille.

Elle a rapidement accepté de rentrer, elle a la gentillesse de ne pas offrir le cauchemar de ses crises aux autres. Ses yeux ont rapidement balayé ta chambre sans un mot. Parfois elle oubliait dans quoi tu t'es embarqué. Elle n'avait apprécié ça qu'en surface, d'une manière purement superficielle. Ça te donnait ces airs de mauvaise personne, elle aimait ça et pourtant elle ne veut jamais quitter son confort. Alors regarde l'effort qu'elle fait quand ses talons trouvent leur place ici ! Elle croise ses bras quand son regard se repose sur toi pour ne plus te quitter. Evidemment, ce n'est pas la réponse qui la satisfait et ses sourcils se froncent aussitôt. Son surnom reste sur tes lèvres, ça lui fait mal tu sais. C'était pas juste non plus, que tu continues de lui parler comme ça, ça donne envie de t'aimer encore alors que ça marche pas. Elle pourrait pleurer pour moins que ça.

— Tu fais une sieste de plusieurs jours ? Je te parle pas que d'aujourd'hui Raf ! sa voix s'est un peu adoucit, elle ne partira pas dans les extrêmes maintenant. Mais elle ne comprend pas de quoi tu parles, le monde change autour d'elle alors qu'elle continue de jouer les ignorantes. Elle refuse de penser que ça puisse t'impacter aussi. — Qu'est-ce que tu faisais alors ? Tu peux même pas répondre à mes messages ? J'ai l'air désespérée maintenant ! c'est qu'elle veut pas accepter qu'elle le soit un peu. Tu la calmes un peu quand tu parles d'elle. Tu vois c'est aussi simple que ça. — Ils ont fait ça pour se foutre de moi ? elle pense d'abord. — Mais oui c'est cool, mais je fais pas que ça tu sais ! tu devrais en tout cas. — C'est pas le sujet ! elle part dans tous les sens parce que t'es sous ses yeux. — Je partirai pas tant que tu me donneras pas une bonne raison. Moi je veux juste qu'on parle encore, mais tu m'oublies..

Tu serais resté alors, si elle s'était montrée moins étouffante ? Moins aimante ? C'est que même maintenant, elle ne remarque pas les efforts que tu fais. Elle se penserait aveugle d'amour sans même comprendre ce que ça peut bien vouloir dire, sans conscientiser qu'il y a d'autres choses qu'elle peut ressentir et qui font mal. Minseo associe toujours la douleur à l'amour et la haine, et elle ne te déteste pas. Alors elle ne voit rien d'autre.

— T'as même pas d'emploi sans vouloir t'offenser.. Alors pourquoi t'es "autant" occupé ? elle ne veut pas être méchante, c'est naturel chez elle de piquer. Elle dira d'elle qu'elle est honnête. Elle ne trouve pas pourquoi tu ne lui accordes pas du temps quand ça semble si naturel pour elle.

Elle aimait les poèmes sans les comprendre, les pétales dans ses fleurs parce que ça venait de toi. Tu es trop gentil, alors elle emmêle tout. Minseo assimile quand on lui fait mal. L'habitude terrible qu'on lui crie des mots douloureux, qu'elle ait une bonne raison de partir. Elle a l'habitude des insensibles chez Ares, ils la traitent de folles quand chez eux aussi, elle débarque sans prévenir. Elle a longtemps pleuré quand certains chez Apollon ont joué avec son coeur. Elle a des milliers d'exemple à te donner pour vraiment la repousser, et c'est pas grave si elle a mal, puisque c'est le but. Tu la protèges encore et c'est pas bien, parce qu'elle s'approche un peu plus, refuse de t'entendre même si elle te regarde encore.

— Pour de vrai cette fois ? que tu lui promets de faire attention à elle, comme si elle le méritait. Ses doigts sont crispés autour des tissus de son haut, elle garde ses mains timides quand elle aimerait déjà s'accrocher à ton bras, tes mains, tes doigts, quelque chose de toi. Elle a toujours du mal à garder les distances. En plus tu lui dis de rester. — Je te comprends pas alors.. Tu veux pas que ce soit comme avant, mais tu fais tout comme si ! c'est comme ça qu'elle voit ton envie de pas la blesser. — Je m'en fou si c'est pas bon. J'en ai envie moi !

Si tu lui avais dit d'aller se faire voir, elle aurait sûrement tourné la page. Elle aurait arracher les souvenirs sous le soleil quand elle te tirait par le bras pour t'emmener au lac et y tremper vos pieds. Elle aurait craché sur les centaines de je t'aime et se serait détester de s'être sentie spéciale.