la façon dont on lui ouvre la porte lui fait penser qu’il vit encore ici, et il avait fouillé dans ses poches arrières pour les trouver vides - soufflé sa bêtise et ravalé l’embarras d’une main sur des sacs en papier. au dernier moment il avait envoyé un message en disant qu’il viendrait avec du retard après le travail - un petit détour, une offrande si puisse-t-on dire, qu’on accepte son retour. daniel ne sait pas dire non, ce n'est qu'un appât pour empirer sa présence.

dan - t’as faim ? j’ai pris des burrito bowls au poulet. y’a un resto mexicain qu’s’est installé à côté d’la garderie ça faisait grave envie - pour eux deux, et pas pour trois. si t’en veux pas j’met ta part au frigo, j’crève la dalle là - est aux sonorités de ceux qui n’ont jamais quitté les lieux.

il ne porte attention à l’état de l’appartement qu’à ce moment, tourne les yeux sur ce qu’il voit. ça va tu t’fais pas trop chier? c’est l’ennui l’ennemi premier et l’allié au délétère, il imagine, de l’état lamentable de la table et du reste - d’après ses standards pourtant dejà au ras du sol. la bouffe et ses restes c’est pas un souci pour autant, les rails de coke par contre ont manqué de le faire rire. il laissa les sacs de côté, et remonta les manches de sa veste à épaules tombantes pour aller débarrasser ce qu’il restait sur la table basse. j’sais j’ai dis j’restais pas longtemps, il irait vérifier sa chambre après. mais c’t’ait un moyen d’te voir aussi - n’est ni omis ni menti, avant d’aller disparaître dans la cuisine avec ce qui trainait. son état aussi manque de lui tirer un rire - c'est rassurant, des choses ne changent pas, s'aggravent même, se laissent pourrir avec de son absence la saveur - la valeur. ou du moins il se l'imagine, comme contraint et souvent, la réalité c'est de surface en comparaison. le batteur il n'en veut que lorsqu'il en est loin comme cette fois là, comme apprécier ce qu'on risque de perdre autrement. et daniel avait quelque chose qu'il voulait -

rhys revient une serviette absorbante à la main et le passage sur la table naturel, occupe le temps avant d’en finir d’autres propos -

c’est vrai, tu m’as pas dis. c’est ma chambre qui a été prise ou c’est l’autre ?

rhys a pris d’une main le sac pour leur déballer les boites à emporter, les couverts et les serviettes. de l’autre a secoué la serviette qu’il avait à la main et la pliée pour la laisser sécher sur le dos d'une chaise. c'était pour le geste, il ne se préoccupe pas de sortir ou ranger la part de daniel au frigo encore, si puisse-t-il changer d'avis finalement. il s'installe autour de la table pour se servir. les questions de daniel résonnent dans l'arrière du crâne, pourtant. si il est vrai qu’il voulait le voir, il ne sait pas si daniel lui a manqué. s’il ne sait pas, c’est que ça doit pas être le cas. fils du foyer penserait la déchirure plus fondamentale, que le batteur lui laisserait une plaie béante de par son absence. comme on imagine tellement dans notre quotidien que l'affect n'y joue pas plus que l'habitude. j’ai été occupé.
et non tu manques pas, c’est pour ça j’suis là -
pesté d’une langue insolemment tirée,
qu’on ne croie pas
qu’il ne le pense pas.

après tout, voilà, tel en atteste le désert de leurs échanges - si ce n’est ces discussions comme celles des circonstances qui changent, un nouveau coloc, ou soudainement le fait que daniel réveille un manque. bien sûr que rhys l’a vu et qu’il ne l’a pas cru. il n’en veut pas à daniel pour autant. il n’a de rhys que ce que ce dernier lui donne. et cette superficie c’est sa réalité, c’est celle qu’ils entretiennent - et d’eux le fait - cette poussière d’étoile, son univers. de la poussière de star, comme ce qu’il ingère avec une si vive précision, fait glisser dans ses sachets fait un daniel trop fragmenté pour au delà du tempo donner. rhys n’a plus à faire de vouloir y voir son reflet, d’y vouloir sa place. qu'est ce que j'ferais sans toi. n'est qu'une assurance des évidences qu'il l'accepte ici, il est déjà chez lui, depuis des années -

ah ouais? peut-être devrait-il douter pourtant de pascal. pour toute l’affection qu’il lui a pleuré, a eu l’audace de lui tirer sous le nez - à coup d’amour-propre. il jure, dans ses sourires et ses larmes, à l’arrière goût de sel de mer, l'éternité qu’il vient lui-même dérober dans ses doutes qui ont fait ses yeux baisser. où est parti celui étouffé sous les éclats de peur et d’amour, à sentir l’odeur d’un shampoing qu’ils ont partagé ? il devait être là encore après les procédures qui épuisent de ces choses qui les ont séparé - car malgré tout rhys convaincu qu’ils s’aimeraient toujours malgré les déchirures. t’as trouvé quelqu’un vite quand même. j’pensais tu ferais v’nir et partir des meufs.