la délicatesse à leur égard n’est pas sans rappeler celle dont on avait fait preuve en juillet. surveillance est lourde de sens, insurge l’angoisse qui guidait ses pas alors. lore s’efface dans des battements de cils et tait l’ambiance environnante. retourner sur l’île fait l’effet d’un rêve de passage tant il remontait. des années presque sans y passer oui, parce que dehors on a choisi de se construire et de s’y faire une vie.

avec plus de parcimonie, leur matériel aurait été déplacé en amont avant de leur faire faire le chemin. ils sauraient combien de temps il leur faudrait rester cachés comme des trésors prisés, plutôt que l’amas de brouillard dans lequel on les avait lancés. sans la promesse de la scène, lorelei d’une star n’avait plus les traits. pourtant aux côtés de daniel qui saisit son présent sans avenir, être une star c’était également se faire grand pour ne croire au pire.

lorelei tenait d’une main ferme son sac en coton à l’entrée de la nouvelle salle de répétition. l’oeil scanne la surface qu’il faut leur approprier, rien de particulièrement flagrant si ce n’est qu’il lui semble évident que la salle a été aménagée pour eux au dernier moment. des restes de poussière dans les coins et un air de piètre qualité, quand avait-elle été aérée? le matériel - alors qu’il passait sa main sur le piano électrique - avait de son vécu. évidemment il lui faudrait du temps pour le prendre en main - mais rien de très compliqué. daniel, à côté, s’écoute comme un moustique qu'on se prépare à attraper pour le tuer.
 
doudou, tu sais que je déteste que tu fumes à l’intérieur, il avait alors pris un brumisateur parfumé pour aérer la pièce. spécifiquement qu'il prit pour lui asperger la face.  ça- c’est pour à quel point tu as été désagréable tout du long. la situation ne me plaît pas davantage qu’à toi. ce n’est pas chez eux ici.  tu ne m’entends pas faire de ce qui me gêne ton problème pour autant.

si on ne fait rien sous prétexte qu'on ne pourra plus produire en extérieur, ça serait laisser le groupe tomber. même si les conditions étaient loin de lui convenir également. met y du tiens - au moins pour moi.

les frissons le traversent quand il l’entend. tu m’en veux pour de vrai? il lui dit qu'il mettrait du sien pour lui et ça réveille le courroux. ce n’est pas la bonne question - la gorge nouée devant la légèreté qui mielle du batteur les mots. il devrait s’étouffer avec - tu es infect- ou plutôt, tout porte à croire que lorsqu’on crie daniel c’est en déboires. légende de par son comportement propre créé, s'offusque-t-il de l'image qu'il a fondé à l'antonyme de l'immaculé? s’amuse-t-il à hurler son nom, par rareté? lorelei on ne lui dit rien à côté, qu'il en prenne de la graine un peu tiens ! exclue les sensibilités discretes et distinctes des deux musiciens. daniel, de crier son nom ne s'indignait pas plus qu’à l’accoutumée de ces jeux engagés pour les limites tester.
lore devant l’insolence - nourrit un silence à la merci de sa cadence.
le rock ça ne se travaille qu’au rythme du batteur !
d’autant plus si ses mains - calleuses des baguettes qui font l’entrain-
de l’enlacer - lorelei pardonné.e - se refuse le droit,
comme ça
de paroles, l’air d’un rien.

il n’y a pas une journée où je ne me suis pas dit que je n’avais pas tout gâché à cause de ce que j’ai dis.  la considération un poison des lèvres de daniel, peut-être, lorsqu’il veut son attention. ses ongles à lui se sont ancrés dans sa paume assez - le tiraillement des phalanges l'exutoire de toute l’angoisse que ses mots venaient en lui implanter. l’effroi craint le constat à l’indifférence justifiant ses actions sans référence. y as tu seulement pensé?

si tu avais subi le courroux de libellule pour un souhait que tu aurais exprimé, je ne t’aurais jamais fait porter le fardeau de ces lubies - même si elles avaient eu une répercussion sur nous, parce que je n’ai pas que ça à faire de m’en prendre à toi, daniel. mais toi tu ne cherches qu'à être toléré.
et contrairement a toi,
je n’aime pas ça.

il lui dit ne pas lui avoir dit de -
conscient alors de son rôle et le rapport de force qu’il faisait mine qu’il ne laisse exister. pour ces hommes, équivoque, lore n’a rien à donner. quand il lui dit ne pas savoir, c'est le prendre au mot qui l’irrite au-delà de decevoir. ses paroles qu’on lance sans consistance  des mots qu’on jette en abondance n'ont l'attrait de repentance. daniel devant lui a beau être là, c'est sans connivence car daniel de s’exprimer ne le fait jamais pour de vrai ou jamais a moins qu’on lui demande. c’est facile, de s’inventer apres coup, batteur malléable au tempo des autres s'ocrtroie la deresponsabilisation. il a l'air roi là, les mains levées et à qui rien ne pouvait reprocher. seulement, lore l’avait vu, ses schémas prévus. la tournure à ses oreilles, l’a dérouté.e - je ne suis PAS TON JOUET - s’est hurlé, la voix cassée.

alors non, juste, parce que tu me le dit je ne vais pas me détendre et - c'est un sujet qui vaut de se prendre la tête parce ça concerne le peu d'intérêt que tu portes aux propos que tu me tiens- s'était monté des larmes aux enjeux, au moment il ne restaient là qu’eux.

mais de ça tu t’en fiches bien ! parce que tu crois que ce que tu dis est sans conséquence, et tu t’en fiches de comment je pourrais me sentir moi ou les autres. le silence règne finalement le long de son propre manque de professionnalisme, aberrant. tout se triture, et de daniel le reste du regard alors qu'il etait la arqué au dessus de lui. car oui, l'accusation était dejà de trop mais cest la bonne pensance qui mieux sévit.

…j’ai dis que je n’aime pas m’en prendre à toi. pour le batteur si ca ne veut rien dire, il ne sait pas - et lorelei s’est affaissé.e en un soupir. c'est un échec d’y avoir recours, de jouer a son jeu alors que confrontation réelle ni lui ni daniel ne souhaitait.  ses mains maintenant sur ses clavicules, frottent pour dissoudre la frustration et la gêne de s'être tant emporté.e. il ne l'a pas tout de suite regardé, épris de l'embarras des choses qu'on sait et qui déplaisent.

je ne veux pas qu’on fasse le chemin juste pour qu’on se dispute. ou que tu subisses le trajet pour meme pas faire ce que tu aimes. au depend de n'etre certain de l'affection qu'il lui porte (car evidemment si daniel ne l'ecoute pas c'est qu'il ne l'aime pas !) au moins de commun il y avait le rock, l'instant. alors lorelei lui concède, en fermant la distance entre eux, d'un pas a ses cotés et d'une main sur son avant-bras. le regard fin, dans ses debuts de timidité, on se rachète avec cette tristesse qui veut s'effacer, avancer : reste, implicité, sans même l'intuition qu'il allait le laisser. batteur tone, insipide, et ne changera jamais comme il faut. alors on fait a son tempo, s'il faut - qu’est ce qu’il faut que je fasse que tu changes d'avis? vise l'efficacité, se défait également de la lourdeur dont il l’accuse, les yeux grands car sans lui - il n'y a pas de groupe malheureusement.

la fumée qu’on lui insuffle au visage coupe court,
à son inspiration - le dépeint de l’haleine et du bénin
que daniel insistera à lui faire subir, sibyllin.
lo' peine à garder les yeux ouverts dans ces restes
d'expressions émiettées, mal illustrées.
à travers les cils battus, humides,
derrière les miroirs et de la cigarette les émanations -
daniel, lorsqu’il lui attrape le bras fait l’effet de
scission. pianiste endolori des piqûres, injections
puis pansements - à outrance, en permanence -
constate, déployé, d’épuisement.
lore sans patience pour jouer à ses piètres désengagements,
pas plus de larmes pour l’amour
qu’il lui tend - alors la fumée, il la dissipe
d’une main libre.

les mots oui, sont plus à même des airs aux aguets -
dans cette façon délicate, une pensée spontanée,
en après coup, lorelei dans son esprit est
une arrière pensée. faut-il l’inspirer qu’il
le regarde, comme le fait le monde qui
paie pour venir les écouter briller?

sans pourtant lui suffire les mots sont douceurs
qui atteignent ses oreilles, font son haleine tenir -
l’empêchent de flétrir. car si daniel ne se dispute
jamais, on ne risque rien jamais - on peut lui
éclater au visage de choses qu’on ne dit jamais
autrement.

lorelei l’a regardé s’éloigner - constatant la faiblesse de sa façade. celle qui le cache derrière la sécheresse du sel aux joues, qui souligne sa responsabilité réelle malgré la culpabilité, qui le laisse avec l'inconfort d’une promesse de réitération passée au joug. il faut le retenir, le batteur, il faut que leurs tempo se confondent. il ne faudrait plus sous son regard ou ses silences frémir - alors lorelei a fermé la distance à nouveau, lui a pris le poignet.

je t’en veux encore, parce que je t’aime beaucoup. d’un tout d'attendrissement malgré tout, les ongles contre sa peau contre la paume ont glissé pour leurs doigts s'entremêler. lorelei avait susurré ces secrets qu’on offre dans des murmures ou il n'y a qu’eux deux. j’aimerais que tu me traites mieux. penses-tu que je n'en vaux pas la peine ?

lore ne se fatigue pas à vérifier,
ce qui se trame là dedans,
car les fois où il lui était tenté
de sonder son esprit - daniel venait
le cerveau dans lequel il avait
une balle tiré.

daniel pestant que c’est épuisant
d’ainsi s’emporter pour lui et ses
scénarios pour de faux - désire
pourtant l'incohérence, de sa ferveur,
la dévotion dans sa terreur.
l’amour si puisse-t-on ainsi l’appeler !
qui tout tolère, la forme du batteur
la plus délétère doit être la plus authentique -
et tenterait de l’arracher sur le chemin.

je ne veux pas penser qu’on
ne se produira plus jamais
en concert. l’ile ne sera jamais
à la hauteur des milliers de gens
à leur vouer un amour, aux allures
de temple dédié. je ne veux pas que
tu cesses de faire ce que tu aimes
à cause de la susceptibilité de
libellule.

lorelei ne fera pas de vagues,
a mis les voiles sur le cap sans
le lâcher ou lui tourner le dos.
phare dans les allées noirâtres
nébuleuses que sont l’esprit de
son camarade. ça me terrifie.
d'être ainsi à la merci de ses aléas
je n'aime pas qu'on soit sur la
sellette, ça ne devrait pas être
comme ça - je sais notre valeur, moi.
je sais qu'on ne mérite pas d'être
traités comme ça.

peut-être c'était le prix les larmes,
pour pouvoir voir ce qui se tramerait
davantage sur l'île - pour pouvoir dévisser,
ces choses qui agacent et qu'on ne saurait
autrement aborder. et dans un temps pareil,
daniel ne peut être qu'un allié.

sans souffler dedans, il prend la cigarette du bout des doigts. et lorelei n’a pas su supprimer les frissons sous les caresses d’un pouce contre sa paume - ce n’est rien du tout et pourtant ça le dégoute de s’y référer. hvbris c’est jun, c’est toi - ce n’est pas libellule. c’est nous -
moi, ça m’épuise. pour que hvbris tienne jusqu’à même cinq, sept, dix ans encore, il faut que ça change. ou du moins, je ne me vois pas rester si c’est une constante. autrement, me dis-tu que tu veux d’hvbris sans que j’y sois ? alors qu’il l’a créé, que sa légitimité s’inscrit il y a bien plus longtemps que les plaies que daniel avait infligées. dira-t-il enfin haut et fort que tout ce qui l’intéresse c’est sa scène à lui ? lorelei veut l’entendre dire, pour pouvoir trouver une raison de, sans se retourner, partir.

il ne restera plus rien alors, rien comme ce silence à propos de la valeur à ses yeux, lorelei anticipe déjà que daniel ne changerait pas - malgré l'acquiescement vague et rapide, comme son tempérament. son je t’aime trop facile lui crée l’ulcère, ce n’est pas un amour qui accepte tout - il omet la frustration et la confusion qu’on n’énonce ni ne partage. il s'inscrit dans une moue complexe, qui prend, sans se poser de questions. je ne peux pas faire comme toi. prendre, subir à chaque fois alors qu'on ne mérite pas et se relever en donnant l'air que ça ne vient jamais impacter. parce que là où le batteur est une tour à laquelle on ne donne jamais l'air de toucher, lui en comparaison est dans la construction et la déconstruction jusqu'à repentance des choses qu'on lui dit qu'on lui fait. ou faire semblant de m’énerver pour une pause à laquelle je ne crois même pas. c’est l’humiliation des nouvelles qui tombent, la responsabilité et ses implications pour qui s’est exprimé trop honnêtement qu’il porte - l’erreur est un fardeau, sa crucifixion -
être martyr, ainsi pense lo’.

ne me dis pas que tu m’aimes avec autant peu de considération pour qui je suis. ça ne sert à rien cet amour là, parce qu’il ne fait que ce qu’il veut - et que ce qu’il veut ne l’inclut pas organiquement - pas naturellement. on ne lui a pas demandé pourquoi il ne sait pas lâcher cette issue là, on ne lui a pas demandé comment il en est arrivé à dire ces choses qui ont secoué libellule. je ne doute pas de ta sincérité, dou’, parce que ça forge, la sueur qui coule sur une scène et la musique à en éclater les oreilles - les vibrations aux même le sol qui fait le cœur fredonner, frapper au rythme de leurs arts. je pense tu le sais, si tu dis ces choses sans consistance - ça fait mal. pourquoi tu ne demandes pas si tu ne comprends pas mes réactions ? si tu m'aimes, montre moi que je t'intéresse, non ? il avait l'impression de faire la leçon à un enfant - et à un certain niveau c'était vrai - daniel aussi autocentré le voit pas assez pour comprendre l’issue de n’en avoir rien à faire de la colère qui leur tombe dessus. il ignore cette colère qui le déchire un peu plus à chaque fois. daniel ignore l’épuisement - pense hybris éternelle et projette leur divinité. si tu continues tu vas me perdre. c’est ce que tu veux? il ne fume plus depuis des années, si l'on ne compte pas les bouffées en soirée dans les cadres sociaux - et a tiré pour lui souffler dessus en retour puis a ri. peut-être c'est ce que tu mérites, tiens. s'est dit léger - taquin, à moitié pensé.